Né à Embrun, et mort vers 441.
Le diocèse de Fréjus célèbre conjointement le 15 février deux évêques avec lesquels il conserve un certain lien : saint Armentaire, et saint Quinide [1], évêque de Vaison-la-Romaine.
Saint Armentaire[2]est né à Embrun. Au printemps[3] 437, le diocèse d’Embrun n’avait plus d’évêque. Le jeune Armentaire fut sacré évêque d’Embrun illicitement en 438, par deux évêques de passage[4], sans l’autorisation de saint Hilaire, archevêque métropolitain d’Arles, sur la pression d’une faction de laïques. Armentaire ayant reconnu cette irrégularité, s’éloigna, puis revint à Embrun.
Au concile de Riez du 29 novembre 439, les deux évêques consécrateurs, ayant fait valoir qu’il avaient été induits en erreur, furent seulement interdits de consécration épiscopale et d’assistance à un concile provincial. Quant à Armentaire, le concile reconnût qu’il avait été élevé dans la crainte du Seigneur, et le dégrada au rang de chorévêque[5] et de curé d’une seule paroisse dans le diocèse d’un évêque qui l’accepterait. Son pouvoir épiscopal était réduit à conférer la Confirmation et à consacrer les vierges dans sa paroisse.
C’est vraisemblablement suite à cette disposition qu’Armentaire, accueilli par Théodore[6], évêque de Fréjus, fit pénitence au monastère de Lérins, puis fut envoyé évangéliser Griminum (Draguignan). Là, Armentaire en chassa, par sa prière, un insolite dragon, d’où le nom ultérieur de la cité (Draco-Griminum : Draguignan)[7].
Saint Ménelphale, évêque d’Aix étant décédé vers 440[8], un 22 avril, c’est un saint Armentaire, fêté le 7 octobre[9], qui le remplaça et qui fut inhumé près de saint Ménelphale dans l’église St-Laurent, puis transférés dans l’église St-Sauveur d’Aix… saint Armentaire, évêque d’Aix mort vers 450, est fêté un 7 octobre, alors que l’autre est fêté en janvier, février ou mai, à moins que ces dates différentes ne célèbrent des événements différents à la gloire du même évêque, la tradition aixoise pouvant retenir une date comme celle de son intronisation, par exemple…
Le concile d’Orange, du 8 novembre 441, statua qu’un évêque sacré sans mandat mais néanmoins digne, serait évêque à la place de l’un des deux consécrateurs. Les noms des deux consécrateurs ne nous sont pas parvenus.
Armentaire aurait été nommé premier évêque d’Antibes. Les communications jadis plus difficiles nécessitaient des diocèses plus petits et plus nombreux qu’aujourd’hui. Ainsi se forma entre les diocèses de Fréjus et de Nice, celui d’Antibes[10].
Armentaire participa au premier concile de Vaison du 13 novembre 442, présidé par saint Nectaire, évêque de Vienne. Ce concile insista sur l’unicité divine de la Trinité en citant notamment la seconde épitre de saint Clément aux Corinthiens, et édicta dix canons de discipline ecclésiastique.
On garde trace d’une supplique, dont Armentaire était cosignataire avec dix-huit autres évêques, au pape saint Léon 1er, au sujet de Ravennius, archevêque d’Arles depuis juin 449.
Saint Armentaire décéda un 16 février [11], en odeur de sainteté [12], après l’an 451[13], et l’on conserve ses reliques [14] dans la chapelle de Draguignan qui porte son nom (St-Hermentaire). Son corps fut sauvé de la fureur des protestants et des révolutionnaires.
On faisait encore au XIXe siècle des processions depuis les alentours pour implorer les suffrages souvent efficaces de ce saint.
Le diocèse de Fréjus l’a associé à saint Quinide au 15 février. Hermentaire est patron de Draguignan où il est fêté le 22 mai. Il guérissait de la peur, obtenait la pluie, pendant douze siècles son culte attirait des pèlerins de Nice et du Dauphiné [15]. Son culte fut aussi célébré à Grasse, Barjols, Tourves et Cuers.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- L’Etoile de la Mer de février 2013 relate sa vie.[↩]
- A ne pas confondre avec saint Armentaire, évêque de Pavie, décédé au VIIIe siècle, un 30 janvier, comme notre saint Armentaire.[↩]
- La Gaule Chrétienne à l’époque Romaine, Elie Griffe, p.155.[↩]
- 158 : les évêques d’Aix (Auxanius depuis 439 ? [wikipedia], et celui de Marseille, Vénérius, étaient absents aux conciles de Riez et d’Orange).[↩]
- Un chorévêque était un évêque dépendant d’un évêque diocésain ou métropolitain. Aujourd’hui on pourrait dire un évêque auxiliaire.[↩]
- Théodore succéda à saint Léonce, décédé le 1er décembre 432, et eut pour successeur saint Ausile vers 460.[↩]
- Comme la tarasque tuée par l’eau bénite lancée par sainte Marthe, occasionna le nom de Tarascon.[↩]
- Guérin.[↩]
- Guérin.[↩]
- Le siège d’Antibes fut transféré à Grasse au XIIIe siècle.[↩]
- Ramsgate : 30 janvier : erreur avec celui de Pavie ?[↩]
- Archives d’HADFT oct.1936, p.101.[↩]
- Ramsgate.[↩]
- Guérin, 16.2 in fine.[↩]
- Calendrier des fêtes provençales, p.51.[↩]