Emilie Rodat est née le 6 septembre 1787 au château de Druelle, près de Rodez (Aveyron),
Première enfant de Jean-Louis de Rodat et d’Henriette de Pomayrols, famille appartenant à la vieille noblesse rouergate.
La Révolution française et son cortège de persécutions l’obligent très tôt à quitter Druelle pour aller vivre chez sa grand-mère maternelle, Agathe de Pomayrols , au château de Ginals, près de Villeneuve d’Aveyron, où elle sera davantage en sécurité.
Près de sa grand-mère elle reçoit une éducation profondément chrétienne, et apprend l’amour des pauvres par les exemples de sa famille ; « je suis d’une famille de saints » dit-elle plus tard.
Après l’échec de trois essais de vie religieuse, elle rejoint sa grand-mère à Villefranche-de-Rouergue dans une maison regroupant d’anciennes religieuses chassées de leur couvent lors de la Révolution et des personnes pieuses. Là, elle découvre et développe ses talents d’éducatrice.
En 1815, ayant entendu des mamans déplorer la disparition des écoles gratuites des Ursulines, elle leur dit de lui envoyer leurs enfants, et les accueille dans sa chambre où s’entassent bientôt une quarantaine d’élèves [1].
Elle promet à Dieu de faire tout ce qui est en son pouvoir pour ouvrir une école à Villefranche-de-Rouergue pour les filles pauvres, et en parle à l’abbé Antoine Marty [27 mai 1757- +15 novembre 1835], son confesseur et co-fondateur de la future congrégation.
Le 3 mai 1816, elle fonde avec 3 compagnes [2], la Congrégation des sœurs de la Sainte Famille [3].
Elle devra, à plusieurs reprises, émigrer dans des locaux de plus en plus vastes jusqu’à ce qu’elle puisse acquérir en 1817 l’ancien couvent des Cordeliers.
La mission d’Emilie et de ses Sœurs s’étend vite à la visite des malades, des prisonniers, à l’accueil des orphelines et des filles en difficulté. En effet, sensible à toute détresse, Mère Emilie ne se limite pas à une mission d’enseignement. Elle étend son apostolat charitable aux orphelinats, aux visites aux malades et aux prisonniers, à l’enfance délinquante, etc., etc. Rien ne lui est étranger de ce qui peut soulager la grand misère matérielle et spirituelle de ces temps difficiles.
Au for interne, Emilie fait l’expérience de la nuit de la foi pendant une trentaine d’années. Dans son entourage personne ne s’en doute. Ce n’est que dans les dernières années de sa vie qu’elle recouvre la paix intérieure et que Dieu lui fait sentir à nouveau son amitié.
Émilie de Rodat dicta son autobiographie à son second confesseur l’abbé Pierre-Marie Fabre.
Elle meurt le 19 septembre [4] 1852 à Villefranche-de-Rouergue, et est inhumée quatre jours plus tard dans le jardin des Cordeliers, près du petit oratoire de Notre Dame de la Salette, où des guérisons sont obtenues grâce à son intercession.
Son corps est conservé dans la crypte de la chapelle du couvent de la Sainte-Famille. Elle est béatifiée le 9 juin 1940 et canonisée le 23 avril 1950 par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939–1958). [5]
- La pédagogie qu’Emilie Rodat met en œuvre est empreinte de douceur, de patience, de fermeté. Elle insiste sur la totale bienveillance avec laquelle elle considérait ses élèves.[↩]
- Eléonore Dutriac, Marie Boutaric et Ursule Delbreil.[↩]
- Cette Congrégation comprenait deux sortes de Religieuses : les cloîtrées, qui se vouaient à l’instruction des filles pauvres, et les autres, qui allaient soigner les malades indigents à domicile, ainsi que les orphelins et les prisonniers.[↩]
- Martyrologe romain, à la date du 19 septembre : « A Druelle, au diocèse de Rodez, en France, sainte Marie Guillaume Emilie de Rodat, vierge, fondatrice de la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille. Elle consacra tous ses soins à l’éducation des jeunes filles et au soulagement des pauvres. Le souverain pontife Pie XII l’a placée parmi les saintes Vierges ».[↩]
- A sa mort, le 19 septembre 1852, elle laisse une Congrégation en plein essor.[↩]