Franciscaines de l’Immaculée : pourquoi un tel harcèlement ? – 3 septembre 2014


Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

On sait de quelle manière vio­lente, en ce qui concerne le droit de l’Église, se déroule la visite cano­nique des Franciscains de l’Immaculée, deman­dée à la fin du pon­ti­fi­cat de Benoît XVI par une mino­ri­té de reli­gieux de cette com­mu­nau­té hos­tile à l’orientation trop tra­di­tion­nelle de leur institut. 

Cette visite cano­nique, ordon­née par le car­di­nal João Braz de Aviz, pré­fet de la Congrégation pour les Instituts de vie consa­crée, est menée par le P. Volpi, capu­cin, dési­gné comme com­mis­saire et dis­po­sant des pou­voirs de supé­rieur de l’institut.

En mai der­nier, le même car­di­nal a annon­cé à la Mère géné­rale de la branche fémi­nine, les Franciscaines de l’Immaculée, la nomi­na­tion « avec effet immé­diat » d’une visi­teuse [1], dotée de pou­voir équi­va­lents à ceux de com­mis­saire. Il s’agit de la Sœur Fernanda Barbiero, de l’Institut des Sœurs ensei­gnantes de Sainte Dorothée. 

Cette reli­gieuse a ensei­gné à l’Université Urbanienne, à Rome, à l’Université Pontificale des Sciences de l’Éducation Auxilium. Elle col­la­bore à un cer­tain nombre de revues, fait de nom­breuses confé­rences sur des thèmes pas­to­raux, ecclé­sio­lo­giques, et sur les pro­blèmes des femmes. Elle a publié divers ouvrages, notam­ment : Le céli­bat consa­cré et les valeurs de la fémi­ni­té dans Mulieris digni­ta­tem, ou encore sur l’œuvre de sainte Dorothée dans la réa­li­té cultu­relle d’aujourd’hui. Ses options théo­lo­giques sont très modernes et sa nomi­na­tion pour visi­ter les Sœurs de l’Immaculée a été res­sen­tie comme une espèce de pro­vo­ca­tion déli­bé­rée. Il ne fait pas de doute que la Congrégation pour les Religieux veut remettre au pas ces deux jeunes ins­ti­tuts mas­cu­lin et fémi­nin de l’Immaculée, aux nom­breuses voca­tions, aux implan­ta­tions mul­tiples dans l’Italie et dans le monde, qui l’une et l’autre ont adop­té un bi-​formalisme litur­gique qui s’avère très fécond.

Concrètement, ces visites à tona­li­té for­te­ment idéo­lo­gique pré­parent pour les Franciscains et les Franciscaines de l’Immaculée une qua­si dis­pa­ri­tion, avec le départ pro­vo­qué d’un grand nombre de leurs membres, déjà lar­ge­ment com­men­cé chez les Franciscains, et un assè­che­ment des vocations.On sait aus­si qu’une des pre­mières mesures prises à l’encontre des Franciscains, sous pré­texte de réta­blir la paix dans leurs com­mu­nau­tés, avait été de leur inter­dire la célé­bra­tion de la messe tra­di­tion­nelle.

Et voi­ci que la com­mis­saire, Sœur Fernanda Barbiero, a annon­cé aux Franciscaines qu’elle allait de même leur inter­dire de faire célé­brer dans leurs com­mu­nau­tés la messe en forme extra­or­di­naire « pour quelques mois », afin de « tes­ter leur obéis­sance » [2] .

On ima­gine la conster­na­tion à l’intérieur des cou­vents de Franciscaines, notam­ment au sein des com­mu­nau­tés cloî­trées. Que la mesure soit direc­te­ment contraire aux dis­po­si­tions du Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007 ne semble nul­le­ment inquié­ter la Sœur Barbiero, pas plus que les recours cano­niques que pour­raient éven­tuel­le­ment dépo­ser reli­gieuses ou supé­rieures contre cette mesure. Il est même pro­bable que ces recours de droit soient atten­dus pour être qua­li­fiés d’autant d’« actes de désobéissance ».

Le car­di­nal Aviz et un cer­tain nombre de ses col­la­bo­ra­teurs appar­tiennent à la ten­dance qui, à l’intérieur de la Curie, veut mettre à pro­fit le cli­mat du nou­veau pon­ti­fi­cat pour « réduire » le Motu Proprio de Benoît XVI. 

La Congrégation des Religieux n’a pas une com­pé­tence directe sur les Instituts Ecclesia Dei, qui dépendent de la Commission Ecclesia Dei, mais les méca­nismes admi­nis­tra­tifs de la Curie peuvent per­mettre, via la Secrétairerie d’État, une « har­mo­ni­sa­tion pas­to­rale » à l’endroit de toutes les com­mu­nau­tés où est célé­brée la messe tra­di­tion­nelle, par exemple dans le trai­te­ment des rap­ports dres­sés en suite des trois visites cano­niques suc­ces­sives – dans tout autre fina­li­té que les visites diri­gées contre les Franciscains – qui se sont dérou­lées ou sont en cours d’achèvement dans l’Institut du Bon Pasteur, la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pierre et l’Institut du Christ-​Roi Souverain Prêtre.

Pour autant, le car­di­nal Braz de Aviz n’est pas consi­dé­ré comme ayant en tout l’oreille du pape. La ten­dance de la « Casa Santa Marta », comme on désigne désor­mais les Palais Apostoliques, est plu­tôt d’estimer ces ques­tions de litur­gie tra­di­tion­nelle comme très secon­daires et ne méri­tant nul­le­ment de rani­mer de vieilles que­relles. Ce sen­ti­ment est d’ailleurs lar­ge­ment par­ta­gé par de nom­breux car­di­naux, quand bien même leur sen­si­bi­li­té n’est en rien « ratzinguérienne ».

Sources : /newliturgicalmovement.org/Correspondance Européenne

Notre dossier complet sur le sujet

Décret : retrait de la pos­si­bi­li­té aux Franciscains de l’m­ma­cu­lée de célé­brer selon la « forme extra­or­di­naire » – 11 juil. 2013
Le cas extrê­me­ment grave des Franciscains de l’Immaculée, par Roberto de Mattei – 30 juillet 2013
Les Franciscains de l’Immaculée sous sur­veillance – 09 août 2013
Franciscains de l’Immaculée vers un com­pro­mis « plu­ra­liste » : la scis­sion – 13 novembre 2013
Nouvelle attaque contre les Franciscains de l’Immaculée soup­çon­nés d’être « crypto-​lefebvristes » – 08 décembre 2013
Anéantissez les Franciscains de l’Immaculée. Le début du net­toyage eth­nique sans faire de pri­son­niers – 9 déc. 2013
Le Professeur de Mattei demande la démis­sion du Supérieur impo­sé aux Franciscains de l’Immaculée – 9 déc. 2013
Les Franciscaines de l’Immaculée répondent au Père Volpi : « Celui qui dit du mal de ses frères les tue » – 13 déc. 2013
Franciscains de l’Immaculée : silence, on épure ! – Guillaume Luyt – Présent – 15 jan­vier 2014

Notes de bas de page
  1. Lundi 19 mai 2014, le car­di­nal João Braz de Aviz, pré­fet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, a annon­cé à la Mère Générale des Franciscaines de l’Immaculée, la nomi­na­tion avec effet immé­diat d’un « visi­teur » de l’Institut, ayant les pou­voirs de contrôle de ce qui se fait équi­va­lents à ceux d’un « com­mis­saire ». A la Maison Générale, Soeur Fernanda Barbiero, de l’Institut des Sœurs de Sainte Dorothée (une reli­gieuse moderne de ten­dance modé­ré­ment fémi­niste, favo­rable aux idées de Jacques Maritain) a pris ses fonc­tions ipso fac­to. Les Sœurs Franciscaines de l’Immaculée sont un ordre reli­gieux de droit pon­ti­fi­cal, qui se dis­tingue par la jeu­nesse de ses membres, le nombre des voca­tions et sur­tout par la rigueur avec laquelle les Sœurs vivent leur cha­risme, selon la Règle de saint François d’Assise. Certaines ont d’intenses apos­to­lats mis­sion­naires en Afrique, au Brésil, aux Philippines, tan­dis que d’autres ont embras­sé la vie contem­pla­tive, dans un esprit d’ascèse et de prière. Les sœurs, ins­pi­rées de l’exemple de saint Maximilien Kolbe, gèrent aus­si des mai­sons d’édition, des sta­tions de radio, des revues popu­laires (comme L’hebdomadaire Padre Pio). Cet apos­to­lat actif, com­bi­né avec un amour de la tra­di­tion, est cer­tai­ne­ment l’une des causes de la haine qui s’est abat­tue sur elles et sur les frères fran­cis­cains.[]
  2. Forte de ces étranges « pou­voirs » que lui don­nait semble-​t-​il le décret du Cardinal Braz de Aviz, connu pour être très peu regar­dant sur les « chi­noi­se­ries » juri­diques, la Sœur visi­ta­trice, dès son arri­vée chez les Franciscaines, a impo­sé à la Mère Générale de ne prendre désor­mais aucune déci­sion sans son auto­ri­sa­tion expli­cite : autre­ment dit, elle la sus­pen­dait pure­ment et sim­ple­ment sur déci­sion dis­cré­tion­naire plus ou moins expli­cite du car­di­nal Braz de Aviz. La Mère Générale a alors dépo­sé un recours cano­nique contre cette dis­po­si­tion qui lui a fait retrou­ver son auto­no­mie aus­si long­temps que la Sœur Barbiero n’est pas nom­mée com­mis­saire. La Sœur Barbiero attend actuel­le­ment d’être nom­mée com­mis­saire pour inter­dire la messe en forme extra­or­di­naire, comme pre­mière mesure, ain­si qu’elle l’a annon­cé. Par ailleurs, un cor­res­pon­dant rap­porte qu’à Rome même, le trouble concer­nant la per­sé­cu­tion dont sont vic­times les Franciscains de l’Immaculée est sen­sible, notam­ment en rai­son du fait qu’ils ren­daient de bons ser­vices aux paroisses. Un curé de paroisse, où les Franciscains venaient prê­cher une neu­vaine tous les ans avec beau­coup de fruits, a donc écrit direc­te­ment au pape pour se plaindre de ce har­cè­le­ment, qui porte pré­ju­dice non seule­ment aux Franciscains mais aus­si à tous les lieux qui fai­saient appel à leurs services.Enfin, un autre cor­res­pon­dant me cite des faits, que je ne peux rap­por­ter car ils mettent en cause des per­sonnes qui ne veulent pas l’être, qui montrent que ce sont toutes les com­mu­nau­tés où se célèbre la messe tra­di­tion­nelle qui sont « dans le col­li­ma­teur ».[]