Née en 273 à Nicomédie,
et morte en 308 à Baalbek.
Sainte Barbara[1], plus connue en France sous le nom de sainte Barbe, est la fille unique, très belle au demeurant, de Dioscore, païen opulent de Héliopolis en Paphlagonie, au nord de l’Anatolie ou Asie Mineure[2]. Il envoya sa fille étudier les lettres et la philosophie à Nicomédie, en Bithynie, au nord-ouest de l’Anatolie au bord de la mer de Marmara. Elle réfléchissait et devint convaincue qu’il n’y a qu’un seul Dieu et détesta le polythéisme de son peuple. Là, elle connut les chrétiens et correspondit avec Origène d’Alexandrie, théologien[3] qui enseignait à Césarée de Palestine. Origène lui envoya le prêtre Valentin qui lui enseigna la foi catholique et la baptisa.
En l’honneur de la Sainte-Trinité, elle fit percer une troisième fenêtre à sa chambre ! Son père voulut la marier, mais elle s’opposa à tout mariage, décidée qu’elle était à consacrer sa virginité à Jésus-Christ. Son père, irrité, incendia la tour qu’il avait fait construire pour sa fille, laquelle lui parla du mystère de la Sainte Trinité, ce qui provoqua l’ire paternelle. L’ayant frappée, il l’incarcéra, d’autant que Maximin Ier, nouvel empereur romain depuis août 235, poursuivait la persécution des chrétiens. Elle s’enfuit et opère divers prodiges déjouant longtemps la poursuite de son père (notamment un mur miraculeux qui arrêta ses poursuivants). Enfin capturée, elle est enfermée par son père dans une tour avant d’être Traduite au tribunal du préfet Marcien, elle refuse de sacrifier aux idoles et prêche Jésus-Christ. La nuit, Notre-Seigneur lui apparaît et guérit ses premières blessures. Marcien prétendant que c’était ses dieux qui l’avaient guérie, elle contesta vivement, et Marcien ordonna qu’on lui brûlât les côtés avec des torches et qu’on lui coupât les seins. Le juge ordonne de la dénuder. Barbara obtient par ses prières qu’une nuée obscurcisse les lieux, et Dieu la revêt d’une robe. Julienne se convertit et s’associe à Barbara ; elle subit ensuite avec constance d’autres tourments ; enfin, Marcien, ayant décidé la peine capitale, et Dioscore, ayant désiré l’exécuter, ils la conduisent sur une proéminence d’où une voix se fit entendre : « Viens, ma bien-aimée, et repose-toi dans le royaume de mon Père », cependant, Dioscore, de son cimeterre, décapita sa fille ; en redescendant, Marcien et l’infanticide Dioscore furent pulvérisés par une foudre. Le prêtre Valentin ensevelit la sainte dont la sépulture donna lieu à de nombreux miracles.
Les reliques de la vierge martyre parvinrent à Venise, et à Constantinople où l’on compta quatre églises qui lui furent dédiées. Avant que saint Grégoire ne soit pape en 590, il célébrait l’Office divin à Rome dans un oratoire de sainte Barbara. On garde un panégyrique de sainte Barbara par saint Jean Damascène. Il y avait un monastère à Edesse, en Osroëne, sous le vocable de sainte Barbara. Les Byzantins la surnomment « Mégalomartyre ». Toutes indications qui attestent de son existence contre les rationalistes modernes qui prétextent de récits contradictoires pour douter de l’historicité de la sainte.
Sainte Barbe protège contre la mort subite, elle est invoquée contre la foudre, on l’invoque aussi contre l’impénitence, ainsi est-elle comptée parmi les quatorze saints dits Auxiliaires. Elle patronne les artilleurs, les mineurs, les pompiers, les chaudronniers, les salpétriers, les fabricants de feu d’artifice, les fondeurs, les maçons, les architectes, les fossoyeurs, ainsi que les fortifications et les arsenaux. A Toulon, les canonniers marins promenaient la statue de sainte Barbe dans la cité puis la reconduisaient sur la chaloupe et à bord. Le Beausset a un oratoire de Ste-Barbe et une confrérie mixte de la sainte, qui distribue à ses membres en sa fête une pomme bénie. On chante Li Gau de Santo Barbo.
On la représente souvent avec une tour et un ciboire surmonté d’une hostie, mais aussi avec une plume, ou encore en piétinant un Sarrasin.
L’église romaine Sainte-Marie-Antique contient une fresque à son effigie datant du VIIIème siècle.
Le pape Paul VI a lamentablement supprimé le culte de sainte Barbara en 1969 après avoir décidé par un Motu proprio du 19 mars 1968 la révision du calendrier liturgique par le groupe de travail Consilium sous la houlette du Père Annibale Bugnini. Abandon désapprouvé implicitement par la reconnaissance progressive de la liturgie traditionnelle, grâce principalement à la fidélité tenace de S. Exc. Mgr Marcel Lefebvre.
Opinions divergentes :
Les épreuves du temps aboutirent à des relations discordantes quant au lieu et à l’époque de sa vie ; la faisant vivre soit à Rome, soit en Toscane, sous Maximien (empereur romain en Occident 285–310) ; soit à Héliopolis (Baalbek [tradition locale] ; en Phénicie Anti-Liban, selon le Cal Schuster)
Martyrologe Romain : A Nicomédie, sous Maximin I le Thrace (empereur 235–3.238). Le Cardinal Baronius (1586) estimait qu’il fallait tenir qu’elle était disciple d’Origène.
Jacobus-Philippus Bergomensis (1433–1518/20) de memorabilibus et claris mulieribus aliquot diversorum scriptorum, 1502 : sous Maximin II Daïa (4.311 Orient 8.313) Maxence (-28.10.312) et Meltiade ; à Nicomédie (en Bithynie), mais il remarque qu’Origène était antérieur, il ajoute que ses reliques sont à Venise. Syméon Métaphraste (hagiographe du Xème siècle) et Montbritius (hagiographe contestable vers 1407) rapportent qu’elle souffrit à Héliopolis (Vieux-Caire, enterrée dans une église d’Aboukir, corps demandé au XIV-XV par rois d’Aragon au sultan du Caire) sous Galère (empereur romain en Orient 5.293–5.311) : ce récit s’accorde avec le ménologe de l’empereur Basile et le synaxaire des Grecs.
- Loup en akkadien (langue sémitique). Se dit Barbo’ en provençal.[↩]
- Aujourd’hui la Turquie.[↩]
- Ordonné prêtre en 230 à Jérusalem ; Démétrius d’Alexandrie (189–232) l’excommunie pour mutilation et l’interdit dans son diocèse ; Ce dernier décédé, il y rentre et repart en 231/2 pour Césarée de Palestine. Torturé en 250, il meurt de ses blessures à Tyr en 253. La foi de Barbara sera néanmoins quitte des quelques hérésies d’Origène.[↩]