« Cette Messe qui est le véritable sacrifice, le sacrement du sacrifice du Calvaire,
celui qui est la source de toutes les grâces de Salut pour les âmes
et pour le monde, le véritable sacrifice victorieux. »
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[Le style oral du sermon a été conservé volontairement]
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Messeigneurs, bien chers fidèles,
Nous allons fêter saint Pie X et en même temps le fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie‑X, héritier de saint Pie X. La vie de Mgr Lefebvre peut se résumer en ces mots : la Messe pour le règne du Christ-Roi. De saint Pie X, Mgr Lefebvre a fait le patron céleste de sa Fraternité sacerdotale. Pourquoi ? Avant tout pour qu’il appliquât la devise de saint Pie X : Tout restaurer dans le Christ. Voyons successivement, premièrement le programme unifiant de saint Pie X, appliqué par Mgr Lefebvre et, deuxièmement, ce même programme opposé à la révolution.
Le programme unifiant de saint Pie X, appliqué par Mgr Lefebvre
Je dis, ce programme de saint Pie X est un programme unifiant. Tout restaurer dans le Christ. Tout est englobé dans le domaine du Christ. Il s’agit de tout ramener, toutes les choses de la terre sous un seul chef, qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce programme synthétise tout en Notre-Seigneur Jésus-Christ : la vie du prêtre, la vie religieuse, la vie de la famille chrétienne, la vie de l’école parfaitement catholique, la vie de la profession et celle de la cité. Rien n’échappe à la souveraineté de Notre-Seigneur Jésus-Christ par qui et pour qui tout a été fait. Même l’ordre temporel n’échappe pas à la primauté universelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. A sa primauté de nature comme Homme-Dieu, le seul homme qui soit Dieu parmi nous, qui est donc le prêtre et le roi. Et à sa primauté d’amour et de conquête par le sang de sa croix. Nul n’échappe à l’économie de la rédemption. Ceux qui l’accepteront par la foi en Lui et qui seront sauvés et ceux qui la refuseront ; nul n’échappe à l’économie, au plan de la rédemption. Simplement, pour réaliser ce plan de saint Pie X, tout ramener au Christ, Mgr Lefebvre a trouvé le bon moyen, le moyen essentiel, la Sainte Messe, le Saint Sacrifice de la Messe, amener tous les hommes autour de l’autel du sacrifice ^propitiatoire de la Messe.
Voilà l’essentiel moyen de conquête, ce sacrifice : la Messe qui est un sacrifice conquérant. Pourquoi ? Parce que c’est par le bois de sa croix que Notre-Seigneur a conquis les âmes. Regnavit a ligno Deus. Dieu règne par le bois de sa croix. C’est ce que nous chantons dans le Vexilla Regis au temps de la Passion. Et c’est par ce cantique que les Vendéens marchèrent au supplice au champ des martyrs. Il règne par le bois de la croix. En effet, c’est par la croix que Jésus a vaincu le démon, le péché, l’esprit du monde, la mort éternelle, même les empereurs païens.
Au Gabon, missionnaire, le jeune père Marcel Lefebvre voit de ses yeux la victoire de la Messe, qu’opère la transformation des âmes et même des visages de ces païens devenus chrétiens, de ces indigènes devenus fidèles à Notre-Seigneur Jésus-Christ. De païens qu’ils étaient, devenus fidèles, ils seront désormais fidèles à leurs engagements et spécialement à leurs engagements de mariage.
C’est bien actuel, chers fidèles, face aux choses très sales et dégoûtantes qui se disent à Rome. Mgr Lefebvre, en Afrique nous a déclaré : j’ai vu, j’ai vu de mes yeux se transformer même les villages. Non seulement spirituellement et surnaturellement mais aussi physiquement, matériellement, socialement, économiquement, politiquement. Et il ajoutait : il n’y a pas de raison qu’aujourd’hui la Messe ne puisse produire les mêmes fruits de transformation par les mérites de Jésus-Christ et les co-mérites de Notre-Dame Immaculée.
La réalisation du programme du Christ, Prêtre et Roi, c’est le triomphe de la doctrine romaine que le jeune séminariste, Mgr Lefebvre, recevait à Rome, de ses maîtres romains, en particulier le père Fuckly, père spiritain qui disait, à ses séminaristes : c’est par Lui, c’est par Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous avons le centre de tout. Le roi, la solution de tous les problèmes, la nourriture de nos intelligences et de nos cœurs, la vie de nos âmes, de nos patries, tout, et cela, ajoutait Mgr Lefebvre, et cela transforme la vie. Nos maîtres romains nous ont enseigné l’intégrité du sacerdoce. C’est-à-dire le sacerdoce catholique, c’est-à-dire le sacrifice du prêtre pour le règne de Jésus-Christ. Il a bien dit cela, le sacrifice du prêtre pour le règne de Jésus-Christ, son règne individuel dans les âmes, son règne public sur la cité, comme l’enseignait le pape Pie XI.
Mgr Marcel Lefebvre confronté à la révolution
Et c’est là que nous arrivons au deuxième point de cet exposé. Marcel Lefebvre confronté à la révolution, animé ainsi de son sacerdoce pour le Christ-Roi, va combattre la révolution dans l’Eglise.
A Rome, en 1923 où il entre comme séminariste, on respire encore le parfum des vertus et des doctrines de saint Pie X qui est mort à peine neuf ans avant. Le pape qui a condamné le laïcisme en France et qui a condamné le modernisme par cette belle profession de foi qui est le serment anti-moderniste. Il a, par cette profession de foi, mobilisé et uni le clergé catholique dans la défense et l’illustration de la foi catholique. Nous le disons dans l’oraison de cette fête, Deus, qui, ad tuendam catholicam fidem et universa in Christo instauranda. Ô Dieu qui avez suscité saint Pie X pour garder la foi catholique, et ramener tout au Christ.
Le second, la restauration du règne du Christ, ne va pas sans le premier, la profession et la défense de la foi catholique. Ainsi a fait Marcel Lefebvre il y a bientôt quarante ans par une magnifique déclaration de foi d’adhésion à la Rome catholique, gardienne de la foi et des traditions nécessaires à la conservation de cette foi, d’adhésion à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité, et le refus de la Rome néo-protestante et néo-moderniste.
C’est à Rome comme séminariste que Mgr Lefebvre, à l’école des papes, des encycliques des papes et spécialement des encycliques de saint Pie X, chers fidèles, qu’il a reçu cet idéal du combat de la foi, contre la révolution. Ces séminaristes, ces jeunes prêtres romains étaient préparés à mener le combat d’aujourd’hui, dans l’Eglise. Contre les forces des ténèbres déchaînées contre l’Eglise. Et on leur enseignait le plan de ces forces des ténèbres, en trois points.
Premier point, il faut détrôner Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la cité pour faire un état laïque. Sans Dieu, anti-Christ. Ce qui a été réalisé par l’Eglise – ou par les hommes d’Eglise -, par la liberté religieuse déclarée en 1965, il y a bientôt cinquante ans.
Deuxième point, non seulement détrôner Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la cité, mais supprimer la Messe. C’est le deuxième point du programme anti-Christ : supprimer la Messe de telle sorte que les prêtres ne croient plus en leur Messe, en ce sacrifice propitiatoire pour les péchés, ce qui a été réalisé par l’Eglise – ou par les hommes d’Eglise -, par la nouvelle messe qui a estompé le but propitiatoire du sacrifice de la Messe afin de faire une Eglise laïque, une Eglise laïque.
Et troisième point de la révolution, supprimer la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ Souverain Prêtre dans les âmes, supprimer la grâce, afin que les âmes ne vivent plus en état de grâce. Faire des âmes laïques. Telles étaient les trois expressions de Mgr Lefebvre lui-même, le plan des forces sataniques en trois points. Faire un état laïque, faire une messe laïque et faire des âmes laïques.
Les armes que Mgr Lefebvre a choisies pour combattre cette révolution dans l’Eglise
Alors Mgr Lefebvre va s’opposer et prendre ce programme maçonnique, le renverser et en faire le programme catholique de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie‑X. En trois points :
Premier point : rendre son sens la Messe. Cette Messe qui est le véritable sacrifice, le sacrement du sacrifice du Calvaire, celui qui est la source de toutes les grâces de Salut pour les âmes et pour le monde, le véritable sacrifice victorieux. C’est ce qu’il a fait, en refusant la nouvelle messe et en gardant la Messe de toujours.
Deuxième point du programme catholique véritable : former une élite de chrétiens, que vous devriez être, chers fidèles, une élite de chrétiens vivant en état de grâce, résolus de se sacrifier et de se sanctifier sur le modèle et par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Très Sainte Vierge Immaculée, et résolus à combattre pour le Christ-Roi. C’est le deuxième point, une élite de chrétiens vivant en état de grâce.
Et troisième point du programme catholique : par cette élite, re-couronner Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lui rendre publiquement sa couronne, en édifiant d’abord ce que nous avons fait. Les bastions de chrétienté, les bastions de chrétienté que sont nos prieurés, nos monastères, nos couvents, nos familles chrétiennes nombreuses, aux nombreux enfants, l’éducation véritablement catholique, les écoles intégralement catholiques, la profession soumise à la loi de Notre-Seigneur Jésus-Christ et finalement la vie politique organisée selon les commandements de Dieu.
En poursuivant ce programme du sacerdoce pour le Christ-Roi envers et contre tous les obstacles et les menaces de sanctions de la part de la Rome nouvelle, nous sommes gagnants d’avance, chers fidèles.
En appliquant cette réflexion aussi que Mgr Lefebvre fit le 30 mai 1988, quelques semaines avant les sacres épiscopaux, le lien purement formel avec la Rome nouvelle n’est rien devant la préservation de la foi. Le lien formel, ce lien artificiel, ce lien qui serait un simulacre avec la Rome nouvelle n’est rien devant la préservation et la profession de la foi catholique. C’est à un tel témoignage de notre foi catholique que la Fraternité Saint-Pie‑X est invitée. Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Nous ne pouvons mieux, disait Mgr Lefebvre, et nous pouvons le dire encore aujourd’hui, nous ne pouvons mieux aider le successeur de Pierre qu’en exigeant de lui la profession intégrale de la foi catholique. Nous ne pouvons mieux aider le successeur de Pierre qu’en transmettant la foi catholique, en la proclamant à temps et à contre-temps, par un sacerdoce doctrinal, un sacerdoce saint, un sacerdoce combattif, un sacerdoce missionnaire, et un sacerdoce marial, dédié à la Très sainte Vierge Marie, à son apostolat et à son règne.
In nomine Patris, et Filio, et Spiritu Sancti, amen.
Mgr Bernard Tissier de Mallerais
Source : La Porte Latine
La transcription [Y. B‑R] et les intertitres sont de la rédaction de La Porte Latine
Version audio :LPL/141027