« Jacques Bompard a été élu maire d’Orange en 1995, et réélu au premier tour en 2001. Il est également conseiller général du Vaucluse depuis 2002. Son action efficace a donné un nouveau souffle à la ville d’Orange, qui est en pleine expansion. »
Fideliter : Vous avez consacré la ville d’Orange au Sacré Cœur. Pourquoi cette démarche plutôt « hors norme » dans la France de 2004 ?
Jacques Bompard : Aujourd’hui, la France et l’Europe sont coupées de leurs racines historiques et culturelles, mais elles ont également rompu les liens avec Dieu. Contrairement à l’actuel Président de la République, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il n’existe pas de loi supérieure aux lois humaines. L’Évangile est très clair là-dessus : il n’est pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu. Deposuit potentes de sede et exalta vit humiles, je crois que c’est ce que l’on chante dans le Magnificat… Alors la consécration d’Orange au Sacré-Cœur est un acte qui ne fait qu’affirmer publiquement une situation existante. D’ailleurs la protection de Dieu ne peut être que bénéfique pour Orange et les Orangeois. C’est aussi un acte de foi chrétienne dans un pays où l’islamisation avance chaque jour un peu plus.
Fideliter : Vous ne mettez donc pas votre Croix dans votre poche ?
Jacques Bompard : Non. Après deux croix installées dans notre ville ces dernières années, le Conseil municipal du 10 novembre 2004 a accepté la proposition d’un prêtre diocésain d’ériger à un carrefour une croix à la mémoire des religieuses massacrées à Orange sous la Révolution. La ville sera chargée des travaux et de l’entretien. Cela nous a valu les cris de haine anti-chrétienne des apôtres de la tolérance à sens unique. J’ai été accusé de bafouer la loi de 1905. On est allé jusqu’à dire que l’érection de cette croix était une « bombe à retardement ». Nos détracteurs sont moins regardants sur la laïcité lorsqu’il s’agit de financer les mosquées !
Fideliter : Quelle relation voyez-vous entre le fait d’être chrétien et celui d’avoir des responsabilités politiques ?
Jacques Bompard : Je pense tout d’abord qu’on ne peut pas se dire chrétien et mettre sa foi au vestiaire dans son action publique. C’est une schizophrénie que je ne comprends pas.
Cela ne veut pas dire qu’il faille se comporter en théocrate intolérant et ne pas respecter la séparation du politique et du religieux, qui a toujours existé en France, et pas seulement depuis 1905.
D’autre part, l’Évangile nous dit : « La vérité vous rendra libres », cela correspond parfaitement à ce que je conçois de l’action politique, qui doit être un combat permanent pour la vérité. Je pense avoir redonné un peu de liberté aux Orangeois en leur tenant un langage de vérité. Ma culture et ma foi chrétienne m’ont toujours aidé dans le combat politique, mené dans un milieu qui ne brille pas par son honnêteté et sa bonne morale.
Fideliter : Pensez-vous que les catholiques doivent s’engager en politique ?
Jacques Bompard : La nature a horreur du vide. Si les catholiques ne s’engagent pas, d’autres le feront à leur place, et souvent avec des objectifs bien opposés au Bien commun. On ne peut pas se lamenter à longueur de temps sur l’état de la société et rester inactif dans le domaine politique, qui est le moyen de changer les choses dans la cité.
Je reprends à mon compte le regret de mon ami Bernard Antony, qui se plaint de voir trop de jeunes catholiques aller de pèlerinages en sessions de formation sans que jamais cela ne débouche sur un engagement concret, dans les domaines politique, syndical, associatif. Est-ce de la paresse, de l’égoïsme ou de l’inconscience ? Je n’en sais rien, mais je le déplore. S’il n’y a pas de réaction, le réveil sera douloureux !
Jacques Bompard
Maire d’Orange