Entretien – Au pied de la Croix avec Notre-​Dame de Compassion

A l’oc­ca­sion de la paru­tion de ce flo­ri­lège de textes de Mgr Lefebvre, les Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X se prêtent à un question-​réponse pour en pré­sen­ter le conte­nu d’une grande richesse spirituelle.

Entretien avec les Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X

Question : Mes sœurs, vous venez de faire paraître un livre sur Notre-​Dame de Compassion, com­po­sé de textes choi­sis de Mgr Lefebvre. Qu’est-ce qui vous a don­né l’idée d’entreprendre ce travail ?

Réponse : Toute congré­ga­tion reli­gieuse, quelle qu’elle soit, pos­sède trois livres essen­tiels : d’abord le livre des Règles ou Constitutions, qui défi­nit la congré­ga­tion, sa nature, son but, son esprit ; ensuite le Directoire, qui est un com­men­taire spi­ri­tuel des Constitutions ; et enfin le Coutumier, qui déter­mine les appli­ca­tions pra­tiques. Pour nous, Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X, c’est notre fon­da­teur, Mgr Lefebvre, qui a rédi­gé nos Constitutions. Mais il n’a pas eu le temps de rédi­ger notre Directoire. Nous avons donc recher­ché, dans le « tré­sor de famille » que consti­tuent les pré­di­ca­tions qu’il nous a adres­sées, les pas­sages qui pou­vaient ser­vir de com­men­taire à nos Constitutions. Et il y a là une telle richesse de spi­ri­tua­li­té que nous avons pen­sé qu’il ne fal­lait pas être les seules à en pro­fi­ter, mais que cela pou­vait inté­res­ser beau­coup de fidèles. D’où l’idée de publier ce livre.

Question : Un livre pré­pa­ré au départ pour des reli­gieuses peut-​il vrai­ment inté­res­ser les fidèles ?

Réponse : Mais oui ! Beaucoup de livres de spi­ri­tua­li­té, d’ailleurs, ont été écrits à l’origine pour des reli­gieux, comme L’Imitation de Jésus-​Christ, qui a nour­ri aus­si la médi­ta­tion de nom­breux laïcs. Par rap­port à notre Directoire, nous avons rema­nié le plan et enle­vé ce qui nous était propre, de façon à ce que notre livre puisse s’adresser à tout le monde.

Question : Votre livre pré­sente donc la spi­ri­tua­li­té des Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X ?

Réponse : Oui… à condi­tion de pré­ci­ser que ce n’est pas une spi­ri­tua­li­té par­ti­cu­lière ! Mgr Lefebvre s’est expli­qué plu­sieurs fois sur le sujet dans ses confé­rences : il consta­tait qu’il y avait dans l’Église des grands ordres ou congré­ga­tions ayant leur spi­ri­tua­li­té propre, comme la spi­ri­tua­li­té béné­dic­tine, jésuite, domi­ni­caine ou car­mé­li­taine ; mais lorsqu’il a fon­dé la Fraternité Saint-​Pie X, ain­si que la congré­ga­tion des Sœurs de la Fraternité, il n’a pas vou­lu nous don­ner de spi­ri­tua­li­té par­ti­cu­lière, seule­ment la spi­ri­tua­li­té de l’Église, tout simplement.

Et pour déter­mi­ner quelle était la spi­ri­tua­li­té de l’Église, il par­tait de la consta­ta­tion que le centre de l’histoire du monde, c’est l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-​Christ ; ensuite, le moment le plus impor­tant de la vie de Notre Seigneur Jésus-​Christ, ce moment que Notre-​Seigneur appelle « son heure », c’est bien sûr sa Passion et sa mort sur la croix ; la Passion de Notre-​Seigneur est ren­due pré­sente devant nous sur nos autels par le saint sacri­fice de la messe. En bonne logique, c’est donc la messe qui est le cœur de l’Église, le cœur de notre vie spi­ri­tuelle. Tout découle de la messe, qui est, selon une expres­sion qui lui était chère, « la croix vivante ».

La spi­ri­tua­li­té des Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X, c’est donc tout sim­ple­ment la sainte messe.

Question : C’est donc la messe qui est le centre de votre spi­ri­tua­li­té. Pourtant, cela n’apparaît pas dans le titre de votre livre. Est-​ce la messe ou Notre-​Dame de Compassion qui est le sujet de l’ouvrage ?

Réponse : Les deux ! Car, comme nous l’explique Mgr Lefebvre, on ne sépare pas Notre-​Dame et la messe. En effet, lorsque Notre-​Seigneur s’est offert en sacri­fice sur la croix, il a vou­lu à ses côtés la pré­sence de sa Mère : sta­bat jux­ta cru­cem Jesu, comme dit l’évangile de saint Jean. Notre-​Dame a par­ti­ci­pé de toute son âme à la Passion de son Fils, deve­nant ain­si co-rédemptrice.

Chaque messe rend de nou­veau pré­sent devant nous le sacri­fice rédemp­teur pour nous en appli­quer les mérites ; Marie est là aus­si, invi­si­ble­ment, pour nous dis­tri­buer toutes ces grâces dont elle est médiatrice.

De plus, comme une mère com­prend par intui­tion ce qui se passe dans le cœur de son enfant, c’est Notre-​Dame, Mère de Dieu, qui a le mieux com­pris le Cœur de Notre-​Seigneur ; elle sau­ra donc nous faire com­prendre le mys­tère de la croix, le mys­tère de la messe.

Question : Votre livre devrait donc aider ses lec­teurs à mieux com­prendre la messe, à mieux y assis­ter et mieux s’y unir.

Réponse : Exactement. C’est ce que nous souhaitons.

Question : Des consi­dé­ra­tions théo­lo­giques sur la messe, la croix, la média­tion mariale… N’avez-vous pas un peu peur que cela soit bien abs­trait et aus­tère pour le lecteur ?

Réponse : Mgr Lefebvre savait expri­mer des véri­tés très pro­fondes et très belles avec un lan­gage très simple. N’oublions pas qu’il avait été mis­sion­naire en Afrique : il avait dû se mettre à la por­tée de nou­veaux conver­tis venus du paga­nisme. De plus, ancien brous­sard, il avait beau­coup d’esprit pra­tique ; il savait donc très bien relier les consé­quences concrètes aux grands prin­cipes de la foi.

Enfin, la plu­part des textes réunis sont des extraits de pré­di­ca­tion qui ont été trans­crites ; on sent encore pas­ser à tra­vers les lignes la cha­leur et la convic­tion du pré­di­ca­teur. Nous qui avons enten­du Mgr Lefebvre, nous retrou­vons dans ces pages sa parole vivante.

Question : Le der­nier cha­pitre s’intitule « Une dévo­tion pour notre temps ». Pouvez-​vous nous expli­quer pourquoi ?

Actuellement, nous souf­frons tous de la crise ter­rible qui ébranle l’Église. Tous ces scan­dales nous font voir le côté humain de l’Église, le côté trop humain des hommes d’Église. Il est facile d’oublier que l’Église est divine, et alors on se décourage.

Mgr Lefebvre com­pa­raît cette crise à la Passion de Notre-​Seigneur, il disait qu’elle était la conti­nua­tion de la Passion dans le corps mys­tique. Comme la divi­ni­té de Notre-​Seigneur était cachée pen­dant sa Passion, la divi­ni­té de l’Église semble aus­si cachée de nos jours.

Notre-​Dame est res­tée fidèle au pied de la croix, jusqu’au bout. De la même façon, elle n’abandonne pas le corps mys­tique de son Fils. Bien au contraire, elle nous entraî­ne­ra à sa suite à pra­ti­quer les ver­tus qu’elle a mani­fes­tées au pied de la croix : la foi, la cha­ri­té, la force, la fidé­li­té. Et ain­si, avec Notre-​Dame, nous gar­de­rons la paix de l’âme dans notre temps si difficile.

Question : Que suggérez-​vous au lec­teur pour bien pro­fi­ter du livre pour sa vie spirituelle ?

Au pied de la croix avec Notre-​Dame de Compassion est un flo­ri­lège. Nous avons fait atten­tion à ce que les mor­ceaux choi­sis s’enchaînent sans heurt, on peut donc tout lire à la suite. Mais on trou­ve­ra peut-​être plus de pro­fit à s’arrêter chaque jour sur un ou plu­sieurs extraits, selon leur lon­gueur, pour en faire le sujet de sa lec­ture spi­ri­tuelle ou de sa médi­ta­tion ; l’ordre des cha­pitres prend alors moins d’importance. La parole de Mgr Lefebvre est si riche que cha­cun peut y trou­ver sa provende.

Question : Et pour conclure ?

Réponse : Nous lais­se­rons la parole à Mgr Lefebvre : « Que nous reste-​t-​il à faire, si ain­si nous appro­fon­dis­sons ce grand mys­tère de la messe ? Je pense que nous devons faire une croi­sade, appuyée sur le saint sacri­fice de la messe, sur le sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, appuyée sur ce roc invin­cible et sur cette source inépui­sable de grâces qu’est le saint sacri­fice de la messe. Nous devons recréer cette chré­tien­té ; c’est à vous que Notre Seigneur Jésus-​Christ s’adresse en disant : « Ne per­dez pas le fruit de mon sang, n’abandonnez pas mon Calvaire, n’abandonnez pas mon sacri­fice. » Et la Vierge Marie, qui est tout près de la croix, vous le dit aus­si. Elle qui a le cœur trans­per­cé, rem­pli de souf­frances et de dou­leur, mais aus­si rem­pli de joie de s’unir au sacri­fice de son divin Fils, elle vous le dit aus­si : « Soyons chré­tiens, soyons catho­liques. » Ne nous lais­sons pas entraî­ner par toutes ces idées mon­daines. Si nous vou­lons aller au Ciel, nous devons por­ter notre croix et suivre Notre Seigneur Jésus-​Christ, l’imiter dans sa croix, dans sa souf­france, dans son sacrifice. »

Pour commander ce livre

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 Abbaye Saint-​Michel
 7 allée du Château
 36290 Saint-Michel-en-Brenne

Prix : 19 € + frais de port