Très chers fils,
Bien douce, Très Chers Fils, est la joie que Nous ressentons de votre présence. Nous savons combien vous vous distinguez à la fois par vos éminentes vertus, par l’étendue de vos connaissances et par votre compétence, surtout dans les sciences juridiques et légales. Vous venez de Nous adresser des paroles qui ont retenti bien agréablement dans Notre âme : d’une part, cet exposé si lumineux que Nous a fait des origines de votre Société le vénérable évêque de Montpellier ; de l’autre, ces chaleureux accents de foi, de dévouement, de saint courage sortis de la bouche du très distingué sénateur, votre président.
Il n’est que trop manifeste pour tous où tendent, depuis bien longtemps, les impies projets et le but final des ennemis de l’Église catholique. Ce qu’ils voudraient, c’est éteindre la foi du peuple chrétien en y semant leurs négations et les doutes de leur incrédulité ; c’est étouffer par l’indifférence tout sentiment de générosité ; c’est éloigner les peuples de cette chaire de vérité et les soustraire à l’obéissance du Vicaire de Jésus-Christ, afin de les faire servir à l’exécution de leurs ténébreux desseins.
On ne saurait, sans nul doute, rien imaginer de plus funeste, soit aux intérêts de la religion, soit au véritable bien-être des peuples, alors que l’Église, avec ses doctrines et ses enseignements, avec sa morale, ses lois et les innombrables moyens de sanctification dont elle dispose, procure non seulement l’éternel salut de chacun de ses fidèles enfants, mais encore le bien temporel des sociétés, qu’en vain on chercherait en dehors de Dieu et de sa providence.
Dès lors, qui pourrait apprécier à toute sa valeur le mérite de ces hommes bénis, qui, pour mieux obéir au précepte de Dieu ordonnant à chaque homme de s’intéresser à son prochain – Et mandavit illis unicuique de proximo suo, [1] – s’unissent par des liens spéciaux, afin de s’opposer plus efficacement à cette ligue infernale, de faire resplendir avec plus d’éclat sur les peuples le soleil de la vérité et d’y semer plus abondamment les germes de l’amour et de la vertu ?
C’est pourquoi, Nos Très Chers Fils, Nous vous félicitons de tout cœur et Nous félicitons tous les membres de votre Société qui, depuis trente ans, se dévoue à cette double fin. Vous combattez les bons combats, en défendant, soit dans vos relations privées, soit en public, devant les tribunaux, les droits de Dieu et de l’Église, la propriété et la liberté de ses fils ; vous opposez une barrière à l’impiété, qui prétend supprimer les noms mêmes de Dieu, de son Église et de ceux qui en proclament les lois saintes et les préceptes.
Nous vous félicitons de plus, ô généreux champions de la bonne cause, de ce que, reconnaissant les devoirs que vous impose le rang distingué qui vous a été départi dans la société, vous exercez de fait une puissante influence sur le peuple, que votre exemple retient dans l’union avec le Christ et son Église.
Nous vous félicitons, auxiliaires et protecteurs fidèles des religieux et des pasteurs des âmes. Vous voyant ainsi à leurs cotés aux heures de combat, ils sentent doubler leurs forces et, grâce à votre éloquence, se multiplier au centuple les fruits de leur ministère.
Soyez donc félicités, glorieux défenseurs des persécutés et des opprimés ; les prières de tant d’âmes reconnaissantes qui ont été l’objet de votre zèle vous obtiendront du ciel, soyez-en sûrs, les plus précieuses bénédictions.
Sans doute, et Nous ne pouvons l’ignorer, habitués en chrétiens fervents à remplir scrupuleusement vos devoirs envers Dieu et envers les hommes, riches de tous les mérites que Nous venons de rappeler, vous n’ambitionnez pas que la religion vous félicite et vous décerne des éloges. Vous aimez, au contraire, à vous redire ces paroles que Jésus-Christ a lui-même suggérées à ses apôtres : « Nous sommes des serviteurs inutiles : nous n’avons fait que notre devoir. Servi inutiles sumus, quod debuimus facere fecimus. » (Lc 17, 10).
Mais si vous récusez les éloges de la religion, agréez du moins ceux de votre patrie, qui voit en vous le principe de son salut. Agréez ceux du Pasteur suprême des âmes, qui apprécie hautement votre vertu, vos travaux, vos sacrifices et qui déjà entrevoit les heureux résultats pour le calme et la paix de l’Église.
Lors du cataclysme du déluge universel, Dieu a conservé dans la famille de Noé le germe de la résurrection du genre humain. Vous êtes les dépositaires d’un germe analogue. Par vous, la génération future sera appelée du nom du Seigneur : Annuntiabitur Domino generatio ventura (Ps 21, 32). Par vous, cette génération vivra pour Dieu et le servira. Daigne le Tout-Puissant exaucer au plus tôt Notre vœu ! En attendant, comme gage de cette céleste faveur et de Notre particulière affection, Nous vous accordons à tous, ici présents, à tous les membres de votre Société, à vos parents et à vos amis, la Bénédiction apostolique.
- « Et Il a donné à chacun d’eux des ordres au sujet de son prochain. » (Si 17, 12.) [↩]