Reportage du pèlerinage des 15 au 22 juillet 2018 en Terre Sainte avec M. l’abbé Vaillant – Organisé par Odeia


Jour 1 : Le Mont Carmel-Nazareth

Le 15 juillet au cœur de la nuit une troupe de joyeux pèle­rins se retouve à Roissy –Charles de Gaulle. Nous sommes fin prêts à nous envo­ler pour la Terre Sainte sous la hou­lette de l’abbé Vaillant, mais avant il nous faut pas­ser un inter­ro­ga­toire ser­ré au comp­toir d’embarquement, on ne plai­sante pas avec la sécu­ri­té en Israël !

Arrivés à Tel Aviv nous sommes accueillis par notre guide Tony qui nous sou­haite la bien­ve­nue « chez nous ». En effet ce pays est le ber­ceau de la chré­tien­té et la patrie de tous les chré­tiens. Nous pre­nons place à bord du car qui sera notre paroisse rou­lante pour une semaine et par­tons pour le Mont Carmel où nous pou­vons contem­pler la grotte du pro­phète Elie dans l’église Stella Maris. C’est en ce lieu qu’Elie affron­ta les ado­ra­teurs du dieu Baal lors d’un sacri­fice pour lequel deux autels furent dres­sés. Le Ciel embra­sa le bûcher d’Elie, mani­fes­tant la puis­sance de Yahvé, le seul vrai Dieu.

Nous rejoi­gnons ensuite Nazareth. Sur la route notre guide éru­dit nous donne un cours d’étymologie nous appre­nant les dif­fé­rents noms de Dieu : Yahvé, Jéhova, Yo, El, Yahou…C’est ain­si que nous décou­vrons le vrai sens du nom de la mes­sa­ge­rie yahoo​.fr : qui l’eût cru ? Dieu est partout !

Le soir nous nous pro­me­nons dans le dédale du souk, à tra­vers des ruelles embau­mées de jas­min, jusqu’aux hau­teurs de Nazareth où nous pou­vons embras­ser des yeux les lieux qui ont vu gran­dir Notre Seigneur. Dans la nuit reten­tit le Muezzin : cette mélo­pée triste nous rap­pelle que la Terre Sainte est en ter­ri­toire occupé. 

Jour 2 : Nazareth, Cana, le mont Thabor

Nous com­men­çons la jour­née par la visite de l’église ortho­doxe de l’Annonciation. Là se trouve la fon­taine où la Vierge Marie pui­sait l’eau lorsqu’elle enten­dit pour la pre­mière fois la voix de l’ange Gabriel. Effrayée elle s’en alla vite chez elle, nous mar­chons sur ses pas jusqu’à la basi­lique catho­lique de l’Annonciation édi­fiée sur le lieu de sa mai­son. Ici le Verbe s’est fait chair, peut-​on lire sur une ins­crip­tion : Verbum Caro hic fac­tum est (1). Nous visi­tons aus­si l’église – syna­gogue où le Christ venu prê­cher se fit chas­ser par les siens. Juste à côté, encore une église, construite sur l’emplacement de l’atelier de saint Joseph.

L’après-midi nous allons à Cana, lieu du pre­mier miracle de Notre Seigneur. Puis, en plein soleil, notre petite troupe fait l’ascension du mont Thabor, lieu de la Transfiguration. Nous avons la messe dans la gran­diose basi­lique du sommet.

Le soir, au couvent où nous logeons, une sœur nous fait visi­ter les fouilles du tom­beau du Juste, peut-​être celui de saint Joseph. 

Jour 3 : Mont des Béatitudes, Lac de Tibériade, Jéricho

A chaque jour son mont : aujourd’hui c’est celui des Béatitudes. Nous y enten­dons la messe en un lieu sur­plom­bant le lac de Tibériade. Puis nous des­cen­dons à Tabgha, lieu de la pre­mière mul­ti­pli­ca­tion des pains et des pois­sons. A côté, c’est l’église de la Primauté de saint Pierre, là où Notre Seigneur lui a deman­dé trois fois : « Pierre, m’aime-tu ? » avant de lui confier son trou­peau par ces mots : « pais mes agneaux, pais mes brebis ».

A Capharnaüm nous décou­vrons les ruines de la demeure où Jésus gué­rit la belle-​mère de saint Pierre et la syna­gogue où Il prê­cha le Pain de vie. Les habi­tants se détour­nèrent alors de Jésus qui pré­dit alors la des­truc­tion de la ville. Cette der­nière ne fut jamais reconstruite. 

Nous tra­ver­sons le lac sur un bateau de bois. Le vent se lève sur ces eaux qui furent un jour apai­sées par Notre Seigneur.
Nous rejoi­gnons enfin la ville de Jéricho, aux portes du désert, près de la mer morte. Là nous attendent un vent chaud et une cha­leur étouffante. 

Jour 4 : Marche dans le désert du Wadi Kelt, Jourdain, montagne de la Tentation.

A peine arri­vés dans le désert, nous sommes assaillis par une troupe de mar­chands bédouins vou­lant abso­lu­ment nous vendre leurs fou­lards quitte à les mettre sur nos têtes sans nous deman­der notre avis ! L’un d’eux nous sui­vra même sur son âne pen­dant quelques kilo­mètres ! Nous des­cen­dons dans cette val­lée déser­tique à tra­vers un décor aride et gran­diose de pierres immenses, ocres et dorées. Çà et là quelques damans (mar­mottes du désert) gam­badent. Nous fai­sons une halte au monas­tère ortho­doxe Saint-​Georges de Koshiba, à flanc de falaise. Dans la val­lée qu’il domine, les dat­tiers s’épanouissent en oasis. Ici encore se trouve une grotte du pro­phète Elie.

Sur ce che­min entre Jérusalem et Jéricho nous médi­tons aus­si sur la para­bole du Bon Samaritain, cet étran­ger sym­bo­li­sant le Christ, sau­vant et rache­tant un pauvre homme alors qu’un lévite repré­sen­tant l’ancienne loi était pas­sé indifférent.

A Jéricho nous pas­sons devant le syco­more de Zachée. Puis mon­sieur l’abbé dit la messe au bord du Jourdain où nous renou­ve­lons les pro­messes de notre baptême.

Après cela un nou­veau som­met nous attend celui du mont de la ten­ta­tion où le démon ren­con­tra Notre Seigneur après ses qua­rante jours de jeûne dans le désert. Une nou­velle fois nous mon­tons. Il fait 48°C. En haut nous attend le monas­tère ortho­doxe de la Quarantaine.
Puis c’est par­ti pour Jérusalem. Le soir nous assis­tons à la fer­me­ture du Saint Sépulcre sous la sur­veillance de la police : les chré­tiens n’ont pas la clef, ils se dis­pu­taient tel­le­ment qu’il a été déci­dé de la don­ner à deux familles musulmanes.

Pour finir la soi­rée nous allons au mur des lamen­ta­tions. Là nous voyons pleu­rer les hommes et les femmes de Jérusalem. 

Jour 5 : Lieu de la Visitation et Bethléem

Aujourd’hui la messe est dite à Ein Karem, lieu de la Visitation de la Vierge à sa cou­sine Elisabeth. Se trouvent ici le puits de la Visitation puis la pierre der­rière laquelle sainte Elisabeth cacha saint Jean lors du mas­sacre des inno­cents. Nous des­cen­dons quelques mètres sur la col­line ver­doyante et arri­vons au sanc­tuaire de la nais­sance du Précurseur. 

Départ pour la Palestine. Nous pas­sons l’impressionnant rideau de fer et de béton entre Israël et la Palestine. De nom­breux graf­fi­tis ornent le mur dont une colombe de la paix por­tant un rameau d’olivier…et un gilet pare-balle !

Nous voi­là dans la basi­lique de la Nativité, tenue encore une fois par les ortho­doxes qui nous empêchent de prier le cha­pe­let. Une fois dans la crypte nous enton­nons l’hymne de cieux fai­sant reten­tir la basi­lique de nos can­tiques au grand dam des ortho­doxes qui pen­dant ce temps passent l’aspirateur der­rière leur procession.

A côté de la basi­lique se trouve la grotte du lait où selon la tra­di­tion la sainte famille logea après la nais­sance de Jésus. Nous tra­ver­sons ensuite le souk aux étals bario­lés et à l’hygiène dou­teuse. Les mar­chandes sont assises par terre et des gamins courent avec des cad­dies vides pour faire les porteurs.

Nous déjeu­nons dans un res­tau­rant aux allures de tente bédouine avant de rejoindre la cam­pagne de Bethléem pour visi­ter la grotte des ber­gers. Là l’ange leur appa­rut pour leur annon­cer la bonne nou­velle. Un autre concert de Noël s’improvise. Nous repar­tons à Jérusalem où cer­tains passent la nuit au Saint-Sépulcre. 

Jour 6 : Nous continuons vers le carmel du Pater où Jésus enseigna le Notre Père aux disciples

Nous com­men­çons la jour­née par le mont des oli­viers. Cette col­line cou­verte d’arbres se trouve en face de la vieille ville. Nous pas­sons à Betphagé où nous évo­quons l’entrée triom­phale de Jésus à Jérusalem lors des rameaux. Sur le che­min nous nous arrê­tons au lieu de l’Ascension : dans une église croi­sée qui fut aus­si une mos­quée nous pou­vons voir la pierre où Jésus se trou­vait avant de mon­ter au ciel. Le groupe assiste ensuite à la messe à l’église du Dominus Flevit, là où Jésus pleu­ra sur Jérusalem. L’architecte a d’ailleurs des­si­né l’église en forme de larme. Du par­vis on domine Jérusalem et ses innom­brables dômes de basi­liques et de mosquées.

Nous conti­nuons vers le car­mel du Pater où Jésus ensei­gna le Notre Père aux dis­ciples. Sur les murs du cloître la prière est écrite en de nom­breuses langues dif­fé­rentes : le Breton et le Basque sont même à l’honneur !

Après cela nous prions à Gethsémani dans la basi­lique du jar­din des oli­viers, puis dans l’église ortho­doxe du tom­beau de la Vierge, là où elle repo­sa briè­ve­ment d’après la tra­di­tion avant son assomp­tion. Nous pas­sons aus­si à l’église Sainte-​Anne, lieu de la nais­sance de la Vierge Marie. Cette église a la par­ti­cu­la­ri­té, comme quelques autres lieux saints, d’être en ter­ri­toire fran­çais. L’acoustique y est mer­veilleuse et nous y impro­vi­sons un concert. C’est éga­le­ment là qu’a été décou­verte la pis­cine pro­ba­tique dont parle saint Jean dans son Evangile.

Nous pas­sons encore à l’Ecce Homo et au lithos­tro­tos, lieux de la Passion, avant de ter­mi­ner nos visites par un che­min de croix dans les rues de Jérusalem sur la Via Dolorosa. Nous ter­mi­nons au Saint Sépulcre où se trouvent le Golgotha et le tom­beau du Christ. Là nous assis­tons à la pro­ces­sion des Latins. 

Jour 7 : Jérusalem

Le matin de ce sep­tième jour nous com­men­çons par la messe au Golgotha. Nous visi­te­rons aujourd’hui le mont Sion, lieu de la tombe de David, mais aus­si le Cénacle où Notre Seigneur ins­ti­tua l’Eucharistie et où eut lieu la Pentecôte. Près de là est le lieu de la Dormition de la Vierge. Plus loin, c’est l’église Saint-​Pierre in gal­li­cante, construite sur le palais de Caïphe. Le site per­met d’évoquer la nuit durant laquelle Notre-​Seigneur res­ta enfer­mé dans un cachot. C’est aus­si le lieu du renie­ment de saint Pierre.

Nous ache­vons la jour­née par un pas­sage au Saint-​Sépulcre : c’est une nuit de céré­mo­nie car on y célèbre l’office de la Résurrection. Tout est fleu­ri et l’encens s’élève dans les cha­pelles. Pour d’autres, c’est aus­si le shab­bat, et les gens ont revê­tu leurs grands atours. 

Jour 8 : L’heure des adieux a sonné

Le pèle­ri­nage touche à sa fin. Le matin nous allons sur l’esplanade du Temple désor­mais occu­pé par les mos­quées. Le lieu domine le mur des lamen­ta­tions. L’ambiance est élec­trique, en effet c’est l’anniversaire de la des­truc­tion du Temple par Titus, qui est com­mé­mo­ré par un jour de jeûne et cer­tains aime­raient recon­qué­rir cette esplanade.

de par­tir nous visi­tons un der­nier lieu saint : le monas­tère d’Abu Gosh construit sur le lieu où Jésus res­sus­ci­té appa­rut aux pèle­rins d’Emmaüs.

L’heure des adieux a son­né, mais une chose est sûre : nous repar­tons tous l’âme riche d’avoir vu de près la terre où notre salut a com­men­cé, et si Dieu veut, nous revien­drons ici, « chez nous ! » Montjoie ! Saint Denis ! 

S. A. et A. B, deux pèle­rines d’Odeia.

Source : La Porte Latine du 30 juillet 2018

Tous les ren­sei­gne­ments en ligne sur le site d’ODEIA

(1) L” annonce selon laquelle l’Annonciation aurait eu lieu en 2 fois, d’a­bord près de la source, puis dans la mai­son de Nazareth, est très ancienne, puisque c’est l’é­van­gile apo­cryphe de Jacques, donc non « rete­nable », qui en fait men­tion. L’église du schisme grec de l’Annonciation étant sur le lieu de la source à Nazareth peut aider à faire com­prendre pour­quoi les « ortho­doxes » retiennent la ver­sion du proto-évangile.