Le 19 mars 2012, trois jours après la rencontre de Mgr Fellay avec le cardinal Levada, Mgr Nicolas Bux, consulteur à la Congrégation pour la doctrine de la foi et au Bureau des célébrations liturgiques du pape, adresse une lettre ouverte à Mgr Fellay et aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X les invitant à accepter un accord.
Le 21, interrogé par l’agence romaine IMedia, ce prélat romain refuse de voir « une sorte d´ultimatum » dans la demande par le Saint-Siège d´une nouvelle clarification de la position de la Fraternité Saint-Pie X. Il estime seulement « qu´une fois arrivé à un certain point, il faut se décider ».
Malgré cela, le lendemain, 21 mars, Natalia Trouiller persiste et signe : « Mgr Nicola Bux, un proche du pape, adresse une lettre à Mgr Fellay et à ceux qui le suivent. Une preuve que la Fraternité est bien devant un ultimatum. » Et de développer : « Lu dans son intégralité, son message (de Mgr Bux) est clair : les lefebvristes n’ont aucune autre concession à espérer de Rome, soit ils reviennent maintenant, soit ils poursuivent leur chemin seuls. La lettre est certes écrite d’une main de fer, mais dans un gant de velours : il y a fort à parier que certaines phrases comme « Il est indéniable que de nombreux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Eglise », vont faire beaucoup parler. »
Cette critique du Concile qui chagrine la journaliste de La Vie est reprise, deux jours après, 23 mars, par François Vercelletto sur le site de Ouest France : « La tonalité générale du texte (de Mgr Bux) est largement ouverte aux demandes et aux critiques des intégristes, en particulier sur le Concile Vatican II. En particulier lorsqu’il écrit : « Il est indéniable que de nombreux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Eglise. » (…) Il sera très intéressant de suivre l’évolution de cette question. J’ignore si l’esprit général de cette lettre est représentatif ou non de ce que pensent les plus hautes autorités de l’Eglise. Personnellement, si tel était le cas, je ne m’en réjouirais pas. »
Il n’empêche que sur le fond on ignore si les clarifications qu’apportera Mgr Fellay suffiront ou non « pour surmonter les problèmes doctrinaux ». Le 21 mars, Mgr Bux a répondu à IMedia que le pape recherchait « l´union et la recomposition après les séparations, mais pas à n´importe quel prix ». Le 22 mars, dans un courrier électronique, Mgr Richard Williamson, fait observer à Mgr Bux : « Votre lettre commence par un appel à “tout sacrifier au nom de l’unité”. Mais il ne peut y avoir de véritable unité catholique qui ne soit fondée sur la vraie Foi catholique. (…) la Foi sacrifiée à l’unité fera une unité sans Foi. »
Jean-Marie Guénois affirme dans l’article déjà cité de son Religioblog : « Rome, me semble-t-il, ne cherche pas un compromis au rabais. Les Lefebvristes, de toute façon, ne l’accepteraient pas. Cela serait source de problèmes difficiles à moyen terme. Rome cherche un accord, fondé sur une vision large du catholicisme. Une vision capable d’intégrer plusieurs familles dont certaines sont très éloignées les unes des autres. Un esprit capable d’admettre un débat interne, cette disputatio qui appartient pourtant à la grande tradition intellectuelle – et actuellement perdue – de l’Eglise catholique. » On se demande vraiment si c’est cette disputatio théologique que Mgr Bux suggère dans sa lettre ouverte à la Fraternité Saint-Pie X lorsqu’il écrit avec une prudente modération : « Il demeure certainement des perplexités, des points à approfondir ou à préciser, comme celui de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux (qui a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une importante clarification apportée par la déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000) ou celui de la manière dont est comprise la liberté religieuse. Sur ces thèmes aussi, votre présence canoniquement garantie dans l’Eglise aidera à plus de lumière. Comment ne pas songer à la contribution que vous pourrez apporter, grâce à vos ressources pastorales et doctrinales, à votre capacité et votre sensibilité, au bien de toute l’Eglise ? ».
Nul ne sait ce que réserve l’avenir. Mais il est certain que l’avenir appartient à Dieu, et pas aux journalistes. C’est pourquoi le Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X invite tous les fidèles à la prière et au sacrifice en ces Jours Saints et dans les semaines suivantes.
Sources : vatican.va/IMedia/Apic/Religioblog/La Vie/ecclesia-mater/Ouest France – DICI n°252 du 30/03/12