Droit de réponse de Mgr Alain Planet du 18 mars 2011 et nos commentaires

Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne

Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne

Monseigneur Alain Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne, a sou­hai­té que nous publiions son « droit de réponse » au texte dans lequel nous exa­mi­nions les volon­tés qui pou­vaient l’animer lorsqu’il posait trois condi­tions pour nous ouvrir les portes des sanc­tuaires construits autre­fois par nos ancêtres.
C’est bien volon­tiers que nous signa­lons son inter­pré­ta­tion des faits, même si nous ne cachons pas notre grande gêne en consi­dé­rant qu’un évêque s’attache à des détails plu­tôt qu’à reve­nir sur les faits prin­ci­paux.
Ce fai­sant, loin de reve­nir sur des actions ou des pro­pos propres à scan­da­li­ser, il jus­ti­fie sa volon­té de dia­lo­guer avec les francs-​maçons et leur par­ti­ci­pa­tion à des groupes bibliques. Il cau­tionne le qua­li­fi­ca­tif « d’hommes de bonne volon­té » qu’il leur a attri­bué. Il confirme sa pré­sence à des céré­mo­nies non-​catholiques aux côtés de pas­teurs. Il n’infirme rien sur sa décon­cer­tante per­cep­tion du rite tra­di­tion­nel de la messe.

Monsieur,

Votre article me concer­nant m’est par­ve­nu. Je vous serai recon­nais­sant selon les dis­po­si­tions de la l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 modi­fiée, sur la liber­té de la presse, de publier les rec­ti­fi­ca­tifs suivants. 

Je vous en remer­cie par avance.

+ Alain Planet 

Mgr l’évêque de Carcassonne & Narbonne tient à pré­ci­ser les points suivants :

1 – Le der­nier culte pro­tes­tant auquel il a par­ti­ci­pé était, en mai 1964, au temple de Romans/​Isère, la « confir­ma­tion » de l’un de ses cama­rades de classe.

LPL – Chaque année, à Pâques, l’évêque de Carcassonne par­ti­cipe à des céré­mo­nies célé­brées conjoin­te­ment avec des pas­teurs pro­tes­tants qui nient plu­sieurs dogmes catho­liques, qui refusent la pri­mau­té romaine, la vir­gi­ni­té de Notre Dame ou la pré­sence réelle. Peut-​on appe­ler catho­liques ces céré­mo­nies sin­geant notre litur­gie où tout notion de sacri­fice est éva­cuée ? La réponse paraît évi­dente. S’il n’y a aucun dan­ger à célé­brer à côté de ces pas­teurs, on peine à entre­voir le péril qu’il y aurait à prê­ter un sanc­tuaire à d’autres catho­liques.

2 – Il s’est ren­du aux dates indi­quées dans l’article dans les temples audois concer­nés pour des temps de prière œcu­mé­nique. Il n’y a jamais été ques­tion des sans-​papiers. Il y a tou­jours été trai­té en évêque catho­lique et c’est tou­jours lui qui a béni l’assemblée.

LPL – Au temple de Carcassonne, le 23 jan­vier 2010, après la pré­di­ca­tion du pas­teur Mas et avant la béné­dic­tion don­née par Mgr Planet, Madame Annie Barthas a appor­té un témoi­gnage sur le tra­vail mené par des asso­cia­tions comme l’Acat et Amnesty inter­na­tio­nal qui militent, d’après la recen­sion qu’en fait la revue du temple, « pour la défense et l’accompagnement des « sans papiers (1)».

3 – Il n’a jamais pro­non­cé de confé­rence devant une assem­blée de franc maçons. L’article du jour­nal a fait l’objet d’un démen­ti cin­glant. Au jour et heure indi­quées, Mgr l’évêque pré­si­dait l’assemblée géné­rale des amis de ND de Marceille. Les jour­naux l’avaient rap­por­té dès le lendemain.

LPL – Notre site a bien fait men­tion du désa­veu de Mgr Planet à pro­pos d’une inter­ven­tion dans la loge maçon­nique, mais cette men­tion n’a pas non plus omis le fait que dans ce com­mu­ni­qué, l’évêque de Carcassonne confir­mait « l’existence d’un groupe catholiques-​francs-​maçons et per­sis­tait dans l’u­ti­li­té de ces rencontres. »

4 – Tant à KTO (l’émission est tou­jours visible sur le site) que dans sa décla­ra­tion sur la franc maçon­ne­rie il a tou­jours rap­pe­lé l’incompatibilité d’appartenance à la FM pour un catholique.

LPL – Tout ceci est bien rap­pe­lé dans la vidéo de l’émission de KTO que nous avons très fidè­le­ment citée. L’évêque de Carcassonne rap­pelle le fait que les idéaux maçon­niques et catho­liques ne sont pas « exac­te­ment » les mêmes. Mais il qua­li­fie les francs-​maçons d’« hommes de bonne volon­té », avoue même que cer­tains sont membres de groupes bibliques com­muns et jus­ti­fie ce dia­logue avec eux.

5- Les « sœurs » du Cammazou ont, à leur début, gros­siè­re­ment et conti­nu­ment insul­té Mgr PUECH qui les avait, pour­tant accueillies. Le pape Paul VI a été contraint de les rele­ver de leurs vœux le 7 juin 1976. L’évêque actuel a cepen­dant tenu à ren­con­trer les com­mu­nau­tés pré­sentent (sic)au Cammazou et a ten­té, conjoin­te­ment au Maître géné­ral des Prêcheurs, d’ouvrir un dia­logue per­met­tant de réta­blir la com­mu­nion. Si à ce jour il n’a pas abou­ti ce n’est cer­tai­ne­ment pas de sa faute.

LPL – En mai 1975, après avoir sem­blé accep­ter de les rece­voir, Monseigneur Puech a refu­sé d’accueillir dans son dio­cèse les domi­ni­caines ensei­gnantes du Saint Nom de Jésus qui lui en avaient fait la demande.
Leur réac­tion a pu être d’étonnement, de souf­france, de fran­chise, mais il n’est pas exact de dire que les reli­gieuses ont « à leur début, gros­siè­re­ment et conti­nu­ment insul­té Monseigneur Puech. »
La dis­pense de leurs vœux leur a été impo­sée – à la demande de leur Congrégation d’origine – parce qu’elles n’ont ces­sé de récla­mer la messe dite de saint Pie V, aujourd’hui recon­nue comme légi­time.
Si Monseigneur Planet « a tenu à ren­con­trer les com­mu­nau­tés pré­sentes au Cammazou et a ten­té… d’ouvrir un dia­logue per­met­tant de réta­blir la com­mu­nion », il a à l’époque uni­que­ment mani­fes­té le désir de « ter­mi­ner la décou­verte de son diocèse ». 

6- La police a arrê­té l’organisateur du « caillas­sage » du Viguier . C’est un petit gar­çon de treize ans. Il vit seul avec sa mère, est tota­le­ment désco­la­ri­sé, ne croit en rien et a déjà été défé­ré cinq fois devant le juge pour enfant. On trou­ve­ra l’information sur les sites des jour­naux locaux.

LPL – Dans l’affaire du Viguier, l’important n’est pas de connaître l’âge du cou­pable, c’est de voir que, loin d’apaiser les âmes légi­ti­me­ment émues par la chris­tia­no­pho­bie ambiante dans notre pays, l’évêque s’attache à inver­ser les rôles. Il fait des vic­times des cou­pables et fait des fidèles émus des gens plus dan­ge­reux que les pro­fa­na­teurs d’églises. Si cette dégra­da­tion était ano­dine, pour­quoi la presse se serait-​elle pres­sée pour une céré­mo­nie de récon­ci­lia­tion à laquelle on pou­vait légi­ti­me­ment s’étonner d’y voir inter­ve­nir un imam dans une église ?

7 – Aucune nou­velle condi­tion n’est exi­gée pour ce qui concerne le « pèle­ri­nage » à ND de Marceille. Celles qui sont citées sont anté­rieures au débat actuel. L’accueil du « pèle­ri­nage » est sus­pen­du jusqu’à ce que les dis­cus­sions romaines aient abou­ti en rai­son des graves allé­ga­tions du jour­nal Le Seignadou et des pro­po­si­tions, condam­nées par le concile de Constance, sou­te­nues par l’auteur de l’article dans sa cor­res­pon­dance avec l’évêque. Les res­pon­sables en ont été infor­més le 15 février 2010. L’un d’entre eux écri­vait d’ailleurs le 9 février 2011 « J’avais par­fai­te­ment com­pris et noté le refus que vous avez for­mu­lé quant à la pos­si­bi­li­té de célé­brer la messe de notre pèle­ri­nage en la basi­lique Notre-​Dame de Marceille. ». En outre, jusqu’aux Rameau pro­chains l’église et le parc sont en tra­vaux et fer­més au public pour rai­son de sécu­ri­té. L’interdiction vaut pour tout le monde et les ras­sem­ble­ments dio­cé­sains ont été délocalisés.

LPL – De cette regret­table volon­té de trou­ver des moyens dégui­sés pour nous exclure, nous ne pou­vons que nous émou­voir du fait que dans ces sanc­tuaires – en tra­vaux ou non – le cri des pigeons rem­pla­ce­ra le son de nos chants et que notre péré­gri­na­tion lais­se­ra place à l’activité des arai­gnées. Cela ne nous fera nul­le­ment fai­blir dans notre déter­mi­na­tion à prendre contact, à tra­vers la France, à tra­vers le monde, avec des évêques sou­hai­tant vrai­ment consi­dé­rer la crise de l’Église et à y remé­dier, et à prier pour le salut des âmes et la res­tau­ra­tion de la Tradition.
C’est sur ces sacri­fices et ces prières que sont nées les voca­tions de nos sémi­na­ristes. Sur nos pro­chaines offrandes éclo­ront celles de demain.

Notes

(1) « Célébration œcu­mé­nique Au temple le 23 jan­vier 2010

La célé­bra­tion œcu­mé­nique qui a ras­sem­blé Catholiques, Orthodoxes, Protestants, s’est dérou­lée, cette année, au temple réfor­mé de Carcassonne, rue Antoine Marty. Le thème de la prière pour l’unité des Chrétiens, pro­po­sé en cette année 2010 était « de tout cela, c’est vous qui êtes les témoins ».
L’assemblée était nom­breuse, les can­tiques, accom­pa­gnés à l’harmonium par Claude Mamet, et diri­gé par le père Bruno Garrouste, ont fait trem­bler les murs de notre temple ! C’est le pas­teur M. Jas qui a assu­ré la pré­di­ca­tion sur le texte de l’Evangile de Luc 24 vers : 1 à 50, lu à plu­sieurs voix par des laïcs de toutes confes­sions.
Pour illus­trer le thème de la ren­contre, Annie Barthas a appor­té un témoi­gnage sur le tra­vail mené par la Coordination 11 (groupe d’associations : Acat, Cimade, Education sans fron­tière, Amnesty International…) qui milite pour la défense et l’accompagnement des « sans papiers ».
La ren­contre s’est ter­mi­née par le « Notre Père » chan­té, de Rimsky-​Korsakov et par la béné­dic­tion appor­tée par l’évêque de Carcassonne, Monseigneur Planet.
Claudine Rives« 
Source : Trait d’Union n° 52 de mars 2010 – Bulletin de « l’Eglise Réformée de Carcassonne »