Sermon de M. l’abbé Gonzague Peignot pour le pélerinage du Christ-​Roi à Lourdes

Samedi 25 octobre 2025 : « Il est des démons qui ne peuvent être chas­sés que par la prière et le jeûne. » Les démons qui enchaînent notre monde, notre pays, sont de cette espèce.

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Bien chers fidèles,

Voilà main­te­nant 50 années que notre dis­trict a ouvert son pre­mier prieu­ré. Voilà 50 années que nous avons entre­pris cette recon­quête de notre pays. Les fruits de ce com­bat entre­pris sont magni­fiques ; le Bon Dieu a béni cette belle œuvre de la FSSPX, et il est cer­tain, que la fille aînée de l’Église garde une place pri­vi­lé­giée dans le cœur de Notre-​Seigneur, dans celui de Notre-​Dame. Nous le voyons aisé­ment par le déve­lop­pe­ment nulle part éga­lé du dis­trict de France. Il faut en être fier.

Malgré ce beau déve­lop­pe­ment, la vic­toire défi­ni­tive, vic­toire assu­rée puisque le Cœur Immaculé de Marie nous l’a pro­mis, cette vic­toire semble encore lointaine.

Ce n’est pour­tant pas manque de géné­ro­si­té, manque d’œuvres, manque d’apostolat. Mais quelques obs­tacles demeurent ; tels les apôtres envoyés par Notre Seigneur Jésus-​Christ pour gué­rir les malades et ensei­gner le peuple, il est quelques démons qui résistent, qui empêchent le plein déve­lop­pe­ment. Devant l’impuissance avouée des apôtres, Notre Seigneur Jésus-​Christ a don­né le remède : « Il est des démons qui ne peuvent être chas­sés que par la prière et le jeûne. » Les démons qui enchaînent notre monde, notre pays, sont de cette espèce.

Nous vou­lons triom­pher, il nous faut prendre ces démons par leurs cornes et les mal­me­ner, les vio­len­ter, les écra­ser à l’image de Notre-​Dame ! C’est pour cette rai­son que nous venons en pèle­ri­nage à Lourdes, afin de pui­ser dans le cœur de Notre-​Dame la force de chas­ser ces démons de notre pays, de notre famille, de notre cœur.

Or, com­ment Satan impose-​t-​il aujourd’hui son règne, sa loi ? Comment sommes-​nous por­tés à subir l’atmosphère que Satan ins­pire au monde ?

Il y a dif­fé­rents aspects bien sûr mais il est une évi­dence qui appa­raît clai­re­ment de nos jours : nous sommes por­tés à être dépen­dants et même un peu esclaves par­fois, de nos écrans, de nos réseaux sociaux, de la consom­ma­tion de films et de séries ou de petites vidéos ; nous sommes un peu esclaves aus­si, et cela empêche le plein épa­nouis­se­ment de notre vie chré­tienne, nous sommes esclaves du regard des autres, de ce que pensent de nous ceux qui nous entourent. Voilà ce sur quoi doit por­ter notre jeûne.

Vous l’avez com­pris, et Notre-​Dame dans sa déli­ca­tesse mater­nelle nous l’a bien ensei­gné, il ne s’agit pas d’entreprendre un jeûne « ali­men­taire », mais il s’agit d’entreprendre un jeûne de ce qui salit notre cœur. « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort du cœur », nous dit Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et ce jeûne revêt une double impor­tance. Non seule­ment il s’agit de chas­ser ces démons, et la des­truc­tion de cet obs­tacle qu’ils consti­tuent, assu­re­ra une abon­dance de grâces néces­saires à la vic­toire, mais il ne faut pas non plus pen­ser que nous sommes invul­né­rables ; cette chasse nous per­met­tra alors de ne pas sombrer.

En défi­ni­tive, cette sur­en­chère d’échanges, de par­tages, de com­mu­ni­ca­tions, de vision­nages, souille les âmes, fait perdre l’innocence, détruit les répu­ta­tions, déve­loppe le nar­cis­sisme, affai­blit la famille, l’imprègne de l’esprit du monde.

Il est en effet aisé de le consta­ter, comme jamais, les cœurs se souillent parce que nous regar­dons ce que nous ne devrions pas regar­der, parce que nous pre­nons connais­sance de ce que nous ne devrions pas connaître – il n’y a qu’à men­tion­ner les scan­dales que la presse étale aujourd’hui sans ver­gogne -, parce que nous cher­chons à être regar­dés bien au-​delà de l’intimité fami­liale – c’est l’étalage par­fois immo­deste de notre vie sur les réseaux sociaux -, parce que nous par­ta­geons par­tout ce qui devrait res­ter secret, sans pen­ser jamais que nous dif­fa­mons peut-​être notre pro­chain. En défi­ni­tive, cette sur­en­chère d’échanges, de par­tages, de com­mu­ni­ca­tions, de vision­nages, souille les âmes, fait perdre l’innocence, détruit les répu­ta­tions, déve­loppe le nar­cis­sisme, affai­blit la famille, l’imprègne de l’esprit du monde ; en un mot cette sur­en­chère nous réduit à l’esclavage. Nous ne pou­vons pas faire la sourde oreille, nous ne pou­vons pas ne pas réagir, ne pas nous pro­té­ger, ne pas pro­té­ger nos enfants.

Que faire ? Ne lais­sons pas nos enfants aller libre­ment sur inter­net, ne les lais­sons pas regar­der des films sans vigi­lance et ins­tal­lons les outils néces­saires, les filtres, pour blo­quer l’infâme. Arrêtons aus­si de nour­rir ces réseaux soi-​disant sociaux, qui ne font qu’augmenter l’individualisme et donc détruisent l’esprit de famille et tuent la géné­ro­si­té si néces­saire pour for­mer de bons parents pour demain, de bons prêtres, reli­gieux ou religieuses.

Beaucoup de pro­grès, il faut le recon­naître, ont été réa­li­sés en ce domaine. Beaucoup y prêtent de plus en plus d’attention et nous avons pu consta­ter que les mesures prises, il y deux ans, de deman­der aux familles qui ins­cri­vaient les enfants dans nos écoles de ne plus per­mettre à leurs enfants d’avoir des smart­phones avaient lar­ge­ment puri­fiés le visage des âmes des ado­les­cents. Quel bel encou­ra­ge­ment ! Mais il est néces­saire de per­sé­vé­rer, d’aller plus loin même.

Que le smart­phone ne soit pas le pro­lon­ge­ment de notre main : tenons-​le à dis­tance par une ascèse réelle et ne cédons pas à toutes les fonc­tion­na­li­tés qu’il offre.

Quant à nous, ne crai­gnons pas de prendre de grandes réso­lu­tions, de réduire au strict néces­saire l’usage des écrans, c’est-à-dire à ce qui est néces­saire pour notre pro­fes­sion, pour notre devoir d’état, pour des rela­tions fami­liales hon­nêtes et limi­tées à la sphère fami­liale, et non pour nous dis­traire, pour nous détendre, pour nous diver­tir, ou, et ce serait plus nui­sible encore, pour par­ta­ger à tous ce qui devrait res­ter réser­vé à des proches, pour se mettre en avant, pour expri­mer son moindre mécon­ten­te­ment ou éta­ler sa cri­tique et la lais­ser se répandre et s’amplifier même jusqu’à des dif­fa­ma­tions par­fois graves. Que le smart­phone ne soit pas le pro­lon­ge­ment de notre main : tenons-​le à dis­tance par une ascèse réelle et ne cédons pas à toutes les fonc­tion­na­li­tés qu’il offre.

N’oublions pas non plus que nous pou­vons méri­ter pour les autres, pour nos enfants donc, pour les âmes qui nous sont confiées, la grâce d’être pré­ser­vés de toute cette fange, de cette fré­né­sie de la com­mu­ni­ca­tion, par notre par­ci­mo­nie. C’est le dogme de la Communion des saints. Quel grâce de pou­voir méri­ter pour des parents, des édu­ca­teurs, de pou­voir méri­ter la pure­té de leurs enfants par leur parcimonie !

Voilà, bien chers fidèles, com­ment détruire cet escla­vage si cou­rant des écrans, cet escla­vage du nar­cis­sisme que déve­loppent les réseaux sociaux.

Nous pou­vons ajou­ter, parce qu’il s’agit d’une dif­fi­cul­té gran­dis­sante qui fra­gi­lise les cœurs, que dans cette quête d’une vic­toire mariale, d’un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, une vigi­lance doit être por­tée sur nos tenues ves­ti­men­taires confor­mé­ment aux recom­man­da­tions de notre douce Mère à Fatima. Notre monde s’effondre en cette matière et force est de consta­ter que de bien mau­vaises habi­tudes pénètrent de plus en plus aujourd’hui nos mai­sons, nos familles, aus­si bien le dimanche à la messe qu’en semaine. Cela requiert notre attention.

Oh, nous n’atteignons pas, Dieu mer­ci, l’outrance de ce monde dont l’immoralité est sans limite, condui­sant à des tenues d’une vul­ga­ri­té décon­cer­tante. Mais c’est dans la majo­ri­té des cas, des tenues insi­dieuses et tou­jours entre deux eaux, avec cette empreinte affir­mée d’une sen­sua­li­té mar­quée, une sen­sua­li­té qui outre­passe lar­ge­ment les règles de la décence chrétienne.

Ah ! Si l’on pou­vait voir de nos yeux, comme les trois enfants de Fatima lors de leur vision mira­cu­leuse de l’enfer, les consé­quences dra­ma­tiques pour le salut des âmes qu’engendrent les scan­dales de la mode ! Que de fautes mor­telles découlent d’un mau­vais regard sus­ci­té par une tenue inadé­quate : pen­sées impures, dési­rs cou­pables, paroles obs­cènes, actions gra­ve­ment pec­ca­mi­neuses. Si celui ou celle qui regarde déli­bé­ré­ment est cou­pable, celui ou celle qui l’a pro­vo­qué par légè­re­té ou incon­si­dé­ra­tion ne l’est pas moins. Quel compte devrons-​nous rendre à Dieu de ces fautes par­fois inconnues !

Avec humi­li­té, allons deman­der à nos pas­teurs, à nos prêtres, pen­dant ce pèle­ri­nage à notre confes­seur, quelles sont ces règles. Ayons la déli­ca­tesse de conscience de les res­pec­ter. Offrons à notre Bonne Mère, ce tré­sor d’une modes­tie chré­tienne en toute circonstance.

C’est de toute évi­dence un sujet déli­cat à abor­der pour un prêtre, sur­tout face à tant d’incompréhensions en cette matière. Eh bien de ce fait, vous avez, chers fidèles, dans cette res­tau­ra­tion de la noblesse fémi­nine, parce que c’est bien de cela dont il s’agit, votre part à prendre, n’en dou­tez pas. Que les époux et les pères ne demeurent pas muets en cette matière, eux qui savent mieux que leurs épouses et leurs filles ce qu’il en est des com­bats d’un ado­les­cent, des com­bats d’un homme.

Soyons chré­tiens, bien chers fidèles, jusqu’au plus pro­fond de notre âme, sans dicho­to­mie. Nous vivons dans ce monde mais ne sommes pas de ce monde. Nous sommes d’une autre race, nous sommes d’une race divine, car nous sommes enfants de Dieu, frères de Notre Seigneur Jésus-​Christ et temple du Saint-Esprit.

Fortifiés par ce jeûne, nos cœurs seront alors mieux dis­po­sés à la prière, deuxième pilier de notre recon­quête, comme nous l’a ensei­gné Notre Seigneur Jésus-​Christ : « Il est des démons qui ne peuvent être chas­sés que par la prière et le jeûne. » Et parce que la plus grande des prières est le Saint Sacrifice de la Messe, il s’agit d’en faire le centre de notre dévo­tion, en pre­nant la réso­lu­tion, autant que pos­sible, d’assister à la messe en semaine, au moins une fois sup­plé­men­taire. Et si nous sommes dans l’impossibilité de nous rendre à la messe, sachons prendre le temps de nous pro­je­ter en esprit auprès du taber­nacle pour nous abreu­ver du Sang divin ver­sé sur les autels où les messes sont célé­brées. Cette assis­tance peut être nour­rie, pour les plus fer­vents, par la pra­tique de l’oraison quo­ti­dienne qui aura toute sa place, parce que le cœur, libé­ré de l’esclavage du regard des autres, jouis­sant d’un temps pré­cieux qui n’est plus per­du, aspi­re­ra à cette union intime avec son Créateur et Sauveur.

Cette assis­tance peut être nour­rie, pour les plus fer­vents, par la pra­tique de l’oraison quo­ti­dienne qui aura toute sa place, parce que le cœur, libé­ré de l’esclavage du regard des autres, jouis­sant d’un temps pré­cieux qui n’est plus per­du, aspi­re­ra à cette union intime avec son Créateur et Sauveur.

Voici, en défi­ni­tive, un pro­gramme, qui, j’en ai bien conscience, consti­tue un défi et ne sera pas sans croix puisqu’il fau­dra lut­ter contre l’ennemi le plus sour­nois qui est nous-​même ! La croix est une réa­li­té concrète pour le chré­tien, mar­qué dès son bap­tême de son signe. Mais l’espérance chré­tienne peut dépas­ser tous les obs­tacles. Elle peut sup­por­ter toutes les dif­fi­cul­tés, parce qu’elle s’appuie sur la Toute-​Puissance divine, sur la média­tion uni­ver­selle de la Vierge imma­cu­lée qui ne man­que­ra pas de nous enve­lop­per de sa pré­sence mater­nelle dans cette œuvre de sanc­ti­fi­ca­tion per­son­nelle et sociale. C’est pour pui­ser à la source, au pied de Notre Dame, que nous sommes venus accom­plir ce pèlerinage.

« Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » Voilà son pro­gramme, ses ins­truc­tions à Bernadette. Ce doit être aus­si notre pro­gramme : péni­tence de la par­ci­mo­nie aux écrans et aux réseaux sociaux, péni­tence de la décence et de la modes­tie chré­tienne, péni­tence de la prière per­sé­vé­rante. C’est ce pro­gramme qui ouvre les portes du Cœur de Jésus, de la Charité divine. C’est le prix à payer pour la res­tau­ra­tion de notre Patrie.

Comprendre cela en pro­fon­deur, bien chers fidèles, c’est faire un pas de géant vers la vic­toire totale. Voilà ce à quoi Notre-​Dame nous appelle. Puissions-​nous répondre à cet appel.

« Je ne vous pro­mets pas de vous rendre heu­reuse en ce monde », avait dit la Vierge à Bernadette. Comprenons : à la manière dont ce monde rend les gens super­fi­ciel­le­ment heu­reux. « Mais je vous pro­mets de vous rendre heu­reuse en l’autre monde » : celui de l’éternité, bien sûr ; mais aus­si le nôtre – cet autre monde – quand il est vécu dans l’Amour de Dieu et dans les œuvres qui y correspondent.

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Supérieur du District de France

Né le 11 sep­tembre 1986, il a été ordon­né prêtre au Séminaire Saint-​Pie X (Ecône) le 29 juin 2015. Nommé col­la­bo­ra­teur à l’Ecole Saint-​Michel Garicoïtz puis direc­teur deux ans plus tard, il prend la direc­tion de l’Ecole Saint-​Joseph-​des-​Carmes en 2018. Il a été nom­mé supé­rieur du District de France à par­tir du 15 août 2024 par déci­sion de M. L’ABBÉ DAVIDE PAGLIARANI, Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

Pèlerinage international de la FSSPX à Lourdes

En la fête du Christ-Roi, dernier dimanche d'octobre (sauf exception)