Pie XI

259ᵉ pape ; de 1922 à 1939

4 mars 1929

Lettre apostolique Caritatem decet

Au sujet de la célébration du millénaire de saint Wenceslas duc, martyr

Aux arche­vêques et évêques de la République Tchecoslovaque

PIE XI, PAPE

Vénérables frères,
Salut et béné­dic­tion apostolique

L’amour et la sol­li­ci­tude du Père com­mun le portent, comme cela convient et comme c’est tout natu­rel, à par­ti­ci­per aux joies comme aux tris­tesses de ses enfants, selon cette parole de l’Apôtre qu’il faut se réjouir avec ceux qui se réjouissent et pleu­rer avec ceux qui pleurent. Bien que, ardem­ment pré­oc­cu­pés du salut de votre peuple, Nous n’ayons jamais ces­sé de vous être pré­sent dans la pros­pé­ri­té comme dans le mal­heur, cepen­dant un motif par­ti­cu­lier et glo­rieux se pré­sente aujourd’­hui de remer­cier Dieu avec vous et de vous féli­ci­ter plus vive­ment, vous et tout votre peuple. En effet, vous êtes sur le point de célé­brer solen­nel­le­ment l’an­ni­ver­saire du jour où, il y a mille ans, saint Wenceslas, le très célèbre duc de Bohème et votre patron le plus favo­rable, mou­rut mar­tyr, vic­time de l’acte cri­mi­nel de son frère, à Stara-​Boleslav, ville autre­fois déjà renom­mée, mais deve­nue main­te­nant plus illustre par son culte extra­or­di­naire envers la Vierge Mère et par le mar­tyre de Wenceslas. Il Nous plaît d’augmenter par ces lettres la joie et l’é­clat des solen­ni­tés du mil­lé­naire, et avant tout Nous louons en tout point votre excellent des­sein de célé­brer d’une façon si solen­nelle la mémoire de cet homme qui fut aus­si bien pour votre nation que pour la reli­gion catho­lique un sou­tien et une gloire.

Les parents de Wenceslas le confièrent à Ludmilla, sa grand’mère. Cette femme très pieuse devait l’élever comme il faut et l’instruire par­faitement des pré­ceptes de la foi sacrée. Wenceslas pro­fi­la si bien de cette édu­ca­tion que dès son enfance il com­men­ça à se dis­tin­guer par l’éclat de ses ver­tus. Il fut ensuite envoyé à Budetch, près de Prague, pour y être ins­truit dans les lettres latines. Il y avait à cet endroit « une église en l’honneur du bien­heu­reux Pierre, le prince des Apôtres ». Son père étant mort, Wenceslas, à peine sor­ti de l’adolescence, fut peu de temps après élu duc de Bohème. Dès le début de son règne il décla­ra qu’il avait « le désir de ser­vir Dieu seul d’un cœur sin­cère ». Avec fer­me­té, il réta­blit l’ordre et la dis­ci­pline dans l’Etat, fit ces­ser les dis­cordes, remit en hon­neur la jus­tice. Entiè­rement dévoué au bien de la nation, il la défen­dit contre ses enne­mis, pour­vut à son uni­té et à sa pros­pé­ri­té. Mais comme c’était un prince très doux et « tou­jours pré­oc­cu­pé d’obtenir la paix », il s’efforça d’obtenir toutes ces choses « plu­tôt sans graves incon­vé­nients pour autrui, sans trop répandre le sang inno­cent », par des voies et des argu­ments paci­fiques. Aussi c’était « plus par sa pié­té que par la domi­na­tion qu’il gou­ver­nait son peuple ». En public il se mon­trait le chef de la nation ; en son pri­vé, il vivait presque comme un moine. Sous ses habits pré­cieux il por­tait un cilice et « il conser­va avec le plus grand soin la vir­gi­ni­té pen­dant toute son exis­tence ». Que dire de sa dévo­tion envers l’auguste sacre­ment de l’Eucharistie ! Tout petit encore, « rien ne lui était plus agréable que d’assister aux saints mys­tères et de ser­vir le prêtre à l’autel » ; ensuite, deve­nu duc de Bohême, « après avoir cul­tivé lui-​même le blé et le rai­sin, il pré­pa­rait de ses mains le pain et le vin qui ser­vaient au Saint Sacrifice ».

Il faut ajou­ter sa bon­té et sa libé­ra­li­té men­tion­nées avec le plus grand éloge par tout le monde. « Il était, en effet, plein de com­pas­sion pour les indi­gents, il sou­la­geait les mal­heu­reux, il appor­tait par ses aumônes la joie aux pauvres, il était le père des orphe­lins, le défen­seur des veuves, le libé­ra­teur des cap­tifs, le pieux conso­la­teur de tous ceux qui étaient dans l’affliction. » N’est-il pas évident pour tous que toutes ces remar­quables ver­tus décou­laient de la foi invin­cible et active de Wenceslas ? Il fut constam­ment fidèle à la foi catho­lique qu’il pro­fessait publi­que­ment et avec cou­rage, qu’il défen­dit bra­ve­ment et qu’il pro­pa­gea par tous les moyens. Aussi, à peine est-​il en pos­ses­sion des rênes du gou­ver­ne­ment, qu’il consacre tous ses soins et toutes ses pen­sées à la répa­ra­tion des dom­mages cau­sés à la reli­gion ; il rap­pelle les clercs exi­lés, il rend au culte les églises exis­tantes, il recons­truit celles qu’on a brû­lées, il en bâtit de nou­velles, entre autres une dans le châ­teau de Prague, en l’honneur du saint mar­tyr Guy, et qui devien­dra par la suite église cathé­drale et métro­po­li­taine : en cette année du jubi­lé mil­lé­naire, elle sera solen­nel­le­ment rou­verte au culte après avoir été res­tau­rée. Wenceslas se pré­oc­cu­pait avec beau­coup de zèle de faire fleu­rir par­tout les mœurs chré­tiennes. Sans doute c’était un prince très clé­ment, mais il cor­ri­geait avec sévé­ri­té « les per­sonnes avides de s’écarter de la vraie doc­trine ou du droit che­min ». Rien qu’à cause de cela il s’attirait déjà l’envie et la haine des méchants.

Son frère Boleslas leur prê­ta une oreille trop favo­rable. A l’occasion de la fête des saints Côme et Damien, aux­quels était dédiée l’église de son châ­teau de Stara-​Boleslav, il invi­ta et reçut à dîner Wenceslas. Ensuite, comme ce der­nier priait devant la porte de l’église, il le tua avec l’aide de ses com­pa­gnons, com­plices de ce crime abo­mi­nable. Dans sa mort, Wenceslas mon­tra non seule­ment une admi­rable force d’âme, mais aus­si une héroïque cha­ri­té envers le fratricide.

Nous rap­pe­lons, pour Notre très grande satis­fac­tion, ces faits illustres de la vie de votre saint Patron, non, certes, pour vous apprendre des choses que vous connais­sez par­fai­te­ment, mais afin de mieux faire res­sor­tir com­bien jus­te­ment et avec quel droit vous entou­rez des plus grands hon­neurs ce mar­tyr invin­cible à qui, à toutes les époques, l’ensemble des fidèles a pro­di­gué de magni­fiques louanges. Vous savez, en effet, de quelle gloire res­plen­dit ce duc mar­tyr, dès qu’il eut pris son essor vers le royaume céleste ; et cela non seule­ment à Stara-​Boleslav, enno­bli par son sang sacré, et à Prague où, sur l’ordre de son frère Boleslas, l’on trans­por­ta son corps, trois ans après le meurtre, mais aus­si dans d’autres régions, même au delà des fron­tières de sa patrie. De par­tout on deman­da des reliques du ser­vi­teur de Dieu ; en plu­sieurs lieux on éle­va des édi­fices sacrés en son hon­neur. Ne men­tion­nons que ce qui eut lieu à Borne. Là, dans la basi­lique même de saint Pierre, dès le xive siècle, un autel lui est dédié, et quand l’ancienne basi­lique fut détruite, cet autel fut rem­pla­cé par un autre en marbre, et « qu’alors nul autre roi cano­ni­sé n’a d’autel dans cette basi­lique ». Bien plus, chaque année la fête de saint Wenceslas était célé­brée à Saint-​Pierre en pré­sence de tous les car­di­naux. Des miracles très fré­quents, des faveurs fort nom­breuses qui ont été conser­vées à la pos­té­ri­té par les his­to­riens tchèques, ont beau­coup contri­bué à la dif­fu­sion du culte du saint duc. Déjà au xe siècle, le Pape Jean XIII donne à Wenceslas le titre de Saint : son nom se trou­vait men­tion­né dans un sacra­men­taire de cette époque, dans plu­sieurs bré­viaires écrits en langue paléo­slave. Mais dès le xiie siècle, on ren­contre son nom aus­si dans les bré­viaires latins, et sa fête est célé­brée ici et là. Enfin, Notre pré­décesseur d’heureuse mémoire Clément X éten­dit, en 1670, cette fête à l’Eglise uni­ver­selle ; en 1729, Benoit XIII l’éleva à un rite supérieur.

Il n’est pas éton­nant que votre nation ait tou­jours hono­ré avec une par­ti­cu­lière dévo­tion ce duc mar­tyr dont le culte était répan­du au loin en beau­coup d’en­droits. De fait, on peut dire qu’il n’y a jamais eu chez vous un homme dont le sou­ve­nir soit plus pro­fon­dé­ment gra­vé dans l’âme des Bohèmes et que vous véné­riez autant, que Wenceslas le très saint. Son tom­beau a tou­jours joui du droit pri­vi­lé­gié d’asile, son image sacrée a tou­jours été hono­rée dans toutes les familles et tra­di­tion­nel­le­ment et pieu­se­ment repro­duite sur les mon­naies, les sceaux de l’Etat, les éten­dards. Qui ignore tout cela ? Sa lame était por­tée dans les com­bats : on confé­rait la digni­té et le titre de cheva­lier en frap­pant le can­di­dat d’un coup de son glaive. D’innombrables écri­vains, six cents docu­ments de tout art, le célèbrent. Toujours saint Wenceslas a été regar­dé par vous tous comme le modèle par excel­lence, le patron le plus puis­sant. C’est pour­quoi dans n’importe quelles dif­fi­cul­tés, dans les guerres, dans l’adversité, vous avez eu l’habitude de recou­rir à lui avec confiance, le sup­pliant par des chants très anciens « de ne pas vous lais­ser périr, ni vous ni vos enfants ». Bien plus, tout ce qui est vôtre est regar­dé comme si étroi­te­ment uni à la per­sonne et au culte de saint Wenceslas, que vous dési­gnez sous l’expression d’hé­ri­tage de saint Wenceslas les choses qui vous sont les plus chères et les plus insé­pa­rables : avant tout la foi des aïeux, la langue, la civi­li­sa­tion, la cou­ronne royale et tout votre ter­ri­toire natio­nal. C’est à bon droit que vous appe­lez ce duc très saint l’héritier ou le maître de cette terre, car Wenceslas, en pos­ses­sion déjà de l’éter­nelle féli­ci­té, non seule­ment vous défend par sa pro­tec­tion ou son assis­tance très pré­sente, mais il est encore en véri­té le sou­ve­rain de votre patrie qu’il a autre­fois com­blée de biens. Il fut, en effet, non seule­ment le défen­seur de la foi catho­lique, mais aus­si le père de la Bohème, en ce sens qu’il l’amena à un état de vie moins bar­bare, qu’il défen­dit l’in­té­gri­té de son ter­ri­toire contre ses enne­mis, qu’il lui don­na à un plus haut degré l’unité et la pros­pé­ri­té. Il s’en­suit que le duc mar­tyr jouit aus­si auprès de vous de l’éclat du culte natio­nal et que les solen­ni­tés de son mil­lé­naire méritent d’être célé­brées même par les citoyens qui ne sont pas catholiques.

Cependant, la gloire de Wenceslas consiste tout entière dans sa sainte vie, puisque c’est seule­ment à cause d’elle et non pour des rai­sons poli­tiques, comme quelques-​uns le répètent à la légère, qu’il a été mis a mort. Il n’y a pas de doute pour qui­conque est très au cou­rant des faits his­to­riques que c’est parce qu’ils haïs­saient pro­fon­dé­ment sa vie sainte, indigne d’un duc, pensaient-​ils, parce que trop sem­blable à la vie d’un moine, que des scé­lé­rats ont fait mou­rir un tel homme ; c’est aus­si parce qu’ils sup­por­taient avec peine dans ce prince ses remar­quables ver­tus sur­na­tu­relles, sur­tout la cha­ri­té, la chas­te­té, la man­suétude, d’autant plus que son zèle ardent pour pro­pa­ger la foi du Christ et sa sévé­ri­té pour extir­per les vices, avaient exci­tés la méchan­ceté et la haine de ceux qui, obs­ti­né­ment fidèles aux super­sti­tions des aïeux, ne vou­laient pas renon­cer aux mœurs cor­rom­pues approu­vées par le paga­nisme. Wenceslas fut donc très véri­ta­ble­ment le mar­tyr de Dieu, c’est-à-dire le témoin de la foi chré­tienne, qui « par sa conduite, mon­tra qu’il mépri­sait toutes les choses pré­sentes et caduques afin de par­ve­nir aux biens futurs et invisibles ».

Certains de vos conci­toyens, hommes d’ailleurs fort illustres, ont, avec toute l’Eglise, hono­ré Wenceslas comme un saint mar­tyr. Citons saint Adalbert, évêque de Prague et dans la suite mar­tyr lui-​même en Prusse : non seule­ment avec le saint duc « il tira sa lignée du même che­min », mais il eut envers lui une extra­or­di­naire dévo­tion. Il y a eu aus­si la bien­heu­reuse Agnès : avant de faire sa pro­fes­sion reli­gieuse, elle véné­rait tous les jours à Prague les reliques du mar­tyr. Puis votre célèbre roi de Bohême, l’empereur Charles IV, qui « témoi­gnait à saint Wenceslas, son prin­ci­pal pro­tec­teur et sou­tien, un culte spé­cial » ; en son hon­neur il orna de pierres pré­cieuses la cha­pelle des reliques, embel­lit son tom­beau, fit entou­rer d’or son chef sacré, écri­vit la vie de son pré­dé­ces­seur sur le trône. Ernest de Pardubitch, pre­mier arche­vêque de Prague, eut l’inspiration de doter la cha­pelle du saint mar­tyr d’une nou­velle et splen­dide cou­ronne. Enfin, saint Jean Népomucène, le mar­tyr inébran­lable du devoir sacer­do­tal, fit, avant sa mort si cruelle, un voyage à Stara-​Boleslav, d’après ce que rap­porte la tradition.

C’est à juste titre que tous les citoyens de cette République, quelle que soit leur reli­gion ou leur race, célèbrent cette année la mémoire d’un duc si illustre, le héros de leur patrie et son insigne bien­fai­teur. Cependant, c’est prin­ci­pa­le­ment à tous les catho­liques, quelle que soit leur natio­na­li­té, qu’il appar­tient de com­mé­mo­rer ce mil­lé­naire, parce que ce Saint est avant tout le mar­tyr de l’Eglise catho­lique qui est la mère de toutes les nations. Cet anni­ver­saire ne se pas­se­ra pas sans pro­duire d’heureux résul­tats. Nous avons confiance que grâce à l’union des forces de tous les bons, la foi gran­di­ra dans votre pays, la pra­tique de la vie chré­tienne sera plus flo­ris­sante, et que, avec l’aug­mentation de la foi, sous la pro­tec­tion et les aus­pices de Wenceslas, la reli­gion refleu­ri­ra tout à fait et dans son intégrité.

Nous Nous réjouis­sons de voir s’améliorer chaque jour davan­tage la situa­tion de la reli­gion catho­lique. Il y a peu d’années, dans une Lettre du 3 jan­vier 1920 à l’archevêque de Prague, Benoît XV se plai­gnait, parce que cette situa­tion com­men­çait à s’aggraver. Parmi vous, de nom­breux membres du cler­gé tra­vaillent avec saga­ci­té dans la vigne du Seigneur : la chose Nous est connue. Plusieurs Congrès eucha­ris­tiques tenus sur votre ter­ri­toire ont été sui­vis par un nom­breux cler­gé et une grande foule de fidèles. Nous savons très bien que les exer­cices de la retraite selon l’esprit de saint Ignace sont don­nés de divers côtés aux hommes de toutes les condi­tions sociales pour leur bien spi­ri­tuel. De même, plu­sieurs hommes, rem­plis d’ardeur apos­to­lique, vous prêtent un concours dévoué afin que, dans les grandes villes, de nou­velles églises soient construites et qu’on pour­voit au salut des âmes, en temps si néces­saire. A ce déve­lop­pe­ment et accrois­se­ment de la reli­gion catho­lique concourent pour une grande part et ces hommes dévoués qui défendent dans la vie publique les droits sacrés de l’Eglise et ceux qui heu­reu­se­ment inter­viennent près du Siège apos­to­lique dans ses rap­ports avec cet Etat par le concours et l’activité de leurs bons offices. Il est évident que saint Wenceslas n’a pas aban­donné son héri­tage et que vous ne l’a­vez pas lais­sé périr.

A n’eu pas dou­ter, il y a de quoi devoir remer­cier Dieu. Mais cepen­dant vous savez très bien que plu­sieurs choses sont encore à dési­rer, qui doivent redon­ner dans votre pays à la reli­gion catho­lique sa splen­deur pré­cé­dente. Avec Nous vous déplo­rez le petit nombre d’ouvriers dans la vigne du Seigneur, en ce temps sur­tout où des prêtres nom­breux, enflam­més de l’esprit évan­gé­lique, par­fai­te­ment ins­truits dans les sciences sacrées, sont abso­lu­ment néces­saires. Par des­sus tout, il faut s’appliquer à ce que de bons jeunes gens entrent dans la voie du sacer­doce. Cela, on l’espérerait en vain si l’éducation chré­tienne qui est don­née soit au foyer fami­lial, soit dans les écoles publiques, n’est pas tout à fait droite ou hon­nête. C’est pour­quoi ne ces­sez pas, Vénérables Frères, d’avertir avec insis­tance les parents catho­liques soit de leur très grave obli­ga­tion d’éduquer pieu­se­ment leurs enfants, soit de leur droit natu­rel d’établir libre­ment des écoles catho­liques ou d’exiger selon leurs moyens que, dans les écoles publiques aus­si, la foi des enfants ne soit pas mise en péril, bien plus, qu’on forme leurs esprits et leurs cœurs selon les usages chré­tiens. En outre, la commu­nion fré­quente attire beau­coup les jeunes gens vers le sacer­doce : aus­si, qu’on pro­page acti­ve­ment toutes ces asso­cia­tions qui, comme les Congrégations mariales, favo­risent la fré­quente récep­tion de la Sainte Eucharistie. Il ne faut pas moins s’efforcer de recru­ter en très grand nombre des adhé­rents à cette asso­cia­tion de jeunes gens appe­lés vul­gairement les Chevaliers de Saint-​Wenceslas, qui pro­mettent, sui­vant lés traces de leur patron, de s’approcher très sou­vent de la sainte Table. Il importe gran­de­ment de bien for­mer dans les Séminaires, en obser­vant reli­gieu­se­ment les règles fort oppor­tunes don­nées par le Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités, les jeunes gens que le Seigneur appelle au sacer­doce. A ce point de vue, de nou­veau nous recom­man­dons à tous le Collège Saint-​Jean-​Népomucène que Nous avons fait éta­blir à Rome et dont les nou­veaux bâti­ments, grâce à Dieu, seront pro­chai­ne­ment inau­gu­rés. Nous vou­lons aus­si qu’on se sou­vienne, com­bien le Séminaire Saint-​Wenceslas, fon­dé à Prague en 1559 par la Société de Jésus, a contri­bué à l’accroissement de la reli­gion. Nous sommes pro­fon­dé­ment recon­nais­sant des secours et sub­sides que, à votre suite, le gou­ver­ne­ment, le cler­gé et le peuple Nous ont four­nis pour faire réus­sir cette œuvre : Nous prions avec ins­tance Dieu de récom­pen­ser par une par­ti­cu­lière abon­dance de grâces chaque donateur.

Ce cierge plus nom­breux et plus riche de ver­tu ten­dra non seu­lement à entre­te­nir et à for­ti­fier la foi chez vous, mais, brû­lant de zèle apos­to­lique et mar­chant sur les traces des saints Méthode et Adalbert, il s’efforcera, de toutes façons, de rame­ner à l’unité de l’Eglise Mère, comme cela est très dési­rable, les Slaves dis­si­dents des pays voi­sins. Nous savons que vous tra­vaillez déjà acti­ve­ment et avec appli­cation sur ce ter­rain, soit par des réunions oppor­tunes, soit par les com­pa­gnons de l’Apostolat des Saints-​Cyrille et Méthode, soit par l’Institut des Saints-​Cyrille et Méthode de Velehrad, soit enfin par le Séminaire de Nitra, pour la for­ma­tion de mis­sion­naires. Ne ces­sez donc pas de pour­suivre une œuvre si salu­taire, mais pour qu’elle réus­sisse entiè­rement, il faut que la reli­gion catho­lique fleu­risse là-​bas, de telle sorte que les dis­si­dents eux-​mêmes voient et recon­naissent chez vous les signes très évi­dents qui mani­festent la véri­table Eglise du Christ, à savoir une admi­rable uni­té, l’ar­deur pour por­ter en tout lieu la foi catho­lique, une sain­te­té émi­nente et une union très étroite avec le Siège apostolique.

Il est per­mis de pré­sa­ger, en rai­son de toutes ces choses, que ces fêtes des­ti­nées à célé­brer la mémoire de saint Wenceslas seront tout à fait fécondes, pour­vu que ceux de votre pays s’appliquent à imi­ter les exemples de leur glo­rieux patron. Ces exemples sont de telle sorte qu’ils conviennent à tous, s’adaptent à la condi­tion de cha­cun, quelle qu’elle soit ; cha­cun peut les suivre uti­le­ment. Ainsi, ceux qui gou­vernent l’Etat doivent apprendre du prince très juste à rendre la jus­tice avec man­sué­tude et fer­me­té ; qu’ils soient convain­cus que la reli­gion catho­lique est loin d’être un obs­tacle à la pros­pé­ri­té de la nation ; bien plu­tôt, ce n’est qu’appuyée sur sa doc­trine que la socié­té humaine pour­ra vivre et pros­pé­rer. Que les citoyens s’instruisent auprès de ce prince, bien­fai­teur de la patrie, de la véri­table cha­ri­té ; met­tant de côté toute dis­corde, qu’ils tendent vers le bien com­mun dans l’harmonieux accord des esprits. Wenceslas a été fort pieu­se­ment éle­vé par sa grand’mère Ludmilla : que les parents et tous les éduca­teurs sachent recon­naître de quelle force est l’éducation chré­tienne pour diri­ger sûre­ment la jeu­nesse dans la voie du salut. Enfin, Wen­ceslas est un exemple que les prêtres dans le culte très ardent envers l’auguste Sacrement de l’autel, les jeunes dans la garde de la chas­te­té, les riches dans le secours à don­ner aux divers mal­heu­reux, doivent se pro­po­ser d’imiter. Enfin, qu’en ce qui concerne la répres­sion des convoi­tises, le cou­rage chré­tien pour sup­por­ter les souf­frances, le témoi­gnage d’un constant amour pour le Siège apos­to­lique, tous, avec dévo­tion et ardeur, suivent les traces de celui qui n’a pas hési­té à répandre son sang pour le Christ et qui a attes­té de plu­sieurs façons bien signi­fi­ca­tives sa dévo­tion envers la chaire du bien­heu­reux Pierre.

Plaise à Dieu que votre patrie, comme une grande famille, soit éclai­rée et for­ti­fiée par la même foi, celle de Wenceslas. Ainsi, sous ses aus­pices et son patro­nage, le pou­voir reli­gieux et le pou­voir civil tra­vaillant dans un har­mo­nieux accord, la nation retrou­ve­ra heureu­sement son ancienne gloire et prospérité.

Entre temps, comme signe avant-​coureur des faveurs célestes et en témoi­gnage de Notre par­ti­cu­lière bien­veillance. Nous accor­dons affec­tueu­se­ment la Bénédiction Apostolique à vous, Vénérables Frères, et aux dio­cé­sains confiés à vos soins.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 4 mars 1929, la hui­tième année de Notre Pontificat.

PIE XI, PAPE.

Source : Actes de S. S. Pie XI, tome 5, p. 84–98

20 avril 1930
Sur saint Augustin, évêque d’Hippone et docteur de l’Eglise, à l’occasion du quinzième centenaire de sa mort.
  • Pie XI
12 novembre 1923
À l’occasion du IIIe centenaire de la mort de saint Josaphat, martyr, archevêque de Polotsk, pour le rite oriental.
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