Jean-Paul II

264e pape ; de 1978 à 2005

1er janvier 1994

Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix

Table des matières

Du Vatican, le 8 décembre 1993.

DE LA FAMILLE NAÎT LA PAIX DE LA FAMILLE HUMAINE

1. Le monde aspire à la paix, le monde a un extrême besoin de paix. Pourtant des guerres, des conflits, la vio­lence qui se répand, des situa­tions d’ins­ta­bi­li­té sociale et de pau­vre­té endé­mique, conti­nuent à fau­cher des vic­times inno­centes et à sus­ci­ter la divi­sion entre les indi­vi­dus et entre les peuples. La paix semble par­fois un but impos­sible à atteindre ! Dans un cli­mat ren­du gla­cial par l’in­dif­fé­rence et par­fois empoi­son­né par la haine, com­ment espé­rer l’a­vè­ne­ment d’une ère de paix que seuls des sen­ti­ments de soli­da­ri­té et d’a­mour peuvent favoriser ?

Il ne faut tou­te­fois pas nous rési­gner. Nous savons que, mal­gré tout, la paix est pos­sible, parce qu’elle est ins­crite dès l’o­ri­gine dans le plan de Dieu.

Dieu a vou­lu éta­blir l’hu­ma­ni­té dans l’har­mo­nie et la paix, aux­quelles il a assi­gné pour fon­de­ment la nature même de l’être humain, créé « à son image ». Cette image divine ne se réa­lise pas seule­ment dans l’in­di­vi­du, mais aus­si dans la com­mu­nion unique de per­sonnes consti­tuée par un homme et une femme unis dans l’a­mour au point de deve­nir « une seule chair » (Gn 2, 24). Il est écrit, en effet : « … à l’i­mage de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1, 27). Le Seigneur a confié pré­ci­sé­ment à cette com­mu­nau­té de per­sonnes la mis­sion de don­ner la vie et d’en prendre soin en for­mant une famille et en contri­buant ain­si de manière déter­mi­nante à la tâche de gérer la créa­tion et de pour­voir à l’a­ve­nir même de l’humanité.

L’harmonie pre­mière fut bri­sée par le péché, mais le plan ori­gi­nel de Dieu demeure. La famille reste donc le vrai fon­de­ment de la socié­té [1] et, selon l’ex­pres­sion de la Déclaration uni­ver­selle des Droits de l’Homme, « l’élé­ment natu­rel et fon­da­men­tal de la socié­té » [2].

La contri­bu­tion qu’elle peut appor­ter éga­le­ment à la sau­ve­garde et à la pro­mo­tion de la paix est tel­le­ment déci­sive que je vou­drais sai­sir l’oc­ca­sion offerte par l’Année inter­na­tio­nale de la Famille pour consa­crer ce Message pour la Journée mon­diale de la Paix à la réflexion sur le lien étroit qui existe entre la famille et la paix. Cette Année consti­tue en effet, j’en suis sûr, pour tous ceux qui dési­rent contri­buer à la recherche de la paix véri­table – Eglises, Organisations reli­gieuses, Associations, Gouvernements ou Instances inter­na­tio­nales -, une occa­sion favo­rable d’é­tu­dier ensemble la manière d’ai­der la famille à rem­plir plei­ne­ment son rôle irrem­pla­çable dans l’é­di­fi­ca­tion de la paix.

La famille, communauté de vie et d’amour

2. La famille, en tant que com­mu­nau­té fon­da­men­tale et irrem­pla­çable d’é­du­ca­tion, est l’agent pri­vi­lé­gié de la trans­mis­sion des valeurs reli­gieuses et cultu­relles qui aident la per­sonne à for­ger son iden­ti­té. Fondée sur l’a­mour et ouverte au don de la vie, la famille porte en elle l’a­ve­nir même de la socié­té ; elle a un rôle tout par­ti­cu­lier à jouer pour contri­buer effi­ca­ce­ment à un ave­nir de paix.

Elle y par­vien­dra avant tout grâce à l’a­mour mutuel des époux, appe­lés à une com­mu­nion de vie pleine et totale par le sens natu­rel du mariage et plus encore, s’ils sont chré­tiens, par sa qua­li­té de sacre­ment ; elle y par­vien­dra si, d’autre part, les parents rem­plissent bien leur rôle d’é­du­ca­teurs, car il leur appar­tient de for­mer leurs enfants au res­pect de la digni­té de toute per­sonne et aux valeurs de la paix. Plutôt que de les « ensei­gner », il faut témoi­gner de ces valeurs dans un milieu fami­lial où l’on vit l’a­mour obla­tif capable d’ac­cueillir l’autre dans sa dif­fé­rence, en assu­mant ses besoins et ses néces­si­tés, et en le fai­sant par­ti­ci­per à ce que l’on a soi-​même. Les ver­tus fami­liales, fon­dées sur le pro­fond res­pect de la vie et de la digni­té de l’être humain, et se tra­dui­sant par la com­pré­hen­sion, la patience, les encou­ra­ge­ments et le par­don mutuels, donnent à la com­mu­nau­té de la famille la pos­si­bi­li­té de vivre l’ex­pé­rience pre­mière et essen­tielle de la paix. Hors de ce contexte de rela­tions affec­tueuses et de soli­da­ri­té active et mutuelle, l’être humain « demeure pour lui-​même un être incom­pré­hen­sible, sa vie est pri­vée de sens s’il ne reçoit pas la révé­la­tion de l’a­mour, […] s’il n’en fait pas l’ex­pé­rience et s’il ne le fait pas sien » [3]. Cet amour n’est d’ailleurs pas une émo­tion fugi­tive, mais une force morale intense et durable qui fait recher­cher le bien d’au­trui même au prix du sacri­fice de soi. Le véri­table amour, en outre, va tou­jours de pair avec la jus­tice, si néces­saire à la paix. Il se porte vers ceux qui se trouvent en dif­fi­cul­té : ceux qui n’ont pas de famille, les enfants pri­vés d’as­sis­tance et d’af­fec­tion, les per­sonnes seules et marginalisées.

La famille qui vit cet amour, même impar­fai­te­ment, en s’ou­vrant géné­reu­se­ment au reste de la socié­té, est le pre­mier arti­san d’un ave­nir de paix. Une civi­li­sa­tion de la paix est impos­sible sans l’amour.

La famille, victime de l’absence de paix

3. Contrairement à sa voca­tion pre­mière de paix, la famille se révèle mal­heu­reu­se­ment, dans bien des cas, un lieu de ten­sions et de vio­lences, ou bien la vic­time désar­mée des nom­breuses formes de vio­lence qui carac­té­risent la socié­té actuelle.

Des ten­sions appa­raissent par­fois dans les rap­ports internes de la famille. Elles sont dues fré­quem­ment à la dif­fi­cul­té de main­te­nir l’har­mo­nie de la vie fami­liale lorsque l’ab­sence de tra­vail et sa pré­ca­ri­té les sou­mettent à la han­tise de la sur­vie et au cau­che­mar d’un ave­nir incer­tain. Des ten­sions sont sou­vent pro­vo­quées par des modèles de com­por­te­ment mar­qués par l’hé­do­nisme et le désir de consom­ma­tion qui poussent les membres de la famille à cher­cher des satis­fac­tions indi­vi­duelles plu­tôt qu’une vie com­mune sereine et active. Les conflits fré­quents entre les parents, le refus d’une des­cen­dance, l’a­ban­don d’en­fants mineurs ou les mau­vais trai­te­ments qu’on leur inflige sont les tristes symp­tômes d’une paix fami­liale déjà gra­ve­ment com­pro­mise et qui ne peut certes pas être réta­blie par la dou­lou­reuse solu­tion de la sépa­ra­tion des conjoints et moins encore par le recours au divorce, véri­table « plaie » de la socié­té contem­po­raine [4].

En de nom­breuses régions du monde, des nations entières sont entraî­nées dans la spi­rale de conflits san­glants dont sou­vent les familles sont les pre­mières vic­times : elles sont pri­vées du prin­ci­pal de leurs membres, sinon le seul, qui gagne de quoi vivre ; ou bien elles sont contraintes à aban­don­ner leurs mai­sons, leurs terres et leurs biens pour fuir vers l’in­con­nu ; ou encore elles sont sou­mises à de pénibles épreuves qui leur font perdre toute assu­rance. Comment ne pas évo­quer à ce sujet le conflit san­glant entre groupes eth­niques qui se pro­longe en Bosnie-​Herzégovine ? Et ce n’est là qu’un seul cas par­mi de nom­breuses guerres qui se déroulent à tra­vers le monde !

Face à ces réa­li­tés dou­lou­reuses, la socié­té se montre sou­vent inca­pable d’ap­por­ter l’aide qui convient, ou même elle fait preuve d’une indif­fé­rence cou­pable. Les besoins spi­ri­tuels et psy­cho­lo­giques de ceux qui ont subi les effets d’un conflit armé sont aus­si urgents et aus­si graves que le besoin de nour­ri­ture ou d’un toit. Il convien­drait qu’existent des struc­tures spé­ci­fiques orga­ni­sées pour mener une action de sou­tien aux familles frap­pées par de brusques mal­heurs, afin que, mal­gré tout, elles ne cèdent pas à la ten­ta­tion du décou­ra­ge­ment et de la ven­geance, mais qu’elles soient capables de se com­por­ter dans un esprit de par­don et de récon­ci­lia­tion. Bien sou­vent, il n’y a mal­heu­reu­se­ment aucune trace de tout cela !

4. Il ne faut pas oublier que la guerre et la vio­lence ne consti­tuent pas seule­ment des forces de dis­lo­ca­tion qui affai­blissent ou détruisent les struc­tures fami­liales ; elles exercent aus­si une influence néfaste sur les esprits, allant jus­qu’à pro­po­ser, et presque à impo­ser, des types de com­por­te­ment dia­mé­tra­le­ment oppo­sés à la paix. A ce sujet, on se doit de dénon­cer une bien triste réa­li­té : aujourd’­hui, de plus en plus de jeunes gens et de jeunes filles, et même d’en­fants, prennent mal­heu­reu­se­ment part à ces conflits armés. Ils sont contraints de s’en­rô­ler dans les milices armées et doivent com­battre pour des causes qu’ils ne com­prennent pas tou­jours. Dans d’autres cas, ils sont entraî­nés dans une véri­table culture de la vio­lence, sui­vant laquelle la vie compte peu et tuer ne paraît pas immo­ral. Il est de l’in­té­rêt de toute la socié­té de faire en sorte que ces jeunes renoncent à la vio­lence et s’en­gagent sur la voie de la paix ; mais cela sup­pose une édu­ca­tion patiente, menée par des per­sonnes qui croient sin­cè­re­ment à la paix.

A ce point, je ne puis man­quer d’é­vo­quer un autre obs­tacle sérieux au déve­lop­pe­ment de la paix dans notre socié­té : de nom­breux enfants, trop d’en­fants sont pri­vés de la cha­leur d’une famille. Parfois elle est pra­ti­que­ment absente : pour­sui­vant d’autres inté­rêts, les parents aban­donnent leurs enfants à eux-​mêmes. En d’autres cas, la famille n’existe même pas : il y a ain­si des mil­liers d’en­fants qui n’ont d’autre mai­son que la rue, et qui ne peuvent comp­ter sur aucun autre appui qu’eux-​mêmes. Certains de ces enfants de la rue trouvent la mort de manière tra­gique. D’autres sont entraî­nés à l’u­sage et même au tra­fic de la drogue, à la pros­ti­tu­tion ; et bien sou­vent ils finissent par entrer dans les orga­ni­sa­tions cri­mi­nelles. Il est impos­sible d’i­gno­rer des situa­tions si scan­da­leuses et cepen­dant si répan­dues ! L’avenir même de la socié­té est en jeu. Une com­mu­nau­té qui refuse les enfants, qui les mar­gi­na­lise ou qui les plonge dans des situa­tions sans espoir ne pour­ra jamais connaître la paix

Pour avoir l’as­su­rance d’un ave­nir de paix, il faut que, dans l’hu­ma­ni­té, il soit don­né à tous les petits de faire l’ex­pé­rience de la cha­leur d’une affec­tion atten­tive et constante, et non pas de la tra­hi­son ou de l’ex­ploi­ta­tion. Et si l’Etat peut faire beau­coup pour pré­voir les moyens et les struc­tures de sou­tien, le rôle de la famille reste irrem­pla­çable afin de garan­tir le cli­mat de sécu­ri­té et de confiance qui a tant d’im­por­tance pour ame­ner les petits à regar­der l’a­ve­nir avec séré­ni­té et pour les pré­pa­rer à prendre leurs res­pon­sa­bi­li­tés, une fois deve­nus grands, dans l’é­di­fi­ca­tion d’une socié­té de pro­grès authen­tique et de paix. Les enfants sont l’a­ve­nir déjà pré­sent au milieu de nous ; il est néces­saire qu’ils puissent savoir ce que veut dire la paix pour être en mesure de créer un ave­nir de paix.

La famille, protagoniste de la paix

5. Pour que les condi­tions de la paix soient durables, il est néces­saire qu’existent des ins­ti­tu­tions qui expriment et qui affer­missent les valeurs de la paix. L’institution qui cor­res­pond de la manière la plus immé­diate à la nature de l’être humain est la famille. Elle seule peut assu­rer la conti­nui­té et l’a­ve­nir de la socié­té. La famille est donc appe­lée à deve­nir pro­ta­go­niste actif de la paix, grâce aux valeurs qu’elle exprime et qu’elle trans­met à l’in­té­rieur du foyer et grâce à la par­ti­ci­pa­tion de cha­cun de ses membres à la vie de la société.

Noyau pre­mier de la socié­té, la famille a droit à tout le sou­tien de l’Etat pour rem­plir entiè­re­ment sa mis­sion propre. Les lois de l’Etat doivent donc être conçues de manière à pro­mou­voir de bonnes condi­tions de vie pour la famille, en l’ai­dant à accom­plir les tâches qui lui reviennent. Devant la ten­dance aujourd’­hui tou­jours plus forte à légi­ti­mer, comme sub­sti­tut de l’u­nion conju­gale, des formes d’u­nions qui, en rai­son de leur nature propre ou de leur carac­tère tran­si­toire vou­lu, ne peuvent en aucune manière expri­mer le sens de la famille ni assu­rer son bien, c’est un des pre­miers devoirs de l’Etat d’en­cou­ra­ger et de pro­té­ger l’ins­ti­tu­tion fami­liale authen­tique, d’en res­pec­ter la phy­sio­no­mie natu­relle ain­si que les droits innés et inalié­nables [5]. L’un de ceux-​ci est fon­da­men­tal : le droit des parents à déci­der libre­ment et de manière res­pon­sable, en fonc­tion de leurs convic­tions morales et reli­gieuses et de leur conscience conve­na­ble­ment for­mée, du moment de don­ner nais­sance à un enfant, pour lui dis­pen­ser ensuite une édu­ca­tion conforme à leurs convictions.

En outre, l’Etat joue un rôle consi­dé­rable pour créer les condi­tions dans les­quelles les familles auront la pos­si­bi­li­té de pour­voir à leurs besoins essen­tiels de manière conforme à la digni­té humaine. La pau­vre­té, et même la misère – menace per­ma­nente pour la sta­bi­li­té sociale, pour le déve­lop­pe­ment des peuples et pour la paix -, frappe trop de familles aujourd’­hui. Il arrive par­fois que, man­quant de moyens, les jeunes couples tardent à construire une famille ou en soient même empê­chés, tan­dis que les familles, gênées par leur dénue­ment, ne peuvent par­ti­ci­per plei­ne­ment à la vie sociale ou sont contraintes à une totale marginalisation.

Toutefois, les devoirs incom­bant à l’Etat n’exemptent pas les simples citoyens de leurs res­pon­sa­bi­li­tés : la vraie réponse aux ques­tions les plus graves de toute socié­té est en effet appor­tée par la soli­da­ri­té de tous dans la concorde. De fait, per­sonne ne peut se sen­tir libé­ré tant que le pro­blème de la pau­vre­té, qui frappe les familles et les indi­vi­dus, n’a pas trou­vé une solu­tion appro­priée. L’indigence est tou­jours une menace pour la sta­bi­li­té sociale, pour le déve­lop­pe­ment éco­no­mique et donc, fina­le­ment, pour la paix. La paix res­te­ra en péril tant que les per­sonnes et les familles se ver­ront contraintes à lut­ter pour leur survie.

La famille au service de la paix

6. Je vou­drais main­te­nant m’a­dres­ser direc­te­ment aux familles, en par­ti­cu­lier aux familles chrétiennes.

« Famille, deviens ce que tu es ! » – ai-​je écrit dans l’ex­hor­ta­tion apos­to­lique Familiaris consor­tio [6]. Deviens « la com­mu­nau­té pro­fonde de vie et d’a­mour for­mée par le couple » [7], appe­lée à don­ner de l’a­mour et à trans­mettre la vie !

Famille, tu as une mis­sion de pre­mière impor­tance : celle de contri­buer à la construc­tion de la paix, un bien indis­pen­sable pour le res­pect et pour le déve­lop­pe­ment de la vie humaine elle-​même [8]. Ayant conscience qu’on n’ob­tient pas la paix une fois pour toutes [9], tu ne dois jamais te las­ser de la recher­cher ! Jésus, par sa mort sur la Croix, a don­né sa paix à l’hu­ma­ni­té, en l’as­su­rant de sa pré­sence jus­qu’à la fin du monde [10]. Recherche cette paix, prie pour cette paix, tra­vaille pour cette paix !
A vous, parents, revient la res­pon­sa­bi­li­té de for­mer et d’é­du­quer vos enfants à être des per­sonnes atta­chées à la paix : dans ce sens, vous êtes, vous les pre­miers, des arti­sans de paix.

Vous, les enfants, avan­cez vers l’a­ve­nir avec l’ar­deur de votre jeu­nesse, riches de pro­jets et de rêves ; appré­ciez le don qu’est la famille ; préparez-​vous à la res­pon­sa­bi­li­té de l’é­di­fier ou de la pro­mou­voir, sui­vant vos dif­fé­rentes voca­tions, dans les len­de­mains que Dieu vous accor­de­ra. Aspirez au bien et gar­dez la pen­sée de la paix !

Vous, les grands-​parents, qui consti­tuez les liens irrem­pla­çables et pré­cieux de tous les autres membres de la paren­té d’une géné­ra­tion à l’autre, com­mu­ni­quez géné­reu­se­ment votre expé­rience et votre témoi­gnage pour relier le pas­sé et l’a­ve­nir en un pré­sent de paix !
Famille, vis plei­ne­ment ta mis­sion dans la concorde !

Enfin, com­ment oublier les nom­breuses per­sonnes qui, pour dif­fé­rentes rai­sons, se sentent pri­vées de famille ? Je vou­drais leur dire qu’il existe aus­si une famille pour eux : l’Eglise est une mai­son et une famille pour tous [11]. Elle ouvre ses portes pour accueillir ceux qui sont seuls ou aban­don­nés ; elle voit en eux les enfants pré­fé­rés de Dieu, quel que soit leur âge, quelles que soient leurs aspi­ra­tions, leurs dif­fi­cul­tés ou leur espérance.

Puisse la famille vivre en paix afin qu’elle soit source de paix pour toute la famille humaine !
Telle est la prière que, par l’in­ter­ces­sion de Marie, Mère du Christ et de l’Eglise, j’é­lève à Celui « de qui toute pater­ni­té, au ciel et sur la terre, tire son nom » (Ep 3, 15), à l’aube de l’Année inter­na­tio­nale de la Famille.

Du Vatican, le 8 décembre 1993.

IOANNES PAULUS PP. II

Notes de bas de page
  1. Cf. Concile œcu­mé­nique Vatican II, Constitution pas­to­rale Gaudium et spes, n. 52. []
  2. Article 16, 3. []
  3. Encyclique Redemptoris homi­nis, n. 10. []
  4. Cf. Gaudium et spes, n. 47. []
  5. Cf. à ce sujet la « Charte des Droits de la Famille, pré­sen­tée par le Saint-​Siège à toutes les per­sonnes, ins­ti­tu­tions et auto­ri­tés inté­res­sées à la mis­sion de la famille dans le monde d’au­jourd’­hui » (22 octobre 1983). []
  6. N. 17.[]
  7. Gaudium et spes, n. 48. []
  8. Cf. Catéchisme de l’Eglise catho­lique, n. 2304.[]
  9. Cf. Gaudium et spes, n. 78.[]
  10. Cf. Jn 14, 27 ; 20, 19?21 ; Mt 28, 20.[]
  11. Cf. Familiaris consor­tio, n. 85.[]
21 janvier 2000
Discours pour l'inauguration de l'année judiciaire
  • Jean-Paul II