Synode – Rome va parler…, par le Père Raymond de Souza

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Rome va parler…à pro­pos de la Communion aux divor­cés rema­riés. Et ceux qui pensent qu’il n’y aura pas de chan­ge­ments doivent s’at­tendre à avoir une mau­vaise sur­prise… C’est du moins ce que pense le Père Raymond de Souza [1] dans un article du Catholic Herald du 13 novembre 2015.

François a constam­ment pré­pa­ré l’Église au chan­ge­ment. Il est stu­pide d’en igno­rer les signes.

Le Synode sur la famille est ter­mi­né. L’Église attend main­te­nant ce que le Pape François va déci­der. Ceux qui au synode ont défen­du le main­tien de la dis­ci­pline tra­di­tion­nelle en matière d’ad­mis­sion aux sacre­ments pour les divor­cés civi­le­ment et rema­riés doivent se tenir prêts à une déci­sion dif­fé­rente du Pape.

Il y a sans cesse pré­pa­ré l’Église. Il serait stu­pide d’en igno­rer les signes.

Après beau­coup de ter­gi­ver­sa­tions, le Synode a déci­dé de suivre presque exac­te­ment ce que le Pape François avait dit dans son audience géné­rale du 5 août, durant laquelle il avait for­te­ment sug­gé­ré qu’il n’é­tait pas d’ac­cord avec la tra­di­tion ensei­gnée par Jean-​Paul II dans Familiaris Consortio (1981) et confir­mée par Benoît XVI dans Sacramentum Caritatis (2007).

Il ne l’a pas expli­ci­te­ment contre­dite, lors du Synode non plus. Mais il en a cité les pas­sages concer­nés, sans affir­mer leurs conclu­sions défi­ni­tives et le synode a fait de même.

Le silence sur la for­mu­la­tion de Jean-​Paul II indique-​t-​il le consen­te­ment ? Ou signifie-​t-​il que l’en­sei­gne­ment tra­di­tion­nel est lais­sé de côté ?

La semaine der­nière, un com­men­taire du père Antonio Spadaro SJ, direc­teur de La Civiltà Cattolica, a don­né une réponse claire. La Civiltà a tou­jours une cer­taine auto­ri­té, puisque la revue catho­lique est révi­sée par la Secrétairerie d’é­tat du Saint Siège avant la publication.

Le père Spadaro fait encore plus auto­ri­té, étant à la fois un proche confi­dent et un porte-​parole du Pape François. Il n’est pas conce­vable qu’il puisse écrire quelque chose qui contre­dise ce qui est vou­lu par le Saint Père. Dans son ana­lyse du Synode, sa réponse est catégorique.

« Le rap­port [final du synode] avance dans cette voie de dis­cer­ne­ment des cas indi­vi­duels sans poser aucune limite d’in­té­gra­tion, comme c’é­tait le cas dans le pas­sé… La conclu­sion est que l’Église réa­lise qu’on ne peut plus par­ler d’une caté­go­rie abs­traite de per­sonnes et enfer­mer la pra­tique de l’in­té­gra­tion dans une règle qui est entiè­re­ment géné­rale et valide dans tous les cas. On ne dit pas jus­qu’où le pro­ces­sus d’in­té­gra­tion peut aller, mais des limi­ta­tions insur­mon­tables et pré­cises ne sont pas non plus établies ».

Les « limites du pas­sé » sont celles de Familiaris Consortio, qui étaient cer­tai­ne­ment « pré­cises ». Elles ne tiennent plus. Et jus­qu’où ira l’intégration ?

Le père Spadaro cite le Cardinal Christoph Schönborn de Vienne, qui inclut expli­ci­te­ment la Sainte Communion pour ceux qui vivent dans des mariages non valides.

Le Pape François a don­né la semaine der­nière une nou­velle inter­view au fameux Eugenio Scalfari : selon celui-​ci, le Saint Père lui a dit que tous les divor­cés et rema­riés qui le demandent seront admis à la Sainte Communion.

Le bureau de presse du Vatican a émis l’ha­bi­tuelle décla­ra­tion sur la non-​fiabilité de Scalfari, qui recons­truit les conver­sa­tions papales avec sa mémoire fer­tile, mais ce que Scalfari a écrit en quelques lignes est en sub­stance ce que le père Spadaro a écrit en 20 pages : ou bien vivre dans une union conju­gale hors du mariage ne sera plus néces­sai­re­ment consi­dé­ré comme un péché, ou le fait de vivre dans un état de péché grave ne sera plus un obs­tacle pour rece­voir la Sainte Communion.

Si Scalfari et le père Spadaro pré­sen­taient des opi­nions diver­gentes, il serait oppor­tun de suivre le père Spadaro quant à la pen­sée du Saint Père. Mais s’ils sont d’ac­cord, il n’y a pas lieu de douter.

Les proches du Saint Père n’ont pas atten­du la conclu­sion du synode pour don­ner des indi­ca­tions fortes sur l’is­sue qui a sa pré­fé­rence. Durant le Synode, le bureau de presse du Synode a fait cir­cu­ler une inter­view du Cardinal Donald Wuerl par Gerald O’Connell, de la revue America.

O’Connell couvre le Vatican depuis 30 ans, mais son impor­tance est main­te­nant à son apo­gée étant don­né qu’il est marié à Elisabetta Piqué, la jour­na­liste argen­tine pré­fé­rée du Pape Bergoglio, à qui il a accor­dé un accès privilégié.

Si le nom de O’Connell appa­raît sur une infor­ma­tion publiée par le bureau de presse du Saint Siège, il peut en toute sécu­ri­té être consi­dé­ré comme la ligne offi­cielle de la Domus Sanctae Marthae.

Le mes­sage du Cardinal Wuerl, lui-​même homme de grande pré­ci­sion, pru­dent dans l’ex­pres­sion, était inha­bi­tuel­le­ment franc avec ceux qui s’in­quié­taient que le Synode puisse essayer de chan­ger la pra­tique tra­di­tion­nelle. Ils ont tous trou­vé le Synode « quelque peu mena­çant », peut-​être parce que « tout sim­ple­ment ils n’aiment pas ce pape ».

Quelques heures après la conclu­sion du synode, O’Connell, un canal anglo­phone fiable pour ceux qui sont proches du Pape, a écrit un com­men­taire qui iden­ti­fiait les Cardinaux Pell, Ouellet, Sarah et Müller comme ceux qui dans la curie « rament dans une direc­tion dif­fé­rente » de celle du Pape et que le Pape, dans son allo­cu­tion finale, avait carac­té­ri­sé comme ayant « des cœurs fermés ».

L’Église attend main­te­nant que Rome parle. Le voix proches de l’Évêque de Rome parlent déjà, de plus en plus confiantes que quand l’heure vien­dra Rome ne dira plus ce qu’elle avait dit auparavant.

Père Raymond J. de Souza

Sources : Catholic Herald/​Traduction de Anna pour benoit​-et​-moi​.fr

Notes de bas de page

  1. Ordonné prêtre en juillet 2002, le Père Raymond J. de Souza est incar­di­né dans l’Archidiocèse de Kingston, Ontario. Il est curé de la paroisse du Sacré-​Cœur de Marie sur Wolfe Island. Il est déten­teur d’une licence de théo­lo­gie qu’il a obte­nu à l’u­ni­ver­si­té Sainte-​Croix de Rome. Il est rédacteur-​en-​chef de la revue Convivium. Il écrit régu­liè­re­ment dans The National Post, dans The National Catholic Register et dans First Things.[]