Suisse : Mgr Huonder suspend un prêtre ayant béni une union contre-nature

Le P. Wendelin Bucheli, curé de Bürglen dans le can­ton d’Uri (centre de la Suisse), a été démis de son poste sur ordre de Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, pour avoir béni une « union » entre deux femmes.

Giuseppe Gracia, porte-​parole de Mgr Huonder, a indi­qué au jour­nal zuri­chois NZZ am Sonntag, le 8 février 2015, qu’une « dis­cus­sion avait eu lieu avec le P. Bucheli » et qu’il devrait quit­ter son poste avant l’été. Giuseppe Gracia a éga­le­ment affir­mé que le geste du prêtre avait « cau­sé un émoi consi­dé­rable dans le pays et scan­da­li­sé beau­coup de fidèles ». La situa­tion deman­dait, selon le porte-​parole, une « cla­ri­fi­ca­tion » selon « l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la famille », pré­ci­sant que Mgr Huonder ne pou­vait pas « res­ter pas­sif face à un tel scan­dale » et qu’il n’avait « pas eu d’autre choix que de démettre le prêtre de ses fonctions ».

De son côté, le groupe d’opposition à l’évêque de Coire, « Es reicht ! » (« Ça suf­fit ! »), a pro­tes­té contre cette déci­sion dans un com­mu­ni­qué publié le 9 février sur son site inter­net. L’association consi­dère qu’il est « anor­mal de punir de cette façon un pas­teur qui s’est expri­mé contre la dis­cri­mi­na­tion et la stig­ma­ti­sa­tion par l’Eglise des per­sonnes dans leur réa­li­té concrète ».

Le Conseil de paroisse de Bürglen, qui avait don­né son accord à la béné­dic­tion en octobre der­nier, a tenu une réunion extra­or­di­naire pour sou­te­nir son curé, en appe­lant à un envoi mas­sif de lettres à l’évêché de Coire. Une péti­tion en ligne de sou­tien au P. Bucheli a éga­le­ment été lan­cée sur inter­net réunis­sant plus de 40.000 signatures.

Quant à Mgr Martin Kopp, vicaire géné­ral pour la Suisse cen­trale, il a indi­qué le 9 février au média alé­ma­nique de l’Eglise catho­lique suisse qu’il n’avait pas été consul­té. « J’espère que le der­nier mot n’a pas été dit », a‑t-​il décla­ré. Il a par­lé du P. Bucheli comme d’un prêtre « excep­tion­nel­le­ment bon, expé­ri­men­té et esti­mé de ses paroissiens ».

Un « bon prêtre » qui refuse à la fois de suivre le caté­chisme catho­lique et qui, de sur­croît, ne veut pas obéir à son évêque puisque, d’après le quo­ti­dien hel­vé­tique Bote der Urschweiz, le 11 février, il décla­rait qu’il ne voyait « aucune rai­son de quit­ter actuel­le­ment » sa com­mu­nau­té. « Je me sens bien à Bürglen. Mon tra­vail ici n’est pas ter­mi­né ». Rappelant que ce sont ses parois­siens qui ont « for­gé » le prêtre qu’il est deve­nu, le P. Wendelin Bucheli assure qu’il ne pré­sen­te­ra pas sa démis­sion. Ses fidèles lui ont appris « ce que c’est d’être un bon ber­ger », affirme-​t-​il. « Ils m’ont éga­le­ment appris à lire l’Evangile avec le cœur (…) Ils m’ont ensei­gné ce que le mot ‘soli­da­ri­té’ signi­fie ». Le prêtre cer­ti­fie qu’il existe « un amour et une com­pré­hen­sion réci­proques » entre lui et ses parois­siens, et que ceux-​ci ne veulent pas le perdre. C’est pour­quoi il veut « res­ter à leurs côtés ». Il pré­tend éga­le­ment qu’avant la béné­dic­tion, il s’est réfé­ré aux exer­cices de saint Ignace sur le dis­cer­ne­ment des esprits, a deman­dé le conseil d’autres prêtres expé­ri­men­tés et s’en est remis à l’inspiration de Dieu. « A tra­vers mes exer­cices contem­pla­tifs, j’ai appris à me relier avec le Christ et à inté­grer cette connexion dans mon com­por­te­ment quo­ti­dien », explique-​t-​il. « C’est ain­si que je com­prends l’Evangile, et c’est ain­si que j’ai agi ».

Le prêtre fron­deur a éga­le­ment reçu le sou­tien de l’abbaye béné­dic­tine d’Engelberg, dans le can­ton d’Uri. D’après un article publié le 15 février sur le site du quo­ti­dien ger­ma­no­phone du Valais Walliser Bote, son Père abbé, le P. Christian Meyer a cri­ti­qué la déci­sion de l’évêque de Coire et dit espé­rer une inter­ven­tion du nonce apos­to­lique. « La démarche du curé doit être appré­ciée du point de vue de la pas­to­rale », assure-​t-​il, la béné­dic­tion répon­dant à une « demande pieuse »…

Selon le site de l’Eglise catho­lique suisse en alle­mand, la situa­tion du P. Bucheli pour­rait se cla­ri­fier à l’issue de la pro­chaine séance de la Conférence des évêques suisses (CES) qui se tien­dra au début du mois de mars.

Sources : apic/1815/kath.ch/blogdejeannesmits – du 27/​02/​15