LAB de l’école Saint-​Bernard de Bailly – Se détendre avec un bon film ?,

Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste

Mai 2014
Se détendre avec un bon film ?

Il est très agréable, pour se détendre, de regar­der un film. Est-​ce pour autant légi­time ? On peut divi­ser les films en trois caté­go­ries : les films clai­re­ment bons, les films clai­re­ment mau­vais, et enfin les autres films.

1) les films clairement bons

Il s’a­git des films ins­pi­rés de prin­cipes catho­liques. Le pape Pie XI écri­vait à ce sujet :

« le pro­blème du ciné­ma serait réso­lu radi­ca­le­ment et très heu­reu­se­ment si on pou­vait arri­ver à pro­duire des films ins­pi­rés par les prin­cipes chré­tiens. Aussi, ne cesserons-​nous jamais de louer ceux qui se consacrent ou qui se consa­cre­ront à cet art. Qu’ils s’ef­forcent tou­te­fois de faire en sorte que leurs films expriment vrai­ment l’i­déal chré­tien et contri­buent à la véri­table édu­ca­tion des masses ! »[1].

Un catho­lique peut regar­der ces films en toute tran­quilli­té de conscience. Cependant, force est de consta­ter que de tels films sont extrê­me­ment rares aujourd’­hui. Des films comme Monsieur Vincent ou Les Cristeros, mal­gré leurs défauts et leurs lacunes his­to­riques, peuvent être ran­gés dans cette catégorie.

Certains se sont deman­dé si le mal et le péché pou­vaient être repré­sen­tés dans un film vrai­ment catho­lique. Le pape Pie XII [2]) a répon­du affir­ma­ti­ve­ment à cette ques­tion. Il explique que le péché peut être l’ob­jet prin­ci­pal d’un bon film, comme il peut être l’ob­jet d’une œuvre lit­té­raire, pour­vu que la faute ne soit pas dis­si­mu­lée par des voiles trom­peurs, ni exal­tée ou jus­ti­fiée, mais qu’elle soit au contraire enve­lop­pée d’une atmo­sphère d’hon­nê­te­té et de pure­té grâce à laquelle le spec­ta­teur est inci­té de façon évi­dente à condam­ner le mal. Un tel film peut aider à être plus clair­voyant et peut ame­ner à se dire « Prends garde à toi-​même, de peur que tu ne sois aus­si ten­té » [3].

2) les films clairement mauvais

Il s’a­git des films qui contiennent au moins une scène contraire à la ver­tu de pure­té ou qui incitent au vice direc­te­ment ou indi­rec­te­ment, ain­si que les films qui tournent en ridi­cule la ver­tu ou la vraie reli­gion. Sont à clas­ser dans cette caté­go­rie les films qui pré­sentent le péché comme nor­mal ou admis­sible. Il s’a­git de la majo­ri­té des films qui passent aujourd’­hui au ciné­ma ou à la télévision.

Regarder de tels films consti­tue un péché qui, dans cer­tains cas, pour­ra être mor­tel. Le pape Pie XII disait à ce sujet :

« Comment ne pas fré­mir à la pen­sée que, par le moyen de la télé­vi­sion peut s’in­tro­duire dans les familles elles-​mêmes l’at­mo­sphère empoi­son­née de maté­ria­lisme, de fatui­té et d’hé­do­nisme que l’on res­pire trop sou­vent dans tant de salles de ciné­ma ? » [4].

3) les autres films

Certains films ne se classent dans aucune des deux caté­go­ries pré­cé­dentes. Ils ne contiennent aucune scène qui blesse la ver­tu de pure­té ou incite au vice. Mais l’i­déal chré­tien y est absent. C’est à leur sujet que le pape Pie XII met­tait en garde :

« Même les films mora­le­ment irré­pro­chables peuvent cepen­dant être spi­ri­tuel­le­ment nocifs s’ils découvrent au spec­ta­teur un monde où on ne fait aucune allu­sion à Dieu et aux hommes qui croient en lui et le vénèrent, un monde où les per­sonnes vivent et meurent comme si Dieu n’exis­tait pas » [5].

Il faut donc être pru­dent. En aucun cas de tels films pour­ront légi­ti­me­ment être regar­dés fré­quem­ment. Ils habi­tuent en effet l’âme à un esprit natu­ra­liste et païen. De plus, le spec­ta­teur est tou­jours por­té, de façon natu­relle, à admi­rer le héros de l’a­ven­ture qu’il regarde. En consé­quence, de façon tout aus­si natu­relle, il sera por­té à vou­loir l’i­mi­ter. Or, si le héros, bien que ni débau­ché ni anti­chré­tien, est ani­mé par un idéal trom­peur, le dan­ger pour le spec­ta­teur est bien réel. Pourtant, s’il existe une rai­son pro­por­tion­née, alors, dans cer­taines cir­cons­tances, de tels films pour­ront être légi­ti­me­ment regar­dés. Ainsi, lorsque le spec­ta­teur est mûr et bien for­mé, capable d’a­na­ly­ser le film avec un regard cri­tique, regar­der un tel film peut par­fois consti­tuer un acte bon.

On objec­te­ra peut-​être que ces cri­tères sont extrê­me­ment res­tric­tifs. Les appli­quer nous condui­ra inévi­ta­ble­ment à jeter à la pou­belle un grand nombre de DVD. Les bons films se comptent alors sur les doigts de la main. Il devient impos­sible de regar­der un film par semaine et dif­fi­cile de regar­der un film par mois.

Nous concé­dons cepen­dant volon­tiers l’ob­jec­tion : les bons films sont rares. Mais pre­nons le pro­blème du bon côté : que de temps gagné, si l’on res­pecte les règles don­nées ci-​dessus ! N’est-​il pas para­doxal d’en­tendre un chré­tien se plaindre de n’a­voir pas le temps de prier ou de bien s’ap­pli­quer à son devoir d’é­tat, alors qu’il regarde deux films par semaine ?

Par ailleurs, que de péchés seraient évi­tés si les films étaient mieux choi­sis ! Un seul film est par­fois suf­fi­sant pour bles­ser une âme pen­dant toute une vie, et par­fois même pour la condam­ner éternellement.

D’autre part, nous nous plai­gnons à juste titre de ce qu’il manque à notre jeu­nesse le sens de l’ef­fort et du sacri­fice. Mais est-​ce en ins­tal­lant confor­ta­ble­ment nos enfants dans un fau­teuil face à un écran que nous les aide­rons à pro­gres­ser ? Notre Seigneur nous a pré­ve­nus : « Le royaume des cieux souffre vio­lence, et ce sont les vio­lents qui l’emportent ! » [6].

Nous conseillons donc vive­ment aux catho­liques dési­reux de deve­nir des saints de pas­ser moins de temps devant leurs écrans et de ne se rendre au ciné­ma que de façon excep­tion­nelle. Nous conseillons aux parents chré­tiens sou­cieux de faire de leurs enfants des saints de faire preuve de dis­cer­ne­ment et de fer­me­té. Nombreuses sont les acti­vi­tés de détente plus enri­chis­santes et moins dan­ge­reuses pour les âmes : pra­tique d’un ins­tru­ment de musique, acti­vi­tés spor­tives ou cultu­relles, dis­cus­sions fami­liales ou ami­cales, jeux de socié­té, lec­ture, etc. Certes, ces diver­tis­se­ments exigent plus d’ef­forts que ne le demande le ciné­ma. Mais n’avons-​nous pas un idéal élevé ?

Que la sainte Vierge Marie nous donne la force de réa­li­ser les sacri­fices qui s’im­posent si nous vou­lons avan­cer chaque jour sur le che­min du Ciel.

Abbé Bernard de Lacoste, Directeur

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Notes de bas de page
  1. Vigilanti cura, 29 juin 1936[]
  2. Aux repré­sen­tants de l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique ita­lienne (Audience du 21 juin 1955[]
  3. Gal VI, 1[]
  4. Exhortation sur la télé­vi­sion, 1er jan­vier 1954[]
  5. Discours au per­son­nel ciné­ma­to­gra­phique ayant par­ti­ci­pé au Congrès à Rome, 28 octobre 1955[]
  6. Mat XI, 12[]

FSSPX

M. l’ab­bé Bernard de Lacoste est direc­teur du Séminaire International Saint Pie X d’Écône (Suisse). Il est éga­le­ment le direc­teur du Courrier de Rome.