FSSPX : la lettre ouverte de Mgr Bux – Analyse dans DICI n°252 du 30/​03/​12

Le 19 mars 2012, trois jours après la ren­contre de Mgr Fellay avec le car­di­nal Levada, Mgr Nicolas Bux, consul­teur à la Congrégation pour la doc­trine de la foi et au Bureau des célé­bra­tions litur­giques du pape, adresse une lettre ouverte à Mgr Fellay et aux prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X les invi­tant à accep­ter un accord. 

Le 21, inter­ro­gé par l’a­gence romaine IMedia, ce pré­lat romain refuse de voir « une sorte d´ultimatum » dans la demande par le Saint-​Siège d´une nou­velle cla­ri­fi­ca­tion de la posi­tion de la Fraternité Saint-​Pie X. Il estime seule­ment « qu´une fois arri­vé à un cer­tain point, il faut se décider ».

Malgré cela, le len­de­main, 21 mars, Natalia Trouiller per­siste et signe : « Mgr Nicola Bux, un proche du pape, adresse une lettre à Mgr Fellay et à ceux qui le suivent. Une preuve que la Fraternité est bien devant un ulti­ma­tum. » Et de déve­lop­per : « Lu dans son inté­gra­li­té, son mes­sage (de Mgr Bux) est clair : les lefeb­vristes n’ont aucune autre conces­sion à espé­rer de Rome, soit ils reviennent main­te­nant, soit ils pour­suivent leur che­min seuls. La lettre est certes écrite d’une main de fer, mais dans un gant de velours : il y a fort à parier que cer­taines phrases comme « Il est indé­niable que de nom­breux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a sui­vi, liés à la dimen­sion humaine de cet évé­ne­ment, ont repré­sen­té de vraies cala­mi­tés et cau­sé de vives dou­leurs à de grands hommes d’Eglise », vont faire beau­coup parler. »

Cette cri­tique du Concile qui cha­grine la jour­na­liste de La Vie est reprise, deux jours après, 23 mars, par François Vercelletto sur le site de Ouest France : « La tona­li­té géné­rale du texte (de Mgr Bux) est lar­ge­ment ouverte aux demandes et aux cri­tiques des inté­gristes, en par­ti­cu­lier sur le Concile Vatican II. En par­ti­cu­lier lors­qu’il écrit : « Il est indé­niable que de nom­breux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a sui­vi, liés à la dimen­sion humaine de cet évé­ne­ment, ont repré­sen­té de vraies cala­mi­tés et cau­sé de vives dou­leurs à de grands hommes d’Eglise. » (…) Il sera très inté­res­sant de suivre l’é­vo­lu­tion de cette ques­tion. J’ignore si l’es­prit géné­ral de cette lettre est repré­sen­ta­tif ou non de ce que pensent les plus hautes auto­ri­tés de l’Eglise. Personnellement, si tel était le cas, je ne m’en réjoui­rais pas. »

Il n’empêche que sur le fond on ignore si les cla­ri­fi­ca­tions qu’ap­por­te­ra Mgr Fellay suf­fi­ront ou non « pour sur­mon­ter les pro­blèmes doc­tri­naux ». Le 21 mars, Mgr Bux a répon­du à IMedia que le pape recher­chait « l´union et la recom­po­si­tion après les sépa­ra­tions, mais pas à n´importe quel prix ». Le 22 mars, dans un cour­rier élec­tro­nique, Mgr Richard Williamson, fait obser­ver à Mgr Bux : « Votre lettre com­mence par un appel à “tout sacri­fier au nom de l’u­ni­té”. Mais il ne peut y avoir de véri­table uni­té catho­lique qui ne soit fon­dée sur la vraie Foi catho­lique. (…) la Foi sacri­fiée à l’u­ni­té fera une uni­té sans Foi. »

Jean-​Marie Guénois affirme dans l’ar­ticle déjà cité de son Religioblog : « Rome, me semble-​t-​il, ne cherche pas un com­pro­mis au rabais. Les Lefebvristes, de toute façon, ne l’ac­cep­te­raient pas. Cela serait source de pro­blèmes dif­fi­ciles à moyen terme. Rome cherche un accord, fon­dé sur une vision large du catho­li­cisme. Une vision capable d’in­té­grer plu­sieurs familles dont cer­taines sont très éloi­gnées les unes des autres. Un esprit capable d’ad­mettre un débat interne, cette dis­pu­ta­tio qui appar­tient pour­tant à la grande tra­di­tion intel­lec­tuelle – et actuel­le­ment per­due – de l’Eglise catho­lique. » On se demande vrai­ment si c’est cette dis­pu­ta­tio théo­lo­gique que Mgr Bux sug­gère dans sa lettre ouverte à la Fraternité Saint-​Pie X lors­qu’il écrit avec une pru­dente modé­ra­tion : « Il demeure cer­tai­ne­ment des per­plexi­tés, des points à appro­fon­dir ou à pré­ci­ser, comme celui de l’œ­cu­mé­nisme et du dia­logue inter­re­li­gieux (qui a d’ailleurs déjà fait l’ob­jet d’une impor­tante cla­ri­fi­ca­tion appor­tée par la décla­ra­tion Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000) ou celui de la manière dont est com­prise la liber­té reli­gieuse. Sur ces thèmes aus­si, votre pré­sence cano­ni­que­ment garan­tie dans l’Eglise aide­ra à plus de lumière. Comment ne pas son­ger à la contri­bu­tion que vous pour­rez appor­ter, grâce à vos res­sources pas­to­rales et doc­tri­nales, à votre capa­ci­té et votre sen­si­bi­li­té, au bien de toute l’Eglise ? ».

Nul ne sait ce que réserve l’a­ve­nir. Mais il est cer­tain que l’a­ve­nir appar­tient à Dieu, et pas aux jour­na­listes. C’est pour­quoi le Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X invite tous les fidèles à la prière et au sacri­fice en ces Jours Saints et dans les semaines suivantes. 

Sources : vati​can​.va/​I​M​e​d​i​a​/​A​p​i​c​/​R​e​l​i​g​i​o​b​l​o​g​/La Vie/​ecclesia-​mater/​Ouest France – DICI n°252 du 30/​03/​12