Saint Véran est patron de la ville de Vence
Saint Véran [1] est le fils aîné du sénateur saint Eucher et de sainte Jalle, établis en pays d’Aigues. Adulte, Eucher se convertit au catholicisme.
Peut-être parce que des barbares Alains ou Burgondes tuaient les hommes et emmenaient les garçons, il semble que devant l’invasion, en 416, Galla, enceinte de Salonius, put demeurer en sûreté sur place, tandis qu’Eucher et Véran se retirèrent au monastère de Lérins.
Là, Véran, avec les autres cénobites, vit sous la houlette du fondateur, saint Honorat [2]. Un jour que Véran peinait à creuser pour trouver une source, Honorat, tel un nouveau Moïse, fit couler miraculeusement une source à partir d’un rocher.
L’invasion passée, il semble qu’Eucher soit allé chercher sa famille pour demeurer, non plus avec les cénobites sur l’île principale, mais sur l’île de Lero (Ste-Marguerite), confiant l’éducation de Salonius et de Véran aux auspices successives des saints Hilaire, Salvien et Vincent [3].
Puis, Eucher se rapatrie avec Galla à Beaumont-de-Pertuis, reclus dans un réduit rocheux.
Eucher dédie l’opuscule Formules du discernement spirituel à son fils Véran devenu ermite dans les Alpes-Maritimes.
En 434, Eucher devient archevêque de Lyon. Dès 440, Salonius est évêque de Genève, tandis que Véran ne sera évêque de Vence qu’en 446.
En 450, Véran, son frère Salonius et saint Cérat, évêque de Grenoble, écrivent au pape Léon une lettre, lui soumettant un texte contre l’hérésie monophysite d’Eutychès qui risquait d’atteindre l’Occident. Dans la même ligne, St Véran a vraisemblablement assisté au concile d’Arles de décembre 451.
Vence et les autres évêchés des Alpes-Maritimes n’étaient plus suffragants d’Arles, mais, depuis 445, d’Embrun, sur décision du pape saint Léon. Cependant Auxanius, évêque d’Aix, revendiquait une suprématie sur les Alpes-Maritimes. St Véran et les autres évêques des Alpes-Maritimes écrivirent donc au pape Léon, lequel reprocha à Ingénuus, évêque d’Embrun, de n’avoir pas défendu ses droits contre la prétention de l’évêque d’Aix. Le pape suivant, saint Hilaire, un temps circonvenu par l’évêque d’Aix, rendra ensuite à l’évêque d’Embrun tous ses droits, grâce à la lettre que saint Véran avait adressée au pape précédent.
St Mamert, archevêque métropolitain de Vienne, voulant contrer l’arianisme, vint confirmer l’élection de saint Marcel [4] et l’ordonna prêtre et évêque de Die en 463. Ce sacre fut reproché pour avoir lésé la prérogative de l’archevêque métropolitain d’Arles. Sur la dénonciation du roi Gondioc, le pape saint Hilaire 1er envoya une lettre le 10 octobre 463 à Léonce, archevêque d’Arles, demandant qu’un concile fît une enquête. St Véran participa à ce concile d’Arles, avec dix-neuf autres évêques. En réponse, le 24 février 464, le pape déclare vouloir user d’indulgence envers St Marcel, et charge St Véran de menacer St Mamert de lui enlever ses quatre évêchés suffragants s’il ne respectait pas les limites de sa province.
Après la chute de l’empire romain d’Occident du 4 septembre 476, Euric [5], roi arien [6] des Wisigoths, en profita pour envahir la Provence ! Il combattit d’abord les Burgondes au nord, puis pénétra la Provence. Les Vençois étant menacés par l’avancée des goths, la légende raconte que St Véran les emmena en sûreté dans une forteresse sous le Baou [7], puis, revêtu d’insignes épiscopaux et empoignant la crosse, il se dirige sur sa mule vers le camp d’Euric, accompagné d’un enfant qui portait une croix.
Véran apostropha Euric : « Je suis Véran, évêque de Vence. Je viens te supplier d’épargner ma cité et ses habitants, ô toi roi des païens » ; Euric fait tournoyer son épée au dessus de la tête du prélat qui priait à voix basse, quand l’épée se planta dans un arbre ; Euric s’avança vers Véran et lui dit : « Evêque, si mon arme demain est fleurie, je t’épargnerai, toi et ta cité » ; Véran se retira prier près de l’arbre jusqu’au matin. A l’aube, l’épée est fleurie car pendant la nuit un liseron rouge s’était enroulé autour de l’épée. Le soir, Euric leva le siège et Vence fut sauvée. Ce qui valut à Véran le surnom de « Defensor civitatis », avant de décéder en septembre 481. Son corps fut enseveli dans l’église cathédrale de Vence. En 481, il est canonisé.
Au sixième siècle fut érigée une église St-Véran à Cagnes-sur-Mer, près de Lérins, puis un monastère St-Véran en 1010.
Saint Lambert Péloguin [8], évêque de Vence de 1114 à 1154, envoya des reliques de saint Véran, pour qui il avait une grande dévotion, à Bauduen [9], alors dans le diocèse de Riez, mais depuis dans celui de Fréjus-Toulon.
En 1466, Rafaël Monso, évêque de Vence, fit exhumer le corps de saint Véran ; son chef fut déposé dans un buste d’argent qui fut fondu sous la révolution, avant d’être réintroduit en 1825 dans un buste de bronze doré.
St Véran, cité au martyrologe de St-Jérôme et au martyrologe Romain au 11 novembre, comme ayant été enseveli à Lyon [10], est cité au martyrologe de France au 9 septembre, et dans le diocèse de Fréjus-Toulon au 11 septembre, mais fêté communément le 10 septembre.
St Véran est le patron de Vence.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu
- A ne pas confondre avec St Véran, évêque de Cavaillon (-19.10.589), patron du célèbre village éponyme.[↩]
- L’Etoile de la Mer, janvier 2014.[↩]
- L’Etoile de la Mer, juin 2013.[↩]
- L’Etoile de la Mer, avril 2013.[↩]
- Euric s’était tenu au bord du Rhône, aussi l’empereur romain Anthémius envoya des légats pour le dissuader d’envahir la Provence. Peine perdue, Euric les fit massacrer, traversa le Rhône en 471 et ravagea l’ouest de la Provence. En 474, Népos, nouvel empereur romain d’Occident, concède l’Auvergne à Euric à la condition de ne plus pénétrer en Provence…[↩]
- Les ariens niaient la divinité du Christ.[↩]
- Appelé le Baou des Blancs depuis que les Pénitents Blancs y montaient chaque année en pèlerinage.[↩]
- L’Etoile de la Mer, mai 2018.[↩]
- Ville natale de St Lambert, au bord du Verdon au lac de Sainte-Croix.[↩]
- Peut-être en raison de l’occupation wisigothique.[↩]