vers 80

Saint Sidoine

Jésus ayant dit qu’Abraham avait vu son jour, les Juifs lui répli­quèrent : Tu n’as pas encore cin­quante ans, et tu as vu Abraham ? Jésus leur dit : En véri­té, en véri­té, avant qu’Abraham eût été fait, je suis. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sor­tit du Temple. Et comme il pas­sait, Jésus vit un homme aveugle de nais­sance au sujet duquel il ins­trui­sit ses dis­ciples, puis cra­cha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frot­ta de cette boue les yeux de l’aveugle. Et il lui dit : Va, lave-​toi dans la pis­cine de Siloé (ce qu’on inter­prète par Envoyé). Il s’en alla donc, se lava, et revint voyant clair. De sorte que ses voi­sins et ceux qui l’avaient vu aupa­ra­vant men­dier, disaient : N’est-ce pas celui-​là qui était assis et men­diait ? D’autres disaient : c’est lui. Et d’autres : Point du tout, seule­ment il lui res­semble. Mais lui disait : C’est moi. Ils lui deman­daient donc : Comment tes yeux ont-​ils été ouverts ? Il répon­dit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il a frot­té mes yeux, et m’a dit : Va à la pis­cine de Siloé, et lave-​toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et je vois. Ils lui deman­dèrent : Où est-​il ? Il répon­dit : Je ne sais. Alors ils ame­nèrent aux pha­ri­siens celui qui avait été aveugle. Or c’était un jour de sab­bat que Jésus fit de la boue et ouvrit ses yeux. Les pha­ri­siens lui deman­dèrent donc aus­si com­ment il avait vu. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. Alors quelques-​uns d’entre les pha­ri­siens disaient : cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde point le sab­bat. Mais d’autres disaient : Comment un pécheur peut-​il faire de tels miracles ? Et il y avait divi­sion entre eux. Ils dirent donc encore à l’aveugle : Et toi, que dis-​tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Il répon­dit : c’est un pro­phète. Mais les Juifs ne crurent point de lui qu’il eût été aveugle et qu’il eût recou­vré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appe­lé les parents de celui qui avait recou­vré la vue ; et ils les inter­ro­gèrent, disant : Est-​ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-​il main­te­nant ? Ses parents leur répon­dirent et dirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle ; Mais com­ment il voit main­te­nant, nous ne le savons : ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons ; interrogez-​le : il a de l’âge, qu’il parle pour lui-​même. Ses parents dirent cela, parce qu’ils crai­gnaient les Juifs ; car déjà les Juifs étaient conve­nus ensemble que si quelqu’un confes­sait que Jésus était le Christ, il serait chas­sé de la syna­gogue. C’est pour­quoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-​le lui-​même. Ils appe­lèrent donc de nou­veau l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur. Mais il leur dit : S’il est pécheur, je ne sais ; je sais une seule chose, c’est que j’étais aveugle, et qu’à pré­sent je vois. Ils lui répli­quèrent donc : Que t’a‑t-il fait ? Comment t’a‑t-il ouvert les yeux ? Il leur répon­dit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez enten­du, pour­quoi voulez-​vous l’entendre encore ? Est-​ce que, vous aus­si, vous vou­lez deve­nir ses dis­ciples ? Ils le mau­dirent donc, et dirent : Sois son dis­ciple, toi ; mais nous, nous sommes dis­ciples de Moïse. Nous savons que Dieu a par­lé à Moïse ; mais celui-​ci, nous ne savons d’où il est. Cet homme reprit et leur dit : Mais il y a en cela une chose éton­nante, c’est que vous ne sachiez d’où il est, et il a ouvert mes yeux ; cepen­dant nous savons que Dieu n’écoute point les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volon­té, c’est celui-​là qu’il exauce. Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-​né. Si celui-​ci n’était pas de Dieu, il ne pour­rait rien faire. Ils répli­quèrent et lui dirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et l’ayant ren­con­tré, il lui deman­da : Crois-​tu au Fils de Dieu ? Celui-​ci répon­dit et dit : Qui est-​il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Et Jésus lui dit : Mais tu l’as vu, et c’est lui-​même qui te parle. Et celui-​ci reprit : Je crois, Seigneur ; et se pros­ter­nant, il l’adora.

Cet aveugle-​né s’appelle Sidoine1. Il sui­vit le Christ, et comp­tait par­mi les soixante-​douze dis­ciples que Jésus-​Christ enver­ra peu après deux à deux dans toutes les villes où lui-​même devait venir. Un évêque hagio­graphe rap­porte une tra­di­tion selon laquelle Sidoine fut bap­ti­sé après l’Ascension de Jésus-​Christ par un Apôtre, et qu’il sui­vit spé­cia­le­ment saint Maximin((Dont la vie fut rela­tée dans L’Etoile de la Mer de juin 2014.)).

Vers l’an 35, les juifs se sai­sirent de Maximin, Lazare, Joseph d’Arimathie, Marthe, Marie Madeleine, Marie Jacobé, Marie Salomé, Sara, leur ser­vante, Sidoine, Marcelle, ser­vante de Marthe, Parménas, autre des 72 dis­ciples et diacre par­mi les sept premiers.

Les juifs jetèrent ces onze chré­tiens, ou plus, dans une barque ava­riée et la lar­guèrent, sans rames ni voiles, au gré des vents médi­ter­ra­néens. Nul doute que les Anges pro­té­gèrent l’embarcation qui arri­va au Grau d’Orgon, embou­chure du Petit Rhône (Saintes-​Maries-​de-​la-​Mer). En remer­cie­ment, ils édi­fièrent et dédièrent là un autel de for­tune à Notre-​Dame-​de-​la-​Mer qui ne sera détruit qu’à la Révolution. Dieu fit sourdre de l’eau douce qui per­mit à Marie Jacobé, Marie Salomé et Sara d’y demeurer.

La nou­velle de cette arri­vée cou­rut jusqu’à Marseille où les Phocéens virent dans la sur­vie de ces res­ca­pés un signe divin. Cette heu­reuse dis­po­si­tion enga­gea le res­tant de la troupe à évan­gé­li­ser incon­ti­nent le port pro­ven­çal. Ils y vécurent d’abord sous le péri­style d’un petit temple aban­don­né près de celui de Diane. Ste Marie-​Madeleine prê­cha auprès de païens venant hono­rer Diane. Le pre­mier jour, plu­sieurs demandent le bap­tême. Le gou­ver­neur de Massilia et sa femme entendent aus­si un prêche de la sainte, mais sans y acquies­cer. La nuit sui­vante, Marie-​Madeleine appa­raît en songe à cha­cun d’eux se plai­gnant de leur incré­du­li­té ; le len­de­main, s’étant com­mu­ni­qué leur songe, ils vont accueillir la troupe apos­to­lique et se conver­tissent allant jusqu’à faire détruire les temples païens. Lazare devient le pre­mier évêque de Marseille.

Le res­tant de la troupe pour­suit sa course vers Aix où Maximin fit des miracles et Marie-​Madeleine prê­cha. Maximin demeure à Aix dont il est le pre­mier évêque, en com­pa­gnie de Sidoine qui lui succédera.

Au terme de la vie ter­restre de sainte Marie-​Madeleine, les Anges la por­tèrent de la Ste-​Baume à Aix, à l’oratoire édi­fié par Maximin, où elle décé­da en pré­sence de Maximin, Sidoine et des pre­miers prêtres aixois vers l’an 77. Saint Maximin puis saint Sidoine décé­dèrent ensuite en paix.

Fin 1793, Lucien Bonaparte pro­té­gea l’église de St-​Maximin de la des­truc­tion en ins­cri­vant sur la porte : Fournitures mili­taires ! Le calme reve­nu, on retrou­va dans la sacris­tie deux osse­ments de S. Maximin, le chef de S. Sidoine et quelques autres. Au cours du XXème siècle, les reliques de Maximin, du crâne de Sidoine, et celles des saints Laurent et Dominique furent oubliées au fond d’un pla­card jusqu’à ce qu’un Recteur les remarque la veille de Noël 2013, et les remettent à l’honneur.

La pré­cé­dente église de Puget-​Ville, près du cime­tière, était dédiée à St Sidouane.

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

  1. Ou Cedonius ; ou encore en fran­çais : Chélidoine ou Saëns. []