Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il,
Très chers confrères, très chers abbés, très chers pèlerins, très chers fidèles,
La victoire de l’Agneau, c’est bien la victoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ par la croix et je pense que parmi d’autres leçons, nous pouvons en tirer une. C’est quelle est l’attitude, quels sont les sentiments qu’il faut avoir face à la croix ? Devant les croix, donc devant les épreuves.
C’est là vraiment que Notre-Seigneur est un agneau, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Il est un agneau tout d’abord par sa docilité vis-à-vis du Père. Il est doux face à ses persécuteurs, ses ennemis, en même temps il est fort. La croix, les épreuves, nous savons qu’elles viennent de la divine Providence, en fait tout vient de la divine Providence, jusqu’au moindre détail de notre vie, à plus forte raison les tribulations et les épreuves, elles nous viennent vraiment de la mort de Dieu. C’est la manifestation de la volonté de Dieu. Sur nous. Et peu importe si ces tribulations viennent de la société, de la situation de nos patries, de la Sainte Eglise, des tribulations de la Sainte Eglise… dans ces deux cas, elles s’aggravent. Peu importe si ces tribulations viennent de nous-mêmes, de chacun d’entre nous ou de nous-mêmes dans le sens de la petite famille de la Tradition.
Il est certain qu’elles sont voulues par Dieu. Dans la mesure où nous ne pouvons pas les éviter, elles nous arrivent. Il est des fois que Dieu permet les maux en vue d’un bien, nécessairement. Et qu’il permet les maux, toujours en vue d’un bien plus grand que celui qui est empêché par ces maux. Et puisque c’est là que nous savons bien que Dieu est notre Père et c’est donc la Providence d’un Père qui nous a aimés jusqu’à nous donner son Fils. Et c’est pour cela que la première des attitudes devant l’épreuve c’est de remercier le Bon Dieu. C’est d’y voir la Providence paternelle de Dieu qui cherche par cette voie-là à nous donner des biens. C’est pour cela que cette docilité est une douceur, une mansuétude par rapport à Dieu. Saint Augustin dit que ces biens, la mansuétude en premier lieu, est une docilité par rapport à la vérité qui nous est révélée par Dieu, et par rapport au gouvernement et aux dispositions de Dieu dans notre vie. Et c’est pour cela que le don du Saint-Esprit qui fait les doux, c’est le don de piété, celui qui nous fait voir vraiment en Dieu un père, tout d’abord.
Mais ensuite, la mansuétude, la douceur peut être aussi une force et cela on a tort de l’oublier. Saint Basile dit : le doux est celui qui a ses mœurs réglées, qui est libre de toute agitation et qui se possède lui-même. Il ajoute plus loin : le doux il est plein de vigueur, de fermeté, et de force.
Saint Thomas d’Aquin parle dans le même sens. Il dit que ce sont les doux, dans le sens de la Béatitude, qui sont maîtres d’eux-mêmes, et qui sont donc forts face à l’adversité, aux événements, aux circonstances, aux épreuves, aux tribulations, aux croix. Il demeure ferme, inébranlable, comme un rocher. Et cela c’est surtout la patience, c’est bien un des exemples de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, la patience.
Saint Jacques – nous le disions il n’y a pas si longtemps – nous dit : réjouissez-vous grandement lorsque vous serez tentés par toutes sortes d’épreuves. Réjouissez-vous des épreuves parce que l’épreuve de votre foi produit la patience, et la patience – bien sûr, quelquefois c’est la patience des sens. C’est une autre patience qu’il faut avoir – la patience opère des œuvres parfaites, afin que vous soyez parfait, accompli et que rien ne vous manque. Encore une fois, il faut avoir cette attitude ferme, forte, patiente devant l’épreuve pour attirer le profit, pour qu’elle nous perfectionne et éviter qu’elle nous écrase.
Saint Augustin dit : si tu es bien disposé lorsque l’épreuve arrive, si l’épreuve te trouve bien disposé, tu te perfectionnes, tu te sanctifies. Si elle te trouve mal disposé, elle t’écrase, elle te détruit. En tout cas, nous savons que le bon Dieu l’a permise précisément en vue de ces biens surnaturels et spirituels que nous pouvons en tirer.
Et nous voyons bien cette force de Notre-Seigneur Jésus-Christ tout au long de la Passion. En même temps la douceur a ce troisième aspect qui est une pleine bonté envers les autres, le prochain, les ennemis, les persécuteurs. S’il faut être doux vis-à-vis des ennemis, j’imagine qu’il faut être aussi doux vis-à-vis des amis, lorsqu’ils nous provoquent à tort. Mais la douceur donc, saint Bernard dit que c’est une bonté et une onction du Saint-Esprit qui fait que de tout, ne trompe, n’outrage, n’offense personne et qu’il établit un commerce d’amitié et de bienfaits avec tous les hommes. Donc la douceur, c’est ne pas répondre aux offenses et aux outrages, ne pas réagir, mais bien plutôt vaincre le mal par le bien. Rendre le bien pour le mal qu’on a reçu.
C’est donc, comme le dit saint François de Sales, la fleur de la charité, c’est la charité la plus élevée et la plus fine que cette douceur. Envers tous et même envers ses ennemis, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ nous l’a montré. C’est l’agneau immolé. Il est allé à sa Passion comme un agneau. Et cette douceur, nous devons la cultiver, surtout entre nous, entre les compagnons d’âmes. C’est d’être aimable et puis d’être amiable. C’est une bonté envers tous.
L’apôtre saint Paul nous dit : si vous vivez par l’esprit, marchez selon l’esprit, si vous vivez par l’Esprit-Saint, marchez selon le Saint-Esprit. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez, mais si vous faites mourir les œuvres de la chair par l’esprit, vous vivrez. Ce sont ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu qui sont vraiment les enfants de Dieu. Alors, il énumère les œuvres de la chair et puis les fruits du Saint-Esprit, il est intéressant de voir que parmi les œuvres de la chair, après avoir signalé les péchés d’impureté, les péchés contre la religion, il montre les œuvres de la chair qui sont contraires à la charité fraternelle et il en met jusqu’à onze. Les inimitiés, les dissensions, les divisions, les disputes, les rixes, les partis, les scissions, les schismes, et lorsqu’il nous trace quelle est la vie de l’Esprit-Saint, il insiste aussi cette fois-ci en parlant des fruits de l’Esprit-Saint, de ces mêmes vertus, les fruits de l’Esprit. C’est la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité, la douceur, la foi, et il termine par la modestie c’est-à-dire la tempérance, la continence et la chasteté.
Et c’est bien dans cette épître aux Galates où il dit : faites attention, si vous vous mordez les uns les autres, et si vous vous mangez les uns les autres, vous allez vous consumer. Toute la loi est renfermée dans ce précepte d’aimer les autres, le prochain comme soi-même, d’aimer les autres comme Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a aimés. Voilà en quoi consiste la pensée de l’apôtre saint Paul et tout à l’heure lorsque je vous ai dit ce triple exemple de Notre-Seigneur, sa douce conformité à la volonté de son Père, cette force, mais suave, paisible, souple, et encore cette douceur envers le prochain, sans doute je vous ai rappelé la figure de Mgr Marcel Lefebvre car enfin s’il nous a donné un exemple dans le mode et la façon dont il faut combattre et souffrir la passion avec la Sainte Eglise, c’est bien la douceur. Mais la douceur comprise comme je viens de vous le dire. Non comme une faiblesse ou un sentimentalisme. Mais comme une conformité à la volonté du Père qui nous émonde, qui nous taille. Précisément parce que nous portons du fruit et afin que nous en portions davantage. Avec cette force inébranlable, mais une force paisible, tranquille, qui domine la colère, les impatiences, l’indignation, et même les anxiétés, et qui en tout cas est pleine de charité envers le prochain et qui veut toujours rendre le mal par le bien.
Mgr Lefebvre nous a laissé un exemple extraordinaire de cela, et c’est ansi qu’il a été en même temps ferme et doux et charitable.
Saint François de Sales dit d’une façon assez plaisante : « Heureux les cœurs pliables car ils ne rompront pas ». Bienheureux les cœurs pliables, souples, car ils ne rompront jamais, ils ne plieront jamais. Ce n’est pas une plaisanterie, c’est une parole de saint François de Sales.
Alors, demandons cette onction du Saint-Esprit. Aujourd’hui, c’est la fête de la Pentecôte, il nous faut précisément, cette onction, cette effusion du Saint-Esprit, du don de piété, de force, de conseil, car bien sûr il faut que tout cela soit régi par la prudence, donc le don de conseil comme c’était bien le cas de Mgr Lefebvre encore une fois. Encore une vertu qui a éclaté, brillé chez lui. Demandons donc cette onction du Saint-Esprit.
Les Actes des apôtres nous disent comment les apôtres se sont disposés à cette descente du Saint-Esprit. Ils étaient au cénacle perseverantes unanimitas in oratione cum Maria Jesu. Ils persévéraient, d’un seul cœur, d’une seule âme dans la prière avec Marie, la Mère de Jésus. Eh bien, c’est précisément cela qu’il nous faut, c’est précisément cela que nous ferons aussi demain, c’est de persévérer fermement et dans la foi et dans la charité, dans le combat de la foi, dans le combat de la vertu. Mais unanimitas, c’est-à-dire qu’il faut que cela se passe dans la charité fraternelle si nous voulons que le Saint-Esprit règne en nous, dans nos cœurs. Il faut que nous persévérions dans la prière. Aujourd’hui, finit, se termine la Croisade du Rosaire et en fait le sens de cette croisade c’est de nous habituer à prier tout le temps, à prier sans cesse, à prier surtout le rosaire, le Cœur Immaculé de Marie. Et donc à continuer ces habitudes que nous avons prises. Continuons donc dans cet état pour ainsi dire habituel de prier et surtout que cela soit avec Marie, la Mère de Jésus.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Mgr Alfonso de Galarreta, évêque auxiliaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Transcription : Y. R‑B pour LPL