3 septembre 1988

Sermon pour la Récollection du Tiers-Ordre

Probablement Lima 6-8-1967

Mes bien chers frères,

Monsieur l’abbé La Praz a eu l’excellente idée de vous réunir aujourd’hui à Écône à l’occasion de cette fête de saint Pie X qui est notre fête patro­nale. Malheureusement les sémi­na­ristes sont absents pour la plu­part et par consé­quent nous ne pour­rons pas don­ner à cette fête la solen­ni­té qu’elle méri­te­rait aujourd’hui. Mais puisque la plu­part d’entre vous viennent à cette messe sous le signe du Tiers-​Ordre de la Fraternité Saint-​Pie X, nous aurons l’occasion de pas­ser cette jour­née sous ce patro­nage, sous le patro­nage de notre saint Patron, le saint pape Pie X. Je ne serai pas long ce matin, puisque j’aurai l’occasion cet après-​midi de vous revoir de 14h.30 à 15h.30.

Je vou­drais sim­ple­ment vous com­mu­ni­quer, vous lais­ser comme consigne, une consigne que saint Pie X don­nait aux membres de l’Action Catholique mais qu’il éten­dait aus­si à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre vivant dans le monde, s’efforçaient de vivre chré­tien­ne­ment et d’aider les prêtres et les évêques dans leur vie apos­to­lique, dans leur mission.

Et c’est bien le cas, je pense, du Tiers-​Ordre. Le saint pape Pie X disait donc à ces congres­sistes qui étaient venus le voir à Rome à l’occasion du congrès d’Action catho­lique, qu’il leur don­nait pour consigne, trois mots : Piété, Étude, Action.

Et je pense que ces consignes conviennent bien aus­si pour un Tiers-Ordre.

D’abord la Piété. Dans vos règle­ments il est mar­qué pré­ci­sé­ment que le Tiers-​Ordre vous demande de faire tout votre pos­sible pour accom­plir cer­tains actes de pié­té, cer­tains exer­cices de prière qui vous mettent dans cette ambiance de prière, d’oraison, d’union au Bon Dieu, de dévo­tion à la très Sainte Vierge Marie et aux saints ; de vous rap­pro­cher donc de cet idéal reli­gieux que vous vous effor­cez de recher­cher. Piété, par­ti­cu­liè­re­ment en assis­tant au Saint Sacrifice de la messe, autant qu’il est pos­sible quo­ti­dien­ne­ment et, si pos­sible éga­le­ment en fai­sant la sainte Communion. Communion quo­ti­dienne, c’est un idéal. Évidemment, ce n’est pas tou­jours pos­sible. Mais ce désir de vous appro­cher de Dieu par la Sainte Messe est peut-​être aujourd’hui, plus néces­saire que jamais pré­ci­sé­ment parce que l’on a détruit l’idéal de la Sainte Messe. On a détour­né la messe de sa fin, sa fin qui est avant tout pro­pi­tia­toire ; qui est avant tout d’effacer nos péchés. Sans doute le pre­mier but de la Sainte Messe, c’est de rendre gloire au Bon Dieu et de Le remer­cier de tous ses bien­faits. Mais le Saint Sacrifice de la messe n’aurait pas eu lieu, s’il n’y avait pas eu le Sacrifice du Calvaire. Et le Sacrifice du Calvaire n’aurait pas eu lieu, sans doute, s’il n’y avait pas eu la répa­ra­tion de nos péchés. Notre Seigneur Jésus-​Christ, le Fils de Dieu s’est incar­né, pour mou­rir sur la Croix, pour nous rache­ter de nos péchés. C’est le but essen­tiel de son Incarnation.

Alors le but de la messe est sur­tout de venir dans cet esprit de contri­tion, cet esprit de répa­ra­tion de nos péchés et de nous sou­mettre toutes les grâces qui des­cendent de l’autel par la Croix de Notre Seigneur Jésus-​Christ, pour nous puri­fier de nos péchés.

Voilà l’esprit dans lequel nous devons assis­ter à la Sainte Messe. Et cet esprit est un esprit répa­ra­teur et un esprit qui nous donne en même temps le cou­rage de sup­por­ter les épreuves de la vie quo­ti­dienne et d’offrir tout en union avec les souf­frances que Notre Seigneur a subies sur la Croix, union à la Croix de Jésus. Voilà, l’objet par­ti­cu­lier de cette pié­té que saint Pie X nous demande.

Et puis saint Pie X parle de l’Étude. Pas ques­tion évi­dem­ment de faire des études par­ti­cu­lières, extra­or­di­naires. Il s’agit tout sim­ple­ment de mieux connaître Notre Seigneur Jésus-​Christ, mieux connaître Notre Seigneur Jésus-​Christ en lisant la Sainte Écriture et par­ti­cu­liè­re­ment le Nouveau Testament. Ne serait-​ce qu’une page, deux pages du Nouveau Testament. Et puis si vous en avez la pos­si­bi­li­té, de lire l’Imitation de Jésus-​Christ, de lire la vie des saints, de lire des livres comme celui du bien­heu­reux Grignion de Montfort sur la très Sainte Vierge Marie. Autant de livres qui vous font mieux connaître la grande cha­ri­té de Notre Seigneur pour nous et la grande bon­té que Notre Seigneur a exer­cée vis-​à-​vis de nous, en nous don­nant tous les bien­faits qu’il nous a don­nés et par­ti­cu­liè­re­ment en nous fai­sant don de sa Mère, de la très Sainte Vierge Marie.

Plongez dans ces études, ces études si belles, si saintes, si récon­for­tantes. On lisait beau­coup autre­fois dans les foyers et par­ti­cu­liè­re­ment dans les longues soi­rées d’hiver. On se réunis­sait autour du foyer et on lisait La veillée des chau­mières par exemple, cette vieille publi­ca­tion La veillée des chau­mières, c’était une revue qui était envoyée aux familles, une revue catho­lique, pro­fon­dé­ment chré­tienne, où beau­coup de vies de saints étaient expo­sées avec tous les exemples des ver­tus qu’avaient pra­ti­quées ces saints, qui étaient encou­ra­geants pour les familles. C’était une autre atmo­sphère que la télé­vi­sion d’aujourd’hui !

Et c’est dans cette atmo­sphère que les ter­tiaires doivent essayer de remettre leur famille, afin de créer vrai­ment chez eux l’atmosphère d’un sanc­tuaire où Dieu habite, où la cha­ri­té de l’Esprit Saint habite éga­le­ment. Et ain­si créer cette atmo­sphère de cha­ri­té qui doit unir les membres d’une même famille. Donc : Piété, Étude, Action.

Action : Le ter­tiaire doit être mis­sion­naire. Il ne faut pas gar­der pour vous les grâces que le Bon Dieu vous donne. Vous avez reçu de grandes grâces. Le seul fait d’abord, d’être res­tés dans la Tradition de l’Église, c’est une grâce immense, car vous êtes par le fait même, res­tés près des sources, des sources véri­tables de la grâce du Bon Dieu, c’est-à-dire de la vie divine. Sources de la vie divine, par les sacre­ments, par le Saint Sacrifice de la messe. C’est une grâce insigne. Et cette grâce nou­velle qui vous est don­née d’appartenir au Tiers-​Ordre, le désir d’appartenir au Tiers-​Ordre est une grâce aus­si, de choix, qui vous est faite, pour vous pré­pa­rer à la vie éternelle.

Et pour entraî­ner ceux qui sont autour de vous et de ceux dont vous avez la charge – vos amis aus­si et tous ceux avec les­quels vous avez des contacts – leur don­ner l’exemple d’une vie chré­tienne, d’une vie pro­fon­dé­ment unie à Dieu. Cet exemple sera l’exemple mis­sion­naire qui fera du bien autour de vous.

Voilà com­ment saint Pie X encou­ra­geait les membres de l’Action Catholique, de vivre. Eh bien, je pense que cela s’applique aus­si aux membres du Tiers-Ordre.

Retenez cela : vivez dans une ambiance de pié­té, dans une ambiance d’union à Dieu ; lisez et entre­te­nez votre esprit et votre cœur par les bons exemples des saints et par­ti­cu­liè­re­ment de la très Sainte Vierge Marie.

Et puis ayez cet esprit de cha­ri­té, désir de faire du bien, de com­mu­ni­quer les grâces que vous avez reçues, tous ces dons que le Bon Dieu vous a don­nés, les com­mu­ni­quer aux autres, afin qu’ils pro­fitent eux aus­si de votre exemple et reçoivent à leur tour les grâces qui les aide­ront à mar­cher dans cette vie, rem­plis d’espoir, de la véri­table espé­rance qui est l’attente de la vie éternelle.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.