Editorial du St Pie n° 185 : Prêtre pour l’éternité, et pour donner l’éternité

Prêtre pour l’éternité, et pour donner l’éternité

Le pro­phète Samuel arri­vait à Bethléem pour sacrer au nom de Dieu le nou­veau roi d’Israël. Ayant pas­sé en revue, l’un après l’autre, les fils d’Isaïe, il ne trouve pas par­mi eux l’élu du Seigneur. Sûr de la divine pro­messe, le pro­phète ne se trouble pas. Le père ne s’était pas même sou­cié de faire connaître le plus jeune de ses fils, parce trop petit et inutile. « Va », dit Samuel, « amène-​le ; nous ne pren­drons pas de nour­ri­ture avant qu’il ne soit ici.»

Arrive timide et essouf­flé le jeune David, confus de cet appel inso­lite. Que lui veut le pro­phète, lui qu’on juge à peine capable de conduire, tant bien que mal, un trou­peau de bre­bis ? Mais Samuel, éclai­ré de l’Esprit qui scrute les reins et les cœurs (Apoc. II, 23), plonge son regard sur le petit ber­ger. « Voilà », s’écrie- t‑il, « voi­là l’homme selon le Cœur de Dieu ; voi­là l’oint du Seigneur ! » « Lève toi, oins-​le, car c’est lui » (I Sam. 15,12), lui mur­mure à l’oreille la voix de Celui qui ne trompe pas.

Fin juin auront lieu les ordi­na­tions sacer­do­tales dans nos trois sémi­naires de l’hémisphère nord. Une ving­taine de jeunes diacres seront ordon­nés prêtres pour l’éternité. Comme dans l’épisode du pro­phète Samuel et le jeune David, ain­si l’évêque agit envers le jeune lévite : « Lève toi, oins-​le, car c’est lui ! » Ces jeunes vont rece­voir l’onction sacer­do­tale qui va faire d’eux des « alter Christus » – un autre Christ.

Le saint Curé d’Ars disait :

« Le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se com­pre­nait, il mour­rait … Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur des­cend du ciel à sa voix et se ren­ferme dans une petite hos­tie. Si nous n’avions pas le sacre­ment de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre Seigneur. Qui est-​ce qui l’a mis là dans le taber­nacle ? Le prêtre. Qui est-​ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Qui la nour­rit pour lui don­ner la force de faire son pèle­ri­nage ? Qui la pré­pa­re­ra à paraître devant Dieu, en lavant cette âme une der­nière fois dans le sang de Jésus-​Christ ? Et si cette âme vient à mou­rir (à cause du péché), qui la res­sus­ci­te­ra, qui lui ren­dra le calme et la paix ? Le prêtre, tou­jours le prêtre. Après Dieu, le prêtre c’est tout … le prêtre ne se com­pren­dra que dans le ciel. »

« O bon Jésus, faites que je sois un prêtre selon votre Cœur », est une prière que nous trou­vons dans le bré­viaire. Notre Seigneur nous dit : « Prenez sur vous mon joug, et rece­vez mes leçons : Je suis doux et humble de cœur » (Matt. 11, 29).

Que les prêtres soient donc les ins­tru­ments dociles de Notre Seigneur, mais qu’ils aient aus­si cette force d’âme de savoir que « dans le monde vous aurez de la tri­bu­la­tion ; mais ayez confiance : moi, j’ai vain­cu le monde » (Jean XVI, 33).

Père Anthony ESPOSITO

Extrait du Saint Pie n° 185 de mai 2010