Le Martyrologe de France mentionnait au 2 septembre : « A Fréjus et à Avignon, saint Agricole ou Arigle, évêque et premier patron d’Avignon ».
Agricole serait né en Avignon vers 617, de saint Magne, d’origine romaine sénatoriale, gouverneur d’Avignon, et de Gandaltrude, d’origine gauloise. A peine atteignait-il sa quatorzième année que, poussé par la vocation religieuse, Agricole se retire de sa famille pour entrer au monastère de Lérins. A 16 ans, il prononça sa profession monastique. Son père le rejoignit comme cénobite au monastère de Lérins.
Au décès d’Edme, évêque d’Avignon, en 644, Magne fut sacré évêque. Agricole vécut pendant 16 ans aux îles de Lérins, sous l’abbatiat des saints Maxime II, Eucher et Vincent, lequel le fit ordonner prêtre pour le monastère ; peu après, St Magne, évêque depuis deux ans, appela son fils à Avignon pour en faire son archidiacre en 646.
St Magne sentant sa fin approcher, consulta le clergé et les notables de la cité pour lui indiquer un successeur : à l’unanimité Agricolel fut désigné. St Magne le sacra évêque pour être son coadjuteur. Ainsi, au décès de son père, le 19 août 660, Agricole devint évêque titulaire d’Avignon.
St Agricole réussit tellement à remplir l’unique église de la ville, qu’il fit transformer sa maison natale en église qu’il fera desservir par des cénobites lériniens, ainsi qu’un couvent de bénédictines dont sainte Victoire fut la première abbesse. Il fit ensuite construire quatre autres églises (Sts-Pierre-et-Paul, St-Didier, St-Symphorien, St-Genès) qu’il fit tenir par d’autres cénobites lériniens.
Saint Agricole participa à la cérémonie de fondation du monastère de Malaucène sous l’épiscopat de Pétrone Aridius, évêque de Vaison. Il arriva qu’Avignon fut touchée par une invasion extraordinaire de cigognes qui, se nourrissant notamment de reptiles, en accumulaient les restes sur les toitures, empestant la ville ; saint Agricole prononça une bénédiction, et elles se dissipèrent en emportant leurs dépouilles. C’est pourquoi l’écusson de l’Eglise d’Avignon représente une cigogne.
L’usage de chant alternatif au chœur qui trouve son origine à Antioche, et avait été promulgué à la fin du quatrième siècle par le saint pape Damase, ne fut introduit en Gaule que par saint Patient à Lyon un siècle plus tard, et encore deux siècles plus tard par saint Agricole à Avignon, avant qu’il ne soit généralisé sur ordre de Pépin le Bref.
Sentant son décès approcher, Agricole fonda une messe solennelle à perpétuité pour le repos de son âme. Il recommanda aussi l’élection de son successeur en la personne de Vérédème, un anachorète grec qui vivait en ermite dans la campagne d’Avignon. Il consacra ses biens à la Sainte Vierge en les donnant à son Eglise. Il affranchit tous ses esclaves et les enrichit, suivant en cela la recommandation de la reine sainte Bathilde qui régentait le royaume des Francs au début de l’épiscopat d’Agricole.
Il décéda le 2 septembre de l’an 700. Suivant son désir il fut enseveli dans l’église St-Pierre (aujourd’hui St-Joseph).
En 1321, Jean XXII transféra ses reliques dans la nouvelle église Saint-Agricole. De nombreux miracles eurent lieu auprès de sa tombe et lors de pèlerinages en son honneur aux oratoires dédiés à Saint Agricole dans les alentours provençaux.
En 1628, le Rhône menaçant d’inonder la ville, les avignonnais implorèrent saint Agricol qui leur obtint de Dieu la baisse des eaux. C’est pourquoi, en 1647, saint Agricole est nommé patron d’Avignon.
Lors de la Révolution, un curé assermenté, Pignatelli, cacha les reliques de saint Magne et de saint Agricole. Elles furent remises à la vénération des fidèles en 1810.
Dans le diocèse de Fréjus-Toulon, sa fête fut transférée au 4 septembre. St Agricole est représenté accompagné d’une grue ou d’une cigogne.
Abbé L. Serres-Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X