RADIOMESSAGE AU MONDE
(24 décembre 1952.) 1
D’après le texte italien des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 1.
Selon la coutume Pie XII adressa en cette veille de Noël un important message au monde :
Levate capita vestra : ecce appropinquat redemptio vestra : « Levez la tête car votre délivrance est proche » [1]. Cette heureuse prophétie du divin. Maître annonce le jour suprême où, revêtu des insignes du Souverain Juge, Il reviendra sur terre « avec grande puissance et grande majesté » [2] pour reprendre le dialogue avec l’humanité. La liturgie de Noël la rappelle et l’adresse aux croyants comme une invitation à bannir toute angoisse pour accueillir dans leurs âmes la grande espérance de salut qui, renouvelée à chaque fête de Noël, rayonne de l’humble crèche de Bethléem, révélant la bonté et la miséricorde du Dieu Souverain[3].
Cette même invitation à lever votre regard vers le soleil de l’espérance, Nous voulons la faire Nôtre aujourd’hui pour qu’elle porte à tous, chers fils et chères filles, le salut et les souhaits du Père. Que le doux mystère du Noël chrétien vous entraîne à achever ce que l’Enfant Divin a commencé par sa naissance ; que l’éclat mystique de la sainte Nuit, porteur de solide espérance et du puissant réconfort, se reflète en vos âmes, plus assoiffées que jamais de ces trésors célestes que vous chercheriez en vain sur notre terre aride.
Le Saint-Père salue d’abord les pauvres et les opprimés :
Mais Notre salut et Nos vœux s’adressent d’abord aux pauvres, aux opprimés, à ceux qui, pour quelque motif, gémissent dans l’affliction et dont la vie dépend pour ainsi dire du souffle d’espérance qu’on sait leur infuser et de la mesure de secours qu’on réussit à leur procurer.
Ils sont si nombreux, ces fils bien-aimés ! Le chœur douloureux de prières qui appellent au secours, loin de marquer cette diminution que faisaient à bon droit espérer les années déjà nombreuses écoulées depuis la fin du conflit mondial, se prolonge et se fait même parfois plus intense à cause de besoins urgents et multiples. Il se lève vers Nous, peut-on dire, de chaque partie du monde et déchire Notre âme par ce qu’il révèle de chagrins et de larmes. Une triste expérience Nous l’a désormais enseigné : même lorsqu’on apprend une amélioration dans les conditions générales d’un pays déterminé, il faut toutefois s’attendre à l’annonce de calamités nouvelles dans un autre, avec de nouvelles misères et de nouveaux besoins. Bien qu’alors les peines incessantes de tant de Nos fils pèsent sur Notre cœur, la parole du Divin Maître : « Non turbetur cor vestrum neque formidet… vado et venio ad vos [4] : Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’effraie pas… Je m’en vais et je reviendrai à vous, » Nous pousse vivement à mettre en œuvre tous les remèdes et réconforts qui dépendent de Nous.
De toutes parts, on propose des plans pour secourir les hommes en détresse :
Ce désir d’aide secourable, Nous ne sommes pas seul, il est vrai à l’entretenir. Afin de prévenir les misères et d’y remédier, des institutions privées et publiques formulent quotidiennement d’innombrables propositions et projets. Beaucoup d’entre eux, qui Nous sont présentés de la part d’individus et de groupes, dénotent sans aucun doute le bon vouloir de leurs auteurs ; cependant leur abondance hétéroclite et leurs fréquentes contradictions manifestent un état de perplexité générale.
Le salut ne viendra pas uniquement des modes de production et de l’organisation :
L’humanité d’aujourd’hui a su construire l’admirable et complexe machine du monde moderne, subjuguant à son service d’énormes forces de la nature ; elle se montre incapable, dirait-on d’en maîtriser la marche, comme si le gouvernail lui était échappé des mains ; elle court alors le danger d’être renversée et écrasée par elles. Cette incapacité de contrôle devrait, par le fait même, suggérer aux hommes qui en sont victimes, de ne pas attendre le salut uniquement des techniciens de la production et de l’organisation. Leur travail pourra contribuer, et notablement, à résoudre les problèmes graves et étendus qui angoissent la terre, à condition qu’il s’applique à améliorer et renforcer les vraies valeurs humaines ; mais en aucun cas – oh ! combien Nous voudrions que tous s’en rendent compte de part et d’autre de l’océan – il ne réussira à créer un monde sans misères.
Il faudra se mettre à l’écoute de Dieu :
Entre temps, devant un problème aussi urgent : secourir les esprits dans l’angoisse, il est nécessaire que l’humanité contemple l’action de Dieu pour prendre constamment de sa manière d’agir, infiniment sage et efficace, le moyen d’aider les hommes et de les racheter de leurs maux. Voici précisément que le mystère de Noël jette sur ce point une lumière merveilleuse. En quoi consiste, en fait, la substance de cet ineffable mystère sinon dans l’œuvre que Dieu a entreprise et conduite à terme petit à petit pour secourir la créature, pour la Relever du fond de la misère la plus grave et la plus générale dans laquelle elle était tombée : la misère du péché et l’éloignement du souverain Bien ?
Deux leçons se dégagent de cette contemplation :
Une contemplation humble mais éclairante vous montre comment Dieu conduit son œuvre de salut. Deux concepts fondamentaux, comme deux règles dictées par Son infinie sagesse, régissent et guident l’exécution de Son dessein de rédemption, lui imprimant le caractère d’harmonie et d’efficacité qui est la marque infaillible du divin.
1° Il faut respecter les lois de la nature qui sont surélevées à l’ordre surnaturel :
Avant tout, au lieu de troubler l’ordre préexistant établi par Lui dans la création. Dieu maintient dans toute leur vigueur ces lois générales qui gouvernent le monde et la nature de l’homme, même affaiblie par ses infirmités. Dans cet ordre, destiné lui aussi au salut de la créature. Il ne bouleverse ni ne retire rien, mais II insère un nouvel élément destiné à le perfectionner et à le dépasser : la Grâce, dont la lumière surnaturelle aidera la créature à mieux le connaître et dont la force surhumaine lui permettra de mieux l’observer.
2° Le Christ est pour nous le médiateur entre Dieu et les hommes :
En second lieu, pour rendre efficace l’ordre général dans chaque cas concret, qui n’est pas identique à d’autres, Dieu établit avec les hommes un contact personnel et immédiat et le réalise dans le mystère de l’Incarnation par lequel la seconde Personne de la Très Sainte Trinité se fait homme parmi les hommes, jetant ainsi comme un pont sur la distance infinie qui sépare sa majesté secourable de l’indigence de sa créature et mettant d’accord l’immuable efficacité de la loi générale avec les exigences propres des individus.
Celui qui contemple cette ineffable harmonie de l’action divine qui engage la sagesse, la toute-puissance et l’amour de Dieu ne peut pas ne pas s’écrier avec une confiance absolue : O Rex Gentium… qui facis utraque unum ; veni et salva hominem [5] ; « O Roi des nations… qui des deux peuples ne faites qu’un : venez sauver les hommes » ; il ne peut pas ne pas l’indiquer comme modèle quand il s’agit d’engager sur un plan terrestre une action de secours envers les misères humaines.
On prend souvent de fausses routes :
On dirait malheureusement que l’humanité moderne n’est plus capable, spécialement dans le cas des misères très étendues, de réaliser cette dualité dans l’unité, cette adaptation nécessaire de l’ordre général aux conditions concrètes et toujours diverses non seulement des individus mais aussi des peuples qu’on veut secourir.
On imagine des plans qui devraient automatiquement apporter le salut :
Parfois on attend le salut de quelque ordonnance rigoureusement inflexible embrassant le monde entier ; d’un système qui devrait agir avec la sûreté d’un remède éprouvé, d’une nouvelle formule sociale rédigée en articles froidement théoriques :
D’autres attendent le salut de la spontanéité :
… ou bien repoussant de telles recettes générales, on se fie aux ressources spontanées de l’instinct vital et dans l’hypothèse la meilleure, aux impulsions affectives des individus et des peuples sans se demander s’il n’en dérivera pas un bouleversement de l’ordre existant et alors qu’il est clair que le salut ne peut sortir du chaos.
Ces deux solutions sont erronées :
Ces deux méthodes sont fausses et reflètent d’autant moins la sagesse de Dieu, qui est le premier à secourir la misère et à donner l’exemple. Attendre le salut de formes rigides, appliquées matériellement à l’ordre social est superstitieux parce que c’est leur attribuer un pouvoir quasi prodigieux qu’elles ne peuvent avoir ; tandis que mettre son espérance exclusivement dans les forces créatrices de l’action vitale de chaque individu est contraire aux desseins de Dieu qui est le Seigneur de l’ordre.
On ne peut attendre le salut de la seule puissance de l’organisation :
Sur l’une ou l’autre déformation, Nous désirons attirer l’attention de ceux qui s’offrent à secourir les peuples ; mais particulièrement sur la superstition qui consiste à tenir pour certain que le salut doit sortir de l’organisation des hommes et des choses dans une étroite unité capable du plus haut pouvoir productif.
Si l’on réussit, pensent-ils, à coordonner les forces des hommes et les disponibilités de la nature en un seul complexe organique visant à assurer la capacité de production la plus haute et toujours en croissance, grâce à une organisation étudiée et exécutée avec les soins les plus minutieux dans les grandes lignes comme dans les plus petits détails, il en sortira toutes sortes de biens désirables : l’aisance, la sécurité des individus, la paix.
La technique a ses avantages sur le plan de la production industrielle :
On sait où la pensée sociale a trouvé l’exemple de la forme technique : dans les entreprises gigantesques de l’industrie moderne. Nous n’avons pas ici l’intention de prononcer un jugement sur la nécessité, l’utilité et les inconvénients de formes semblables de la production. Sans aucun doute, elles sont des réalisations merveilleuses de la puissance inventive de l’esprit humain ; à bon droit, on propose à l’admiration du monde ces entreprises qui, selon des normes mûrement réfléchies, réussissent dans la fabrication et l’administration à coordonner et à fondre l’action des hommes et des choses. Aucun doute également que leur solide ordonnance et souvent la beauté toute neuve et si particulière de leurs formes extérieures ne soient pour notre époque un motif de légitime orgueil. Ce que par contre Nous devons nier, c’est qu’elles puissent et doivent servir de modèle universel pour la confrontation et l’ordonnance de la vie sociale moderne.
Il faut tenir compte des institutions qui ont toujours joué un rôle important dans la vie sociale :
C’est d’abord un principe clair de sagesse que tout progrès est vraiment tel s’il sait unir les conquêtes nouvelles aux anciennes, des biens nouveaux à ceux qui ont été acquis dans le passé, en un mot, s’il sait profiter de l’expérience. Or l’histoire enseigne que d’autres formes de l’économie nationale ont toujours eu une influence positive sur toute la vie sociale, influence dont ont profité les institutions essentielles comme la famille, l’Etat, la propriété privée, ou bien celles qui sont constituées en vertu de la libre association. Indiquons par exemple les avantages indiscutables obtenus là où prédominait l’entreprise agricole ou artisanale.
Il est à craindre que les entreprises gigantesques dépersonnalisent l’homme :
Sans aucun doute, l’entreprise moderne a produit, elle aussi, d’heureux effets ; mais le problème qui se présente aujourd’hui est le suivant ; un monde qui ne reconnaît que la forme économique d’un énorme organisme productif réussira-t-il également à exercer une heureuse influence sur la vie sociale en général et sur ces trois institutions fondamentales en particulier ? Nous devons répondre que le caractère impersonnel d’un tel monde contraste avec la tendance entièrement personnelle de ces institutions que le Créateur a données à la société humaine. En effet, le mariage et la famille, l’Etat, la propriété privée, tendent par leur nature à former et à développer l’homme comme personne, à le protéger et à le rendre capable de contribuer par sa collaboration volontaire et sa responsabilité personnelle au maintien et au développement, personnel également, de la vie sociale. La sagesse créatrice de Dieu est donc étrangère à ce système d’unité impersonnel qui attente à la personne humaine, source et but de la vie sociale, image de Dieu dans son être le plus intime.
Nous sommes envahis par le « démon » de l’organisation :
Malheureusement, il ne s’agit plus à présent d’hypothèses et de prévisions, puisque la triste réalité est déjà sous nos yeux ; là où le démon de l’organisation envahit et tyrannise l’esprit humain, les signes d’une orientation fausse et anormale du progrès social se révèlent subitement. En de nombreux pays, l’Etat moderne est en train de devenir une gigantesque machine administrative. Il étend la main sur presque toute la vie : l’échelle entière des secteurs politique, économique, social, intellectuel, jusqu’à la naissance et à la mort, il veut l’assujettir à son administration. Rien d’étonnant donc si dans ce climat de l’impersonnel qui tend à pénétrer et envelopper toute la vie, le sens du bien commun s’émousse dans les consciences des individus et si l’Etat perd de plus en plus le caractère primordial d’une communauté morale des citoyens.
On vide ainsi l’homme de lui-même :
Ainsi se dévoile l’origine et le point de départ de l’évolution qui jette dans l’angoisse l’homme moderne : sa « dépersonnalisation ». On lui a enlevé dans une large mesure son visage et son nom ; dans beaucoup des activités les plus importantes de la vie, il a été réduit à un pur objet de la société puisque celle-ci, à son tour, est transformée en système impersonnel, en une froide organisation de forces.
Les divers systèmes d’assistance n’ont plus rien d’humain.
Celui qui nourrirait encore des doutes sur cet état de choses, qu’il tourne son regard vers le monde populeux de la misère et demande aux catégories si diverses d’indigents quelles réponses leur donne habituellement la société, dans sa tendance à ignorer la personne. Qu’on demande à l’indigent de la rue, privé de toute ressource, et qu’il n’est hélas ! pas rare de rencontrer dans les villes comme dans les bourgs et les campagnes ; qu’on demande au père de famille besogneux, client assidu du bureau d’assistance sociale, et dont les enfants ne peuvent attendre les lointaines et vagues échéances d’un âge d’or toujours à venir ; qu’on demande à tout un peuple au niveau de vie inférieur ou très bas, qui vient prendre place dans la famille des nations à côté de frères vivant dans l’aisance ou même dans l’abondance et attend en vain, d’une conférence internationale à l’autre, une amélioration stable de son sort ! Quelle est aussi la réponse que donne souvent la société actuelle au chômeur qui se présente aux guichets du bureau de travail, disposé peut-être par habitude, à recevoir une nouvelle désillusion mais non résigné au destin immérité de s’estimer un être inutile ? Et quelle est celle que l’on donne à un peuple qui, malgré tous ses efforts, ne réussit pas à s’affranchir du chômage en masse qui l’atrophie comme un étau ?
Il est insensé d’espérer sauver les hommes par ces grandes organisations :
A tous – depuis longtemps déjà, – on redit sans cesse que leur cas ne peut être traité comme personnel ou individuel, qu’on doit trouver la solution dans un ordre à établir, dans un système qui englobera tout et qui, sans porter à la liberté de préjudice essentiel, unira hommes et choses dans une force d’action croissante et plus unie, grâce à l’exploitation toujours plus poussée du progrès technique. Quand un tel système sera réalisé, le salut – affirme-t-on – en sortira automatiquement pour tous : un standard de vie en hausse constante et le plein emploi partout.
Sans doute, il faut promouvoir une politique de plein emploi, mais en tenant compte de tous les facteurs en jeu :
Loin de Nous l’idée que le recours persistant à la puissante organisation future des hommes et des choses soit un dérivatif misérable imaginé par qui refuse de porter secours ; Nous estimons plutôt qu’il est une promesse ferme et sincère, apte à inspirer confiance, mais on ne voit pas cependant sur quels fondements sérieux cette confiance pourrait s’appuyer, étant donné que les expériences faites jusqu’à présent induisent plutôt au scepticisme envers le système choisi. Ce scepticisme se justifie d’ailleurs par le fait que la fin assignée et la méthode adoptée se poursuivent dans une sorte de cercle fermé sans jamais se rejoindre et s’accorder ; en fait, là où l’on veut assurer le plein emploi et l’accroissement continu du standard de vie, on a sujet de se demander avec anxiété jusqu’où il pourra monter sans provoquer une catastrophe et surtout entraîner le chômage en masse. Il semble donc qu’il faille tendre à obtenir le degré d’emploi le plus élevé possible mais en cherchant en même temps à mettre en sécurité sa stabilité.
Il faut cesser de n’envisager que les aspects économiques de ces problèmes en omettant les aspects proprement humains :
Aucune confiance ne peut donc illuminer un tel panorama dominé par le spectre de cette contradiction insoluble. On n’échappera jamais à la spirale si l’on continue à compter sur le seul élément de la haute productivité. Il faut ne plus considérer les concepts de standard de vie et d’emploi de la main-d’œuvre comme des facteurs purement quantitatifs mais plutôt comme des valeurs humaines dans le plein sens du mot.
Il s’agit de remettre en valeur : l’homme lui-même.
Celui qui veut porter secours aux besoins des individus et des peuples, ne peut attendre le salut d’un système impersonnel d’hommes et de choses, même fortement développé sous l’aspect technique. Tout plan ou programme doit s’inspirer du principe que l’homme comme sujet, gardien et promoteur des valeurs humaines est au-dessus des choses et au-dessus des applications du progrès technique et qu’il faut avant tout préserver d’une « dépersonnalisation » malsaine les formes fondamentales de l’ordre social que nous avons déjà mentionnées, et les utiliser pour créer et développer les relations humaines. Quand les forces sociales seront ordonnées à ce but, non seulement elles s’acquitteront de leur fonction naturelle, mais elles apporteront une contribution importante au soulagement des nécessités présentes parce que la mission leur appartient de promouvoir la pleine solidarité réciproque des hommes et des peuples.
Pour obtenir plus de justice, il faut faire appel à la conscience morale.
C’est sur la base de cette solidarité, que Nous invitons à édifier la société, et non sur des systèmes vains et instables. Elle réclame la disparition des disproportions criantes et irritantes dans le standard de vie des divers groupes d’un peuple. Pour atteindre ce but urgent, qu’on préfère à la contrainte externe l’action efficace de la conscience, laquelle saura imposer des limites aux dépenses de luxe, et amènera les moins fortunés à penser avant tout au nécessaire et à l’utile, puis à épargner le reste, s’il y en a.
La morale imposera une série d’attitudes :
La solidarité des hommes entre eux exige, non seulement au nom du sentiment fraternel mais aussi de l’avantage réciproque lui-même, que l’on utilise toutes les possibilités pour conserver les emplois existants et pour en créer de nouveaux. Dans ce but, ceux qui sont capables d’investir des capitaux doivent se demander, en considérant le bien commun, si leur conscience leur permet de ne pas faire de pareils investissements, dans les limites des possibilités économiques, dans les proportions et au moment opportun et de se retirer à l’écart dans une vaine prudence. D’autre part, ceux-là agissent contre leur conscience qui, exploitant en égoïstes leurs propres occupations, sont cause que d’autres ne trouvent pas de travail et tombent dans le chômage.
Ce n’est qu’en cas de déficience de la conscience que l’Etat interviendra :
Quand donc l’initiative privée reste inopérante ou insuffisante, les pouvoirs publics sont obligés dans la plus grande mesure possible de procurer de l’occupation en entreprenant des travaux d’utilité générale et de faciliter par des conseils et d’autres moyens, l’embauchage pour ceux qui le cherchent.
Ce qui est vrai des relations d’homme à homme, est vrai aussi entre peuple et peuple :
Mais Notre invitation à rendre efficaces le sentiment et l’obligation de la solidarité s’étend aussi aux peuples comme tels : que chaque peuple, en ce qui concerne le standard de vie et l’emploi de la main-d’œuvre, développe ses possibilités et contribue au progrès parallèle des autres peuples moins doués. Bien que la réalisation même la plus parfaite de la solidarité internationale puisse difficilement obtenir l’égalité absolue des peuples, cependant, il est urgent qu’on la pratique au moins suffisamment pour modifier sensiblement les conditions actuelles qui sont bien loin de représenter une harmonieuse proportion. En d’autres termes, la solidarité des peuples exige la cessation des disproportions énormes dans le standard de vie et, corrélativement dans les investissements et le degré de productivité du travail humain.
Encore une fois, ces résultats ne seront pas atteints par un simple jeu mécanique.
Mais on n’obtiendra pas ce résultat moyennant un ordre mécanique. La société humaine n’est pas une machine et on ne doit pas la rendre telle, même dans l’ordre économique. Au contraire, il faut utiliser incessamment l’apport de la personne humaine et de l’individualité des peuples comme un point d’appui naturel et primordial dont il faudra toujours partir pour tendre à la fin de l’économie publique, c’est-à-dire pour assurer la satisfaction permanente des besoins en biens et services matériels, ordonnés à leur tour à l’élévation du niveau moral, culturel et religieux. Par conséquent, la solidarité et les meilleures proportions de vie et de travail devraient se réaliser dans les différentes régions, même relativement grandes, où la nature et le développement historique des peuples intéressés peuvent offrir plus facilement une base commune à cet effet.
Dans les conditions actuelles la conscience humaine est piétinée :
Les difficultés économiques ne sont toutefois pas les seules dont l’homme souffre dans la société actuelle. Souvent, avec elles surgissent des difficultés de conscience surtout pour le chrétien soucieux de vivre selon les normes de la loi naturelle et divine. Cette conscience, à laquelle on devrait confier en grande partie la guérison et le salut, est ainsi condamnée à une torture intime par les partisans de la conception impersonnelle de la société. C’est peut-être ici qu’on s’écarte le plus loin du divin modèle en voulant porter secours à l’homme.
En effet, à cause de sa conception mécanique, la société moderne, qui veut tout prévoir et organiser, entre en conflit avec ce qui vit et ne peut donc être soumis à des calculs quantitatifs. Elle heurte plus précisément ces droits que l’homme exerce selon la nature avec sa seule responsabilité personnelle, c’est-à-dire comme auteur de nouvelles vies, dont il reste toujours le gardien principal. Ces conflits intimes entre le système et la conscience se dissimulent sous les noms de : questions des naissances et problème de l’émigration.
L’organisation sociale actuelle empêche très souvent les hommes d’émigrer, ce qui a pour effet de poser des problèmes de conscience pour les parents qui entendent élever une famille normale.
Quand les époux entendent rester fidèles aux lois intangibles de la vie établies par le Créateur ou quand, pour sauvegarder cette fidélité, ils essayent de se libérer des contraintes qui les enserrent dans leur patrie, et ne trouvent d’autre remède que l’émigration – remède suggéré en d’autres circonstances par le désir du gain, mais aujourd’hui imposé souvent par la misère – voici qu’ils se buttent comme à une loi inexorable, aux mesures de la société organisée, au pur calcul qui a déjà déterminé combien de personnes un pays peut et doit nourrir dans des circonstances déterminées, pour le présent et l’avenir. Une fois engagé sur la voie des calculs préventifs, on tente aussi de mécaniser les consciences : et voici les mesures publiques pour le contrôle des naissances, la pression de l’appareil administratif qu’on appelle sécurité sociale, l’influence exercée sur l’opinion publique dans le même sens, et finalement la méconnaissance ou l’annulation pratique du droit naturel de la personne à la liberté de l’émigration ou de l’immigration sous prétexte d’un bien commun faussement entendu ou faussement appliqué, mais que les mesures législatives ou administratives sanctionnent et rendent valables.
Les hommes et les sociétés subissent ainsi de graves dommages :
Ces exemples suffisent à démontrer combien l’organisation inspirée par le froid calcul devient négation de la vie elle-même qu’elle tente de comprimer entre les cadres étroits de normes fixes comme s’il s’agissait d’un phénomène statique. Elle l’offense dans son caractère essentiel qui est dynamisme incessant communiqué par la nature et qui se manifeste dans la variété si grande des circonstances individuelles. Les conséquences en sont bien graves. De nombreuses lettres qui Nous parviennent révèlent l’affliction de chrétiens bons et sérieux dont la conscience est tourmentée par l’incompréhension rigide d’une société inflexible dans ses mesures, qui se meut selon les calculs comme une machine, mais écrase sans pitié et passe sur les problèmes qui les touchent personnellement et profondément dans leur vie morale.
On instaure ainsi un monde à l’envers :
Ce n’est certes pas Nous qui nierons que telle ou telle région est actuellement affligée d’une surpopulation relative. Mais vouloir se tirer d’embarras avec l’axiome que le nombre des hommes doit se régler sur l’économie publique, équivaut à renverser l’ordre de la nature et tout le monde psychologique et moral qui lui est lié. Quelle erreur ce serait de rejeter sur les lois morales la faute des difficultés présentes tandis que manifestement celles-ci viennent du manque de solidarité entre les hommes et les peuples !
La machine étatique impose une série de contraintes : 1° scolaires :
Les consciences subissent aujourd’hui d’autres contraintes encore. Ainsi on impose aux parents, contre leurs convictions et leur volonté, les éducateurs de leurs enfants.
2° politiques :
On fait dépendre l’accès au travail ou au lieu de travail de l’appartenance à des partis déterminés ou à des organisations inspirées par les intérêts des employeurs.
Pie XII rappelle le rôle des syndicats :
De telles organisations révèlent une idée inexacte de la fonction et de la fin propre des organisations syndicales, à savoir la défense des intérêts de l’ouvrier salarié au sein de la société actuelle, toujours plus anonyme et collectiviste. Quel est en effet le but essentiel des syndicats sinon l’affirmation pratique que l’homme est le sujet et non l’objet des relations sociales ; sinon de protéger l’individu en face de l’irresponsabilité collective des propriétaires anonymes ; sinon de défendre la personne du travailleur devant qui tend à le considérer comme une force productive d’un prix déterminé ? Comment pourraient-ils donc trouver normal que la défense des droits personnels du travailleur soit de plus en plus aux mains d’une collectivité anonyme qui agit par l’intermédiaire de gigantesques organisations tendant au monopole ? Ainsi lésé dans ses droits personnels, pris dans les rouages d’une immense machine sociale, le travailleur devra ressentir d’une manière particulièrement pénible, l’oppression de sa liberté et de sa conscience.
Ce n’est pas seulement dans le monde communiste que ces tyrannies s’exercent mais aussi dans le monde dit « libre ».
On pourrait trouver sans fondement Notre sollicitude pour la vraie liberté puisque Nous Nous référons à cette partie du monde que l’on a coutume d’appeler le « monde libre ». Mais on devrait considérer que là aussi, la guerre proprement dite d’abord, la guerre « froide » ensuite, ont provoqué une orientation des rapports sociaux dans une direction qui entrave inévitablement l’exercice de la liberté elle-même, orientation qui, dans une autre partie du monde, s’est développée pleinement jusqu’à ses ultimes conséquences.
Les régions soumises au joug communiste, connaissent l’écrasement du christianisme par la machine étatique :
En de vastes régions où la pression du pouvoir absolu plie les corps, l’Eglise est la première à en souffrir d’une angoisse aiguë. Ses fils sont victimes d’une persécution permanente, directe ou indirecte, tantôt ouverte, tantôt sournoise. D’anciennes chrétientés ou communautés, connues pour l’ardeur de leur foi, pour la gloire de leurs Saints et de leurs Saintes, pour la splendeur de leurs travaux de science théologique et leurs œuvres d’art chrétien, et surtout pour la diffusion de la charité et de la civilisation parmi le peuple, voient leur grandeur extérieure proche de la ruine. De jeunes chrétientés – vigne du Seigneur riche de promesses, arrosée par la sueur et le sang de nouveaux apôtres – soutenues par les prières et les sacrifices de tout le monde catholique, ont été subitement assaillies par le même ouragan qui, sans pitié, écrase sur son passage le chêne noueux et le tendre rameau.
Que restera-t-il de ces chrétientés, anciennes et récentes, quand viendra la « fin des tribulations » que Nous implorons sans cesse ? C’est le secret insondable d’un Dieu toujours bon. En attendant le Livre de Vie enregistre partout dans ce monde misérable les exploits de la force d’âme, les héroïsmes innombrables suscités par le Saint-Esprit pour la défense du Règne de Dieu, du nom de Jésus, l’unique salut, et de l’honneur de sa Très Sainte Mère. Les chrétiens persécutés savent que ces biens suprêmes peuvent exiger et souvent exigent en fait des renoncements amers et même le sacrifice de la vie.
Il se livre dans ces pays une lutte implacable :
Nous n’idéalisons pas. Il y aura maintenant comme toujours durant les persécutions, des cas souvent compréhensibles bien qu’inexcusables, de faiblesse et de capitulation ; des cas aussi de trahison. Cependant les informations que l’on répand ne disent pour une bonne part la vérité qu’à moitié, quand elles ne la déforment pas ou ne la faussent pas complètement. De la sorte par la conspiration du silence et l’altération des faits, on soustrait à la connaissance du public la dure lutte que des évêques, des prêtres et des laïcs doivent soutenir pour la défense de la foi catholique.
Le Pape souligne les souffrances des pauvres dans notre monde actuel :
Et maintenant Notre pensée se tourne avec une sollicitude affectueuse toute spéciale vers la foule douloureuse des pauvres répandus dans le monde ; pauvres connus ou inconnus, dans les pays civilisés ou dans les régions que la culture chrétienne ou simplement humaine n’a pas encore régénérées.
Nous voyons en esprit les familles sur lesquelles plane comme un spectre menaçant le danger de voir tarir la source de tout gain avec la cessation soudaine du travail ; pour d’autres, à cette précarité du salaire s’ajoute son insuffisance, telle qu’elle ne leur permet pas d’acquérir des vêtements convenables ni même la nourriture suffisante pour ne pas tomber malades. Cette condition empire quand elles sont contraintes d’habiter dans un petit nombre de chambres sans mobilier et privées de toutes ces modestes commodités qui rendent la vie moins pénible. Et lorsqu’une seule chambre doit servir pour cinq, sept, dix personnes, chacun peut imaginer l’incommodité ! Et que dire de ces familles qui ont un travail quelconque mais pas de maison et vivent dans des baraques provisoires, dans des trous que l’on ne donnerait même pas aux bêtes ?
Amère est aussi la misère de ceux qui, dépouillés de presque toutes leurs ressources par la dévaluation constante et presque chronique de la monnaie, sont tombés dans l’indigence la plus misérable, souvent après une vie d’épargne et de travail laborieux, forcée maintenant de s’achever dans une humiliante mendicité.
Mais le spectacle le plus désolant est celui des familles auxquelles manque tout. Familles dans la « misère noire » : le père ne travaille pas ; la mère voit languir ses enfants dans l’impossibilité absolue de les secourir ; le pain manque tous les jours, on manque tous les jours de quoi se couvrir, et malheur à tous quand la maladie envahit cette caverne transformée en habitation humaine.
Tandis que Nous pensons à ces visions de pauvreté et de misère, Notre cœur se remplit d’anxiété et – Nous pouvons le dire – une tristesse mortelle l’oppresse. Nous pensons aux conséquences de la pauvreté et surtout de la misère.
Pour certaines familles, c’est une mort de tous les jours et de tous les instants, une mort qui, pour les parents en particulier, se multiplie par le nombre des personnes chères qu’ils voient souffrir et languir. En attendant, les maladies s’aggravent faute de soins convenables ; elles frappent surtout les petits parce que les moyens capables de les prévenir font défaut. Qu’on y ajoute l’affaiblissement et, par suite, l’infériorité physique de générations entières, le manque d’éducation en de larges couches de la population, les mauvaises mœurs de tant de pauvres filles glissées au fond de l’abîme parce qu’elles ont cru trouver ainsi l’unique porte de sortie de leur honteuse indigence. En outre, bien souvent la misère entraîne au délit. Celui qui, par devoir de charité, visite les prisons, continue à affirmer que beaucoup d’hommes, honnêtes au fond, ont fini en prison parce que l’extrême indigence les avait poussés à tel acte irréfléchi.
Il faut s’inspirer de l’exemple du Christ pour soulager la misère :
Devant tout cela, on se pose la question : qu’est-ce que l’exemple du Christ a enseigné aux hommes ? Comment Jésus s’est-il comporté durant son séjour terrestre envers la pauvreté et les misères ? Assurément sa mission de Rédempteur fut de libérer les hommes de l’esclavage du péché, misère suprême. Toutefois la magnanimité de son cœur extrêmement sensible ne pouvait le rendre aveugle aux douleurs des affligés parmi lesquels Il avait choisi de vivre. Fils de Dieu et héraut de son Royaume céleste, Il s’est plu à se pencher avec émotion sur les plaies de la chair humaine et sur les guenilles de la pauvreté. Il ne s’est pas contenté de proclamer la loi de justice et de charité, ni de condamner par de brûlants anathèmes les durs, les sans-cœur, les égoïstes, ni d’avertir que la sentence définitive du juge suprême se basera sur l’exercice de la charité pour juger de l’amour de Dieu, mais Il s’est prodigué en personne pour aider, guérir et nourrir.
Certes Il n’a pas demandé si et jusqu’à quel point la misère qu’Il avait sous les yeux provenait des défauts ou de la carence de l’organisation politique et économique de son temps. Non pas bien sûr que cela lui fût indifférent. Au contraire, Il est le Seigneur du monde et de son ordre. Mais comme son action de Sauveur fut personnelle, ainsi Il voulut aller au-devant des autres misères avec son amour agissant de personne à personne. Imiter Jésus est aujourd’hui comme toujours un strict devoir pour vous.
L’Eglise continue son œuvre charitable :
Nous-même, pendant les années si difficiles de Notre Pontificat, Nous avons voulu que toutes les offrandes envoyées des diverses parties du monde par la charité des fidèles les plus riches, se répandent en un flot ininterrompu pour secourir Nos fils les plus pauvres et les plus abandonnés. Nous avons voulu être au côté des réfugiés et les aider à rentrer dans leurs maisons ; Nous avons cherché les orphelins pour leur assurer un toit, du pain, une autre mère. Nous avons tenté d’atteindre les détenus, les malades, les prisonniers de guerre retenus encore loin de leur pays, les victimes de terribles inondations.
Malheureusement, Nous avons dû chaque fois remarquer avec la plus grande douleur que Nos efforts étaient et sont sans proportion avec la gravité et le nombre des besoins. Aussi voudrions-Nous qu’un amour plus intense, et pour ainsi dire multiplié, envers les pauvres suscite comme un fleuve de secours, saintement impétueux, qui pénètre partout où se trouve un vieillard abandonné, un malade indigent, un enfant qui souffre, une mère qui se morfond de ne pouvoir rien faire pour lui.
Chers fils, pauvres et malheureux, de toute la terre, Nous prions Jésus qu’Il vous fasse sentir combien Nous vous sommes proche, en Notre inquiétude paternelle, pleine d’angoisse et de crainte. Le Seigneur sait combien Nous voudrions avoir son omniprésence et sa toute-puissance pour entrer en chacune de vos demeures et vous porter aide et réconfort, pain et travail, sérénité et paix. Nous voudrions être à vos côtés, tandis que vous êtes accablés de fatigue dans les champs et les usines, tandis que vous êtes désolés par les maladies qui vous affligent ou tenaillés par les morsures de la faim.
Les chrétiens doivent poursuivre leur action charitable en atteignant les personnes elles-mêmes :
Enfin, Nous ne pourrions omettre d’observer que la meilleure organisation charitable ne suffirait pas seule à aider les hommes dans la misère. Il faut y joindre nécessairement l’action personnelle, pleine de sollicitude, préoccupée de combler les distances entre le malheureux et le bienfaiteur, et qui s’approche de l’indigent parce qu’il est le frère du Christ et notre frère.
La grande tentation, même pour les croyants, d’une époque qui se dit sociale, dans laquelle – outre l’Eglise – l’Etat, les communes et les autres institutions publiques se consacrent à tant de problèmes sociaux, c’est quand le pauvre frappe à la porte, de le renvoyer simplement à l’œuvre, au bureau, à l’organisation, jugeant qu’on a déjà suffisamment rempli son devoir personnel en collaborant à ces institutions par le paiement d’impôts ou par des dons volontaires.
Sans doute, le besogneux recevra votre aide par cette autre voie. Mais souvent il compte aussi sur vous-même, au moins sur une parole de bonté et de réconfort de votre part. Votre charité doit ressembler à celle de Dieu qui vint en personne porter secours. C’est cela le contenu du message de Bethléem.
Enfin les bureaux ne peuvent pas toujours accorder leur assistance d’une manière aussi individuelle qu’il serait nécessaire : l’institution charitable a donc besoin, comme auxiliaires indispensables, d’aides volontaires.
Et le Saint-Père conclut :
Tout cela Nous encourage à faire appel à votre collaboration personnelle. Les indigents, ceux que la vie a maltraités, les malheureux de toute sorte, l’attendent. Pour autant qu’il dépend de vous, faites que plus personne ne doive dire tristement comme jadis l’homme de l’Evangile, infirme depuis trente-huit ans : « Seigneur, je n’ai personne ! » [6].
En souhaitant que le véritable amour chrétien, nourri d’une foi catholique vive et profonde, adoucisse les souffrances matérielles et spirituelles et vainque l’inimitié des cœurs, Nous vous accordons affectueusement à tous, chers fils et chères filles, qui Nous écoutez et à ceux qui vous sont proches dans la foi en un Dieu vrai et personnel, comme aussi à vos familles et à toutes les personnes et les choses qui vous sont chères, Notre Bénédiction apostolique.
Source : Document Pontificaux de S. S. Pie XII, Editions Saint-Augustin Saint Maurice – D’après le texte italien des A. A. S., XXXXV, 1953, p. 1.