Bénédiction de la chapelle de Poitiers – Fraternité de la Transfiguration

Mgr Bernard Tissier de Mallerais le samedi 24 avril 2010 à Poitiers

La Fraternité de la Transfiguration à Poitiers

Après la mise en place de la nou­velle messe en 1969, des catho­liques de Poitiers trou­vèrent un point de repère sûr, à 50 km de là, à la paroisse de Mérigny (Indre), qui avait pour curé le Père LECAREUX, fon­da­teur de la Fraternité de la Transfiguration, res­té fidèle à la litur­gie traditionnelle.

Le nombre de fidèles inté­res­sés aug­men­tait à Poitiers, et l’Association Saint-​Hilaire fut fon­dée, qui fit, dans la ville même, l’acquisition d’un ancien dépôt de mar­ga­rine Astra, afin de le trans­for­mer en cha­pelle (au 40 de la rue Saint-Vincent-de-Paul).

Le Chanoine BERNARD, prêtre retrai­té du dio­cèse d’Oran, accep­ta alors, bien qu’il fût lar­ge­ment sep­tua­gé­naire, de venir s’installer à Poitiers pour des­ser­vir cette cha­pelle, qui fut bénie par Mgr LEFEBVRE le 17 sep­tembre 1977, sous le vocable de l’Immaculée Conception. Il y eut dès lors des liens sou­te­nus entre le cha­noine et la jeune Fraternité de la Transfiguration : le cha­noine contri­bua à la for­ma­tion des clercs, et les reli­gieux de Mérigny l’aidèrent pour les caté­chismes. Si bien que, lorsque le cha­noine tom­ba malade en août 1982, la cha­pelle fut tout natu­rel­le­ment confiée à la Fraternité de la Transfiguration, qui venait de béné­fi­cier de deux ordi­na­tions à Ecône, et dont les Pères vinrent désor­mais tous les dimanches des­ser­vir la cité de saint Hilaire.

La nouvelle chapelle de Poitiers

A Poitiers, le groupe parois­sial se déve­lop­pa, avec un caté­chisme de plus en plus sui­vi et les acti­vi­tés du MJCF… Il fal­lut se mettre à la recherche d’un éta­blis­se­ment plus grand, ce qui n’alla pas sans peine car, mal­gré l’existence de plu­sieurs cha­pelles désaf­fec­tées en ville, l’ennemi (mitré) veillait. Les recherches n’aboutirent qu’en 2008, lorsque les Père de Mérigny par­vinrent, employant des ruses de sioux, à ache­ter une par­tie des bâti­ments de l’évêché de Poitiers (en vente depuis l’année pré­cé­dente), situé dans le même quar­tier du centre ville de Poitiers, à quelques cen­taines de mètres de l’ancienne cha­pelle. La Fraternité de la Transfiguration put amé­na­ger un sanc­tuaire plus vaste dans l’ancienne salle des archives dio­cé­saines, sans comp­ter des salles annexes qui trou­ve­ront faci­le­ment à être employées (caté­chisme, bureaux, salles de réunion…).

Le nou­veau sanc­tuaire, situé au 44 de la rue Jean Jaurès, a été béni solen­nel­le­ment par Mgr Tissier de Mallerais, le same­di 24 avril 2010, à 10 h 00. Il y eut quelques frayeurs de der­nière minute : les corps de métier ache­vèrent juste à temps les fini­tions ; quant à Monseigneur, blo­qué quelques jours plus tôt outre-​Atlantique par de sombres his­toires de pous­sières vol­ca­niques, il trou­va fina­le­ment un avion dès le mer­cre­di et la céré­mo­nie put se dérou­ler confor­mé­ment aux pré­vi­sions, avec la pré­sence fra­ter­nelle d’une dizaine de sou­tanes amies, en par­ti­cu­lier celle de M. l’Abbé Loïc Duverger venu de Suresnes. L’assistance était fort four­nie (envi­ron 400 per­sonnes) ; heu­reu­se­ment l’on avait pré­vu bancs et sono­ri­sa­tion à l’extérieur, et les condi­tions météo­ro­lo­giques étaient par­faites, ce qui per­mit à une grande par­tie du public de suivre par­fai­te­ment la céré­mo­nie depuis les jar­dins de l’ancien évê­ché. Après le vin d’honneur sur place, des agapes fra­ter­nelles non loin de là –au châ­teau de Vayres (com­mune de St-​Georges-​les-​Baillargeaux), chez un parois­sien et ami restaurateur- réunirent encore 230 personnes.

Il convient alors de retra­cer rapi­de­ment l’histoire des bâti­ments de l’évêché où la Fraternité est par­ve­nue à s’installer.

Les bâtiments de l’ancien évêché

Ce qui fut l’évêché jusqu’en 2007 était consti­tué de deux bâti­ments reliés par un jar­din. Le plus ancien, au n° 19 rue de la Cathédrale, assez déla­bré, date­rait du XVIIe siècle. Il fut en pos­ses­sion d’une famille d’Église : les Vareilles Sommières (Mgr de La Broue de Vareilles, ancien évêque de Gap réfrac­taire au concor­dat – il n’accepta de démis­sion­ner qu’en 1815 – ter­mi­na sa vie dans cet hôtel par­ti­cu­lier, où il mou­rut en 1831, à l’âge de 97 ans). Vers 1880, la demeure fut don­née par Mademoiselle de Vareilles Sommières à son neveu, M. de Briey, qui était frère de deux évêques : Mgr Albert de Briey, évêque de St-​Dié, et Mgr Emmanuel de Briey, évêque de Meaux.

Ce n’est qu’en 1898 que l’évêque de Poitiers, Mgr Pelgé, ache­ta aux Briey cet immeuble pour y ins­tal­ler une école clé­ri­cale. Et en 1911, chas­sé depuis peu de son palais épis­co­pal par la loi de sépa­ra­tion de l’Église et de l’État, l’évêque - Mgr Humbrecht alors – y fixa sa rési­dence. Le jar­din s’étendait jusqu’à la rue Bourbon, per­cée sous le Second Empire. Cette rue avait été rebap­ti­sée (si l’on peut dire) rue Jean Jaurès lorsque Mgr Mesguen y fit construire un nou­veau bâti­ment au n° 44, en 1934–1935. Ce bâti­ment, en belles pierres en ronde-​bosse, devait abri­ter les bureaux et les archives de l’évêché. Sur la façade qui devint dès lors l’entrée prin­ci­pale de l’évêché, Mgr Mesguen fit gra­ver ses armes épis­co­pales avec sa devise : « Albæ ad mes­sem » (« les blés sont mûrs pour la mois­son »), sur la façade de la rue Jean Jaurès – nous avons reli­gieu­se­ment lais­sé en place cette ins­crip­tion, ce qui d’ailleurs était exi­gé par le contrat de vente de la part de l’actuel évêque.

En 2007 donc, Mgr Rouet (qui, à tous points de vue, restruc­ture son dio­cèse) ven­dit l’ensemble des bâti­ments et le jar­din, pour s’installer plus modes­te­ment place Sainte-​Croix, dans les locaux occu­pés pré­cé­dem­ment par les vieux prêtres. Un pro­mo­teur immo­bi­lier ache­ta l’immeuble de la rue de la Cathédrale (avec une par­tie du jar­din), et la Fraternité de la Transfiguration put acqué­rir le reste, pour les usages indi­qués plus haut.

La voca­tion reli­gieuse du bâti­ment, mal­gré les vicis­si­tudes du temps, a ain­si été sau­ve­gar­dée. Après la désa­cra­li­sa­tion de la cha­pelle du Patro Saint-​Joseph, et alors que des menaces planent sur la magni­fique cha­pelle des Feuillants, il est récon­for­tant de savoir que les Poitevins dis­posent d’un nou­veau lieu de culte catho­lique au cœur de la vieille cité de saint Hilaire et de sainte Radegonde.

Merci aux Pères de Mérigny pour ce texte et à l’ab­bé Loïc Duverger pour les pho­tos (LPL).