La bonne nouvelle, source de grande joie

La vie chré­tienne nous per­met de résis­ter vic­to­rieu­se­ment aux mani­pu­la­tions intoxi­cantes du monde.

Les deux mots « bonne nou­velle » qui tra­duisent le terme latin « Evangelium » s’appliquent au sens strict à Notre Seigneur dont toute la doc­trine et la vie apportent au monde un mes­sage de salut : la malé­dic­tion qui pesait sur le monde depuis son ori­gine va enfin trou­ver son éli­mi­na­tion. Voilà com­ment les anges révèlent la nais­sance du Messie aux ber­gers de Bethléem en leur annon­çant la bonne nou­velle d’un évé­ne­ment tel­le­ment réjouis­sant : « Il vous est né un Sauveur ! » (St. Luc 2, 10). Cette divine Espérance qui a été assu­rée solen­nel­le­ment à nos pre­miers parents au moment même où ils rece­vaient le juste châ­ti­ment de leur infi­dé­li­té trouve son sublime accom­plis­se­ment dans l’apparition de Jésus.

Sans doute, LA « Bonne Nouvelle » par excel­lence qui consiste essen­tiel­le­ment dans l’œuvre de la Rédemption et sur­tout dans la Personne même du Sauveur, ne trou­ve­ra son achè­ve­ment com­plet et son plein cou­ron­ne­ment que dans la mort et la résur­rec­tion de Notre Seigneur (et sur­tout dans son retour triom­phant à la fin du monde) : car II a choi­si d’opérer ain­si sa vic­toire sur le démon, le péché et l’enfer comme Lui-​même l’a pro­phé­ti­sé à la veille de sa Passion : « L’heure est venue où le Prince de ce monde va être jeté dehors » (St. Jean, 12, 31). Mais ce triomphe défi­ni­tif de notre Sauveur sur le mal a été pré­pa­ré et annon­cé tout au cours de sa vie par une suc­ces­sion inin­ter­rom­pue de vic­toires et de recon­quêtes en domi­nant la ruse, la méchan­ce­té et la per­ver­si­té des démons et aus­si de tous ceux qui en étaient deve­nus leurs sup­pôts en se fai­sant les contra­dic­teurs et les adver­saires du divin Maître : à tout moment de son exis­tence, le Bon Jésus a vou­lu don­ner de ces « bonnes nou­velles » pour prou­ver que les forces infer­nales et malé­fiques n’auraient jamais le der­nier mot même si, dans cer­tains cas et mys­té­rieu­se­ment, elles peuvent don­ner l’impression de tout déte­nir en leur pou­voir comme Jésus l’a décla­ré lui- même au grand prêtre au cours de sa Passion : « C’est ici votre heure et la puis­sance des ténèbres » (St. Luc, 22, 53).

Les forces infer­nales et malé­fiques n’auront jamais le der­nier mot.

Ce double phé­no­mène se retrouve inva­ria­ble­ment et à chaque page de l’histoire de l’Église : en effet, on constate à l’évidence que le mal pro­gresse par­tout et se répand tou­jours davan­tage et de manière presque iné­luc­table ; pour­tant, on remarque tout aus­si clai­re­ment et en stricte cor­res­pon­dance des « signes de contra­dic­tion » pour s’opposer à ces puis­sances mau­dites et réus­sir au moins à les pri­ver d’un total suc­cès. Quel que soit le cours des évé­ne­ments qui tournent sou­vent à l’avantage des fils de ténèbres, la Sainte Providence se doit de mani­fes­ter ain­si la toute Puissance pater­nelle de Dieu qui conserve un suprême contrôle sur tout et en par­ti­cu­lier sur la noci­vi­té des méchants : et donc les fils de lumière ne man­que­ront jamais de ces « bonnes nou­velles » qui main­tien­dront leur cou­rage et assu­re­ront leur per­sé­vé­rance en leur garan­tis­sant que, mal­gré les appa­rences mais en toute véri­té, ils ne sont pas dans le mau­vais camp des per­dants fata­le­ment voués à l’échec.

En temps de guerre, une des stra­té­gies de base consiste à démo­ra­li­ser l’adversaire pour le pous­ser à la démis­sion et à la capi­tu­la­tion et le démon n’emploie pas d’autre méthode plus effi­cace que le décou­ra­ge­ment pour nous faire suc­com­ber plus sûre­ment à la ten­ta­tion. Ainsi St. Ignace nous met ain­si en garde dans ses règles de dis­cer­ne­ment des esprits : « C’est le propre du mau­vais esprit de cau­ser de la tris­tesse et des tour­ments de conscience, d’élever des obs­tacles, de trou­bler par des rai­son­ne­ments faux, afin d’arrêter les pro­grès dans le che­min de la ver­tu ». De son côté aus­si, le monde se prête volon­tiers comme ins­tru­ment à cette méthode d’abattement : en dehors des périodes de pros­pé­ri­té où il pousse plu­tôt à la cor­rup­tion par l’appât des plai­sirs pec­ca­mi­neux et des jouis­sances mal­saines, le monde sème la panique et entre­tient une atmo­sphère de peur en mul­ti­pliant les (fausses) alertes et en cri­blant l’actualité de nou­velles toutes plus anxio­gènes les unes que les autres.

Le monde sème la panique et entre­tient une atmo­sphère de peur.

Mais la vie chré­tienne nous per­met de résis­ter vic­to­rieu­se­ment à ces mani­pu­la­tions intoxi­cantes en nous don­nant la mis­sion de mes­sa­gers de bonnes nou­velles. Sans doute, il s’agit d’une charge plu­tôt aus­tère et ingrate puisque, à l’inverse et dans le rôle contraire, on s’assure un suc­cès presque infaillible en don­nant de mau­vaises nou­velles et sur­tout en révé­lant des scan­dales : en effet, notre pauvre nature humaine est mal­heu­reu­se­ment plus por­tée à se réjouir du mal en consen­tant à l’envie qu’à se réjouir du bien en se lais­sant ins­pi­rer par la cha­ri­té. Malgré cette concur­rence bien déloyale, osons rele­ver le défi en nous appuyant sur le prin­cipe exal­tant de St. Jean Chrysostome : « Jamais Dieu ne per­met­trait le mal s’il n’en tirait un plus grand bien ». Avec exemples à l’appui, sachons prou­ver que, même dans les pires mal­heurs et catas­trophes, le Bon Dieu réus­sit tou­jours à nous faire triom­pher du mal par le bien si nous accep­tons de nous lais­ser por­ter par sa grâce et si nous savons aus­si mon­trer un peu de cou­rage. Ainsi les fidèles de Tradition, chas­sés de leurs églises par la hié­rar­chie offi­cielle et empê­chés de confier leurs enfants à des éta­blis­se­ments dits catho­liques mais sans en méri­ter le nom par­viennent au prix d’efforts et de sacri­fices héroïques à se don­ner des lieux de culte tout à fait dignes et à sus­ci­ter des écoles en pleine confor­mi­té avec leurs convic­tions et les prin­cipes ensei­gnés par l’Église.

Le monde s’emploie à dis­cré­di­ter notre Religion en don­nant une publi­ci­té obsé­dante et odieuse aux scan­dales de cer­tains chré­tiens infi­dèles sur­tout lorsqu’il s’agit d’âmes consa­crées (et il est bien vrai que, nous sur­tout, n’avons « pas droit à l’erreur »). Par contre, on étouffe d’un silence assour­dis­sant le mérite de tous ceux qui honorent leurs enga­ge­ments ; et donc, sans com­plexe de fausse modes­tie, ren­dons grâce pour tous ceux qui par­mi nous célèbrent leur jubi­lé pour leur énième année de mariage, de pro­fes­sion, de sacer­doce et qui, par leur simple per­sonne et par leur vie exem­plaire, repré­sentent une béné­dic­tion et une source de grande joie pour leur famille, leur com­mu­nau­té, la socié­té tout entière et pour l’Église elle-​même. Et la matière ne manque pas pour publier fiè­re­ment bien d’autres évé­ne­ments réjouis­sants, fruits de la grâce triom­phante du Salut. Rentrons donc har­di­ment dans la nou­velle année comme « pro­phètes de bon­heur » avec tout le dyna­misme sur­na­tu­rel que pro­cure l’Espérance chrétienne.

Source : Le Parvis n°116