Sermon de Mgr Lefebvre – Homélie de Mgr Lefebvre – Déclaration et profession de foi de Mgr de Castro Mayer – Sacre de quatre évêques – 30 juin 1988

30 juin 1988
Homélie de Mgr Lefebvre -
Déclaration et pro­fes­sion de foi de Mgr de Castro Mayer
Sacre de quatre évêques

Ecouter le ser­mon en audio

Excellence,
Cher Monseigneur de Castro Mayer,
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Nous voi­ci réunis pour une céré­mo­nie cer­tai­ne­ment his­to­rique et – au début de ces quelques mots que je veux vous adres­ser à cette occa­sion – je vou­drais vous don­ner quelques infor­ma­tions et, la pre­mière d’entre elles vous éton­ne­ra peut-​être un peu, comme elle m’a un peu sur­pris moi-même.

Hier soir, à 18 heures, est arri­vé un envoyé de la non­cia­ture de Berne avec un pli conte­nant un appel de notre Saint-​Père le pape qui met­tait tout sim­ple­ment, à ma dis­po­si­tion, une voi­ture qui devrait m’emmener hier soir même à Rome, pour évi­ter que je fasse ces consé­cra­tions épis­co­pales aujourd’hui, sans me dire ni pour­quoi, ni où je devais me rendre à Rome. Je ne sais pas, mais une voi­ture était donc mise à ma dis­po­si­tion pour par­tir immé­dia­te­ment hier soir à 18 heures pour Rome.

Vous juge­rez vous-​mêmes de l’opportunité et de la sagesse de cette demande. Je suis allé à Rome pen­dant de nom­breuses jour­nées au cours de cette année, même des semaines. Le Saint-​Père ne m’a pas invi­té à venir le voir. J’aurais été heu­reux sans doute de le voir, si des accords avaient été définitifs.

Voici cette infor­ma­tion. Je vous la com­mu­nique tout sim­ple­ment, comme je l’ai apprise hier moi­même par une lettre de la nonciature.

Et main­te­nant, je vous donne aus­si quelques indi­ca­tions au sujet de la céré­mo­nie et au sujet de la manière pour vous de vous ren­sei­gner sur la signi­fi­ca­tion de cette cérémonie.

Les futurs consa­crés – les futurs évêques – ont déjà prê­té dans mes mains, le ser­ment qui se trouve dans le petit livre qu’un cer­tain nombre d’entre vous sans doute, ont acquis pour suivre la céré­mo­nie du sacre des évêques. Le ser­ment a donc déjà été pro­non­cé, plus le ser­ment anti-​moderniste, comme cela était pres­crit autre­fois pour la consé­cra­tion des évêques, plus la pro­fes­sion de foi. Il ont donc fait ces ser­ments et cette pro­fes­sion, dans mes mains, après la petite retraite qui a eu lieu à Sierre ces der­niers jours.

Ne vous éton­nez donc pas si nous com­men­çons immé­dia­te­ment par les inter­ro­ga­toires sur la foi.

La foi que demande l’Église à ceux qui vont être consacrés.

Ensuite, je vous informe aus­si que, après la céré­mo­nie vous pour­rez bien sûr deman­der la béné­dic­tion de ces évêques et leur bai­ser l’anneau. Ce n’est pas la cou­tume de l’Église de bai­ser les mains de l’évêque comme on baise les mains des nou­veaux prêtres, comme vous l’avez fait hier. Mais on leur demande la béné­dic­tion et on baise leur anneau.

Enfin, vous avez à votre dis­po­si­tion à la table de la librai­rie, de la pro­cure, vous avez à votre dis­po­si­tion des livres et des feuilles qui contiennent tous les élé­ments qui peuvent vous faire com­prendre pour­quoi cette céré­mo­nie ; pour­quoi cette céré­mo­nie appa­rem­ment faite contre la volon­té de Rome. Il est néces­saire que vous le com­pre­niez bien, que nous ne vou­lons pour rien au monde que cette céré­mo­nie soit un schisme.

Nous ne sommes pas des schis­ma­tiques. Si l’excommunication a été pro­non­cée contre les évêques de Chine – qui se sont sépa­rés de Rome et qui se sont sou­mis au gou­ver­ne­ment chi­nois – on com­prend très bien pour­quoi le pape Pie XII les a excom­mu­niés. Mais il n’est pas ques­tion pour nous du tout de nous sépa­rer de Rome et de nous sou­mettre à un pou­voir quel­conque étran­ger à Rome et de consti­tuer une sorte d’Église paral­lèle comme l’ont fait par exemple les évêques de Palma de Troja, en Espagne, qui ont nom­mé un pape, qui ont fait un col­lège de car­di­naux. Il n’est pas ques­tion de choses sem­blables pour nous. Loin de nous ces pen­sées misé­rables de nous éloi­gner de Rome.

Bien au contraire, c’est pour mani­fes­ter notre atta­che­ment à Rome que nous fai­sons cette céré­mo­nie. C’est pour mani­fes­ter notre atta­che­ment à l’Église de tou­jours, au pape et à tous ceux qui ont pré­cé­dé ces papes qui, mal­heu­reu­se­ment, depuis le concile Vatican II ont cru devoir adhé­rer à des erreurs, des erreurs graves qui sont en train de démo­lir l’Église et de détruire le sacer­doce catholique.

Vous trou­ve­rez pré­ci­sé­ment par­mi ces feuilles que nous met­tons à votre dis­po­si­tion, une étude abso­lu­ment admi­rable faite par le pro­fes­seur Kaschewsky de l’Una Voce Korrespondenz d’Allemagne, qui explique mer­veilleu­se­ment pour­quoi nous sommes dans le cas de néces­si­té. Cas de néces­si­té de venir au secours de vos âmes, de venir à votre secours.

Vos applau­dis­se­ments, tout à l’heure je pense, n’étaient pas une mani­fes­ta­tion pure­ment, – je dirai –, tem­po­relle, c’est une mani­fes­ta­tion spi­ri­tuelle, mani­fes­tant votre joie d’avoir enfin des évêques et des prêtres catho­liques, qui sauvent vos âmes, qui donnent à vos âmes la vie de Notre Seigneur JésusChrist, par la doc­trine, par les sacre­ments, par la foi, par le Saint Sacrifice de la messe.

Vie de Notre Seigneur dont vous avez besoin pour aller au Ciel, et qui est en train de dis­pa­raître par­tout, dans cette église conci­liaire qui suit des che­mins qui ne sont pas des che­mins catho­liques et qui mènent tout sim­ple­ment à l’apostasie. C’est pour cela que nous fai­sons cette céré­mo­nie. Loin de moi de m’ériger en pape ! Je ne suis qu’un évêque de l’Église catho­lique, qui conti­nue à trans­mettre, à trans­mettre la doc­trine : Tradidi quod et acce­pi. C’est ce que je pense, que je sou­hai­te­rai que l’on mette sur ma tombe – et cela ne tar­de­ra sans doute pas –, que l’on mette sur ma tombe : Tradidi quod et acce­pi, ce que dit saint Paul : « Je vous ai trans­mis ce que j’ai reçu », tout sim­ple­ment. Je suis le fac­teur qui porte une lettre. Ce n’est pas moi qui l’ai faite cette lettre, ce mes­sage, cette parole de Dieu. C’est Dieu Lui-​même ; c’est Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même et nous, nous vous avons trans­mis par l’intermédiaire de ces chers prêtres qui sont ici pré­sents et par tous ceux qui eux-​mêmes ont cru devoir résis­ter à cette vague d’apostasie de l’Église, en gar­dant la foi de tou­jours et en la trans­met­tant aux fidèles. Nous ne sommes que des por­teurs de cette nou­velle, de cet Évangile que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a don­né et des moyens pour nous sanc­ti­fier : la Sainte Messe, la vraie Sainte Messe, les vrais sacre­ments qui donnent vrai­ment la vie spirituelle.

Il me semble entendre, mes bien chers frères, il me semble entendre la voix de tous ces papes depuis Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, nous dire :

Mais de grâce, de grâce, qu’allez-vous faire de nos ensei­gne­ments, de notre pré­di­ca­tion, de la foi catho­lique, allez-​vous l’abandonner, allez-​vous la lais­ser dis­pa­raître de cette terre ? De grâce, de grâce conti­nuez à gar­der ce tré­sor que nous vous avons don­né. N’abandonnez pas les fidèles, n’abandonnez pas l’Église, conti­nuez l’Église. Car enfin, depuis le concile, ce que nous avons condam­né, voi­ci que les auto­ri­tés romaines l’adoptent et le pro­fessent. Comment est-​ce pos­sible ? Nous avons condam­né le libé­ra­lisme ; nous avons condam­né le com­mu­nisme, le socia­lisme, le moder­nisme, le sillon­nisme, toutes ces erreurs que nous avons condam­nées, voi­là main­te­nant qu’elles sont pro­fes­sées, adop­tées sou­te­nues, par les auto­ri­tés de l’Église. Est-​ce possible !

Si vous ne faites pas quelque chose pour conti­nuer cette tra­di­tion de l’Église que nous avons don­née, tout dis­pa­raî­tra, l’Église dis­pa­raî­tra ; les âmes seront toutes perdues.

Nous nous trou­vons dans un cas de néces­si­té. Nous avons tout fait pour essayer que Rome com­prenne qu’il faut reve­nir à cette atti­tude du véné­ré Pie XII et de tous ses pré­dé­ces­seurs. Nous avons écrit ; nous sommes allé à Rome ; nous avons par­lé ; nous avons envoyé des lettres, Mgr de Castro Mayer et moi-​même plu­sieurs fois à Rome. Nous avons essayé par ces col­loques, par tous les moyens, d’arriver à faire com­prendre à Rome que, depuis le concile, cet aggio­na­men­to, ce chan­ge­ment qui s’est pro­duit dans l’Église, n’est pas catho­lique, n’est pas conforme à la doc­trine de tou­jours de l’Église : cet œcu­mé­nisme et toutes ces erreurs, ce col­lé­gia­lisme, tout cela est contraire à la foi de l’Église et est en train de détruire l’Église.

C’est pour­quoi nous sommes per­sua­dé qu’en fai­sant cette consé­cra­tion aujourd’hui, nous obéis­sons à l’appel de ces papes et par consé­quent à l’appel de Dieu, car ils repré­sentent Notre Seigneur Jésus-​Christ dans l’Église.

Et pour­quoi Monseigneur (me dira-​t-​on) avez-​vous arrê­té ces col­loques qui sem­blaient cepen­dant avoir un cer­tain suc­cès ? Précisément parce que en même temps que je don­nais ma signa­ture pour le Protocole (d’accord), à la même minute, l’envoyé du car­di­nal Ratzinger qui m’apportait ce pro­to­cole à signer, me confiait ensuite une lettre dans laquelle il me deman­dait, de deman­der par­don pour les erreurs que je faisais.

Si je suis dans l’erreur, si j’enseigne des erreurs, il est clair que l’on doit me remettre dans la Vérité, dans l’esprit de ceux qui m’envoient cette feuille à signer, que je recon­naisse mes erreurs. C’est-à-dire : Si vous recon­nais­sez vos erreurs, nous vous aide­rons à reve­nir dans la véri­té. Quelle est cette véri­té pour eux ? Sinon la véri­té de Vatican II, sinon la véri­té de cette église conci­liaire, c’est clair !

Par consé­quent, il est clair que pour le Vatican, la seule véri­té qui existe aujourd’hui, c’est la véri­té conci­liaire, c’est « l’esprit du concile », c’est l’esprit d’Assise. Voilà la véri­té d’aujourd’hui ! Et cela nous n’en vou­lons pour rien au monde, pour rien au monde !

(Applaudissements four­nis et longs)

C’est pour­quoi, consta­tant cette volon­té ferme des auto­ri­tés romaines actuelles de réduire à néant la Tradition et de rame­ner tout le monde dans cet esprit de Vatican II et cet esprit d’Assise, nous avons pré­fé­ré nous reti­rer évi­dem­ment, et dire nous ne pou­vons pas ; c’est impossible.

Il n’était pas pos­sible de nous mettre sous cette auto­ri­té, car nous aurions été sous l’autorité du car­di­nal Ratzinger, pré­sident de cette Commission romaine qui devait nous diri­ger ; nous nous met­tions dans les mains de ceux qui veulent nous rame­ner à l’esprit du concile et à l’esprit d’Assise. Ce n’est pas possible.

C’est pour­quoi, j’ai envoyé une lettre au pape en lui disant très clai­re­ment : Nous ne pou­vons pas, mal­gré tout le désir que nous avons d’être en pleine union avec vous, étant don­né cet esprit qui règne main­te­nant à Rome et que vous vou­lez nous com­mu­ni­quer. Nous pré­fé­rons conti­nuer dans la Tradition, gar­der la Tradition en atten­dant que cette Tradition retrouve sa place à Rome, en atten­dant que cette Tradition retrouve sa place dans les auto­ri­tés romaines, dans l’esprit des auto­ri­tés romaines.

Cela dure­ra ce que le Bon Dieu vou­dra. Ce n’est pas à moi de savoir quand la Tradition retrou­ve­ra ses droits à Rome. Mais je pense que c’est mon devoir de don­ner les moyens de faire ce que j’appellerai cette « opé­ra­tion sur­vie », opé­ra­tion sur­vie de la Tradition. Aujourd’hui, cette jour­née, c’est l’opération sur­vie et si j’avais fait cette opé­ra­tion avec Rome en conti­nuant les accords que nous avions signés et en pour­sui­vant la mise en pra­tique de ces accords, je fai­sais l’opération suicide.

Il n’y a pas de choix. Nous devons sur­vivre et c’est pour­quoi aujourd’hui, en consa­crant ces évêques je suis per­sua­dé de conti­nuer à faire vivre la Tradition, c’est-à-dire l’Église catholique.

(Applaudissements four­nis)

Vous savez bien, mes bien chers frères, qu’il ne peut pas y avoir de prêtres sans évêque. Tous ces sémi­na­ristes qui sont ici pré­sents, si demain le Bon Dieu me rap­pelle – et ce sera sans doute sans tar­der – eh bien, ces sémi­na­ristes, de qui recevront-​ils le sacre­ment de l’ordre ? Des évêques conci­liaires, dont les sacre­ments sont tous dou­teux. Parce que l’on ne sait pas exac­te­ment quelles sont leurs inten­tions. Ce n’est pas possible.

Or quels sont les évêques qui ont gar­dé vrai­ment la Tradition, qui ont gar­dé les sacre­ments tels que l’Église les a don­nés pen­dant vingt siècles jusqu’au concile Vatican II, eh bien, ce sont Mgr de Castro Mayer et moi-​même. Je n’en peux rien, mais c’est comme ça.

Et donc beau­coup de sémi­na­ristes se sont confiés à nous. Ils ont sen­ti qu’il y avait là, la conti­nui­té de l’Église, la conti­nui­té de la Tradition. Et donc ils sont venus dans nos sémi­naires – mal­gré les dif­fi­cul­tés qu’ils ont ren­con­trées – pour rece­voir une véri­table ordi­na­tion sacer­do­tale et pou­voir offrir le vrai Sacrifice du Calvaire, le vrai Sacrifice de la messe et vous don­ner les vrais sacre­ments et la vraie doc­trine, le vrai caté­chisme. Voilà le but de ces séminaires.

Alors, je ne puis pas, en conscience, lais­ser ces sémi­na­ristes orphe­lins et je ne puis pas vous lais­ser, vous non plus, orphe­lins, en dis­pa­rais­sant sans rien faire pour l’avenir. Ce n’est pas pos­sible. Ce serait contraire à mon devoir.

(Applaudissements)

C’est pour­quoi, nous avons choi­si, avec la grâce de Dieu, des jeunes prêtres de notre Fraternité, qui nous ont sem­blé les plus aptes et en même temps qui sont dans les lieux et dans des fonc­tions qui leur per­mettent le plus faci­le­ment de rem­plir leur minis­tère épis­co­pal, de don­ner la confir­ma­tion à vos enfants et de pou­voir don­ner les ordi­na­tions dans nos divers séminaires.

Ainsi je crois que – avec la grâce du Bon Dieu – nous aurons Mgr de Castro Mayer et moi-​même dans cette consé­cra­tion, don­né les moyens à la Tradition de conti­nuer ; don­né les moyens aux catho­liques qui le dési­rent de se main­te­nir dans l’Église de leurs parents, de leurs grands-​parents, de leurs ancêtres.

Ces églises pour les­quelles vos paroisses ont été fon­dées, toutes ces belles églises, qui avaient de beaux autels, qui ont été sou­vent détruits pour y mettre une table à la place, mani­fes­tant ain­si le chan­ge­ment radi­cal qui s’est opé­ré depuis le concile à pro­pos du Saint Sacrifice de la messe qui est le cœur de l’Église et qui est le but aus­si du sacerdoce.

Alors nous vou­lons vous remer­cier d’être venus nom­breux pour nous encou­ra­ger dans l’accomplissement de cette cérémonie.

Et nous nous tour­nons vers la Vierge Marie. Vous savez bien, mes bien chers frères, on a du vous le dire, vous savez bien que Léon XIII dans une vision pro­phé­tique qu’il a eue, a dit qu’un jour le siège de Pierre serait le siège de l’iniquité. Il le dit dans un de ces exor­cismes, dans l’exorcisme de Léon XIII.

Est-​ce que c’est aujourd’hui ? Est-​ce que c’est demain ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, cela a été annon­cé. L’iniquité cela peut être tout sim­ple­ment l’erreur. C’est une ini­qui­té l’erreur. Ne plus pro­fes­ser la foi de tou­jours, ne plus pro­fes­ser la foi catho­lique, c’est une grave erreur. S’il y a une ini­qui­té, c’est bien celle-​là qui est grande. Et je crois vrai­ment pou­voir dire qu’il n’y a jamais eu une ini­qui­té plus grande dans l’Église que cette jour­née d’Assise qui est contraire au pre­mier com­man­de­ment de Dieu et qui est contraire au pre­mier article du Credo. C’est une chose incroyable, que cette chose-​là ait pu jamais se réa­li­ser dans l’Église, sous les yeux de toute l’Église humi­liée. Nous n’avons jamais subi une humi­lia­tion semblable.

Vous pou­vez d’ailleurs retrou­ver cela dans le petit livre de l’abbé Le Roux qui a été édi­té spé­cia­le­ment pour vous don­ner des ren­sei­gne­ments sur la situa­tion romaine d’aujourd’hui.

Et non seule­ment le bon pape Léon XIII a pro­phé­ti­sé ces choses, mais Notre-​Dame. Dernièrement le prêtre qui est char­gé du prieu­ré de Bogota en Colombie, m’a appor­té un livre fait sur les appa­ri­tions de Notre-​Dame de Buen Suceso – du Bon Succès – qui a une église, une grande église en Équateur, à Quito, capi­tale de l’Équateur.

Des appa­ri­tions ont eu lieu à une reli­gieuse d’un couvent de Quito et cela peu de temps après le concile de Trente. C’est donc il y a plu­sieurs siècles, comme vous le voyez.

Eh bien, la très Sainte Vierge a dit à cette reli­gieuse – cela a été consi­gnée – cette appa­ri­tion a été recon­nue par Rome, recon­nue par les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques, puisque l’on a construit une magni­fique église dédiée à la Vierge, dont d’ailleurs – disent les his­to­riens – le visage de la Vierge aurait été ter­mi­né – le sculp­teur était en train de faire le visage de la Vierge – lorsqu’il a trou­vé le visage de la Vierge fait miraculeusement.

Cette Vierge mira­cu­leuse est donc là, hono­rée avec beau­coup de dévo­tion par les fidèles de l’Équateur. Et la Vierge a pro­phé­ti­sé pour le XXe siècle. Elle a dit expli­ci­te­ment : Pendant le XIXe siècle et la plus grande par­tie du XXe siècle, des erreurs se pro­pa­ge­ront de plus en plus for­te­ment dans la Sainte Église. Elles met­tront l’Église dans une situa­tion de catas­trophe et les mœurs se cor­rom­pront et la foi disparaîtra…

Il semble que nous ne pou­vons pas ne pas le constater…

Et je m’excuse de conti­nuer ce récit de cette appa­ri­tion. Mais elle parle d’un pré­lat qui s’opposera abso­lu­ment à cette vague d’apostasie et à cette vague d’impiétés en pré­ser­vant le sacer­doce, en fai­sant de bons prêtres.

Vous ferez l’application si vous vou­lez, moi je ne veux pas la faire.

(Applaudissements)

J’ai été moi-​même stu­pé­fait en lisant ces lignes. Je ne puis pas le nier, c’est comme cela. C’est ins­crit. C’est impri­mé, c’est consi­gné dans les archives de cette appa­ri­tion (de la Sainte Vierge).

Et puis enfin, vous connais­sez bien les appa­ri­tions de La Salette. Où Notre Dame dit que Rome per­dra la foi, qu’il y aura une éclipse à Rome. Éclipse, voyez ce que cela peut signi­fier de la part de la très Sainte Vierge.

Et puis enfin, le secret de Fatima, qui est encore plus proche de nous. Sans doute le troi­sième secret de Fatima devait faire des allu­sions à ces ténèbres qui ont enva­hi Rome, ces ténèbres qui enva­hissent le monde depuis le concile. C’est pour cela, sans doute, que le pape Jean XXIII a jugé bon de ne pas publier le secret, étant don­né qu’il aurait fal­lu qu’il prenne des mesures telles qu’il ne se sen­tait pas peut-​être capable de chan­ger com­plè­te­ment les orien­ta­tions qu’il com­men­çait à prendre en vue du concile et pour le concile.

Voilà des faits n’est-ce pas, sur les­quels je pense que nous pou­vons nous appuyer.

Alors nous nous en remet­tons à la Providence. Et nous sommes per­sua­dé que le Bon Dieu sait ce qu’il fait et que dans quelques années, eh bien, de même que quand le car­di­nal Gagnon a fait la visite qua­torze ans après la pre­mière visite de Rome et que nous avions été sus­pens et que nous avons été dit hors de la com­mu­nion de Rome, contre le pape, que nous étions rebelle, dis­si­dent, n’est-ce pas pen­dant ces qua­torze années. Et puis une visite vient de Rome et le car­di­nal Gagnon lui-​même recon­naît que ce que nous fai­sons sera sans doute ce qu’il fau­dra faire pour la nou­velle recons­truc­tion de l’Église. Et puis il a assis­té lui-​même pon­ti­fi­ca­le­ment à la messe que je célé­brais le 8 décembre pour la réno­va­tion des pro­messes de nos sémi­na­ristes, alors que je suis sus­pens (et) qu’en prin­cipe je ne devrais plus déli­vrer les sacre­ments. Donc, qua­torze ans, après on nous donne pra­ti­que­ment un blanc-​seing en nous disant pra­ti­que­ment : vous avez bien fait.

Alors nous avons bien fait de résis­ter. Eh bien, je suis per­sua­dé que nous sommes dans les mêmes cir­cons­tances aujourd’hui. Nous fai­sons un acte qui appa­rem­ment, appa­rem­ment et mal­heu­reu­se­ment les média ne nous aident pas dans ce sens… et…

(Applaudissements)

…parce que, évi­dem­ment, ils vont titrer sans doute dans les jour­naux : Le schisme, l’excommunication, tant qu’ils pour­ront. Et bien, pour nous, nous sommes per­sua­dé que toutes ces accu­sa­tions dont nous sommes l’objet , toutes ces peines dont nous sommes l’objet, sont nulles, abso­lu­ment nulles. C’est pour­quoi nous n’en tenons aucun compte.

De même que nous n’avons pas tenu compte de la sus­pens et que nous avons fini par être féli­ci­té par l’Église et même par l’Église pro­gres­siste. Eh bien, de même dans quelques années, je ne sais pas, le Bon Dieu seul connaît le nombre des années qu’il fau­dra pour que le jour où la Tradition retrou­ve­ra ses droits à Rome, nous serons embras­sés par les auto­ri­tés romaines qui nous remer­cie­ront d’avoir main­te­nu la foi dans les sémi­naires, dans les familles, dans les cités et dans nos pays, dans nos cou­vents, dans nos mai­sons reli­gieuses, pour la plus grande gloire du Bon Dieu et pour le salut des âmes.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

(Applaudissements nour­ris)

Déclaration et pro­fes­sion de foi de Mgr de Castro Mayer, en portugais.

(Applaudissements) …

Traduction de la décla­ra­tion de Mgr de Castro Mayer :

« Ma pré­sence ici à cette céré­mo­nie a pour cause un devoir de conscience : celui de faire une pro­fes­sion de foi catho­lique devant toute l’Église et plus par­ti­cu­liè­re­ment devant S. Exe. Mgr Lefebvre, devant tous les prêtres, reli­gieux, sémi­na­ristes et fidèles ici présents.

« Saint Thomas d’Aquin enseigne qu’il n’y a pas d’obligation de faire une pro­fes­sion publique de foi en toute cir­cons­tance. Mais quand la foi est en dan­ger, il est urgent de la pro­fes­ser fut-​ce au risque de sa propre vie.

« C’est la situa­tion dans laquelle nous nous trou­vons, nous vivons une crise sans pré­cé­dent de l’Église. Crise qui touche l’Église dans son essence, dans sa sub­stance même qui est le Saint Sacrifice de la messe et le sacer­doce catho­lique, deux mys­tères essen­tiel­le­ment unis parce que, sans le sacer­doce il n’y a pas de Saint Sacrifice de la messe, par consé­quent aucune forme de culte.

« C’est éga­le­ment sur cette base qu’on construit le règne social de Notre Seigneur Jésus-​Christ. À cause de cela, puisqu’il s’agit de la conser­va­tion du sacer­doce et de la Sainte Messe et mal­gré les demandes et les pres­sions de plu­sieurs, je suis ici afin d’accomplir mon devoir : faire une pro­fes­sion publique de foi.

(Applaudissements nour­ris et longs)

« Il est dou­lou­reux de consta­ter le lamen­table aveu­gle­ment de tant de confrères dans l’épiscopat et dans le sacer­doce qui ne voient pas ou qui ne veulent pas voir la crise actuelle, ni la néces­si­té, afin d’être fidèle à la mis­sion que Dieu nous a confiée, de résis­ter au moder­nisme régnant.

« Je veux mani­fes­ter ici mon adhé­sion sin­cère et pro­fonde à la posi­tion de S. Exe. Mgr Marcel Lefebvre dic­tée par sa fidé­li­té à l’Église de tous les siècles. Nous deux nous avons bu à la même source qui est celle de la Sainte Église catho­lique, apos­to­lique et romaine.

(Applaudissements très forts)

« Que la très Sainte Vierge Marie Notre Mère, qui, à Fatima, nous a mater­nel­le­ment aver­tis au sujet de la gra­vi­té de la situa­tion actuelle, nous donne la grâce de pou­voir par notre atti­tude, aider et éclai­rer les fidèles, de telle manière qu’ils s’éloignent de ces erreurs per­ni­cieuses dont ils sont vic­times, trom­pés qu’ils sont par beau­coup de per­sonnes qui ont reçu la plé­ni­tude du Saint-Esprit.

« Que Dieu bénisse Monseigneur Lefebvre et son œuvre. » (Applaudissements).

29 juin 1988 3 sep­tembre 1988

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.