Le cours de philosophie au lycée
A l’école Saint-Bernard, les élèves de première et de terminale étudient la philosophie de saint Thomas d’Aquin. Ils étudient aussi les autres philosophies, mais à la lumière des principes de la philosophie thomiste. Pourquoi choisir un tel maître ?
D’abord, parce que cette philosophie est vraie. Se soumettant au réel, elle est la métaphysique naturelle de l’esprit humain. A cause de la philosophie moderne, l’esprit humain est aujourd’hui attaqué par deux maladies mortelles : le scepticisme et le subjectivisme. Les philosophes sceptiques remettent tout en doute. A la suite de Descartes et de Hume, ils estiment que rien n’est sûr. Nos sens peuvent nous tromper. Ils ne sont pas fiables. Notre intelligence est faillible. Tout l’édifice de la connaissance naturelle de l’homme se trouve ainsi comme fracassé par la pelle mécanique du doute. C’est le suicide de la pensée.
Quant aux philosophes subjectivistes, au lieu de se soumettre au réel, ils veulent le fabriquer. A la suite de Kant et de Husserl, ils se coupent de la réalité extérieure pour construire un univers idéal et fictif. Le résultat est fascinant, séduisant, mais faux. La connaissance de la vérité devient radicalement impossible.
Face à ces deux périls mortels, saint Thomas d’Aquin montre que la vérité existe, que notre intelligence peut la connaître au moins partiellement, que notre connaissance sensible est valable et que le monde existe en dehors de notre cerveau. C’est évident ? Tel est précisément le drame de la pensée moderne : elle refuse l’évidence pour s’enfermer dans l’absurde. Faut-il s’étonner, dès lors, si nos contemporains, à l’école de tels maîtres, ont perdu leur bon sens ?
Aujourd’hui, nombreux sont les philosophes qui, à la suite de Sartre, prétendent qu’il n’y a pas de nature humaine.
« L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence, l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait »[1].
Dans cette perspective, les fondements de la morale naturelle s’effondrent. Dire qu’un acte est contre-nature devient un non-sens. Cette philosophie peut légitimer la théorie du genre, l’homosexualité, l’avortement et les pires barbaries.
Si l’on pose maintenant la question fondamentale de la finalité de l’homme, du but de sa vie, alors certains philosophes répondent avec Nietzsche que c’est le néant, que l’aboutissement de la vie de l’homme est le chaos ; d’autres estiment avec Kant et Hume que la question est insoluble. Faut-il alors s’étonner du désespoir de nos contemporains ? Saint Thomas au contraire démontre que la finalité de l’homme est le bonheur qui consiste dans la contemplation de Dieu. Le moyen pour atteindre cette fin réside dans la pratique de la vertu.
Une autre raison nous pousse à étudier la philosophie thomiste : elle contient le contrepoison de toutes les erreurs doctrinales modernes. Quand saint Pie X, au début du XXème siècle, analysait les causes du modernisme, il constatait :
« c’est d’une alliance de la fausse philosophie avec la foi qu’est né, pétri d’erreurs, le système moderniste »[2]. Et le saint pape qualifiait la philosophie thomiste d” « instrument nécessaire pour percer les confusions et dissiper les sophismes ». Il ajoutait : « Que les professeurs sachent bien que s’écarter de saint Thomas, surtout dans les questions métaphysiques, ne va pas sans détriment grave ».
De plus, la philosophie thomiste est compatible avec le dogme catholique, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres philosophies. Par exemple, la philosophie de Rousseau n’est pas compatible avec le dogme du péché originel. La philosophie de Kant n’est pas compatible avec le dogme d’après lequel l’existence de Dieu est démontrable. La philosophie de Freud n’est pas compatible avec le dogme de l’immortalité de l’âme humaine. La philosophie de Spinoza n’est pas compatible avec le dogme d’après lequel Dieu est distinct du monde. La liste pourrait se prolonger. Saint Thomas a bien montré au contraire, dans sa Somme Théologique, l’harmonie qui existe en la foi et la raison.
Un jour, un prétendu intellectuel osa s’exprimer ainsi :
« En tant que chrétien, je prie chaque jour et je crois en Dieu. En tant que philosophe disciple de Karl Marx, je suis matérialiste et j’affirme que Dieu n’existe pas ».
Une telle position intellectuelle est absurde. La vérité est une. Dieu, qui est l’auteur de la Révélation comme de la raison humaine, ne peut pas se contredire. Une incompatibilité entre la foi et la raison est donc totalement impossible. Ce prétendu intellectuel est gravement atteint dans sa santé mentale.
Le pape Jean XXII fit en 1318 cette déclaration mémorable :
« Saint Thomas a plus éclairé l’Eglise que tous les autres Docteurs ; en un an on apprend davantage dans ses livres que dans ceux des autres maîtres en toute une vie. » [3]
C’est donc en étudiant la doctrine de saint Thomas que les lycéens de Saint-Bernard sont armés intellectuellement pour garder la vérité, la défendre quand elle est attaquée et la répandre autour d’eux.
Abbé Bernard de Lacoste-Lareymondie, Directeur=
- L’existentialisme est un humanisme : ouvrage philosophique de Jean-Paul Sartre, publié en 1946 et considéré comme l’exposé de sa conception philosophique, l’existentialisme.[↩]
- Encyclique Pascendi[↩]
- Pape Jean XXII, Bulle de Canonisation Redemptionem Misit Dominus du 18 juillet 1323.[↩]