L’église délaissée de Narni : un phare pour la restauration future

Le 27 juin, une belle église d’Italie a accueilli la céré­mo­nie de vêture et de pro­fes­sions des Sœurs Consolatrices du Sacré-​Cœur de Jésus. Une para­bole de l’a­ve­nir de l’Eglise ?

Narni, char­mante cité médié­vale d’Ombrie, en Italie, est célé­brée pour son his­toire riche, son archi­tec­ture admi­ra­ble­ment pré­ser­vée et ses pay­sages natu­rels d’une beau­té sai­sis­sante. Les visi­teurs peuvent débu­ter leur périple à la splen­dide co-​cathédrale dédiée au pre­mier évêque de la ville, saint Juvénal — l’une des églises les plus nobles et pres­ti­gieuses de la région. De là, une courte pro­me­nade conduit à la célèbre Piazza Priora. En contour­nant à gauche le théâtre muni­ci­pal et en pour­sui­vant l’ascension, les voya­geurs découvrent une petite place por­tant le nom de saint François d’Assise.

Sur le côté nord-​ouest de cette place se dresse une église, ulté­rieu­re­ment consa­crée à saint François, fon­dée par le saint lui-​même peu après 1213, grâce à l’élan et au sou­tien des habi­tants et de leur évêque, Ugolino. Ami proche de saint François, l’évêque Ugolino l’invita cette année-​là à prê­cher à Narni. Les ser­mons et miracles du saint por­tèrent des fruits spi­ri­tuels si abon­dants que les citoyens, pro­fon­dé­ment atta­chés à lui, sou­tinrent géné­reu­se­ment l’établissement de son ordre dans la ville. Les archives his­to­riques men­tionnent que saint Antoine de Padoue, saint Bernardin de Sienne et le bien­heu­reux Pietro Arietense visi­tèrent éga­le­ment ce couvent. Saint François accom­plit plu­sieurs miracles à Narni, dont quatre sont gra­vés dans la mémoire his­to­rique : à la demande de l’évêque, il gué­rit un para­ly­tique par le signe de la croix ; il ren­dit la vue à une femme aveugle ; il chas­sa un démon d’une autre femme ; et il bénit une femme enceinte dont les enfants pré­cé­dents étaient morts peu après leur nais­sance, assu­rant la sur­vie et l’épanouissement de son pro­chain enfant.

En contour­nant l’extérieur de l’église, les visi­teurs découvrent des élé­ments archi­tec­tu­raux gothiques du XVe siècle — murs, fenêtres étroites et une porte reflé­tant le style inté­rieur de la tri­bune et de la cha­pelle de saint François. Ces élé­ments sont façon­nés dans une pierre locale soi­gneu­se­ment taillée et polie. La porte d’entrée, bien que modeste, exhale une élé­gance raf­fi­née avec ses arches concen­triques ornées de cor­beaux, de petites colonnes et de rosaces, flan­quée des lions tra­di­tion­nels, dont un seul sub­siste, gra­ve­ment endom­ma­gé. Au-​dessus de la porte se trouve une niche, mi-​ancienne, mi-​moderne, abri­tant une pein­ture du XVIIIe siècle de la Madone de Lorette.

L’église, tout comme sa cha­pelle, a tra­ver­sé de grandes épreuves. Lors de l’occupation fran­çaise, elle fut sup­pri­mée et trans­for­mée en écu­rie et en quar­tiers mili­taires pour les sol­dats de pas­sage. Plus tard, elle fut cédée au che­va­lier Paolo Eroli, dont le palais jouxte l’édifice, et uti­li­sée comme entre­pôt de bois. Avec le recul, ce fut une chance : aban­don­née aux sol­dats, la struc­ture n’aurait peut-​être pas sur­vé­cu. Finalement, les fils d’Eroli, Silvio et Pietro, res­tau­rèrent son lien avec l’Église. Après des tra­vaux de net­toyage et de répa­ra­tion, la cha­pelle fut rou­verte au culte public par la Confrérie de la Miséricorde.

Cette église, jadis extra­or­di­naire, était riche­ment ornée pour ins­pi­rer l’admiration et la prière fer­vente adres­sée à Dieu Tout-​Puissant. Aujourd’hui, hélas, elle est cruel­le­ment dépouillée de sa beau­té d’antan en rai­son de la négli­gence. Pourtant, mal­gré ces pertes, quelques fresques ont résis­té, témoi­gnant d’une rési­lience face au temps, aux intem­pé­ries et à la négli­gence — le plus grand enne­mi de la beau­té. Ces fresques demeurent visibles, offrant aux visi­teurs un aper­çu de la gloire pas­sée de l’église.

La res­tau­ra­tion de l’église ne néces­site ni tests archéo­lo­giques appro­fon­dis ni recherches d’archives. Les fresques sub­sis­tantes, avec leurs motifs et leurs cou­leurs, offrent un guide clair pour redon­ner à l’édifice sa splen­deur ori­gi­nelle. Ce détail résonne avec la fête du Sacré-​Cœur de 2025, lorsque huit sœurs pro­non­cèrent leurs pre­miers vœux dans la congré­ga­tion des Sœurs de la Consolation du Sacré-​Cœur, et douze autres prirent l’habit dans cette même église. La céré­mo­nie fut magni­fique, riche en tra­di­tions et en détails com­plexes maî­tri­sés par les Italiens. Parmi les sœurs, on comp­tait des Américaines, Indiennes, Cambodgiennes, Françaises, Allemandes, Australiennes, Kényanes, Canadiennes et Suisses. Ce fut véri­ta­ble­ment une céré­mo­nie inter­na­tio­nale. Après tout, nous sommes catho­liques, et ce nom dit tout. Bien que beau­coup d’entre elles ne se com­pre­naient pas et que la plu­part ne par­laient pas ita­lien dans cette ville si ita­lienne, toutes pou­vaient suivre la messe, rece­voir la com­mu­nion et appré­cier la beau­té de la litur­gie. Cela montre, une fois encore, quel tré­sor magni­fique nous possédons.

À l’image des fresques endu­rantes, cette céré­mo­nie n’était pas seule­ment un ves­tige d’un pas­sé glo­rieux, mais un modèle pour la res­tau­ra­tion future de cet espace sacré. Nous ne sommes pas à la fin d’une ère, mais à l’aube d’une nou­velle. Le renou­veau approche, pro­met­tant d’être aus­si glo­rieux, sinon plus, qu’auparavant. La clé réside dans la fidé­li­té, le res­pect de la tra­di­tion et la résis­tance à la cor­rup­tion et à la négli­gence qui menacent tout ce qui est sacré. Et pour tout cela : Merci, Monseigneur ! Vous nous avez mon­tré ce qu’il faut faire et com­ment le faire. Puissions-​nous res­ter fidèles à ce que vous nous avez don­né et le trans­mettre à la géné­ra­tion suivante !

Images : chaîne YouTube du District d’Italie.