[Le sermon a été transcrit en respectant le langage parlé et les intonations. Traduction de l’allemand par Unec]
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi soit il.
Quel doit être l’état d’esprit quand on a trouvé, après des dizaines d’années de recherche, le but désiré, quand enfin un ancien et ardent souhait de l’âme s’accomplit ? Qui peut décrire un tel bonheur ? Hier ce bonheur, cher Monsieur l’abbé, vous a été accordé en devenant prêtre, et nous nous en réjouissons de tout cœur avec vous. Nous participons intensément, lors de la Première Messe d’aujourd’hui, à votre action de grâce qui restera vive en votre cœur pendant toute votre vie de prêtre.
Dans votre demande d’ordination vous écriviez il y a quelques jours : „Mon désir du sacerdoce date déjà de 50 ans.«
En fait, déjà comme petit garçon de cinq ans vous avez entendu l’appel de Dieu qui voudrait de vous que vous deveniez prêtre, avant que vous ne sachiez vraiment ce que le mot prêtre signifie. A cette époque, il y a 58 ans, quand la vocation sacerdotale naissait dans votre cœur, vous ne pouviez soupçonner quelle serait la longueur du chemin vers le sacerdoce et par combien de détours Dieu vous y conduirait.
Vous avez grandi dans l’Eglise nationale luthérienne et vous croyiez, comme tant d’autres Suédois, que vous étiez dans la vraie Eglise du Christ, que l’Eglise nationale était pour ainsi dire l’Eglise catholique en Suède, elle serait la continuation de l’Eglise de Sainte Brigitte et des missionnaires suédois vers la foi au XIe siècle.
Il était également difficile pour vous de reconnaître la véritable Eglise, puisque l’Eglise catholique, également en Suède comme partout dans le monde, vivait les ravages du modernisme envahissant et sa liturgie devenait bientôt pire que celle du Luthéranisme qui avait conservé tout de même un certain faste et une solennité traditionnelle extérieurs.
Ainsi le chemin vers le vrai sacerdoce était encore fermé pour vous. Vous êtes devenu pasteur protestant. Mais la providence divine veillait sur vous. Vous avez eu contact avec la théologie et la mystique du Moyen-Age qui vous ont profondément impressionné. Et bientôt mûrissait en vous la conviction de la vérité de la foi catholique. A partir de ce moment, vos sermons sont devenus toujours plus catholiques, au grand étonnement de vos auditeurs. Et vous avez même fondé une communauté d’Augustiniens avec les vœux de pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance.
La conversion à l’Eglise Catholique aurait été, à ce moment-là, la chose la plus appropriée. Mais elle échouait par suite à des considérations œcuméniques. L’évêque catholique de Stockholm ne voulait pas vous accueillir dans le sein de l’Eglise. Ainsi d’autres 10 années passaient, jusqu’à ce que, par un hasard heureux, ou disons plutôt par la Providence divine, vous avez connu la FSSPX. En août 2005 vous avez reçu un groupe de pèlerins français de la Tradition dans votre paroisse. A partir du premier banc de votre belle église paroissiale à Oskarshamn vous avez assisté à la Sainte Messe célébrée par Monsieur l’abbé Peignot, et ainsi vous avez pu regarder pour la première fois une messe tridentine. Et votre jugement, après la messe dans la sacristie, venait tout naturellement de vos lèvres : « C’est exactement ce que j’ai cherché ! »
Peu après vous êtes entré en contact avec Monsieur l’abbé Schmidberger. Et maintenant les choses avançaient très vite. Ici dans la Fraternité vous avez découvert ce que vous désiriez depuis des dizaines d’années au plus profond de votre cœur : la foi catholique non raccourcie, la fidélité à la tradition perpétuelle de l’Eglise et ainsi aussi l’Eglise de St Ansgar et des missionnaires suédois.
A partir de là la décision en faveur de la conversion ne pouvait plus attendre. Après une préparation convenable vous avez rejoint l’Eglise Catholique en été 2006. C’était « le grand retour à la maison », comme vous vous êtes exprimé à l’époque. A partir de ce moment le chemin vers le sacerdoce vous était ouvert, un chemin que vous avez poursuivi courageusement pendant les quatre années passées ici au séminaire et qui vous a conduit, enfin, vers le but si longuement désiré. Vous êtes maintenant prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech.
En jetant un regard vers l’arrière nous pouvons peut-être vous poser la question : est-ce que ce chemin si long et épineux valait la peine ? Je suis convaincu que vous n’hésitez pas un instant pour répondre : oui, mille fois !
Car le sacerdoce est un don de Dieu éminemment sublime, et la mission transférée au prêtre est tellement insigne et nécessaire au salut du monde entier qu’aucun effort pour cela puisse être jugé trop élevé.
Dans la joie festive de la Première Messe actuelle nous voudrions maintenant parler de ce qui fait votre nouveau bonheur : la dignité du sacerdoce, et ensuite la mission à laquelle vous avez été appelé. Nous ne pouvons répondre à ces questions sans un certain vertige.
Qui est le prêtre catholique ?
Le prêtre est le médiateur entre Dieu et les hommes. Choisi par Dieu et pris d’entre les hommes, il se situe entre Dieu et les hommes et reçoit une double mission. Envoyé par Dieu il communique aux hommes le message divin ainsi que les bienfaits de Dieu ; comme représentant des hommes il porte leurs demandes et offrandes au trône céleste.
A quelle hauteur se lève-t-il au-dessus des hommes ? Est-ce qu’il atteint la hauteur des anges ? Mais si ! Cependant pas seulement cela. Il dépasse même de loin les anges, jusqu’à ce qu’il atteigne la dignité du Dieu-Homme. Comment est-ce possible ?
Le mystère du sacerdoce se situe précisément là. Le sacerdoce est en son essence rien de moins que la participation à l’existence humaine et divine de Notre Seigneur Jésus Christ, – ou comme disent les théologiens – à la grâce de l’union hypostatique , c’est-à-dire l’union de la nature divine et humaine de Notre Seigneur. Car c’est en cela qu’est fondé le sacerdoce du Christ. Le Christ est le grand-prêtre éternel, puisqu’il est Dieu-Homme.
Alors, puisque Le Christ est aussi bien Dieu que homme, il est le médiateur parfait, il est même par essence médiateur. En tant que Dieu il pouvait représenter la Sainte Trinité, en tant que homme il pouvait représenter toute l’humanité. Personne d’autre ne pouvait en être capable.
A cette dignité sacerdotale du Christ en tant que Médiateur, cher nouveau prêtre, vous avez maintenant part. Cette dignité est tellement élevée que le prêtre lui-même ne pourra jamais la comprendre. S’il pouvait la comprendre, disait le saint curé d’Ars, il mourrait d’amour. Son cœur éclaterait s’il voyait tout ce que Dieu lui a donné sans l’avoir mérité.
Demandons nous encore plus loin : c’est bien d’être médiateur entre Dieu et les hommes. Mais est-ce que les hommes ont au moins besoin d’un médiateur entre eux et Dieu ? Mais si ! Et ils en ont besoin énormément ! Car les hommes avaient rompu avec Dieu. Ils avaient refusé Celui qui pourtant fut leur origine et leur fin. Ainsi sont apparus, pour ainsi dire, deux partis ennemis : Dieu qui fut infiniment offensé, et l’humanité sur laquelle une faute illimitée pesait. Ce poids du péché est comme un abîme profond et infranchissable qui nous sépare de Dieu. Nous sommes devenus les enfants de la colère. Nous n’avions aucune possibilité de dépasser cet abîme. Il était trop profond et trop large.
Mais Dieu ne voulait pas que cet abîme continue éternellement. Il ne voulait pas que ceux qu’il avait créés pour sa gloire éternelle, soient définitivement séparés de Lui. C’est pourquoi la Fils de Dieu s’est offert comme Médiateur. Envoyé par son Père céleste et motivé par son Amour infini, Il est devenu homme, grand-prêtre avec la mission de cette médiation, la médiation entre les hommes et Dieu.
Nous savons comment Il a accompli cette œuvre de réconciliation, comment il a vaincu cet abîme : par son saint sacrifice de Rédemption à la Croix. Sa Croix est en quelque sorte le pont par lequel nous retournons au-dessus de cet abîme vers notre Père céleste.
Le Christ est le pontifex, le constructeur de ponts. Cette construction de pont était l’acte le plus héroïque de toute l’histoire humaine. Sans ce pont de la très sainte Croix nous aurions été perdus pour toujours.
C’est pourquoi les hommes doivent venir vers Jésus. En dehors de Lui il n’y a pas de salut ! Sans Lui ils n’ont aucune chance d’être sauvés. Personne d’autre que Lui ne pouvait être ce Médiateur.
Quelle folie ce serait si l’on disait : nous n’avons pas besoin du Christ et de son pont. Nous arrivons à dépasser l’abîme sans eux. Mais c’est exactement ainsi qu’on parle aujourd’hui ! La nouvelle religiosité ésotérique du New Age annonce une auto-rédemption sans le Christ ! « Nous avons une nouvelle méthode pour trouver Dieu. Nous avons des techniques tout à fait nouvelles pour le grand saut, par lequel nous pouvons dépasser l’abîme, par exemple la méditation transcendantale. » (transcendere = traverser)
Quelle Illusion ! C’est un saut intellectuel qui finit dans l’abîme ! Mais Dieu ne veut pas que nous finissions dans l’abîme… C’est pourquoi le Christ a institué le sacerdoce de l’Alliance Nouvelle et l’a confié à son Eglise.
Vous avez, cher Monsieur l’abbé, l’honneur de continuer la tâche de médiation et la mission du Christ, c’est-à-dire l’œuvre de Rédemption. « Comme le Père M’a envoyé, Moi aussi je vous envoie », dit Notre Seigneur à ses apôtres. Il le dit maintenant de la même façon à vous.
Comme prédicateur vous montrez aux hommes le chemin vers le Christ et vers le pont de la Croix qui sauve. Comme sacrificateur de la Sainte Messe vous installez le pont là où vous agissez, en tant que bon pasteur vous menez les hommes au-dessus de l’abîme jusqu’à la Vie éternelle.
Un triple devoir ! Ainsi vous participez à la triple tâche de la médiation du Christ. Le Christ est
- Docteur : maître de l’humanité.
- Sanctificateur : un sanctificateur de l’humanité par l’offrande du sacrifice de Rédemption à la Croix,
- Pasteur : Un bon pasteur de l’humanité, puisque par Sa sainte loi Il nous conduit vers une vie sainte et Il nous précède par son exemple.
Cela sera désormais votre tâche si sublime comme prêtre. Comme envoyé de Dieu et serviteur du Christ vous apportez aux hommes un triple trésor :
- le trésor de la doctrine, de la révélation divine, des vérités de la foi,
- le trésor des grâces de la Rédemption pour sanctifier les hommes (sacrements et sacramentels, par ex. le Saint Sacrifice)
- le trésor des saints commandements.
Méditons cette triple mission une par une :
1. La tâche de la prédication du prêtre ::
Ils sont des annonceurs de la vérité divine que Notre Seigneur nous a apportée du Ciel, héraut du message du Christ, médiateur de la foi.
C’est le premier devoir du prêtre. Car avant que les hommes puissent suivre le chemin du salut, ils doivent d’abord le connaître. C’est pourquoi Jésus Christ a d’abord prêché, et puis seulement Il a offert son sacrifice de la Rédemption.
L’annonciation de la vérité est une des fonctions les plus belles et importantes qui puissent exister. Car de quoi l’homme doté d’esprit aurait-il davantage faim, au plus profond de son âme, que de la vérité ! Il veut et doit savoir d’où il vient, qui il est et où il va. Sans ce savoir il est totalement privé d’orientation et marche aveuglement à travers le monde, la vie doit finalement lui paraitre irraisonnable. Mais c’est exactement l’état actuel de l’humanité ! Les hommes ont le plus besoin de ce service de l’annonce de la vérité.
Mais cette mission n’est pas facile, elle est même parfois dangereuse. On n’aime pas toujours la vérité, souvent elle est haïe et refusée avec mépris. Car elle est exigeante. Elle exige de l’homme qu’il s’y soumette et qu’il façonne sa vie suivant elle. Pas tous les hommes acceptent cela. Beaucoup aiment leurs illusions, leur égoïsme, leur cupidité de profit ou de pouvoir. C’est pourquoi ils haïssent la vérité. En plus il faut compter avec le diable qui n’apprécie pas du tout que le message divin soit diffusé.
C’est la raison pourquoi, dans l’histoire, les prêtres sont souvent persécutés, même jusqu’à la mort.
Face à toutes ces difficultés le prêtre doit annoncer avec courage et résolution la foi, en se fiant à l’aide divine. Il doit être prêt à supporter comme son Maître des méfaits pour son témoignage, et même de donner sa vie, comme l’ont fait tant de missionnaires au cours de l’histoire de l’Eglise. Il ne doit jamais se laisser impressionner ou décourager par des résistances ni par le manque de succès.
Du point de vue purement humain, vous n’aurez, cher Monsieur l’abbé, pas de grandes chances en Suède pour convertir le peuple. Mais du point de vue humain, au début de l’Eglise les douze apôtres furent des pêcheurs insignifiants, également sans aucune chance. Leur époque n’était pas différente de la nôtre. Mais en dépit de toutes les résistances ils ont porté dans le monde la lumière de l’Evangile qui, petit à petit, a transformé les peuples et produit la civilisation chrétienne.
Le prêtre doit croire en sa mission, à la force surnaturelle qui est contenue dans la Parole de Dieu. « Car la Parole de Dieu est vivante – dit le Saint Apôtre -, elle est efficace et plus performante qu’une épée doublement aiguisée » (Heb. 4,12).
C’est une faute fatale si le prédicateur se laisse décider par des pronostiques de succès purement humaines, s’il ne dit que ce qui plaît aux gens, et s’il met de côté ce qui ne leur convient pas. Celui qui annonce un autre Evangile que l’Evangile du Christ, est maudit, selon le témoignage de l’apôtre Saint Paul (Gal 1,6–9).
Mais c’est exactement ce qui se passe trop souvent aujourd’hui ! On réduit l’Evangile à un message social, politique, voire à une commisération humaine superficielle et sans force.
C’est une capitulation devant l’esprit du temps, une trahison de la mission de l’Eglise, et c’est une des raisons principales pour le désastre actuel dans l’Eglise.
Une prédication ainsi diluée devient infructueuse et stérile et n’intéresse finalement personne. La prédication doit bien choquer un peu, et réveiller. C’est précisément l’incroyable dans le message divin qui suscite l’attention des gens… que la vie est plus que la culture immanente et la société de plaisir d’aujourd’hui peuvent offrir, qu’ils sont appelés à des choses plus élevées, à la sainteté, à participer à la vie de Dieu, qu’ils ont des obligations envers Dieu et la société qu’ils ne peuvent négliger impunément.
Le succès de la mission du prêtre est lié à l’annonce de tout le message de la foi, sans réductions, si c’est opportun ou non (2 Tim 4,2). En tant qu’envoyé de Dieu il doit bien annoncer tout ce que Dieu lui a mandaté.
C’est pourquoi, cher nouveau prêtre, soyez un prédicateur assidu de la Bonne Nouvelle du Christ. Utilisez chaque occasion pour apporter aux hommes la lumière de la vérité. En faisant cela, vous les faites revenir de leurs égarements et vous les amenez aux sources de la grâce. Vous leur montrez l’inanité des biens terrestres et réveillez en eux le désir des biens éternels.
2. La tâche de la sanctification
En dehors de la prédication, le prêtre a la tâche de sanctifier les hommes et de leur communiquer la vie éternelle. Il fait cela par l’administration des saints sacrements. Les sept sacrements sont bien les canaux des grâces du salut qui coulent d’une source commune, à savoir le sacrifice de Rédemption du Christ qui perdure dans la Sainte Messe.
On ne peut s’imaginer une chose plus grande et plus noble que l’administration des sacrements. Ici le prêtre se trouve en proximité particulière du Christ. Il est totalement instrument entre ses mains. Jésus se sert de lui pour rencontrer les gens, les purifier de leurs péchés, les sanctifier et renforcer, même les introduire dans la vie intime de Dieu.
Mais est-ce que vous savez quand le prêtre atteint la cime de son action ? C’est quand il célèbre le Saint Sacrifice. Quand le Christ rend présent par lui le sacrifice de la Rédemption, il ne peut y avoir dans ce monde objectivement une action plus insigne.
On peut même dire : quand le prêtre célèbre la Sainte Messe, toute la création atteint son apothéose et son but final !
Mais comment ? C’est tout simple : tout ce qui a été créé, l’univers, toutes les merveilles de la nature, les hommes, et même les anges, ont été créés pour Notre Seigneur Jésus Christ, ou plus précisément, ils ont été créés afin que le Fils de Dieu vienne un jour dans le monde pour chanter au nom de toutes les créatures la gloire de Dieu.
C’est ce que fait Jésus, et c’est ce que fait en union avec Lui l’Eglise dans chaque Sainte Messe : chanter la gloire du Dieu trinitaire, au nom de toutes les créatures. Je dirais que c’est précisément ce que nous vivons pendant la Première Messe actuelle de façon tout à fait perceptible. Nous entendons tous le chant merveilleux des oiseaux, comme il se mêle avec les mélodies grégoriennes et les sons de l’orgue et comment ce concert admirable rejoint la prière de Notre Seigneur.
C’est vraiment merveilleux ! Ce que nous voyons et entendons aujourd’hui, c’est en quoi consiste précisément la mission du Christ : Il est venu dans ce monde pour chanter la louange de Dieu en une perfection infinie. Bien sûr, Il est aussi venu pour nous racheter ; mais en premier lieu pour offrir à Dieu la louange de la création. Ceci fait partie également de sa tâche de médiation : de glorifier Dieu au nom des créatures de façon parfaite.
Ceci, cher nouveau prêtre, sera désormais votre tâche quotidienne la plus belle et noble quand vous montez vers l’autel. Et vous continuerez la louange de Dieu dans tous les services liturgiques, dans la récitation du bréviaire ainsi que dans vos prières et sacrifices personnels.
Quel bonheur de pouvoir être le chanteur de Dieu, par le Christ et avec Lui, en union avec les saints anges ! C’est déjà le Ciel sur terre !
Ceci vaut également pour vous, chers fidèles. Quand vous aimez la Sainte Messe et quand vous vous efforcez de bâtir votre vie sur la Messe, votre vie aussi deviendra de plus en plus une louange de la grâce de Dieu (comme l’a dit avec excellence saint Paul dans la Lettre aux Ephésiens).
3. La tâche d’être pasteur
Comme le Christ, le prêtre doit être le Bon Pasteur ! Il exhorte les fidèles à une vie sainte, il les appelle à la conversion et à la pénitence, rappelle les commandements de Dieu qu’ils doivent observer, les assiste par son action et ses conseils, il console, encourage et incite à faire le bien. Il doit les précéder surtout par son propre exemple. Mais en tant que pasteur il les prévient aussi des loups, du diable et ses complices, des dangers, des idéologies fausses et destructives, d’une vie de péché, et surtout du plus grand danger, à savoir la damnation éternelle. Et encore c’est Notre Seigneur Lui-même qui agit par le prêtre et conduit les Siens sur leur chemin vers le Ciel.
Révérend et cher nouveau prêtre, en tant que prêtre et envoyé de Dieu vous allez désormais accomplir ce triple et très saint service. Les trésors les plus élevés et saints sont confiés à votre gestion. Vous allez commencer la tâche la plus merveilleuse qu’on peut imaginer. Vous le ferez avec toute la joie et l’enthousiasme de votre âme sacerdotale qui ne connaît pas d’âge et qui reste toujours jeune.
Mais il se peut aussi qu’une légère inquiétude envahisse votre esprit en pensant à la haute responsabilité qui pèse sur vos épaules. En plus nous savons que nous portons les trésors qui nous ont été confiés en vases fragiles. Est-ce que le danger de ne pas être à la hauteur, de ne pas satisfaire à la responsabilité n’existerait pas ?
Oh oui, ce danger existe en fait, mais seulement dans le cas où vous vous baseriez sur vos propres forces. Par contre il n’existe pas si vous vous basez entièrement sur votre Seigneur et Maître et si vous vous confiez à Lui ; si vous vous efforcez de croître dans son Amour et d’imiter sa Vie. Car vous devez être une image vivante du Christ, et les hommes doivent reconnaître en vous le Grand-prêtre éternel ainsi que la bonté de Son Sacré Cœur.
Alors Notre Seigneur bénira et fructifiera richement votre travail, Il vous assistera pour accomplir très fidèlement vos tâches sacerdotales.
Je voudrais vous donner encore un ultime conseil : confiez votre personne et votre sacerdoce entièrement à la Sainte Mère de Dieu. Elle est la virgo fidelis, la Vierge fidèle.
La Vierge fidèle vous aidera aussi à conserver la fidélité, elle vous accompagnera en toutes vos tâches lors de chaque démarche, elle ne vous délaissera jamais, puisqu’elle est la Mère des prêtres, comme elle est la Mère du Grand-prêtre éternel. Elle est la Mère du Secours perpétuel dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire.
Je vous prie, chers fidèles, de bien vouloir prier intensément pour nos nouveaux prêtres. Combien nous autres prêtres sommes reconnaissants pour cette prière dont nous avons tant besoin ! Nous vivons dans une époque où la fidélité ne vaut pas cher. On sait à quel point les difficultés ou échecs peuvent conduire à la tentation de céder soi-même à l’infidélité.
Puissions nous aller tous, sous le manteau protecteur de la Sainte Vierge, le chemin qui nous est montré, afin qu’un jour Notre Seigneur puisse nous combler de sa douce promesse : « Viens, mon serviteur bon et fidèle ! Puisque tu as été fidèle en peu de choses, je te placerai au-dessus de beaucoup de choses. Entre dans la joie de ton Maître ». Ainsi soit-il.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Abbé Stefan Frey, Recteur du séminaire de Zaitskofen