Saint Pie X

257ᵉ pape ; de 1903 à 1914

19 juin 1911

Réponse de la Commission Biblique Sur l'Évangile selon saint Matthieu

Auteur, date de composition et vérité historique de l’évangile selon Matthieu

Question 1 : Compte tenu de l’accord uni­ver­sel et constant de toute l’Église depuis les pre­miers siècles que mani­festent clai­re­ment les témoi­gnages expli­cites des Pères, les titres des manus­crits des Évangiles, les ver­sions les plus anciennes des Saintes Écritures, les cata­logues trans­mis par les saints Pères, les écri­vains ecclé­sias­tiques, les sou­ve­rains pon­tifes et les conciles, et enfin l’usage litur­gique de l’Église orien­tale et occi­den­tale, peut-​on et doit-​on affir­mer comme cer­tain que Matthieu, l’apôtre du Christ, est réel­le­ment l’auteur de l’évangile publié sous son nom ? 

Réponse : Oui. 

Question 2 : Faut-​il consi­dé­rer comme suf­fi­sam­ment fon­dée par la voix de la Tradition l’opinion selon laquelle Matthieu a pré­cé­dé dans sa rédac­tion les autres évan­gé­listes et qu’il a com­po­sé le pre­mier évan­gile dans la langue mater­nelle alors uti­li­sée par les juifs de Palestine à qui cette œuvre était destinée ? 

Réponse : Oui pour les deux parties. 

Question 3 : Est-​il pos­sible de dépla­cer la rédac­tion de ce texte ori­gi­nal au delà de l’époque de la des­truc­tion de Jérusalem, de sorte que les pré­dic­tions qu’on y lit au sujet de cette des­truc­tion auraient été écrites après l’événement ; ou le témoi­gnage d’Irénée qu’on a cou­tume d’alléguer, et dont l’interprétation est incer­taine et contro­ver­sée, doit-​il être consi­dé­ré comme ayant un poids tel qu’il oblige à reje­ter l’opinion de ceux qui estiment qu’il est davan­tage conforme à la Tradition que cette rédac­tion soit inter­ve­nue avant même la venue de Paul dans la ville ? 

Réponse : Non pour les deux parties. 

Question 4 : Peut-​on sou­te­nir au moins comme pro­bable l’opinion de cer­tains modernes selon les­quels Matthieu n’aurait pas été com­po­sé, au sens propre et res­treint du terme, l’évangile tel qu’il nous est trans­mis, mais seule­ment une col­lec­tion de dits et de paroles du Christ qu’un autre auteur, ano­nyme, dont ils font le rédac­teur de l’évangile lui-​même, aurait uti­li­sé comme sources ? 

Réponse : Non. 

Question 5 : Étant don­né que tous les Pères et les écri­vains ecclé­sias­tiques, et l’Église elle-​même depuis ses com­men­ce­ments, ont uti­li­sé seule­ment comme étant cano­nique le texte grec de l’évangile connu sous le nom de Matthieu – ceux-​là mêmes qui ont trans­mis expres­sé­ment que Matthieu a écrit dans sa langue natu­relle n’étant pas excep­tés – peut-​on prou­ver avec cer­ti­tude que quant à la sub­stance l’évangile grec est iden­tique à cet évangile-​là qui a été éla­bo­ré par ce même apôtre dans sa langue maternelle ? 

Réponse : Oui. 

Question 6 : Étant don­né que l’auteur du pre­mier évan­gile pour­suit un des­sein prin­ci­pa­le­ment théo­lo­gique et apo­lo­gé­tique, c’est-à-dire vise à mon­trer aux juifs que Jésus est le Messie annon­cé par les pro­phètes et né de la race de David, et que de sur­croît, dans la manière de dis­po­ser les faits et les dits qu’il raconte et rap­porte, il ne suit pas tou­jours l’ordre chro­no­lo­gique, est-​il per­mis d’en déduire que ceux-​ci ne doivent pas être recon­nus comme vrais ; ou peut-​on affir­mer éga­le­ment que les récits des actions et des paroles de Jésus qu’on lit dans l’évangile auraient subi un chan­ge­ment ou une adap­ta­tion sous l’influence des pro­phé­ties de l’Ancien Testament et de l’état plus déve­lop­pé de l’Église, et qu’ils ne seraient donc pas conformes à la véri­té historique ? 

Réponse : Non pour les deux parties. 

Question 7 : Faut-​il en par­ti­cu­lier consi­dé­rer comme dépour­vues d’un fon­de­ment solide les opi­nions de ceux qui mettent en doute l’authenticité his­to­rique des deux pre­miers cha­pitres dans les­quels sont racon­tées la généa­lo­gie et l’enfance du Christ, ain­si que cer­taines décla­ra­tions de grande impor­tance en matière dog­ma­tique, comme celles qui ont trait à la pri­mau­té de Pierre [Mt 16, 17–19], à la forme du bap­tême trans­mise aux apôtres avec la mis­sion uni­ver­selle de prê­cher [Mt 28, 19 s], à la pro­fes­sion de foi des apôtres en la divi­ni­té du Christ [Mt 14, 33], et d’autres sem­blables qui appa­raissent comme affir­mées de façon par­ti­cu­lière chez Matthieu ? 

Réponse : Oui.