Né à Pise, et mort le 29 avril 68 à Pise.
L’Apôtre saint Paul évangélisa vers l’an 50 la ville de Philippes en Macédoine. De passage à Jérusalem vers 55, il fut arrêté au temple et livré aux Romains qui le mirent à l’abri des juifs en l’emprisonnant deux ans à Césarée de Palestine où il en appela à César. Conduit à Rome, il y reste captif deux autres années. L’Apôtre saint Paul y écrivit en 58 l’Epître aux Philippiens, c’est-à-dire aux chrétiens de Philippes qu’il avait convertis quelques années auparavant. St Paul fait remarquer ceci : mes liens sont devenus célèbres par le Christ dans tout le prétoire [palais impérial] et partout ailleurs. Et, il conclut ainsi son épître : Saluez tous les saints en Jésus-Christ. Les frères qui sont avec moi vous saluent. Tous les saints vous saluent, mais principalement ceux qui sont dans la maison de César. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. Amen.
Ces saints qui sont dans la maison de César, étaient chacun des chrétiens au service de Néron, qu’il fût baptisé, ou catéchumène, comme l’était Tropez, échanson impérial, ou Pomponia Graecia, dame de la cour, ou Acté, qui avait été concubine de Néron.
En effet, le Martyrologe Romain cite saint Torpès, vulgairement appelé Tropez, comme occupant d’abord un service important sous l’empereur romain Néron, qui succéda à l’empereur Claude le 13 octobre 54, et régna jusqu’en juin 68. Le Martyrologe ajoute que Tropez est concerné par le passage susdit de l’Epître aux Philippiens.
Néron, furieux de la conversion d’Acté, ordonne en 61 la première grande persécution contre les chrétiens. En 67, les saints Pierre et Paul seront martyrisés.
Certains pensent que c’est en 65 que saint Tropez fut martyrisé. Il se trouva que Néron fit élever un temple et une statue à Diane[1] à Pise, alla assister à la dédicace de ce temple, et ordonna à ses serviteurs d’adorer la déesse. Tropez refusa et démontra à Néron l’inanité de ce culte. N’étant que catéchumène, sachant qu’un prêtre nommé Antoine vivait dans une grotte aux alentours de Pise, et, disposant d’un répit, Tropez en profita pour demander et recevoir le baptême du prêtre ermite, avant d’affronter l’épreuve prévisible du martyre. Un ange lui apparut aussi pour le conforter. Aussitôt rentré à Pise, Tropez est sommé par Néron d’obéir. Mais le nouveau baptisé refusa nettement cet ordre inacceptable.
Ce fut Satellicus qui eut la charge de torturer Tropez. Notre saint fut d’abord incarcéré deux jours sans nourriture. Vint ensuite l’épreuve de la flagellation, Tropez étant attaché à une immense colonne. Pendant la flagellation, la colonne gigantesque[2] fut prodigieusement ébranlée dans ses fondements, et, s’écroula sur Satellicus et une cinquantaine de personnes, parmi la foule, qui périrent.
Silvinus, fils de Satellicus, releva le défi : Tropez subit le supplice de la roue, puis, exposé à un lion, ce dernier mourut à ses pieds. On lança alors un léopard, mais l’animal ne s’approcha du martyr que pour frotter sa fourrure contre son corps. Voyant ces prodiges, saint Evelle, un des conseillers de Néron, se convertit (Le Martyrologe Romain ajoute qu’il sera décapité à Rome un 11 mai).
Dépité, Silvinus fit conduire Tropez hors de la ville et le fit décapiter le 29 avril. Son corps fut jeté dans une barque avariée qu’on largua sur l’Arno à quelques kilomètres de la Mer Ligure, en y plaçant un coq et un chien censés se nourrir du cadavre.
Le frêle esquif ne sombra point mais, guidé par quelque Ange, fut dérivé plein ouest vers la Provence pour arriver dans le golfe aujourd’hui appelé de Saint-Tropez à Athenopolis (St-Tropez). La Providence fit que des chrétiens[3] habitant déjà cette côte, reçurent et ensevelirent le corps de saint Tropez le 17 mai. La présence du chien et du coq permettra de confirmer l’identité du martyr, les premiers chrétiens correspondant beaucoup entre eux. Les villages voisins de Cogolin (petit coq) et de Grimaud (chien en vieux français) rappellent l’événement.
Au IVe siècle, après les persécutions, une église sera construite à l’emplacement des reliques de saint Tropez au village qui porte son nom.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- Si Erostrate se rendit célèbre en incendiant le temple de Diane à Ephèse en 356 avant Jésus-Christ, considéré alors comme l’une des sept merveilles du monde, saint Paul, en visitant Ephèse dut s’en enfuir à cause des païens qui voyaient en lui, avec raison, un ennemi du culte de Diane.[↩]
- La Tour de Pise, construite de 1173 à 1350, aura tenu debout plus longtemps.[↩]
- St Lazare et ses compagnons échouèrent en Provence en 47.[↩]