Apostolat des Foyers Chrétiens – Edito. Nov. 2008 – Abbé P‑M Laurençon

Apostolat des Foyers Chrétiens

Pour deve­nir dis­ciples du Christ, il suf­fit de croire dans son cœur en dési­rant la grâce du bap­tême. Mais pour être sau­vé et méri­ter sa place par­mi les élus, il faut encore faire pro­fes­sion publique de sa foi en cher­chant à la répandre autour de soi. Tout bap­ti­sé reçoit donc une mis­sion qu’il peut rem­plir de manière indi­vi­duelle ou col­lec­tive mais tou­jours adap­tée à la situa­tion concrète où il est éta­bli. Ainsi pour les laïcs enga­gés dans les liens du mariage, le rôle d’a­pôtre com­porte des objec­tifs propres à leur état et à leurs responsabilités.

A l’heure où s’ac­cu­mulent les menaces et les idéo­lo­gies contre la concep­tion fami­liale chré­tienne, l’Église compte d’a­bord sur les foyers pour être les modernes gar­diens de l’a­mour chré­tien. Le Sauveur l’a réta­bli dans toute sa digni­té et sa noblesse en lui ren­dant ses pro­prié­tés d’u­ni­té et d’in­dis­so­lu­bi­li­té. Ayant reçu le sacre­ment de mariage avec les remèdes et secours de la com­mu­nion et de la confes­sion, les époux véri­fient l’ef­fi­ca­ci­té de la grâce qui les rend capables de vivre selon un tel idéal .

Ainsi l’Église invite les époux fidèles à ser­vir d’exemple dans la pra­tique de la loi évan­gé­lique non seule­ment pour les autres chré­tiens plus faibles et moins convain­cus mais aus­si pour les non-​chrétiens qui attendent de grands témoi­gnages et de calmes cer­ti­tudes pour com­men­cer à avoir le goût de croire et l’en­vie de se convertir.

Une autre tâche est confiée à l’en­semble des foyers chré­tiens : ali­men­ter le monde de jeunes bap­ti­sés. À toute époque de son his­toire, l’Église a réus­si à entre­te­nir son espé­rance et à assu­rer U son expan­sion grâce à la fécon­di­té solide et durable des peuples chré­tiens. Or, la crois­sance démo­gra­phique actuelle donne de plus en plus l’a­van­tage en nombre au monde des athées, païens qui gar­nissent majo­ri­tai­re­ment la pla­nète d’êtres humains en attente d’un Sauveur. Ce phé­no­mène rend d’au­tant plus néces­saire la crois­sance en quan­ti­té et en qua­li­té du royaume de Dieu.

Ce n’est pas dans un esprit de riva­li­té ni de concur­rence que l’Église encou­rage cette pré­oc­cu­pa­tion à main­te­nir une juste pro­por­tion de catho­liques dans le monde. Mais les moyens d’é­van­gé­li­sa­tion doivent res­ter en rap­port avec la volon­té du Sauveur « d’en­sei­gner toutes les Nations ». Pour réa­li­ser un tel pro­gramme, l’Église s’ap­puie encore sur la géné­ro­si­té des foyers chré­tiens qui sont appe­lés non seule­ment à se per­pé­tuer en engen­drant des rameaux féconds mais aus­si à four­nir à l’Église tous les dévoue­ments et toutes les voca­tions indis­pen­sables. C’est pour­quoi les sacre­ments de mariage et d’ordre sont insé­pa­rables et com­plé­men­taires : les amours des époux et les vir­gi­ni­tés consa­crées sont nor­ma­le­ment soeurs et com­pagnes sur les routes du salut.

On doit bien recon­naître aujourd’­hui qu’à cause du mal­heur des temps et de la méchan­ce­té des hommes, l’Église recule et le mal pro­gresse même là où la foi chré­tienne se mon­trait jusque là la plus visible et la plus féconde. Mais il ne manque pas de signes pour gar­der l’es­pé­rance. Mgr Lefebvre aimait à répé­ter qu’on trouve l’Église là où rayonne la grâce du Christ dans la fidé­li­té aux com­man­de­ments divins, et plus pré­ci­sé­ment dans ces foyers chré­tiens où sont appli­quées les règles du mariage. Encourageons toutes nos familles, fier­té des com­mu­nau­tés de la Tradition qui apportent cette garan­tie si récon­for­tante de puis­sance de la grâce et d’ap­par­te­nance réelle à l’Église

Abbé Pierre-​Marie Laurençon †

(1) Extrait de L’Acampado n° 33 de décembre 2008