vers 308

Sainte Barbara

Née en 273 à Nicomédie,
et morte en 308 à Baalbek.

Sainte Barbara((Loup en akka­dien (langue sémi­tique). Se dit Barbo’ en pro­ven­çal.)), plus connue en France sous le nom de sainte Barbe, est la fille unique, très belle au demeu­rant, de Dioscore, païen opu­lent de Héliopolis en Paphlagonie, au nord de l’Anatolie ou Asie Mineure((Aujourd’hui la Turquie.)). Il envoya sa fille étu­dier les lettres et la phi­lo­so­phie à Nicomédie, en Bithynie, au nord-​ouest de l’Anatolie au bord de la mer de Marmara. Elle réflé­chis­sait et devint convain­cue qu’il n’y a qu’un seul Dieu et détes­ta le poly­théisme de son peuple. Là, elle connut les chré­tiens et cor­res­pon­dit avec Origène d’Alexandrie, théologien((Ordonné prêtre en 230 à Jérusalem ; Démétrius d’Alexandrie (189–232) l’excommunie pour muti­la­tion et l’interdit dans son dio­cèse ; Ce der­nier décé­dé, il y rentre et repart en 231/​2 pour Césarée de Palestine. Torturé en 250, il meurt de ses bles­sures à Tyr en 253. La foi de Barbara sera néan­moins quitte des quelques héré­sies d’Origène.)) qui ensei­gnait à Césarée de Palestine. Origène lui envoya le prêtre Valentin qui lui ensei­gna la foi catho­lique et la baptisa.

En l’honneur de la Sainte-​Trinité, elle fit per­cer une troi­sième fenêtre à sa chambre ! Son père vou­lut la marier, mais elle s’opposa à tout mariage, déci­dée qu’elle était à consa­crer sa vir­gi­ni­té à Jésus-​Christ. Son père, irri­té, incen­dia la tour qu’il avait fait construire pour sa fille, laquelle lui par­la du mys­tère de la Sainte Trinité, ce qui pro­vo­qua l’ire pater­nelle. L’ayant frap­pée, il l’incarcéra, d’autant que Maximin Ier, nou­vel empe­reur romain depuis août 235, pour­sui­vait la per­sé­cu­tion des chré­tiens. Elle s’enfuit et opère divers pro­diges déjouant long­temps la pour­suite de son père (notam­ment un mur mira­cu­leux qui arrê­ta ses pour­sui­vants). Enfin cap­tu­rée, elle est enfer­mée par son père dans une tour avant d’être Traduite au tri­bu­nal du pré­fet Marcien, elle refuse de sacri­fier aux idoles et prêche Jésus-​Christ. La nuit, Notre-​Seigneur lui appa­raît et gué­rit ses pre­mières bles­sures. Marcien pré­ten­dant que c’était ses dieux qui l’avaient gué­rie, elle contes­ta vive­ment, et Marcien ordon­na qu’on lui brû­lât les côtés avec des torches et qu’on lui cou­pât les seins. Le juge ordonne de la dénu­der. Barbara obtient par ses prières qu’une nuée obs­cur­cisse les lieux, et Dieu la revêt d’une robe. Julienne se conver­tit et s’associe à Barbara ; elle subit ensuite avec constance d’autres tour­ments ; enfin, Marcien, ayant déci­dé la peine capi­tale, et Dioscore, ayant dési­ré l’exécuter, ils la conduisent sur une pro­émi­nence d’où une voix se fit entendre : « Viens, ma bien-​aimée, et repose-​toi dans le royaume de mon Père », cepen­dant, Dioscore, de son cime­terre, déca­pi­ta sa fille ; en redes­cen­dant, Marcien et l’infanticide Dioscore furent pul­vé­ri­sés par une foudre. Le prêtre Valentin ense­ve­lit la sainte dont la sépul­ture don­na lieu à de nom­breux miracles.

Les reliques de la vierge mar­tyre par­vinrent à Venise, et à Constantinople où l’on comp­ta quatre églises qui lui furent dédiées. Avant que saint Grégoire ne soit pape en 590, il célé­brait l’Office divin à Rome dans un ora­toire de sainte Barbara. On garde un pané­gy­rique de sainte Barbara par saint Jean Damascène. Il y avait un monas­tère à Edesse, en Osroëne, sous le vocable de sainte Barbara. Les Byzantins la sur­nomment « Mégalomartyre ». Toutes indi­ca­tions qui attestent de son exis­tence contre les ratio­na­listes modernes qui pré­textent de récits contra­dic­toires pour dou­ter de l’historicité de la sainte.

Sainte Barbe pro­tège contre la mort subite, elle est invo­quée contre la foudre, on l’invoque aus­si contre l’impénitence, ain­si est-​elle comp­tée par­mi les qua­torze saints dits Auxiliaires. Elle patronne les artilleurs, les mineurs, les pom­piers, les chau­dron­niers, les sal­pé­triers, les fabri­cants de feu d’artifice, les fon­deurs, les maçons, les archi­tectes, les fos­soyeurs, ain­si que les for­ti­fi­ca­tions et les arse­naux. A Toulon, les canon­niers marins pro­me­naient la sta­tue de sainte Barbe dans la cité puis la recon­dui­saient sur la cha­loupe et à bord. Le Beausset a un ora­toire de Ste-​Barbe et une confré­rie mixte de la sainte, qui dis­tri­bue à ses membres en sa fête une pomme bénie. On chante Li Gau de Santo Barbo.

On la repré­sente sou­vent avec une tour et un ciboire sur­mon­té d’une hos­tie, mais aus­si avec une plume, ou encore en pié­ti­nant un Sarrasin.

L’église romaine Sainte-​Marie-​Antique contient une fresque à son effi­gie datant du VIIIème siècle.

Le pape Paul VI a lamen­ta­ble­ment sup­pri­mé le culte de sainte Barbara en 1969 après avoir déci­dé par un Motu pro­prio du 19 mars 1968 la révi­sion du calen­drier litur­gique par le groupe de tra­vail Consilium sous la hou­lette du Père Annibale Bugnini. Abandon désap­prou­vé impli­ci­te­ment par la recon­nais­sance pro­gres­sive de la litur­gie tra­di­tion­nelle, grâce prin­ci­pa­le­ment à la fidé­li­té tenace de S. Exc. Mgr Marcel Lefebvre.

Opinions diver­gentes :

Les épreuves du temps abou­tirent à des rela­tions dis­cor­dantes quant au lieu et à l’époque de sa vie ; la fai­sant vivre soit à Rome, soit en Toscane, sous Maximien (empe­reur romain en Occident 285–310) ; soit à Héliopolis (Baalbek [tra­di­tion locale] ; en Phénicie Anti-​Liban, selon le Cal Schuster)

Martyrologe Romain : A Nicomédie, sous Maximin I le Thrace (empe­reur 235–3.238). Le Cardinal Baronius (1586) esti­mait qu’il fal­lait tenir qu’elle était dis­ciple d’Origène.

Jacobus-​Philippus Bergomensis (1433–1518/20) de memo­ra­bi­li­bus et cla­ris mulie­ri­bus ali­quot diver­so­rum scrip­to­rum, 1502 : sous Maximin II Daïa (4.311 Orient 8.313) Maxence (-28.10.312) et Meltiade ; à Nicomédie (en Bithynie), mais il remarque qu’Origène était anté­rieur, il ajoute que ses reliques sont à Venise. Syméon Métaphraste (hagio­graphe du Xème siècle) et Montbritius (hagio­graphe contes­table vers 1407) rap­portent qu’elle souf­frit à Héliopolis (Vieux-​Caire, enter­rée dans une église d’Aboukir, corps deman­dé au XIV-​XV par rois d’Aragon au sul­tan du Caire) sous Galère (empe­reur romain en Orient 5.293–5.311) : ce récit s’accorde avec le méno­loge de l’empereur Basile et le synaxaire des Grecs.