L’accès des femmes au diaconat : la révolution en marche

La récente réunion de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale fut l’oc­ca­sion de défi­nir le sta­tut du dia­co­nat per­ma­nent. Suites déroutantes.

Alors que l’accès au sacer­doce se fai­sait tra­di­tion­nel­le­ment en sept étapes, l’Eglise issue du concile Vatican II a sup­pri­mé deux ordres mineurs et le sous-​diaconat, arguant que ces paliers n’étaient que des ins­ti­tu­tions d’ordre ecclé­sias­tique et non divin. Cela n’a pas empê­ché la mise en place d’un dia­co­nat per­ma­nent confié à des viri pro­ba­ti, des hommes mariés, et qui est la source de dif­fi­cul­tés pré­sentes et à venir. L’insistance à pro­mou­voir ce dia­co­nat per­met d’établir une tête de pont en vue d’un sacer­doce marié, car, lorsque le défi­cit en prêtres attein­dra un point cri­tique, il sera alors facile de pro­po­ser l’ordination pour cette cohorte en attente.

Par ailleurs, cette déci­sion du concile per­met des ten­ta­tives théo­lo­giques dans une autre direc­tion : « La dif­fi­cul­té vient de ce que le Concile Vatican II a intro­duit la pos­si­bi­li­té du dia­co­nat per­ma­nent alors qu’autrefois le dia­co­nat était une étape vers le sacer­doce . Du coup, l’image du diacre oscille aujourd’hui entre une res­sem­blance avec le sacer­doce et un enga­ge­ment qui se rap­proche de celui des laïcs ». Un cer­tain « flou dans la défi­ni­tion doc­tri­nale » de ce qu’est le minis­tère dia­co­nal implique donc de « creu­ser les choses pour y voir plus clair, sans se conten­ter de répé­ter des bana­li­tés ». C’est ain­si que Mgr Minnerath, membre de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale, expli­quait le but de la réunion tenue par ladite com­mis­sion au début de ce mois.

Comme il s’agissait d’une nou­veau­té, les pro­mo­teurs de la cause fémi­niste ne se sont pas fait prier pour plai­der en faveur de l’accès des femmes à ce « minis­tère ». Le Vatican, dans une noti­fi­ca­tion signée par trois car­di­naux, répri­mait cette demande et appe­lait à la sup­pres­sion des cours de for­ma­tion don­nés en vue de l’ordination de can­di­dates au dia­co­nat (Notification de trois Congrégations du 17 sep­tembre 2001): « Il n’est pas per­mis de pro­po­ser des ini­tia­tives qui, de quelque manière que ce soit, visent à pré­pa­rer des can­di­dates à l’ordination dia­co­nale ». Le texte était clair et for­mel, mais à une époque et dans une Eglise où tout est dis­cu­table et dis­cu­té, ceux qui appellent le dia­co­nat fémi­nin de leurs vœux ne se sentent pas bat­tus pour autant. Dans une inter­view à l’APIC, Mgr Mamie, ancien évêque de Fribourg – qui n’est pour­tant pas par­ti­cu­liè­re­ment fémi­niste – confiait : « Actuellement, la ques­tion de l’ordination dia­co­nale des femmes reste ouverte. Je serais pour ma part prêt à cela, pour autant que le dia­co­nat fémi­nin ne soit pas consi­dé­ré comme un che­min vers l’ordination de femmes prêtres. » Il avait été pré­cé­dé dans cette voie par le car­di­nal Martini, ancien arche­vêque de Milan qui avait fait autre­fois la même proposition.

Suite à la réunion de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale de ce mois, les pre­miers à prendre la parole publi­que­ment furent les défen­seurs de la cause fémi­niste, esti­mant que le docu­ment final « n’exclut pas qu’il puisse y avoir à l’avenir un déve­lop­pe­ment dans ce sens ». « Mais ce n’est pas à nous, en tant que théo­lo­giens, de déci­der » ; il revient au magis­tère de prendre une déci­sion, « en fonc­tion des besoins de l’Eglise, d’une vision plus glo­bale du minis­tère, et à par­tir de notre tra­vail scien­ti­fique ». C’est ain­si que s’exprima Mgr Minnerath. Ce fut une aubaine, non seule­ment pour la presse reli­gieuse, mais aus­si pour la grande presse qui réper­cu­ta lar­ge­ment l’information ; et, il faut le dire, le mes­sage est pas­sé dans la masse. L’information fut démen­tie quelques jours plus tard par le Père Cottier, secré­taire géné­ral de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale et théo­lo­gien de la Maison pon­ti­fi­cale : celle-​ci « n’a conclu à aucune ouver­ture pos­sible concer­nant l’ordination de femmes diacres ». Au contraire, les théo­lo­giens « se sont expri­més plu­tôt dans la ligne de l’exclusion d’une telle pos­si­bi­li­té ». Toutefois, « c’est au magis­tère de se pro­non­cer de manière autoritaire ».

Mais le Saint-​Siège ne s’est-il pas déjà pro­non­cé par la Lettre apos­to­lique du 22 mai 1994 ? Certains répon­dront : cette der­nière concerne l’accès au sacer­doce, par consé­quent elle concerne le dia­co­nat en vue du sacer­doce, et non le dia­co­nat permanent…

Et la Notification de trois Congrégations du 17 sep­tembre 2001 ?

On le sent, la révo­lu­tion est à l’œuvre et n’a de cesse tant qu’elle n’est pas arri­vée à un ren­ver­se­ment com­plet de l’ordre des choses. C’est ici que se révèle l’intention pro­fonde des révo­lu­tion­naires de Vatican II : la volon­té d’en arri­ver à un dia­co­nat fémi­nin trouve sa source dans le désir de voir un jour des femmes-​prêtres. Les remises en ques­tions des déci­sions romaines montrent que les dif­fé­rentes inter­ven­tions du magis­tère n’arrivent pas à stop­per ce mou­ve­ment, preuve sup­plé­men­taire que l’autorité s’est sabor­dée. Si cer­tains car­di­naux y opposent un « non » caté­go­rique, l’ensemble de la poli­tique romaine n’a pas la même lim­pi­di­té ; la vidéo-​conférence inter­na­tio­nale orga­ni­sée par la Congrégation pour le cler­gé, le 29 octobre pro­chain, sous le thème : le rôle de la femme dans l’Eglise, sera inté­res­sante à suivre…

Source : MG/​FSSPX