S.O.S Mamans – Journal de bord n° 38

Jeudi 7 jan­vier 2010

Nous sommes en deuil. Avant-​hier Zenia a avorté.

Elle est pros­ti­tuée russe à Paris. Elle nous avait contac­tés car des « copines de tra­vail » lui avaient don­né notre numé­ro de télé­phone, disant que nous avons aidé des pros­ti­tuées russes à retour­ner en Russie quand elles étaient enceintes, pour échap­per à l’a­vor­te­ment de leur bébé impo­sé de force par leurs sou­te­neurs. Mais pour Zenia nous n’a­vions pas assez de liquide (il faut envi­ron 750 Euro pour le camion­neur, 2 cartes télé­pho­niques Russie-​France de 50 E cha­cune dont une pour elle et une pour le chauf­feur, 100 Euro d’argent de poche, et sou­vent quelques vête­ments chauds pour le voyage en camion…). Il est vrai que ces sau­ve­tages doivent se faire dans la jour­née, ou au plus tard sous 24 heures. La preuve est là. La vie a un prix, et ça se paye, si l’on veut ou non. « Faites vous des amis au Ciel avec le Mammon », dit Jésus. Bref, nous sommes en deuil.

Cet inci­dent dra­ma­tique pour nous, mais sur­tout pour la jeune femme elle-​même qui nous reproche amè­re­ment notre défaillance – fatale pour le bébé – nous a cho­qués et nous marque encore pro­fon­dé­ment. Sommes-​nous cou­pables ? Est-​ce que nous avons assez son­né les cloches ? Est-​ce que nous avons ten­du la main dans la rue pour trou­ver l’argent néces­saire pour sau­ver une vie ? Deux impli­ca­tions lourdes pour notre conscience : d’abord nous lui avions dit OK pour le voyage d’évacuation, mais d’attendre un peu, disons 2 ou 3 semaines, pour trou­ver l’argent néces­saire. Elle trou­ve­rait bien un moyen de dis­si­mu­ler sa gros­sesse débu­tante … mais elle avait déjà par­lé à son sou­te­neur. Ou alors de faire attendre celui-​ci en disant qu’elle attend ses pro­chaines règles pour être sûre. Peine per­due, le sou­te­neur a agi tout de suite, dans les 2 jours qui sui­virent. Ce qui prouve de nou­veau que dans ce genre de sau­ve­tage tout doit être fait tout de suite, sans confor­table plan­ning tem­po­rel pos­sible. D’ailleurs en conseillant « d’attendre un peu », nous savions qu’elle était obli­gée, le même soir, de conti­nuer son abjecte tra­vail de pros­ti­tuée, et pas seule­ment ce soir-​là. Oui, déjà là nous nous sen­tions cou­pables. Ensuite voi­ci la situa­tion nou­velle où nous regar­dons tous dans le vide : il n’y a plus de bébé ! Eh bien, en vou­lant sau­ver l’agneau tom­bé dans le puits, c’est comme si nous étions tom­bés avec. Nous nous trou­vons aus­si au fond du puits. Il n’y a plus qu’un petit rond clair en regar­dant vers le haut. Y appa­raît… notre Sauveur Jésus.

Quintessence : il fau­drait dis­po­ser d’un magot de 5000 Euro en liquide, plan­qué quelque part dans un pla­card bien caché. Selon la loi, c’est impos­sible, car même si SOS MAMANS a de l’argent en banque, accu­mu­lé par des dons reçus en chèques, une asso­cia­tion 1901 ne peut trans­for­mer cet argent en liquide ; seule­ment les per­sonnes qui détiennent un compte ban­caire le peuvent. En plus, nor­ma­le­ment – sauf cas excep­tion­nel – les asso­cia­tions n’ont même pas droit à une carte de cré­dit, puisqu’il n’y a pas de salaire qui entre régu­liè­re­ment. Toute cette poli­tique est ren­for­cée par le fait que les banques évitent de plus en plus l’argent liquide, soit-​dit à cause des bra­queurs. Donc, pour avoir de l’argent liquide, il faut pas­ser d’abord par un trans­fert vers un compte per­son­nel (ce qui est en règle géné­ral inter­dit, car les comptes ban­caires des indi­vi­dus peuvent rece­voir uni­que­ment les salaires et trai­te­ments), et ensuite cette per­sonne nous donne en espèces ce mon­tant en uti­li­sant sa carte bleue au dis­tri­bu­teur de billets. Bref, l’idéal serait qu’un dona­teur nous remet­trait une somme de 5000 Euro en liquide (nous nous trans­for­me­rions volon­tiers en convoyeur de fond pour aller cher­cher ce magot n’importe où en France, reçu fis­cal garan­ti). C’est juste un petit rêve de sau­ve­teurs. C’est sûr, avec ce sys­tème, Zenia aurait pu gar­der son bébé, douillet­te­ment ins­tal­lée dans l’arrière-cabine d’un camion en route vers sa Sainte Russie ennei­gée, en fre­don­nant dou­ce­ment – et pour la pre­mière fois en toute tran­quilli­té – la ‘Kalinka’ pour son tout petit. Aurait-​ce été son nom ? C’est trop tard. – Que Dieu accorde que cela ne nous arrive jamais plus !

Mardi 9 mars 2010

Cette fois-​ci c’est bon. Nikita est bien repar­tie en Russie, presque en répa­ra­tion de ce qui nous est arri­vé fin jan­vier. Deo gra­tias. Entre temps plein de nais­sances inter­viennent, fruit des sau­ve­tages anté­rieurs : Katy le 17 jan­vier, Ysate le 19 jan­vier, Marina éga­le­ment le 19 jan­vier, Benjamin le 14 février, Yvan le 15 février, Andy le 4 mars, Liza le 8 mars, Coraline le 9 mars…

Et les nou­velles arri­vées ? Elles s’appellent Nadège, Ilga, Jannina, Milena, Melimba, Isabeau, Marinette et Aglaé. La plu­part d’entre elles furent dans la rue quand nous les avons ren­con­trées, expul­sées par leurs concu­bins en rai­son de leur gros­sesse, et main­te­nant déses­pé­rées dans cette situa­tion. Si elles n’étaient pas tom­bées sur nous, elles auraient sûre­ment, presque par la force des choses, avor­té leurs bébés. « On va pas faire un bébé dans la rue, non ? » croient-​elles. La faute ? L’HOMME, ou plu­tôt l’omelette, le dra­gueur marié, le concu­bin imma­ture, la fri­pouille. Nous sommes aujourd’hui convain­cus que le pro­blème de l’avortement est en pre­mière ligne le pro­blème de l’HOMME qui n’assure plus. La pater­ni­té ? On s’en moque. La consé­quence ? C’est à la maman à por­ter toute seule la res­pon­sa­bi­li­té face à la vie nais­sante en elle. Bien sûr, il ne faut pas tota­le­ment excu­ser les femmes et jeunes filles, elles ont bien consen­ti, dans la plu­part des cas. Mais si l’homme est, sui­vant l’Evangile, le ‘chef’ de la femme (ou plu­tôt le mari le ‘chef’ de l’épouse, mais le mariage a pra­ti­que­ment ces­sé d’exister entre les jeunes gens), sa culpa­bi­li­té est pré­pon­dé­rante et déci­sive. Au lieu d’appliquer la peine de mort aux bébés inno­cents (IVG), il vau­drait mieux l’appliquer à ces irresponsables-​là, car ce qu’ils font là est un crime gra­vis­sime, ou plu­tôt un triple crime : contre le bébé (mis à mort), contre la femme (abu­sée et dégra­dée), et contre Dieu (gra­ve­ment offen­sé). Pour ces hommes-​là SOS MAMANS n’a pas de recette, sauf de prier pour eux, afin qu’ils reviennent à la noble voca­tion que Dieu leur a réser­vée sur terre : être à Son image, à l’image d’un Dieu Créateur, aimant, se sacri­fiant pour les siens jusqu’à la Croix.

Bilan au 15 mars 2010 : 627 bébés (et mamans) sau­vés du dan­ger immi­nent de l’avortement, 42 mamans enceintes actuel­le­ment en héber­ge­ment par nos soins, 83 bébés sau­vés encore à naître. Caisse : moins 3586 Euro, donc en défi­cit impor­tant… Mais Dieu pour­voi­ra, c’est Lui l’unique Sauveur.

Cher lec­teur, chère lectrice,

Vous faites par­tie de nos dona­teurs ou coopé­rants, et nous nous ferons une joie de par­ta­ger régu­liè­re­ment avec vous, par le biais des extraits de notre “Journal de bord”, nos joies et nos peines. Ce “Journal” devient un monu­ment de l’es­pé­rance, prou­vant que le crime de l’a­vor­te­ment peut être vain­cu par la cha­ri­té chrétienne.

Nous sommes fiers et heu­reux de savoir tant de gens (1 000 envi­ron) à nos côtés. Ils font véri­ta­ble­ment par­tie de l’é­quipe de SOS MAMANS, mer­ci, et en avant !

S.O.S Mamans

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