Par l’abbé Pierpaolo Maria Petrucci
e mot « patrie » signifie littéralement « terre des pères ». C’est cette terre qui nous a façonnés, qui nous a transmis un héritage par son histoire, par sa culture, par ses traditions… et surtout qui nous a transmis la foi. Quelle chance d’avoir une patrie qui a été imbibée de christianisme pendant des siècles et de recevoir un tel legs ! Quelles conséquences pour le temps et pour l’éternité !
Nos devoirs
Tous ces biens reçus nous obligent envers elle. La vertu de Justice nous fait rendre à chacun son dû. Mais parfois il nous est impossible de rendre à égalité : par exemple, vis-à-vis de Dieu, auteur de tous nos biens. C’est alors la vertu de religion qui va suppléer à notre impuissance et nous permettre de rendre un culte à Dieu. Vis-à-vis de nos parents, qui nous ont donné la vie et nous ont formés, nous accomplissons nos devoirs par piété filiale. Cette dernière vertu nous pousse aussi à rendre, au moins en partie, ce que nous avons reçu de notre patrie.
L’amour de la patrie
Notre premier devoir est l’amour : nous devons aimer notre patrie, connaître son histoire (on ne saurait aimer ce qu’on ne connaît pas). Et l’histoire de la France ne commence pas à la révolution dite française, comme on pourrait le croire en lisant un spécimen de manuel de l’école publique. Au contraire, cette Révolution a voulu couper la France de ses véritables racines, faire table rase du passé.
La France a été civilisée par le christianisme et nous avons le devoir, un devoir de mémoire, de le savoir et de l’enseigner. Il est de la responsabilité des parents de léguer ce trésor à leurs enfants qui ne le recueilleront certainement pas à l’école de la république…
Défendre la terre des pères
Nous avons aussi le devoir de défendre notre patrie. C’est ce qui fait toute la grandeur de l’idéal militaire, malheureusement si méprisé de nos jours dans certains milieux. Le soldat fait profession de défendre la terre de ses pères et ses habitants, jusqu’au sacrifice suprême de sa vie. Que de vies ont été fauchées, que de sang a été versé pour la France tout au long de son histoire, pour la défense de sa terre et de sa foi !
Aujourd’hui, la France est attaquée, non par un envahisseur ou par une armée étrangère, mais par un ennemi bien plus insidieux. Il s’agit du laïcisme des institutions et de ses lois antichrétiennes. On essaie de détruire la culture de la France et ses traditions pour qu’elle ne soit plus qu’un point géographique dans le nouvel ordre mondial.
Tout chrétien doit avoir à cœur de mener un combat pour rendre à sa patrie son vrai visage. La Franceest une nation chrétienne et doit le rester. L’amour pour votre patrie doit donc vous pousser à tout faire pour récupérer le terrain perdu en menant des actions même politiques. Nous ne pouvons pas nous résigner à laisser le pouvoir à des hommes qui l’exercent à l’encontre de cette foi qui a civilisé la France, l’Europe et même le monde.
La fête de sainte Jeanne d’Arc, que nous avons récemment solennisée, nous a rappelé comment, par elle, Dieu a sauvé la France. Il veut la sauver encore aujourd’hui mais, comme il l’a fait tout au long de l’histoire, Il utilisera des instruments humains, des hommes, des femmes, dociles à ses inspirations, prêts à répondre à son appel.
Car Dieu appelle encore aujourd’hui et je ne parle pas uniquement de vocation sacerdotale ou religieuse : Dieu appelle tout chrétien, parce qu’Il veut le salut de sa patrie et qu’Il cherche des instruments dociles dans ses mains pour le réaliser.
Mais je crains que beaucoup fassent la sourde oreille… J’ai peur que ceux qui sont appelés à ce combat n’aient pas la générosité nécessaire pour répondre à la voix de Dieu.Et c’est cela le plus grand malheur aujourd’hui pour la France ! Ce ne sont pas les ennemis qui essaient de la défigurer, ce sont ceux qui se disent chrétiens et qui ne veulent pas se battre pour elle.
L’amour du confort
Il me semble qu’il y a plusieurs causes à cette démission. La première est sans doute le manque d’esprit de sacrifice, l’esprit « bourgeois » – dans le mauvais sens du terme – qui nous fait oublier que la vie chrétienne est un combat et nous incite à chercher uniquement notre petit confort. C’est l’esprit matérialiste qui nous entraîne à accepter toutes les concessions pourvu qu’on ne touche pas à nos pantoufles et à nos petites habitudes.
Sainte Jeanne d’Arc aurait pu continuer à mener une vie paisible dans son village plutôt que de se lancer dans une aventure dont l’issue presque certaine était la mort…Au lieu d’écouter ses voix, elle aurait pu tranquilliser sa conscience en se disant :
« Dieu n’en demande pas tant ; je suis quand même une bonne chrétienne, je dis mon chapelet, je vais à la messe le dimanche. »
Elle est partie et la France a été sauvée par son sacrifice. En l’élevant aux honneurs des autels l’Église nous la présente comme modèle.
Le manque d’esprit de foi.
Je pense qu’une autre raison de la démobilisation des chrétiens est le manque d’esprit de foi : on se dit que tout est perdu, qu’il n’y a plus rien à faire. La France est destinée à devenir une république islamique ou une région de la république universelle voulue par les loges… On n’y peut plus rien.
C’est oublier que nous ne sommes pas seuls. Dieu n’a pas démissionné et c’est lui qui régit l’histoire. A l’époque de sainte Jeanne d’Arc aussi, tout semblait perdu pour le royaume de France… Mais elle a mené son combat au nom du Dieu des armées, au nom du Sauveur, ce nom qui était brodé sur son étendard. Et ainsi une jeune fille de dix-sept ans, a changé le cours de l’histoire et retourné une situation humainement irrémédiable.
Dieu est tout puissant et quand une âme généreuse devient par ses vertus un instrument docile entre ses mains, il accomplit des choses extraordinaires. Toute l’histoire nous le montre.
L’amour effectif de la patrie
L’amour de notre patrie ne doit pas être uniquement un mot, un sentiment sans effet. Il doit se manifester dans notre vie, se traduire par des faits concrets. A notre mort, nous serons jugés par Dieu, mais aussi par les générations futures qui loueront notre héroïsme ou décrieront nos lâchetés. Et la France de demain sera celle que vous aurez laissée à vos enfants. Eux-mêmes seront attachés à leur patrie, à ses traditions et à sa foi dans la mesure où vous aurez su vous battre, vous sacrifier pour elles.
On ne peut qu’espérer que la Vierge Marie redonnera aux chrétiens un véritable amour de la patrie afin que la France de demain soit digne de ses traditions !
Abbé Pierpaolo-Maria Petrucci