LAB de l’école St-​Bernard de Bailly – Le cours de philosophie au lycée

Le cours de philosophie au lycée

A l’é­cole Saint-​Bernard, les élèves de pre­mière et de ter­mi­nale étu­dient la phi­lo­so­phie de saint Thomas d’Aquin. Ils étu­dient aus­si les autres phi­lo­so­phies, mais à la lumière des prin­cipes de la phi­lo­so­phie tho­miste. Pourquoi choi­sir un tel maître ?

D’abord, parce que cette phi­lo­so­phie est vraie. Se sou­met­tant au réel, elle est la méta­phy­sique natu­relle de l’es­prit humain. A cause de la phi­lo­so­phie moderne, l’es­prit humain est aujourd’­hui atta­qué par deux mala­dies mor­telles : le scep­ti­cisme et le sub­jec­ti­visme. Les phi­lo­sophes scep­tiques remettent tout en doute. A la suite de Descartes et de Hume, ils estiment que rien n’est sûr. Nos sens peuvent nous trom­per. Ils ne sont pas fiables. Notre intel­li­gence est faillible. Tout l’é­di­fice de la connais­sance natu­relle de l’homme se trouve ain­si comme fra­cas­sé par la pelle méca­nique du doute. C’est le sui­cide de la pensée.

Quant aux phi­lo­sophes sub­jec­ti­vistes, au lieu de se sou­mettre au réel, ils veulent le fabri­quer. A la suite de Kant et de Husserl, ils se coupent de la réa­li­té exté­rieure pour construire un uni­vers idéal et fic­tif. Le résul­tat est fas­ci­nant, sédui­sant, mais faux. La connais­sance de la véri­té devient radi­ca­le­ment impossible.

Face à ces deux périls mor­tels, saint Thomas d’Aquin montre que la véri­té existe, que notre intel­li­gence peut la connaître au moins par­tiel­le­ment, que notre connais­sance sen­sible est valable et que le monde existe en dehors de notre cer­veau. C’est évident ? Tel est pré­ci­sé­ment le drame de la pen­sée moderne : elle refuse l’é­vi­dence pour s’en­fer­mer dans l’ab­surde. Faut-​il s’é­ton­ner, dès lors, si nos contem­po­rains, à l’é­cole de tels maîtres, ont per­du leur bon sens ?

Aujourd’hui, nom­breux sont les phi­lo­sophes qui, à la suite de Sartre, pré­tendent qu’il n’y a pas de nature humaine.

« L’homme, tel que le conçoit l’exis­ten­tia­liste, s’il n’est pas défi­nis­sable, c’est qu’il n’est d’a­bord rien. Il ne sera qu’en­suite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puis­qu’il n’y a pas de Dieu pour la conce­voir. L’homme est non seule­ment tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’exis­tence, comme il se veut après cet élan vers l’exis­tence, l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait »((L’existentialisme est un huma­nisme : ouvrage phi­lo­so­phique de Jean-​Paul Sartre, publié en 1946 et consi­dé­ré comme l’ex­po­sé de sa concep­tion phi­lo­so­phique, l’existentialisme.)).

Dans cette pers­pec­tive, les fon­de­ments de la morale natu­relle s’ef­fondrent. Dire qu’un acte est contre-​nature devient un non-​sens. Cette phi­lo­so­phie peut légi­ti­mer la théo­rie du genre, l’ho­mo­sexua­li­té, l’a­vor­te­ment et les pires barbaries.

Si l’on pose main­te­nant la ques­tion fon­da­men­tale de la fina­li­té de l’homme, du but de sa vie, alors cer­tains phi­lo­sophes répondent avec Nietzsche que c’est le néant, que l’a­bou­tis­se­ment de la vie de l’homme est le chaos ; d’autres estiment avec Kant et Hume que la ques­tion est inso­luble. Faut-​il alors s’é­ton­ner du déses­poir de nos contem­po­rains ? Saint Thomas au contraire démontre que la fina­li­té de l’homme est le bon­heur qui consiste dans la contem­pla­tion de Dieu. Le moyen pour atteindre cette fin réside dans la pra­tique de la vertu.

Une autre rai­son nous pousse à étu­dier la phi­lo­so­phie tho­miste : elle contient le contre­poi­son de toutes les erreurs doc­tri­nales modernes. Quand saint Pie X, au début du XXème siècle, ana­ly­sait les causes du moder­nisme, il constatait :

« c’est d’une alliance de la fausse phi­lo­so­phie avec la foi qu’est né, pétri d’er­reurs, le sys­tème moder­niste »((Encyclique Pascendi)). Et le saint pape qua­li­fiait la phi­lo­so­phie tho­miste d” « ins­tru­ment néces­saire pour per­cer les confu­sions et dis­si­per les sophismes ». Il ajou­tait : « Que les pro­fes­seurs sachent bien que s’é­car­ter de saint Thomas, sur­tout dans les ques­tions méta­phy­siques, ne va pas sans détri­ment grave ».

De plus, la phi­lo­so­phie tho­miste est com­pa­tible avec le dogme catho­lique, ce qui n’est pas le cas de la plu­part des autres phi­lo­so­phies. Par exemple, la phi­lo­so­phie de Rousseau n’est pas com­pa­tible avec le dogme du péché ori­gi­nel. La phi­lo­so­phie de Kant n’est pas com­pa­tible avec le dogme d’a­près lequel l’exis­tence de Dieu est démon­trable. La phi­lo­so­phie de Freud n’est pas com­pa­tible avec le dogme de l’im­mor­ta­li­té de l’âme humaine. La phi­lo­so­phie de Spinoza n’est pas com­pa­tible avec le dogme d’a­près lequel Dieu est dis­tinct du monde. La liste pour­rait se pro­lon­ger. Saint Thomas a bien mon­tré au contraire, dans sa Somme Théologique, l’har­mo­nie qui existe en la foi et la raison.

Un jour, un pré­ten­du intel­lec­tuel osa s’ex­pri­mer ainsi :

« En tant que chré­tien, je prie chaque jour et je crois en Dieu. En tant que phi­lo­sophe dis­ciple de Karl Marx, je suis maté­ria­liste et j’af­firme que Dieu n’existe pas ».

Une telle posi­tion intel­lec­tuelle est absurde. La véri­té est une. Dieu, qui est l’au­teur de la Révélation comme de la rai­son humaine, ne peut pas se contre­dire. Une incom­pa­ti­bi­li­té entre la foi et la rai­son est donc tota­le­ment impos­sible. Ce pré­ten­du intel­lec­tuel est gra­ve­ment atteint dans sa san­té mentale.

Le pape Jean XXII fit en 1318 cette décla­ra­tion mémorable :

« Saint Thomas a plus éclai­ré l’Eglise que tous les autres Docteurs ; en un an on apprend davan­tage dans ses livres que dans ceux des autres maîtres en toute une vie. »1

C’est donc en étu­diant la doc­trine de saint Thomas que les lycéens de Saint-​Bernard sont armés intel­lec­tuel­le­ment pour gar­der la véri­té, la défendre quand elle est atta­quée et la répandre autour d’eux.

Abbé Bernard de Lacoste-​Lareymondie, Directeur=

  1. Pape Jean XXII, Bulle de Canonisation Redemptionem Misit Dominus du 18 juillet 1323. []

FSSPX

M. l’ab­bé Bernard de Lacoste est direc­teur du Séminaire International Saint Pie X d’Écône (Suisse). Il est éga­le­ment le direc­teur du Courrier de Rome.