Déclaration de Mgr Gerhard Müller après la levée des excommunications des évêques de la FSSPX

Chers sœurs et frères,

Le Saint-​Père a levé l’ex­com­mu­ni­ca­tion de quatre évêques schis­ma­tiques, qui, en 1988 avait illé­ga­le­ment reçu l’or­di­na­tion par Mgr Lefebvre. Les quatre évêques ont spé­ci­fi­que­ment sol­li­ci­té au le pape cette remise. Dans le même temps ils ont recon­nu la pri­mau­té du pape, en pro­met­tant l’o­béis­sance que tous les évêques catho­liques prêtent au pape, afin de assu­rer l’u­ni­té de l’Eglise à tra­vers le monde. La sus­pense a divi­nis des quatre évêques demeure. Elle les empêche ain­si d’exer­cer leur minis­tère épiscopal.

Peu de temps après ce retrait, a été révé­lé un entre­tien de l’un d’eux, nom­mé Williamson, dif­fu­sé par la télé­vi­sion sué­doise, et don­né à la mi-​octobre 2008 au sémi­naire de la Fraternité Saint-​Pie‑X à Zaitzkofen. Cet entre­tien contient des pro­pos d’une cruau­té et d’un cynisme incroyables à pro­pos du plus odieux des crimes contre l’hu­ma­ni­té : l’ex­ter­mi­na­tion des Juifs d’Europe et le géno­cide sys­té­ma­tique per­pé­tré par les nazis au nom du peuple allemand.

L’indignation devant ces décla­ra­tions révol­tantes d’un évêque consa­cré, dont la le sta­tut n’est pas celui de la pleine com­mu­nion avec l’Eglise catho­lique, est plei­ne­ment jus­ti­fié. Mais très vite, ce mes­sage a été déma­go­gi­que­ment mani­pu­lé par cer­tains jour­naux, qui l’ont défor­mé en ces termes en pre­mière page : Le pape réha­bi­lite un néga­tion­niste de l’Holocauste. Mais ici, on ne peut abso­lu­ment pas par­ler de réha­bi­li­ta­tion, ce qui signi­fie­rait approu­ver a pos­te­rio­ri le crime de l’or­di­na­tion illi­cite et toute une série de com­por­te­ments erro­nées et trompeurs.

Avec ces fausses nou­velles une cam­pagne de déni­gre­ment sans pré­cé­dent contre la per­sonne du pape Benoît XVI a été lan­cée. Il n’est pas néces­saire de répé­ter ici toutes les insi­nua­tions mal­veillantes qui ont été pro­pa­gées. Pour ma part, je les rejette de la façon la plus réso­lue et je prie vive­ment tous les fidèles du dio­cèse de ne se lais­ser confondre en aucune façon par elles.

Ces der­niers jours, j’ai été sol­li­ci­té à maintes reprises à cet égard par divers fidèles de notre dio­cèse. Je tiens à répondre à leurs ques­tions comme suit.

1. Peut-​on revenir « en arrière » à avant le concile Vatican II ?

À cette ques­tion, tout le monde peut faci­le­ment répondre par soi-​même. Sans équi­voque : Non ! Nous demeu­rons natu­rel­le­ment au sein de l’Eglise et sui­vons, selon ce qui nous a été trans­mis par la doc­trine, la litur­gie et la conduite de la vie, notre che­min de bons chré­tiens catholiques.

Les quatre évêques schis­ma­tiques ont recon­nu la pri­mau­té du pape. Cela implique éga­le­ment le devoir de tout catho­lique de res­pec­ter la plus haute auto­ri­té magis­té­rielle de tout concile, et en par­ti­cu­lier aus­si le concile Vatican II, inau­gu­ré et confir­mé par les papes Jean XXIII et Paul VI.

À cet égard, il y aura pas de négo­cia­tions avec la fra­ter­ni­té des « lefeb­vristes ». Mais on peut mieux leur la com­pré­hen­sion de ces textes contrai­gnants, en par­ti­cu­lier concer­nant l’œ­cu­mé­nisme, la rela­tion avec les juifs et la liber­té reli­gieuse. Mais si les quatre évêques schis­ma­tiques devaient faire une dis­tinc­tion entre la recon­nais­sance le pape et celle du concile, alors leur demande de lever l’ex­com­mu­ni­ca­tion serait cou­pable de malice contre le Saint-​Père. Auquel cas il fau­drait leur réin­fli­ger leur peine canonique.

Nous, dans le dio­cèse de Ratisbonne, nous ne devons pas nous lais­ser enta­mer par qui­conque notre fidé­li­té au pape et au concile. La levée de l’excommunication de ces quatre per­sonnes n’a rien à voir avec une conces­sion juri­dique en vue de l’accueil à des oppo­sants au Concile.

2. Que va-​t-​il se passer ensuite ?

Les res­pon­sables de la Fraternité Saint-​Pie X, avec de faux ensei­gne­ments et les inter­pré­ta­tions erro­nées du concile Vatican II, avec des accu­sa­tions injustes contre le pape et, par-​dessus tout, en confé­rant et rece­vant illé­ga­le­ment le sacre­ment de l’Ordre, ont infli­gé de graves dom­mages à l’Église. S’ils veulent main­te­nant reve­nir à la pleine com­mu­nion de l’Église catho­lique, les quatre évêques ordon­nés illi­ci­te­ment doit renon­cer à l’exer­cice de leurs fonc­tions épis­co­pales. À mon avis, ils peuvent tout au plus demeu­rer de simples prêtres.

En ce qui concerne Mgr Williamson, il est clair selon moi que, en rai­son de de ses décla­ra­tions sur la Shoah et les dom­mages incon­ce­vables qu’il a consciem­ment cau­sé à la digni­té du pape et à l’Eglise catho­lique tout entière, il devrait de gré ou de force se voir reti­rer l’é­tat clé­ri­cal. Beaucoup de fidèles de la Fraternité Saint-​Pie‑X ne par­tagent pas cette agres­si­vi­té contre le pape et le concile, et se sont éloi­gnés de tout com­por­te­ment anti­sé­mite. Leur par­ti­ci­pa­tion aux messes de la Fraternité Saint-​Pie‑X est pro­ba­ble­ment juste cau­sée par leur pré­fé­rence pour l’an­cien forme litur­gique. Je lance un appel à tous ceux qui, dans notre dio­cèse, ont quelque sym­pa­thie pour elle, de ne par­ti­ci­per seule­ment qu’aux célé­bra­tions de la messe de l’Eglise catho­lique en pleine com­mu­nion avec le pape et leur évêque. Il existe du reste la pos­si­bi­li­té de célé­brer dans la forme litur­gique extra­or­di­naire, comme le Saint-​Père l’a géné­reu­se­ment accor­dé il y a un an.

Le catho­lique, dans le vrai sens du mot, est celui qui reste fidèle au pape et à son évêque et est d’ac­cord avec eux en matière de doc­trine reli­gieuse et morale, de litur­gie et d’or­don­nan­ce­ment de la vie ecclésiastique.

3. Que pouvons-​nous faire ?

Je prie nos prêtres, pro­fes­seurs de reli­gion et tous les col­la­bo­ra­teurs et col­la­bo­ra­trices pas­to­raux de s’en­ga­ger, avec une pro­fonde sol­li­ci­tude pas­to­rale, pour expli­quer à ceux qui regardent d’un œil cri­tique le concile, les étapes cen­trales des déli­bé­ra­tions du concile Vatican II. Il s’a­git avant tout d’ex­pli­quer en termes non équi­voques que le concile n’est pas une rup­ture avec la grande tra­di­tion catho­lique, tant en matière de doc­trine que de litur­gie. Il s’a­git au contraire d’un déve­lop­pe­ment cohé­rent de la doc­trine ecclé­sias­tique gui­dée par l’Esprit saint et d’une juste réponse aux ques­tions de l’hu­ma­ni­té d’au­jourd’­hui et de demain.

Pour nous tous, il est impor­tant d’é­vi­ter la for­ma­tion de fac­tions. Les opi­nions extrêmes, tra­di­tio­na­listes ou moder­nistes, aux marges de l’Église, finissent sou­vent par s’annuler les unes les autres. Au lieu de culti­ver des atti­tudes agres­sives contre le pape et les évêques, lorsqu’ils ne par­tagent pas l’arbitraire de groupes mar­gi­naux, chaque catho­lique devrait être gui­dé selon un sen­tire cum Ecclesia, c’est-​à-​dire, pen­ser, sen­tir et agir en uni­té avec l’Eglise.

Je vous invite tous à prier pour notre Saint-​Père, le pape Benoît XVI, pour l’u­ni­té l’Église et le retour vers elle, de tous ses fils et filles per­dues, que de fausses décla­ra­tions ont éloi­gnés d’elle.

Mgr Gerhard Müller