Rencontre Mgr Fellay et cardinal Müller – Quelle unité propose-​t-​on à la Fraternité Saint-​Pie X ?


Repères

2 juillet 2012 – Le car­di­nal Gerhard Ludwig Müller est nom­mé pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi.
13 mars 2013 – Le car­di­nal Jorge Mario Bergoglio est élu pape.
13 décembre 2013 – De pas­sage à Rome à l’oc­ca­sion d’une ren­contre avec les res­pon­sables de la com­mis­sion Ecclesia Dei, Mgr Bernard Fellay, le supé­rieur de la FSSPX, est briè­ve­ment pré­sen­té au pape François dans la salle à man­ger de la Maison Sainte-​Marthe. Le Saint Père lui demande de prier pour lui.
23 sep­tembre 2014 – Mgr Fellay ren­contre le car­di­nal Müller, en pré­sence de plu­sieurs per­sonnes dont Mgr Guido Pozzo.
03 octobre 2014 – Entretien avec Mgr Fellay après sa ren­contre avec le car­di­nal Müller.

Le 20 octobre 2014, dans un entre­tien accor­dé à l’hebdomadaire fran­çais Famille chré­tienne, Mgr Guido Pozzo, secré­taire de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, rap­pelle – après la ren­contre entre le car­di­nal Müller et Mgr Fellay (23 sep­tembre) – quels sont les sujets de désac­cord entre Rome et la Fraternité Saint-​Pie X : « Les aspects contro­ver­sés concernent d’une part l’estimation de la situa­tion ecclé­siale dans la période pos­té­rieure au concile Vatican II et des causes qui ont pro­duit cer­tains remous théo­lo­giques et pas­to­raux dans la période de l’après-concile et, plus géné­ra­le­ment, dans le contexte de la moder­ni­té. D’autre part, ils portent sur quelques points spé­ci­fiques rela­tifs à l’œcuménisme, au dia­logue avec les reli­gions du monde et à la ques­tion de la liber­té religieuse. »

A la ques­tion « est-​il envi­sa­geable de dis­so­cier accord juri­dique et dis­cus­sion doc­tri­nale ? De mettre en place une pré­la­ture per­son­nelle, tout en pour­sui­vant, sur le plus long terme, les dis­cus­sions sur les points théo­lo­giques contro­ver­sés ? », le pré­lat romain répond : « La Congrégation pour la doc­trine de la foi a tou­jours consi­dé­ré que le dépas­se­ment des pro­blèmes de nature doc­tri­nale était la condi­tion indis­pen­sable et néces­saire pour pou­voir pro­cé­der à la recon­nais­sance cano­nique de la Fraternité. » Et il ajoute : « Je me per­mets cepen­dant de pré­ci­ser que le dépas­se­ment des dif­fi­cul­tés d’ordre doc­tri­nal ne signi­fie pas que les réserves ou les posi­tions de la Fraternité Saint-​Pie X sur cer­tains aspects qui ne relèvent pas du domaine de la foi, mais qui concernent des thèmes pas­to­raux ou d’enseignement pru­den­tiel du Magistère doivent être néces­sai­re­ment reti­rées ou annu­lées par la Fraternité. Le désir de pour­suivre la dis­cus­sion et l’approfondissement de tels sujets qui font dif­fi­cul­té à la Fraternité Saint-​Pie X, en vue de pré­ci­sions et de cla­ri­fi­ca­tions ulté­rieures, non seule­ment est tou­jours pos­sible, mais – au moins à mon avis (c’est nous qui sou­li­gnons) – sou­hai­table et à encou­ra­ger. On ne lui demande par consé­quent pas de renon­cer à cette exi­gence qu’elle mani­feste à l’égard d’un cer­tain nombre de thèmes. »

Un peu plus loin, Mgr Pozzo affirme :

« Il n’est pas vrai de dire que le Saint-​Siège entend impo­ser une capi­tu­la­tion à la Fraternité Saint-​Pie X. Bien au contraire, il l’invite à se retrou­ver à ses côtés dans un même cadre de prin­cipes doc­tri­naux néces­saires pour garan­tir la même adhé­sion à la foi et à la doc­trine catho­lique sur le Magistère et la Tradition, en lais­sant dans le même temps au champ de l’étude et de l’approfondissement les réserves qu’elle a sou­le­vées sur cer­tains aspects et for­mu­la­tions des docu­ments du concile Vatican II, et sur cer­taines réformes dont il a été sui­vi, mais qui ne concernent pas des matières dog­ma­tiques ou doc­tri­na­le­ment indis­cu­tables. Il n’y a aucun doute sur le fait que les ensei­gne­ments de Vatican II ont un degré d’autorité et un carac­tère contrai­gnant extrê­me­ment variable en fonc­tion des textes. »

Commentaire (1) :

Dans cet entre­tien, Mgr Pozzo ne pré­cise pas s’il parle en son seul nom – sauf lorsqu’il indique « au moins à mon avis » –, ou au nom de ses supé­rieurs. On ne sait pas non plus s’il faut rap­pro­cher ces ouver­tures en direc­tion de la Fraternité Saint-​Pie X de celles faites récem­ment par le pape François en direc­tion des charismatiques. 

Ainsi, dans un dis­cours aux membres de la Fraternité catho­lique des com­mu­nau­tés et asso­cia­tions cha­ris­ma­tiques d’Alliance, le 31 octobre 2014, le pape a lon­gue­ment insis­té sur la notion « d’unité dans la diver­si­té ». « L’unité n’est pas l’uniformité, ce n’est pas tout faire obli­ga­toi­re­ment ensemble, ni pen­ser de la même façon, ni perdre son iden­ti­té, a‑t-​il expli­qué. L’unité dans la diver­si­té, c’est pré­ci­sé­ment le contraire, c’est recon­naître et accep­ter avec joie les dif­fé­rences que l’Esprit-Saint donne à cha­cun et les mettre au ser­vice de tous dans l’Eglise ». Et de deman­der à son audi­toire de « ne pas oublier que le Renouveau cha­ris­ma­tique est par sa nature même œcuménique ».

Dans un contexte aus­si lar­ge­ment « œcu­mé­nique », il est cer­tain que les ques­tions doc­tri­nales rap­pe­lées par Mgr Pozzo n’ont qu’une impor­tance très relative.

Sources : Famille chrétienne/​Apic – du 07/​11/​14

(1) NDLR de LPL : Commentaire des rédac­teurs de DICI