Note : Le style parlé de ce sermon a été conservé
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il
Très chers Abbés,
Mes bien chers frères,
A l’occasion de cette Messe de la Pentecôte, au cours de ce pèlerinage, je voudrais vous parler des deux sujets en rapport avec le thème même de ce pèlerinage et en premier lieu le rapport entre l’Eucharistie et l’esprit de réparation. Comment l’Eucharistie, sacrifice, sacrement, est la meilleure des réparations que nous pouvons, que nous devons offrir à Dieu, à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à la Très Sainte Vierge Marie. A proprement parler, la réparation chrétienne consiste dans la destruction du péché et la restitution à Dieu, dans Sa justice et dans Son amour qui ont été blessés, blessés par le péché et c’est à travers des actes, des œuvres de satisfaction, de sacrifice, et c’est là en union avec Notre-Seigneur et avec le Sacrifice de Notre-Seigneur. C’est-à-dire de par l’union dans le Corps mystique avec la tête (Notre-Seigneur) et avec Sa Rédemption.
Pour le dire plus simplement, c’est que l’amour qui, en Notre-Seigneur, s’appelle rédemption, l’amour qui, dans la Très Sainte Vierge Marie, s’appelle co-rédemption, cet amour s’appelle en nous réparation. Il s’agit de réparer la justice mais aussi et surtout la charité, la charité de Dieu, la miséricorde de Dieu et de réparer l’amour miséricordieux, infini, rédempteur de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de Notre-Dame, qui ont été méprisés, ou qui sont souvent outragés, méprisés et donc le but de la réparation c’est de restituer l’ordre de la justice mais surtout l’ordre de l’amour, de l’amour. Et puisque la rédemption de Notre-Seigneur et la co-rédemption de Notre-Dame sont les modèles de notre réparation, de notre esprit réparateur, le motif doit être aussi l’amour. Lui rendre amour pour amour. Et les actes qui plaisent le plus à Dieu dans cet esprit de réparation sont précisément les actes de charité, d’amour, les actes qui sont pénétrés de l’amour de Dieu, de l’amour de Notre-Seigneur, de l’amour de la Très Sainte Vierge Marie, de l’amour du prochain, l’amour des pécheurs. Et alors on comprend le rapport intime et profond qu’il y a entre la réparation et l’Eucharistie car qu’est-ce que nous pourrions offrir de plus agréable à Dieu qui restitue cet ordre de la justice et de l’amour que le sacrifice de Notre-Seigneur Lui-même par la Sainte Messe ? C’est dans la communion précisément qui s’établit, cette union de charité entre la tête et les membres, entre Notre-Seigneur et chacun de nous, et aussi entre les membres du Corps mystique.
Nous devons donc en premier lieu, en ce jour, nous résoudre à pratiquer profondément cet esprit de réparation et tout spécialement par l’assistance à la Messe, par l’offrande de la Messe, par la communion fréquente en esprit de réparation et aussi par la dévotion eucharistique en général. Voyez comment, lors des apparitions du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie, ce que Notre-Seigneur demande en réparation de son amour méprisé et outragé, c’est la communion réparatrice, c’est l’Heure Sainte, Il demande à sainte Marguerite-Marie d’offrir le Saint-Sacrifice de la Croix en réparation, spirituellement parlant. A Fatima, de même. La première des choses que l’Ange apprend aux enfants c’est à offrir la communion, à offrir Notre-Seigneur Jésus-Christ présent dans la Sainte Eucharistie, à offrir la Sainte Messe en réparation des péchés et pour la conversion des pécheurs.
Et la deuxième réflexion, c’est le rapport aussi intime et important qui existe et qui doit exister entre l’Eucharistie et la Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Vrai Roi, Tu l’es dans cette Hostie », et demain nous allons rentrer en procession avec le Saint-Sacrement par les rues de Paris, précisément dans cette manifestation, un témoignage de foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ dans Sa divinité, dans Sa Royauté. C’est une proclamation de la Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire des Droits de Notre-Seigneur, les Droits de Dieu qui sont absolument méprisés, bafoués aujourd’hui.
Saint Pierre Julien Aymard cite cette phrase que la pape Sixte Quint a fait inscrire sur l’obélisque qui est sur la place Saint-Pierre, au milieu de la place Saint-Pierre : Christus Vincit, Christus Regnat, Christus Imperat ; Illo ab omni malo pleven suam defendat. A présent, le Christ vainc, est vainqueur, le Christ règne, le Christ, un Père, commande. Qu’Il défende, qu’Il protège Son peuple de tout mal ! Voilà la phrase que le Pape a fait inscrire là. Eh bien, saint Pierre Julien Aymard dit : « Cela se réalise spécialement et pleinement par l’Eucharistie car c’est précisément dans l’Eucharistie et par l’Eucharistie, par le sacrifice et sacrement que Notre-Seigneur Jésus-Christ est vainqueur, qu’Il règne, qu’Il commande et qu’Il protège.
Demain, nous devons rentrer dans Paris, dans ces dispositions, tout d’abord de foi, d’espérance dans Notre-Seigneur, une foi vive dans Sa Toute-Puissance, dans Sa Royauté, une confiance inébranlable, sûre, dans Son secours, et surtout pleins d’amour, d’un amour réparateur pour Notre-Seigneur. Nous devons compenser précisément le mépris de Ses droits divins et sacrés et surtout le droit de Son amour car aussi la charité engendre le droit.
Voyez combien peu Notre-Seigneur est honoré comme roi. Il n’y a plus de sociétés, il n’y a plus de nations qui Le proclame Roi, il n’y a plus une nation qui ait gardé Sa Loi dans ses lois. Il n’y a plus d’institution qui proclame cette royauté de Notre-Seigneur et, hélas, il n’y a pratiquement plus d’ecclésiastiques qui proclament la royauté de Notre-Seigneur. Donc Notre-Seigneur ne règne plus ni dans les sociétés, ni dans les institutions, ni, hélas, dans l’Eglise. Eh bien, il s’agit non seulement, quant à nous, de reconnaître ces droits, de les appliquer dans notre vie, il s’agit aussi de réparer ces outrages qu’Il reçoit continuellement, non seulement dans l’Eucharistie mais dans Sa royauté et dans Ses droits, et il s’agit aussi de réparer afin d’obtenir de Sa miséricorde qu’Il règne à nouveau et tout d’abord dans l’Eglise, dans la hiérarchie catholique. S’il y a une chose qui est claire et indiscutable, c’est qu’ils L’ont découronné. Car la quintessence de cet esprit moderniste pénétré dans l’Eglise, c’est le libéralisme, il n’y a rien d’autre, tel que Mgr Lefebvre nous l’avait bien dit. C’est le libéralisme. Or c’est précisément la doctrine libérale qui a découronné Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est le libéralisme et le libéralisme catholique qui Le découronne au sein même de la Sainte Eglise. Eh bien, nous devons proclamer ces vérités, nous devons compenser envers Notre-Seigneur, nous devons réparer afin d’obtenir un retour de cette Royauté de Notre-Seigneur. Et il est évident que pour cela il faut tout d’abord qu’Il règne dans nos âmes, dans nos cœurs car le règne de Notre-Seigneur, Son royaume est un royaume d’amour et c’est par la charité qu’Il règne, c’est par l’amour qu’Il règne. Et donc nous devons vraiment nous établir dans l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais vraiment. Vraiment. C’est bien le Saint-Esprit qui répand la charité et l’amour de Dieu et de Notre-Seigneur dans nos cœurs et nous devons demander donc en ce jour à la Très Sainte Vierge Marie qu’Elle nous attire ces dons du Saint-Esprit, nous en avons besoin, de tous ces dons, esprit de vérité, de sainteté, de force, de consolation, esprit de prière mais aussi esprit d’amour qui nous donne le vrai amour du Christ. Notre-Seigneur dans l’Evangile que nous lisons en ce dimanche et hier même, Vigile de la Pentecôte, Notre-Seigneur nous rappelait :
« Celui qui a et qui garde Ma parole, c’est celui-là qui M’aime et alors Mon Père l’aimera et Nous viendrons à lui et Je Me manifesterai à lui », et peu avant Il avait dit aux apôtres : « Si vous gardez Mes commandements, vous M’aimez, alors Mon Père vous aimera et Moi aussi et Nous viendrons à vous et Nous ferons en vous Notre demeure ».
Donc c’est Notre-Seigneur Lui-même qui nous envoie le Saint-Esprit qui répand la charité dans nos âmes et qui permet que nous aimions Notre-Seigneur et Notre-Seigneur en nous. « Si vous gardez Mes commandements, vous M’aimez ». La preuve de l’amour, ce sont les œuvres, ce sont nos actions. C’est notre vie. Celui qui contredit dans ses œuvres Notre-Seigneur, il n’aime pas parfaitement Notre-Seigneur et s’il Le contredit gravement, s’il ne veut pas la même chose que Notre-Seigneur, alors il n’est pas du tout dans l’amour du Christ, et il n’a pas le Saint-Esprit, il n’a pas Dieu.
Demandons donc en ce jour tout particulièrement à Notre-Dame de nous attirer le Saint-Esprit et les dons du Saint-Esprit. Voyez les apôtres, ils étaient tièdes, ils étaient craintifs, ils étaient lâches avant de recevoir le Saint-Esprit et au jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit s’est manifesté extérieurement par un vent impétueux, par des langues de feu qui signifient justement cette action intérieure dans les cœurs des apôtres qui ont été pénétrés d’espérance, de force, de grâce et d’amour.
Eh bien, demandons ces grâces à la Très Sainte Vierge Marie qui était elle aussi au cénacle, de nous attirer les dons du Saint-Esprit, l’effusion des dons du Saint-Esprit et surtout spécialement qu’Elle nous donne cette dévotion eucharistique réparatrice et aussi que par l’Eucharistie nous proclamions, nous défendions, nous établissions le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur les sociétés, mais avant sur la Sainte Eglise, sur l’Eglise, sur les hommes d’Eglise, mais avant sur nous-mêmes.
Ainsi-soit-il.
Mgr Alfonso de Galarreta