Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

12 juillet 1939

Discours aux jeunes époux et à des pèlerins italiens

La famille chrétienne est fondée sur un sacrement

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 12 juillet 1939

Parmi les groupes de fidèles qui se relaient sans cesse devant le Vicaire du Christ, Nous remar­quons tou­jours avec une par­ti­cu­lière satis­fac­tion les nom­breux couples de jeunes époux. Don pré­cieux, ines­ti­mable, que ces jeunes familles chré­tiennes, qui viennent de naître d’un grand sacre­ment ins­ti­tué par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ lui-​même pour sanc­ti­fier les noces, et avec elles, la famille nais­sante, ses bour­geons et ses fruits.

Nous dési­rons vous rap­pe­ler un ensei­gne­ment du caté­chisme : la famille chré­tienne est fon­dée sur un sacre­ment. C’est dire qu’il ne s’a­git pas d’un simple contrat, d’une simple céré­mo­nie ou d’un appa­reil exté­rieur des­ti­né à mar­quer une date impor­tante de la vie ; au contraire, il y a là, au sens vrai et propre du mot, un acte reli­gieux de vie sur­na­tu­relle, d’où découle comme un droit per­ma­nent d’ob­te­nir de Dieu toutes les grâces, tous les secours néces­saires et utiles pour sanc­ti­fier la vie du mariage, pour accom­plir les devoirs de l’é­tat conju­gal, pour en sur­mon­ter les dif­fi­cul­tés, en main­te­nir les réso­lu­tions et en atteindre l’i­déal le plus élevé.

Par l’é­lé­va­tion du mariage chré­tien à la digni­té de sym­bole per­ma­nent de l’in­dis­so­luble union du Christ et de l’Eglise, Dieu s’est por­té garant de ces grâces. Nous pou­vons par consé­quent affir­mer que la famille chré­tienne, chré­tienne en véri­té et en vita­li­té, est une garan­tie de sain­te­té. Pareil à une rosée rafraî­chis­sante, ce bien­fai­sant influx sacra­men­tel fait croître autour de la table comme de nou­veaux plants d’o­li­viers (Ps. 128, 3). Dans la famille chré­tienne règnent l’a­mour et le res­pect mutuels ; les enfants y sont atten­dus et reçus comme des dons de Dieu, comme des dépôts à gar­der avec un soin vigi­lant. Si la dou­leur et l’é­preuve entrent au foyer, elles n’y apportent pas le déses­poir ou la révolte, mais la confiance sereine qui, tout en adou­cis­sant les inévi­tables souf­frances, en fait un moyen pro­vi­den­tiel de puri­fi­ca­tion et de mérite. Ecce sic bene­di­ce­tur homo qui timet Dominum, « voi­là com­ment sera béni l’homme qui craint le Seigneur » (Ps 128, 4).

Ces fruits, vous ne pou­vez les récol­ter que dans le foyer chré­tien. La famille dépouillée de son carac­tère sacré, éloi­gnée de Dieu et par­tant pri­vée de la béné­dic­tion divine sans laquelle rien ne peut pros­pé­rer, cette famille-​là est ébran­lée jusque dans ses fon­de­ments et expo­sée à tom­ber, tôt ou tard, dans la décom­po­si­tion et la ruine, comme Nous le montre une conti­nuelle et dou­lou­reuse expérience.

C’est parce que vous avez com­pris ces véri­tés que vous êtes venus deman­der et rece­voir la béné­dic­tion du Vicaire de Jésus-​Christ. Vous voyez dans cette béné­dic­tion comme le renou­vel­le­ment et la confir­ma­tion de celle qui du ciel est des­cen­due sur vous en la jour­née, récente encore, de vos noces. Vous en atten­dez un sur­croît d’éner­gie et de secours, pour don­ner à vos familles ce carac­tère pro­fon­dé­ment chré­tien qui est une garan­tie de ver­tu et de sainteté.

Lorsque vous tour­nez la pen­sée vers la mai­son qui vous vit naître et vers les pre­miers visages que vous avez ren­con­trés dans votre enfance, et lorsque de là vous remon­tez les années et repas­sez en esprit les vicis­si­tudes de votre vie, tout ce que vous trou­vez de bon en vous, vous sen­tez que vous le devez, pour une grande part, à un père sage, à une mère ver­tueuse, à une famille chrétienne.

Dans ces vifs et sin­cères sen­ti­ments de gra­ti­tude que vous éprou­vez envers le Seigneur et envers vos parents, qui furent fidèles à leur mis­sion, Nous aimons à voir un augure que vos familles, sur les­quelles Nous invo­quons de tout cœur les béné­dic­tions du ciel, seront, elles aus­si, pro­fon­dé­ment chrétiennes.

PIE XII, Pape.

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