La photo de famille à l’issue du pèlerinage
Le reportage photos
Chaque année a lieu le célèbre pèlerinage alsacien au Mont Sainte-Odile. Organisé par les prêtres du Prieuré de Strasbourg, sis depuis l’Ascension 2010 à Urmatt, il rassemble les fidèles de toute la région. Cette année, c’était le nouveau doyen de la région pour la Fraternité Saint-Pie X, M. l’abbé Dominique Rousseau, qui était invité à célébrer la sainte Messe à Ottrott, petit village alsacien au pied de la montagne.
Les jours précédant la fête avaient été très chauds (la température avoisinant les 40°) et l’on pouvait craindre de violents orages. Quelques-uns éclatèrent, qui eurent pour effet d’adoucir un peu l’atmosphère en ce dimanche.
Des tentes furent montées par les fidèles dans un champ, pour abriter le célébrant et les pèlerins du soleil ou de la pluie. Combien furent-ils à venir en ce jour pour honorer sainte Odile ? Près de 300 pour la Messe, davantage encore pour la marche et l’arrivée au Mont.
L’abbé chanta les vertus et la gloire de notre sainte régionale au cours de son sermon. Puis, après la Messe et avant de gravir la montagne, tous purent se restaurer sur place.
Puis le prieur, M. l’abbé François Knittel, battit le rappel à 13 H 30 et la colonne des pèlerins s’ébranla, en ordre parfait, encadrée par les jeunes de nos chapelles.
Quelques haltes bienvenues pontuèrent la marche qui dura près de trois heures, à travers routes de montagne, forêts de sapins touffus et clairières.
Vers 17 H 00, nous parvenions au sommet de la montagne, au sanctuaire de sainte Odile et, agenouillés devant la statue qui domine le Mont, nous avons récité les litanies de la sainte et nous avons renouvelé la consécration de l’Alsace à la sainte Patrone :
« … Demeurez l’ange des petits enfants ; seillez sur leur innocence et conservez-leur toujours des maîtres vraiment chréiens. Pour nos familles, soyez ce que vous fûtes dans la vôtre, la négociatrice de la paix, la messagère du salut. Remplissez cloîtres et séminaires d’âmes pareilles à la vôtre… »
Merci au Bon Dieu pour cette journée qu’il nous a accordée : un temps clément et ensoleillé, de nombreuses grâces pour toutes nos âmes en ce début d’été.
Dans la soirée, de retour à la prairie qui nous accueillait le matin, de nombreux fidèles se retrouvèrent pour la traditionnelle grillade, avant de repartir, le cœur gonflé de joie chrétienne.
Le prochain rendez-vous pour le doyenné est fixé au pèlerinage à Domrémy, pour fêter sainte Jeanne d’Arc, le dimanche 19 septembre. Alsaciens et Lorrains, nous vous y attendons nombreux !
Le sermon de l’abbé Dominique Rousseau
Mes biens chers Frères,
Dès mon arrivée à l’Étoile du Matin, Monsieur l’abbé Knittel m’a invité à présider ce pèlerinage au Mont Sainte-Odile. Il y a donc près d’un an que jeme réjouis à la pensée de me retrouver parmi vous aujourd’hui, pour honorer et prier la sainte d’Alsace.
Aux pieds de cette montagne, je tâcherai ce matin de mettre en relief deux des Béatitudes que Notre-Seigneur a proncées sur la Montagne :
Bienheureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés !
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
(Mat. V 4 ; 8)
Si j’ai cité ces Béatitudes en commençant ces mots, c’est parce que sainte Odile les a bien mises en pratique dans sa vie. En elle nous pouvons voir la pratique héroïque des vertus chrétiennes. « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »
Odile, la sainte que nous honorons en ce pèlerinage, aveugle de naissance, a trouvé la vue lors de son baptême, à l’âge de 15 ans. Comment ne pas mettre en relief la sixième Béatitude : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » ?
Le cœur pur est celui qui est habité par Dieu, revêtu de la grâce sanctifiante. Ce cœur peut voir Dieu et de fait, il a la vie éternelle en lui-même.
« Odile » : ce nom signifie Lumière de Dieu.
Tout est Providence en notre sainte, la protectrice de l’Alsace !
Tout est Providence ? Écoutez plutôt ! Il est vrai que les voies du Bon Dieu ne sont pas les nôtres et le mot de Providence semble mal choisi, de prime abord, quand on va entendre l’énumération de ces quelques faits de la vie d’Odile :
Son père voulait un fils et, lorsqu’il apprend que c’est une fille et que, de plus, elle est aveugle, Aldaric la chasse, de rage. L’œuvre de christianisation n’a pas encore étendu ses bienfaits en bien des régions et nous voyons qu’il faut du temps pour adoucir les mœurs, changer les mentalités. Lorsque, plus tard, il aura accepté qu’elle revienne au foyer, il voudra la marier à un jeune et riche seigneur, elle refusera car elle s’est déjà depuis longtemps donnée à un autre Seigneur, le Christ ! Son père fera donc des pressions pour qu’elle accède à ses demandes. Mais si elle révère et aime son père, elle est l’épouse de Notre Seigneur Jésus-Christ et donc elle quitte en secret la demeure familiale pour ne pas subir une volonté inférieure à celle de Dieu, à qui elle s’est donnée.
Il faudra attendre que la grâce travaille le cœur et l’âme de ce père rude et mal dégrossi pour qu’Odile revienne enfin à Hohenbourg. Et comme il arrive parfois, de ces caractères entiers, taillés d’une seule pièce, Aldaric va donner son château à sa fille aînée. Revirement, conversion, départ de la mission d’Odile, qui va éclairer toute l’Alsace et plus encore.
« Odile » : tout ce que ce nom comporte manifeste clairement la Lumière de Dieu. Ce haut lieu alsacien qu’est Hohenbourg va devenir en peu de temps un foyer de charité ardente. Des jeunes filles, des vierges vont venir pour se rassembler, prier en communauté, exercer les œuvres de miséricorde aux plus démunis, aux malades. Miraculée à son baptême, dès son vivant Odile opère des miracles en rendant la santé à un lépreux. Alertée par le gémissement d’un pauvre, perdu dans la montagne, elle s’approche de lui avec ses compagnes et se penche sur lui. Quel spectacle d’horreur : c’est un lépreux ! Surmontant son dégoût, elle l’embrasse, le serre dans ses bras. Miracle : il est guéri !
De même, le miracle évangélique se renouvelle : les pains et le vin se multiplient.
Odile, après la mort de son père, a vu son âme souffrir dans les flammes du purgatoire. Elle a beaucoup pleuré. La tradition rapporte qu’elle a passé cinq jours et cinq nuits à jeûner et à prier. Au bout de ces journées de larmes, elle a vu l’âme de son père d’envoler au ciel. On vénère toujours le lieu de ses prières : « la Chapelle des Larmes ». Bienheureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés !
Les miracles continueront ; elle qui fut aveugle de naissance, guérie lors de son baptême, obtiendra la guérison d’un aveugle après avoir fait jaillir l’eau d’un rocher. Cette eau coule toujours et répand ses bienfaits sur les âmes.
Mes Frères, nous sommes venus ici en pèlerinage. Nous aussi, nous sommes « enfants de lumière » (Eph. V 8). N’oublions jamais ces paroles entendues lors de notre baptême : « Recevez ce cierge allumé. Gardez sans reproche la grâce de votre baptême… »
Puissions-nous à l’occasion de ce pèlerinage devenir davantage encore des lumières, pour éclairer nos contemporains. « Que votre lumière brille devant les hommes » ! Nous avons reçu beaucoup, le Bon Dieu nous a éclairés par la Foi reçue au baptême et enrichie depuis ce jour en notre âme par tant de grâces de toutes sortes. Cela doit nous placer dans une grande humilité. Car en effet nous portons ces richesses dans des vases d’argile, bien fragiles…
« Vous êtes la lumière du monde… Vous êtes le sel de la terre ». Notre-Seigneur nous a fait de beaux cadeaux. Tâchons de nous en montrer dignes !
Nous monterons en pèlerinage au Mont Sainte-Odile ; que cette marche, que notre prière fasse jaillir de nos cœurs des traits de lumière. Remplissons-nous de la clarté divine, répandue en abondance sur Odile.
Sainte Odile, veillez sur vos pèlerins, gardez-les purs, faites-leur voir Celui que vous avez aimé ! Protégez l’Alsace et ses fidèles catholiques, de l’erreur qui aveugle les esprits et enténèbre les âmes. Fille de Lumière, donnez-nous de voir clairement les vues de Dieu sur chacun d’entre nous et faites-nous la grâce de nous appliquer à bien accomplir notre devoir d’état. Que votre sollicitude auprès des malades nous aide à purifier nos vies de la lèpre du péché, de l’aveuglement de l’âme, afin que nous puissions enfin courir avec joie dans les sillages divins, dans la simplicité de l’enfant qui se jette avec confiance dans les bras de son Père.
« Dieu, vraie lumière, qui d’une manière admirable avez ouvert les yeux de la bienheureuse Odile, votre vierge, faites qu’à son exemple et par son intercession, nous détournions nos regards des vanités du monde et méritions ainsi de contempler votre face, vous, le seul vrai Dieu, dans la gloire du ciel. »
(Collecte du 13 décembre, fête de sainte Odile)
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.