Comment nous unir au sacrifice eucharistique ?

Par le R.P. Garrigou-​Lagrange, dans Les trois âges de la vie inté­rieure, tome 1, pp. 557–560

Pour bien assis­ter à la Messe, avec foi, confiance, vraie pié­té et amour, ou peut la suivre de dif­fé­rentes manières. On peut être atten­tif aux prières litur­giques, géné­ra­le­ment si belles et si pleines d’onction, d’élévation et de sim­pli­ci­té. On peut aus­si se rap­pe­ler la Passion et la Mort du Sauveur, dont la Messe est le mémo­rial, et se consi­dé­rer comme étant au pied de la Croix avec Marie, Jean, les saintes femmes. On peut encore s’appliquer à rendre à Dieu, en union avec Jésus, les quatre devoirs qui sont les fins du Sacrifice : ado­ra­tion, répa­ra­tion, demande et action de grâces. (La pre­mière par­tie de la Messe jusqu’à l’offertoire nous ins­pire des sen­ti­ments de péni­tence et de contri­tion (Confiteor, Kyrie elei­son), d’adoration et de recon­nais­sance (Gloria in excel­sis), de sup­pli­ca­tion (Collecte), de foi vive (Épître, Évangile, Credo), pour nous pré­pa­rer à l’offrande de la sainte Victime, sui­vie de la com­mu­nion et de l’action de grâces).

Pourvu que l’on prie, même en réci­tant pieu­se­ment son cha­pe­let [bien sûr sans avoir l’intention de gagner ain­si du temps en fai­sant deux choses à la fois], on assiste fruc­tueu­se­ment à la Messe. On peut aus­si avec grand pro­fit, comme sainte Jeanne de Chantal et beau­coup de saints, y conti­nuer son orai­son, sur­tout si l’on est por­té à un amour pur et intense, un peu comme saint Jean à la Cène repo­sant sur le Cœur de Jésus.

Mais de quelque manière qu’on suive ain­si la Messe, il importe d’insister sur une chose impor­tante. Il faut sur­tout nous unir pro­fon­dé­ment à l’oblation du Sauveur, prêtre prin­ci­pal : avec Lui, il faut L’offrir à son Père, en nous rap­pe­lant que cette obla­tion plaît plus à Dieu que tous les péchés ne Lui déplaisent. Il faut nous offrir aus­si chaque jour plus pro­fon­dé­ment, offrir par­ti­cu­liè­re­ment les peines et contra­rié­tés que nous avons déjà à por­ter et celles qui se pré­sen­te­ront dans la jour­née. C’est ain­si qu’à l’offertoire le prêtre dit : « In spi­ri­tu humi­li­ta­tis et in ani­mo contri­to sus­ci­pia­mur a te, Domine : C’est avec un esprit humi­lié et un cœur contrit que nous Vous deman­dons, Seigneur, de nous recevoir. »

L’auteur de l’Imitation, l. IV, ch. VIII, insiste à bon droit sur ce point : Le Seigneur y dit : « Comme Je Me suis offert volon­tai­re­ment à mon Père pour vos péchés, sur la Croix…, ain­si vous devez tous les jours, dans le sacri­fice de la Messe, vous offrir à Moi, comme une hos­tie pure et sainte, du plus pro­fond de votre cœur… C’est vous que Je veux et non pas vos dons… Si vous demeu­rez en vous-​mêmes, si vous ne vous aban­don­nez pas sans réserve à ma volon­té, votre obla­tion n’est pas entière, nous ne serons pas unis parfaitement. »

Au cha­pitre sui­vant, le fidèle répond : « Dans la sim­pli­ci­té de mon cœur, je m’offre à Vous, mon Dieu, pour Vous ser­vir à jamais… Recevez-​moi avec l’oblation sainte de votre pré­cieux Corps… Je Vous offre aus­si tout ce qu’il y a de bon en moi, si impar­fait que ce soit, pour que Vous le ren­diez plus digne de Vous. Je Vous offre encore tous les pieux dési­rs des âmes fidèles, la prière pour ceux qui me sont chers…, la sup­pli­ca­tion pour ceux qui m’ont offen­sé ou attris­té, pour ceux aus­si que j’ai moi-​même affli­gés, bles­sés, scan­da­li­sés, le sachant ou non, afin que Vous nous par­don­niez à tous nos offenses mutuelles… et faites que nous soyons dignes de jouir ici-​bas de vos dons et d’arriver à l’éternelle vie. »

Abbé François-​Régis de Bonnafos, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X