N° 20 – Novembre 2008
hère Madame,
A la fin de ce mois, avec notre Sainte Mère l’Eglise, nous commencerons une nouvelle année liturgique en entrant dans ce saint temps de l’Avent. Aussi, avec la Vierge Marie qui attend de mettre au monde son Divin Fils, notre Sauveur, je voudrais m’adresser plus spécialement aux mamans qui, elles aussi, attendent un « petit enfant ». Comment utiliser ces mois pour le bien de l’enfant qui va venir sur terre et qui vit déjà en vous ?
Dès maintenant, cette formation du chrétien dans l’enfant que vous portez commence. Je vous propose de méditer le message de St Jean-Baptiste. Que dit-il ? « Préparez les chemins du Seigneur. » La venue du Seigneur se prépare toujours et chaque année dans notre âme en ce temps de l’Avent.
De même, Chère Madame, vous qui venez de concevoir un être destiné à vivre en enfant de Dieu, il vous faut aussi préparer sa venue. Pensez déjà à ce jour prochain où vous présenterez votre enfant à l’Eglise pour qu’il reçoive ce grand sacrement du baptême ; alors vous pourrez entendre dans votre cœur cette même parole que Dieu nous révéla le jour du Baptême de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances ». A chaque baptême se renouvelle en quelque manière, cette scène. Au moment où le nouveau-né est régénéré par l’eau baptismale et qu’il est marqué du sceau et de la ressemblance du Christ, le Saint-Esprit prend possession de son âme et l’envahit de sa charité ; le Père se plaît à reconnaître en lui « son fils », son enfant bien-aimé. Mesurons-nous assez la grandeur de ce sacrement afin de faire grandir en ce petit être cette grâce baptismale et la Foi qu’il a reçues…. Si c’est le cas, alors, Chère Madame, vous ferez en sorte que le baptême ait lieu le plus tôt possible après la naissance, puis vous l’aiderez à faire grandir cette semence qu’est la Vie Divine par la Foi.
En effet, en assumant l’éducation de ce baptisé, vous devrez lui apprendre à connaître et à aimer son Père du ciel et à se comporter dans toutes ses actions en « fils de Dieu ».
« Le fruit de l’éducation chrétienne est l’homme surnaturel qui pense, agit avec constance et avec esprit de suite, suivant la droite raison éclairée par la lumière surnaturelle des exemples et de la doctrine du Christ. » (Pie XI – encyclique sur l’éducation chrétienne
Chère Madame, vous ne remplirez pleinement ce devoir que dans la mesure où, en même temps que vous apprendrez à votre enfant à soumettre ses instincts à la raison (et non à son plaisir…, déformation à l’heure actuelle), vous vous efforcerez de lui communiquer le secret de subordonner sa raison à la foi, en vous inspirant, dans toutes vos pensées comme dans tous vos gestes, des maximes et des exemples de Notre-Seigneur. Et ce temps d’attente vous est donné pour vous préparer intérieurement à cette grande tâche ; car, former un homme est une grande tâche ; éduquer un chrétien est une œuvre plus belle et plus sublime encore.
C’est pénétrée de ces vérités qu’il vous faut attendre le petit être déjà tendrement aimé avant son « apparition ». Ainsi, consciente de votre mission, vous n’attendrez pas la naissance de votre enfant pour commencer son éducation chrétienne. Un grand auteur disait : « que les mamans qui vont enfanter….. se souviennent qu’elles attendent une âme. Qu’elles préparent le nid moral avec le même soin que le berceau. »
Mgr Bougaud, dans son livre sur la vie de Sainte Monique, décrit comment cette grande sainte vécut ces mois d’attente avant l’enfantement de celui qui devint un des plus grands saints : St Augustin. Dès que Sainte Monique put soupçonner que Dieu avait exaucé ses désirs, elle se recueillit. Rappelez-vous l’Evangile de l’Annonciation : que fit la Vierge Marie, sinon « se recueillir ». C’est bien le climat de l’Avent. La Sainte Ecriture, sa lecture préférée, lui ayant appris que, pendant ces longs mois où son enfant allait vivre avec elle d’une seule et même vie, elle pouvait déjà le sanctifier et, pour ainsi dire, le plonger dans l’amour de Dieu, elle redoubla de vigilance, de piété et de pureté de cœur, afin que cette petite âme, qui allait se mouler sur la sienne, ne reçut d’elle que des impressions saintes. Et, sans tarder, elle offrit son trésor à Dieu avec toute l’ardeur et toute la tendresse dont elle se sentait capable. Oui, Chère Madame, que Dieu vous donne cette grâce de retrouver dans l’intimité du cœur les mêmes sentiments qui animaient l’âme de cette sainte Maman, et de retrouver les mêmes gestes.
Une maman de quatorze enfants écrivait :
« La sollicitude de la jeune mère pour le petit que Dieu lui envoie s’éveillera non seulement à sa naissance, mais dès qu’elle aura le bonheur d’espérer. Q’elle se réjouisse alors, et qu’elle rêve de l’élever dans l’amour le plus pur de l’Eglise et pour le ciel. Qu’elle allège aussi ses souffrances si pénibles, ses nombreux sacrifices, en les offrant à Dieu pour son enfant, afin qu’il soit plus beau et meilleur. »
Le petit être que vous portez ainsi participe aux actes de piété et de vertu, aux communions de sa mère. Que d’exemples de mamans qui ont donné à l’Eglise de grands saints ! Je citerai à nouveau : les parents de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus en sont un exemple type. Sachons mettre à profit cette grâce que vient de nous donner l’Eglise en béatifiant dernièrement Monsieur et Madame Martin. Quel modèle d’époux chrétiens. En lisant « Histoire d’une famille » du Père Piat et « la correspondance de Zélie Martin », vous apprendrez, Chère Madame, comment cette sainte maman comprenait l’éducation de ses enfants, ces mêmes enfants qui ont enrichi l’Eglise par leur vie de sainteté dont la plus grande reste cette humble carmélite que fut Sainte Thérèse. Plus la vie surnaturelle de la maman sera intense, plus son enfant aura la chance d’en tirer un large profit. Retenez cette maxime : « on forme comme on est. »
Un autre exemple : avant la naissance de son fils et durant toute la période de son attente, la mère du vénérable Père Chevrier montait tous les samedis en pèlerinage à Notre-Dame de Fourvière et priait ainsi :
« O mon Dieu, ô Sainte Vierge, il est à vous ; je vous le donne, s’il ne doit pas vous servir de tout son cœur, retirez-le de ce monde après son baptême ».
Quelle Foi admirable dans le cœur de cette grande chrétienne. Comment Dieu qui est « la bonté même » peut-il résister à la prière si ardente de cette maman, à cet amour si détaché de son enfant qui lui fait préférer Dieu aimé plus que tout ? C’est cela le véritable amour maternel et chrétien qui fait de nos enfants des saints !
Chère Madame, la maman chrétienne que vous êtes ou allez devenir, n’aura pas de peine à s’unir à Marie, elle aussi, jadis, en attente de son Divin Fils. A l’imitation de cette maman et pour vous aider quelque peu durant cet Avent, je vous invite à réciter cette prière :
« Prière d’une Mère pour son enfant à Notre-Dame de Chartres
Ô glorieuse et très sainte Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Notre-Dame de Chartres, vous que dans tous les siècles on invoqua comme la Vierge devant enfanter, vous dont le saint vêtement a toujours été la protection spéciale des mères et des enfants, vous connaissez les craintes et les espérances qui agitent mon cœur ; je mets en vous toute ma confiance, exaucez-moi. Que mon enfant soit votre enfant, je vous le donne, il faut que vous soyez sa mère ; aimez-le comme je l’aime ; je suis sa mère aussi, mais je veux le regarder comme un précieux dépôt que vous daignez confier à mes soins. Donnez-moi la vigilance, donnez-moi la patience, donnez-moi la fermeté, afin que sous ma garde il soit à l’abri de tout danger, que je supporte toutes mes peines, que j’aie la force de le guider dans la vertu par mes prières, par mes conseils, par mes exemples. Rendez-le docile, donnez-lui la sagesse, inspirez-lui la piété. Défendez-le contre le démon, contre le monde, contre son propre cœur, afin qu’au ciel j’aie le bonheur de le voir avec moi auprès de vous pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. »
(à suivre)
Une Religieuse.