Pie XI

259ᵉ pape ; de 1922 à 1939

26 janvier 1923

Lettre encyclique Rerum omnium perturbationem

Sur le troisième centenaire de la mort de saint François de Sales, déclaré par la même occasion patron des écrivains catholiques

Table des matières

Vénérables Frères, Salut et béné­dic­tion Apostolique.

Introduction

Dans une Encyclique toute récente, Nous avons étu­dié, en vue d’y por­ter remède la per­tur­ba­tion uni­ver­selle qui règne en ce moment ; Nous avons consta­té que c’est dans les âmes elles-​mêmes que le mal a sa racine, et qu’on n’en sau­rait espé­rer la gué­ri­son si l’on ne fait appel au divin Médecin, Jésus-​Christ, par l’in­ter­mé­diaire de la sainte Église. L’œuvre qui s’im­pose, en effet, c’est de refou­ler cet immense débor­de­ment de cupi­di­tés qui, source pre­mière des guerres et des conflits, rend impos­sibles tout ensemble la vie sociale et les rap­ports inter­na­tio­naux ; en même temps, il importe de détour­ner les âmes des richesses éphé­mères, et fra­giles et de les conduire vers les biens éter­nels et impé­ris­sables, pour les­quels la plu­part ne témoignent plus qu’une incroyable indif­fé­rence. Le jour où cha­cun se sera réso­lu à rem­plir régu­liè­re­ment son devoir avec un soin reli­gieux, la socié­té en sera améliorée.

Enseigner aux hommes la vérité

Or, dans son magis­tère comme dans son minis­tère, l’Église n’a qu’un but : ensei­gner aux hommes par la pré­di­ca­tion la véri­té divi­ne­ment révé­lée et les sanc­ti­fier par les plus abon­dantes effu­sions de la grâce divine ; c’est par ce moyen qu’elle s’efforce de rame­ner dans le droit che­min, dès qu’elle la voit s’en écar­ter, la socié­té civile même que jadis elle a for­mée et comme mode­lée d’a­près les prin­cipes chré­tiens. Ce rôle que Dieu lui donne la grâce et la faveur de pou­voir pro­po­ser à l’i­mi­ta­tion des fidèles tels de ses plus glo­rieux enfants qui se sont ren­dus admi­rables par la pra­tique de toutes les ver­tus. Ce fai­sant, l’Église agit en pleine confor­mi­té avec sa nature : le Christ, son fon­da­teur, ne l’a-​t-​il pas consti­tuée sainte et sanc­ti­fi­ca­trice et à tous tendre à la sain­te­té ? La volon­té de Dieu, dit saint Paul, est que vous vous sanc­ti­fiiez [1] ; et le Seigneur lui-​même explique en ces termes quelle doit être cette sanc­ti­fi­ca­tion : Soyez donc vous-​mêmes par­faits, comme votre Père céleste est par­fait [2].

La recherche de la perfection concerne tous les hommes

Nul ne doit s’i­ma­gi­ner que ce pré­cepte s’a­dresse à un petit nombre d’âmes d’élite, et qu’il soit loi­sible aux autres de s’en tenir à un degré de ver­tu infé­rieur. Cette loi, le texte est évident, astreint abso­lu­ment tous les hommes, sans excep­tion aucune ; d’autre part, ceux qui ont atteint le faite de la per­fec­tion chré­tienne – l’his­toire témoigne qu’ils sont presque innom­brables, de tout âge et de toute condi­tion – ont tous connu les mêmes fai­blesses de la nature que les autres fidèles et ont dû affron­ter les mêmes périls. Tant il est vrai, sui­vant la remar­quable parole de saint Augustin, que, Dieu n’or­donne pas l’impossible, mais en com­man­dant, il aver­tit qu’il faut accom­plir ce que nous pou­vons et deman­der la force d’exé­cu­ter ce dont nous sommes inca­pables [3].

Or, Vénérables Frères, les fêtes solen­nelles célé­brées l’an der­nier pour com­mé­mo­rer le troi­sième cen­te­naire de la cano­ni­sa­tion de nos grands héros Ignace de Loyola, François Xavier, Philippe de Néri, Thérèse de Jésus et Isidore le Laboureur ont, semble-​t-​il, contri­bué d’une façon notable à réveiller par­mi les fidèles la fer­veur de la vie chrétienne.

il semble que Dieu ait vou­lu l’opposer à l’hérésie des réfor­més, ce point de départ du mou­ve­ment qui a sépa­ré la socié­té d’avec l’Église

Le troisième centenaire de la naissance de St François de Sales

Et voi­ci que se pré­sente fort à pro­pos le troi­sième cen­te­naire de la nais­sance au ciel d’un saint émi­nent, célèbre non seule­ment pour avoir excel­lé dans la pra­tique de toutes les ver­tus, mais encore pour avoir for­mu­lé les prin­cipes et la méthode de doc­teur de l’Église : lui aus­si, comme ces modèles écla­tants de per­fec­tions et de sagesse chré­tienne que Nous rap­pe­lions tout à l’heure, il semble que Dieu ait vou­lu l’opposer à l’hérésie des réfor­més, ce point de départ du mou­ve­ment qui a sépa­ré la socié­té d’avec l’Église, et dont, encore de nos jours, tout homme de bien déplore à juste titres les tristes et funestes conséquences.

La sainteté est accessible

François de Sales paraît éga­le­ment avoir été, par un des­sein spé­cial de Dieu, don­né à l’Église pour réfu­ter, par les exemples de sa vie et l’autorité de sa doc­trine un pré­ju­gé déjà en vogue à son époque et encore répan­due de nos jours, à savoir que la véri­table sain­te­té, conforme à l’enseignement de l’Église catho­lique, dépasse la por­tée des efforts humains, ou à tout le moins qu’elle est si dif­fi­cile à atteindre qu’elle ne concerne en aucune façon le com­mun des fidèles, mais seule­ment à un petit nombre de per­sonnes douées d’une rare éner­gie et d’une excep­tion­nelle élé­va­tion d’âme ; que, en outre, cette sain­te­té entraîne tant d’ennuis et d’embarras qu’elle est abso­lu­ment incom­pa­tible avec la situa­tion d’hommes et de femmes vivant dans le monde.

Désir de Benoit XV

Aussi, lorsque, dans son allo­ca­tion solen­nelle consa­crée aux cinq jubi­lés dont Nous par­lions, Notre très regret­té pré­dé­ces­seur vint à men­tion­ner les fêtes qui allaient com­mé­mo­rer la bien­heu­reuse mort de François de Sales, Benoît XV promettait-​il d’a­dres­ser à cette occa­sion une lettre spé­ciale à l’Église toute entière. Ce pro­jet, Nous le consi­dé­rons comme un legs de Notre pré­dé­ces­seur ; ce Nous est une très vive satis­fac­tion de le réa­li­ser ; et Notre joie s’aug­mente encore de l’es­poir fon­dé que les fruits des cen­te­naires célé­brés ces temps der­niers s’ac­croî­tront des grâces de celui qui va s’ouvrir.

I. L’exemple de saint François de Sales

Si on exa­mine avec atten­tion la vie de François de Sales, on voit qu’il fut dès ses pre­mières années un modèle de sain­te­té, un modèle non point froid et triste, mais aimable et acces­sible à tous, de sorte qu’on peut en toute véri­té lui appli­quer cette parole : Son com­merce n’a point d’a­mer­tume, et sa com­pa­gnie n’est point ennuyeuse, mais pro­cure joie et plai­sir [4].

Douceur d’âme

De fait, s’il a brillé de l’é­clat de toutes les ver­tus, saint François s’est dis­tin­gué par une exquise dou­ceur d’âme qu’on est fon­dé à consi­dé­rer comme sa note par­ti­cu­lière et carac­té­ris­tique. Sa dou­ceur tou­te­fois, n’a­vait rien de com­mun avec cette ama­bi­li­té affec­tée qui se dépense en civi­li­tés raf­fi­nées et s’é­tale en pré­ve­nances exces­sives ; elle était aux anti­podes aus­si bien d’une tor­peur ou apa­thie que rien n’é­meut, que d’une timi­di­té qui n’a pas la force, même quand c’est néces­saire, de mani­fes­ter une indignation.

Charité délicieuse

Cette ver­tu pré­do­mi­nante, jaillie des pro­fon­deurs de l’âme de François de Sales comme une déli­cieuse fleur de cha­ri­té puis­qu’elle était faite sur­tout de com­pas­sion et d’in­dul­gence, atté­nuait de sua­vi­té la gra­vi­té de son visage, se reflé­tait dans sa démarche et dans sa voix, et lui gagnait les égards empres­sés de tous. Les his­to­riens attestent que notre Saint avait accou­tu­mé de rece­voir sans la moindre dif­fi­cul­té et d’ac­cueillir avec ten­dresse tous ceux, et plus spé­cia­le­ment les pécheurs et apos­tats, qui se pres­saient à sa porte pour rece­voir le par­don de leurs fautes et amen­der leur conduite ; s’oc­cu­per des condam­nés déte­nus en pri­son était sa joie, et il les récon­for­tait, au cours de fré­quentes visites, par les mille indus­tries de sa cha­ri­té ; il ne mon­trait pas moins d’in­dul­gence dans ses rap­ports avec ses ser­vi­teurs, sup­por­tant avec une patience exem­plaire leurs négli­gences et leurs manques de respect.

Les Apôtres ne com­battent qu’en souf­frant et ne triomphent qu’en mourant

Saint François de Sales

S’étendant à tous, la man­sué­tude de François de Sales ne se démen­tit jamais à l’en­droit de qui que ce fût, pas plus dans le mal­heur que dans la pros­pé­ri­té : ain­si, mal­gré leurs ava­nies, les héré­tiques ne le trou­vèrent jamais moins bien­veillant ni moins affable.

Dévoué au salut des âmes

L’année qui suit son ordi­na­tion, il s’offre spon­ta­né­ment, sans l’assentiment et contre le gré de son père, à Granier, évêque de Genève, pour rame­ner à l’Église la popu­la­tion du Chablais ; bien volon­tiers l’é­vêque lui confie cette pro­vince éten­due et inhos­pi­ta­lière ; saint François s’y dévoue avec tant de zèle qu’il ne recule, devant nulle fatigue et ne se laisse même arrê­ter par aucun dan­ger de mort. Or, l’ex­trême éten­due de sa science, la force et les res­sources de son élo­quence firent moins, pour pro­cu­rer le salut à tant de mil­liers d’âmes, que la bon­té sou­riante dont jamais il ne se dépar­tit dans l’exer­cice du saint ministère.

Il aimait à redire fré­quem­ment cet adage qui mérite d’être rete­nu : « Les Apôtres ne com­battent qu’en souf­frant et ne triomphent qu’en mou­rant » ; et l’on a peine à croire avec quelle ardeur et quelle per­sé­vé­rance il sou­tint la cause de Jésus-​Christ par­mi ses chères popu­la­tions du Chablais.

Une vertu durement acquise à l’exemple du divin maître

Pour leur por­ter les lumières de la foi et les conso­la­tions de l’es­pé­rance chré­tienne, notre saint allait par le fond des val­lées et se glis­sait en ram­pant à tra­vers les gorges étroites. Si les âmes fuient, il se met à leur pour­suite, les appe­lant à grands cris ; bru­ta­le­ment repous­sé, il ne se décou­rage point ; assailli de menaces, il se remet à l’œuvre ; expul­sé plus d’une fois des hôtel­le­ries, il passe des nuits en plein air dans le froid et la neige ; il célèbre la Messe même si tout assis­tant fait défaut ; ses audi­teurs se reti­rant presque tous, il conti­nue de prê­cher ; tou­jours il conserve une par­faite éga­li­té d’âme, et il témoigne aux ingrats une cha­ri­té sou­ve­rai­ne­ment aimable qui finit par triom­pher de ses adver­saires, si obs­ti­née que puisse être leur résis­tance. D’aucun pen­se­ront peut-​être que François de Sales a héri­té en nais­sant de ces qua­li­tés morales, et qu’il est une de ces natures spé­cia­le­ment pri­vi­lé­giées que la grâce de Dieu a pré­ve­nue du don de la dou­ceur [5] : erreur pro­fonde ! Au contraire, il était, de par son tem­pé­ra­ment phy­sique même, d’un natu­rel dif­fi­cile, et enclin à la colère ; mais, s’é­tant fixé pour modèle le Christ Jésus qui a dit : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur [6], il sur­veilla constam­ment les mou­ve­ments de son âme et, en se fai­sant vio­lence, réus­sit si bien à les com­pri­mer et à les domp­ter, que nul n’a rap­pe­lé que lui, en toute sa per­sonne, le Dieu de paix et de man­sué­tude. Sa bio­gra­phie contient un trait qui est une preuve remar­quable de ces com­bats intimes. Les méde­cins aux­quels, après sa mort, sa sainte dépouille fut remise pour l’embaumement trou­vèrent le foie presque pétri­fié et réduit en menus cal­culs ; ce phé­no­mène révé­la quelques vio­lence et quels efforts il avait dû s’imposer pour domp­ter, cin­quante années durant, son iras­ci­bi­li­té native.

Force et douceur

Ainsi donc, c’est à sa force d’âme, sans cesse ali­men­tée par une foi robuste et un brû­lant amour de Dieu, que François de Sales dut toute sa dou­ceur, de façon qu’on peut lui appli­quer à la lettre ce mot de la Sainte Écriture : De la force est sor­tie la dou­ceur [7]. Et par la dou­ceur apos­to­lique qui le dis­tin­guait, et qui, au dire de Jean Chrysostome, est la plus puis­sante des vio­lences [8], il ne pou­vait man­quer de jouir, pour atti­rer les cœurs, de ce pou­voir que pro­met aux doux l’o­racle divin : Heureux les doux, car ils seront maître du monde [9].

quelle était l’énergie morale de saint François […] chaque fois qu’il eut à lut­ter contre les puis­sants pour la gloire de Dieu, les droits de l’Église et le salut des âmes

Lutte contre les puissants

D’autre part, quelle était l’énergie morale de saint François, en qui il était per­mis de signa­ler un modèle de dou­ceur, on le vit très clai­re­ment, chaque fois qu’il eut à lut­ter contre les puis­sants pour la gloire de Dieu, les droits de l’Église et le salut des âmes. Ce fut le cas lorsqu’il défen­dit l’immunité de la juri­dic­tion ecclé­sias­tique contre le Sénat du Chambéry ; cette assem­blée l’ayant mena­cé par lettre de lui reti­rer une par­tie de ses reve­nus, non seule­ment François de Sales fit au mes­sa­ger la réponse qui conve­nait à sa digni­té, mais il ne ces­sa de pro­tes­ter contre cette injus­tice jus­qu’à ce que le Sénat lui eût don­né pleine satis­fac­tion. C’est avec la même fer­me­té de carac­tère qu’il subit la colère du prince, auprès de qui il avait, ain­si que ses frères, été calom­nié ; il résis­ta avec non moins de force aux pré­ten­tions des sei­gneurs pour la col­la­tion des béné­fices ecclé­sias­tiques ; de même encore, après avoir tout essayé, il sévit contre les rebelles qui avaient refu­sé la dîme au Chapitre des cha­noines de Genève.

C’est donc avec une liber­té tout évan­gé­lique qu’il avait accou­tu­mé soit de flé­trir les vices publics, soit de démas­quer les contre­fa­çons de la ver­tu et de la pié­té ; res­pec­tueux, autant que qui­conque, de l’au­to­ri­té des princes, jamais cepen­dant il ne consen­tit par ses actes à se faire com­plice de leurs pas­sions ni à se plier aux excès de leur arbitraire.

II. Son enseignement écrit

Voyons main­te­nant, Vénérables Frères, com­ment François de Sales, en même temps qu’il s’est mon­tré per­son­nel­le­ment un modèle aimable de sain­te­té, a indi­qué aus­si à tous par ses écrits une voie sûre et rapide vers la per­fec­tion chré­tienne, et com­ment, ici encore, il a imi­té le Seigneur Jésus, qui ensei­gna par l’exemple puis par la parole [10]. Il a écrit dans ce des­sein de nom­breux ouvrages fort célèbres, par­mi les­quels deux livres très répan­dus occupent la pre­mière place : Philothée [Introduction à la vie dévote] et le Traité de l’a­mour de Dieu.

A. L’ Introduction à la vie dévote

La sainteté est compatible avec tous les états de vie

Dans le pre­mier, François de Sales, sans enle­ver à la vraie pié­té la juste aus­té­ri­té qui convient à la vie chré­tienne, la dis­tingue tout d’a­bord de cette sévé­ri­té exa­gé­rée qui effraye et décou­rage les âmes dans la pra­tique de la ver­tu ; puis il se consacre tout entier à mon­trer que la sain­te­té est par­fai­te­ment com­pa­tible avec tous les devoirs et toutes les condi­tions de la vie dans le monde, que cha­cun peut au milieu même du siècle, mener une vie conforme à ses inté­rêts éter­nels pour­vu qu’il ne se laisse pas enva­hir et impré­gner par l’es­prit du monde.

Ne pas supprimer la nature mais la vaincre

Entre temps, à son école nous appre­nons à faire cela même – hor­mis le péché – que fait habi­tuel­le­ment tout le monde, mais aus­si – ce que bien des gens omettent – à le faire sain­te­ment et en vue de plaire à Dieu.

Il nous enseigne encore à res­ter fidèles aux conve­nances, qu’il appelle lui-​même les dehors attrayants de la ver­tu ; à ne pas sup­pri­mer la nature, mais à la vaincre ; à nous éle­ver vers le ciel peu à peu, à petits coups d’ailes à la façon des colombes, si nous ne pou­vons imi­ter le vol des aigles, c’est-​à-​dire à tendre à la sain­te­té par la voie com­mune si l’on n’est point appe­lé à une per­fec­tion extraordinaire.

Eviter les fautes

Toujours dans ce style grave et alerte à la fois, émaillé d’ex­pres­sions et de traits ingé­nieux et char­mants qui relèvent les ensei­gne­ments et les font mieux accep­ter du lec­teur, François de Sales com­mence par recom­man­der d’é­vi­ter toute faute, de résis­ter aux pen­chants mau­vais, de fuir tout ce qui est inutile ou dan­ge­reux ; puis il indique les pra­tiques propres à per­fec­tion­ner notre âme et la méthode à suivre pour nous unir à Dieu.

Cultiver une vertu spéciale

Il pour­suit en éta­blis­sant qu’il faut choi­sir quelque ver­tu spé­ciale que l’on ne ces­se­ra de culti­ver jusqu’à ce qu’on la pos­sède. Il traite alors des ver­tus en par­ti­cu­lier, de la chas­te­té, des bonnes et des mau­vaises conver­sa­tions, des diver­tis­se­ments per­mis et de ceux qui sont dan­ge­reux, de la fidé­li­té envers Dieu, enfin des devoirs des époux, des veuves et des vierges.

Vaincre les tentations

Il conclut en ensei­gnant par quels pro­cé­dés on arrive à décou­vrir et vaincre les dan­gers, les ten­ta­tions et les séduc­tions de la volup­té, puis par quels exer­cices il convient chaque année de renou­ve­ler nos bons pro­pos, et confir­mer notre âme en la dévotion.

Recommandation de l’ouvrage

Puisse cet ouvrage, le plus ache­vé qu’on ait publié en ce genre, de l’a­vis des contem­po­rains de saint François, être encore aujourd’­hui entre les mains de tous les fidèles, comme jadis, il fut long­temps le livre de che­vet de tous ! La pié­té chré­tienne refleu­ri­rait dans le monde entier, et l’Église de Dieu goû­te­rait la joie de voir la sain­te­té se répandre par­mi tous ses enfants.

B. Le Traité de l’amour de Dieu

Le Traité de l’amour de Dieu a plus d’im­por­tance encore et d’au­to­ri­té. Entreprenant une sorte d’his­toire du divin amour, le saint doc­teur en décrit la genèse et les déve­lop­pe­ments, les causes qui le font s’attiédir et lan­guir dans les âmes, enfin la manière de s’y exer­cer et d’y progresser.

Les questions difficiles

Quand le sujet lui en four­nit l’oc­ca­sion, il fait un expo­sé lumi­neux des ques­tions les plus dif­fi­ciles : grâce effi­cace, pré­des­ti­na­tion, voca­tion à la foi ; et, pour évi­ter l’a­ri­di­té, son génie riche et souple relève son dis­cours de si gra­cieuses images et d’un par­fum de pié­té si péné­trant, il l’a­gré­mente d’al­lé­go­ries si variées, d’exemples et de cita­tions si appro­priés, emprun­tés pour la plu­part à la Sainte Écriture, que l’ou­vrage semble moins une œuvre de son esprit que l’ef­fu­sion des plus intimes sen­ti­ments, de son cœur.

Mise en pratique

Les prin­cipes de vie spi­ri­tuelle qu’il avait for­mu­lés dans ces deux ouvrages, notre saint en fit lui-​même pro­fi­ter les âmes, soit dans l’exer­cice quo­ti­dien du minis­tère, soit dans les admi­rables Lettres sor­ties de sa plume. En outre, il les adap­ta à la direc­tion des Sœurs de la Visitation dont l’ins­ti­tut, fon­dé par lui, garde encore très reli­gieu­se­ment son esprit.

Mise en œuvre chez les visitandines

Dans cette Société tout res­pire, si l’on peut ain­si par­ler, un par­fum de dis­cré­tion et de sua­vi­té. Cette Congrégation a ceci de par­ti­cu­lier qu’elle s’ouvre aux jeunes filles, veuves et dames, même déli­cates de san­té, malades, ou âgées, et chez les­quelles les forces phy­siques ne semblent pas répondre aux géné­reuses aspi­ra­tions de l’âme. Point de veilles, ni de psal­mo­dies pro­lon­gées, point de rigueur dans les péni­tences ou mor­ti­fi­ca­tions ; mais une règle si douce et si aisée à suivre que les moniales même les moins fortes n’é­prouvent aucune dif­fi­cul­té à en rem­plir toutes les pres­crip­tions. Seulement, cette sim­pli­ci­té facile et joyeuse dans les obser­vances doit s’ins­pi­rer d’une ardente cha­ri­té qui rende les filles de saint François capable de se renon­cer com­plè­te­ment, d’o­béir en toute humi­li­té et, par la pra­tique de ver­tus solides, sinon écla­tantes, de mou­rir à elles-​mêmes pour vivre en Dieu. Qui ne recon­naî­trait là l’u­nion mer­veilleuse de la dou­ceur et de la force que nous admi­rons dans leur Père et législateur ?

C. Les Controverses

Nous pas­sons sur bien d’autres œuvres, des­quelles a décou­lé sa céleste doc­trine, tel un fleuve d’eau vive, arro­sant le champ de l’Église et por­tant le salut au peuple de Dieu [11] ; mais il est impos­sible de ne pas signa­ler le livre des Controverses, qui, on ne sau­rait le contes­ter, ren­ferme une démons­tra­tion com­plète de la foi catho­lique [12].

Expédition dans le Chablais pour ramener les âmes au bercail

On sait, Vénérables Frères, en quelles cir­cons­tances François de Sales entre­prit sa sainte expé­di­tion dans le Chablais. Suivant le récit des his­to­riens, le duc de Savoie venait de signer, vers la fin de 1593, une trêve avec Berne et Genève ; le moment parais­sait émi­nem­ment favo­rable pour employer le moyen qui sem­blait le plus puis­sant de rame­ner les popu­la­tions du Chablais à l’Église : l’en­voi dans cette région de pré­di­ca­teurs de la parole divine zélés et ins­truits, et dont l’é­lo­quence per­sua­sive atti­re­rait peu à peu ces âmes à la foi.

Réfuter les erreurs au moyens de tracts

Le pre­mier entré dans le pays, soit par déses­poir de conver­tir les héré­tiques, soit par appré­hen­sion pour sa propre sécu­ri­té, aban­don­na la lutte. François de Sales qui, nous l’a­vons vu, s’é­tait offert comme mis­sion­naire à l’é­vêque de Genève, se ren­dit alors dans la pro­vince héré­tique (sep­tembre 1594), à pied, sans vivres ni pro­vi­sions d’aucune sorte, sans autre com­pa­gnon qu’un cou­sin ; mais il avait mul­ti­plié prières et jeûnes, car il n’at­ten­dait que de Dieu l’heu­reuse issue de son entre­prise. Les héré­tiques refu­sant d’en­tendre ses démons­tra­tions, il prit le par­ti de réfu­ter leurs erreurs dans des tracts qu’il com­po­sait entre ses ser­mons ; des copies s’en trans­met­taient de main en main et arri­vaient ain­si jusque par­mi les pro­tes­tants. Il ralen­tit peu à peu la rédac­tion de ces feuilles volantes lorsque les habi­tants vinrent en foule assis­ter à ses pré­di­ca­tions. Quant aux tracts écrits de la main même du saint doc­teur, dis­per­sés après sa mort, ils furent réunis en volumes long­temps après et offerts à Notre pré­dé­ces­seur Alexandre VII, qui, dans la suite, après un pro­cès cano­nique régu­lier, ins­cri­vit François de Sales au nombre des bien­heu­reux puis des saints.

il réfute les erreurs de ces héré­tiques sur la nature de l’Église, défi­nit les notes dis­tinc­tives de l’Église véri­table, et prouve que l’Église catho­lique les pos­sède, tan­dis qu’elles font défaut à l’Église réformée

Apologétique des Controverses

Or, en ces Controverses, tout en tirant très heu­reu­se­ment par­ti de l’ar­se­nal polé­mique des siècles pas­sés, le saint doc­teur garde tou­jours dans la dis­cus­sion sa note per­son­nelle. Il éta­blit tout d’a­bord qu’on ne peut même conce­voir dans l’Église une auto­ri­té qui ne soit dévo­lue par man­dat légi­time, man­dat dont les ministres pro­tes­tants sont tota­le­ment dépour­vus ; il réfute les erreurs de ces héré­tiques sur la nature de l’Église, défi­nit les notes dis­tinc­tives de l’Église véri­table, et prouve que l’Église catho­lique les pos­sède, tan­dis qu’elles font défaut à l’Église réfor­mée. Puis il expose soi­gneu­se­ment les règles de la foi et montre, qu’elles sont vio­lées par les héré­tiques, alors qu’elles sont scru­pu­leu­se­ment obser­vées par les catho­liques. Il ter­mine par des trai­tés par­ti­cu­liers, dont il ne nous reste que les dis­cus­sions sur les sacre­ments et sur le purgatoire.

Des reproches doux et efficaces

On reste éton­né de l’a­bon­dance de sa doc­trine et de son habi­le­té à grou­per les argu­ments comme en rang de bataille lors­qu’il attaque ses adver­saires, démasque leurs men­songes et leurs four­be­ries, maniant au besoin avec un rare bon­heur une iro­nie voi­lée. Que s’il lui arrive d’employer des termes en appa­rence plus véhé­ments, néan­moins, de l’aveu de ses enne­mis mêmes, la force de la cha­ri­té domine tout le débat et en tem­père l’ar­deur. En effet, alors même qu’il reproche à ces fils éga­rés d’a­voir aban­don­né la foi catho­lique, on voit qu’il ne vise qu’à s’ou­vrir un che­min pour les sup­plier ins­tam­ment de reve­nir à leurs croyances. Jusque dans le livre des Controverses, on peut retrou­ver la même cor­diale ten­dresse et le même esprit dont débordent ses ouvrages de pié­té et d’édification.

Une force de persuasion crainte des hérétiques

Quant au style, il avait une telle élé­gance, une telle dis­tinc­tion, une telle force de per­sua­sion, que les ministres héré­tiques eux-​mêmes avaient accou­tu­mé de pré­mu­nir leurs fidèles contre les enve­lop­pantes séduc­tions et les charmes cap­ti­vants du mis­sion­naire de Genève.

III. Invitation à célébrer son centenaire

Après ce bref aper­çu de l’a­pos­to­lat et des œuvres de François de Sales, il Nous reste, Vénérables Frères, à vous invi­ter à célé­brer son cen­te­naire en cha­cun de vos dio­cèses par une com­mé­mo­rai­son féconde en résultats.

Faire connaitre les vertus et les enseignement de st François

Nous ne vou­drions pas que ces fêtes se bor­nassent à une sté­rile évo­ca­tion du pas­sé, ou que la durée en fût res­treinte à quelques jours. Notre désir est au contraire, que, au cours de toute cette année jusqu’au 28 décembre, jour anni­ver­saire de la mort de saint François, vous met­tiez la plus grande dili­gence à faire connaître les ver­tus et les ensei­gne­ments du saint docteur.

ils ne sont que trop nom­breux ceux qui ne songent jamais à la vie éter­nelle ou négligent com­plè­te­ment le salut de leur âme

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Votre pre­mière tâche sera de com­mu­ni­quer et de com­men­ter avec soin la pré­sente lettre au cler­gé et aux fidèles dont vous avez la charge. Ce que Nous sou­hai­tons avant tout, c’est que, vous rap­pe­liez à cha­cun le devoir de pra­ti­quer la sain­te­té spé­ciale à son état, car ils ne sont que trop nom­breux ceux qui ne songent jamais à la vie éter­nelle ou négligent com­plè­te­ment le salut de leur âme.

Faire connaître que la sainteté est la commune destinée et obligation de tous

Les uns, en effet, absor­bés dans le tour­billon des affaires, n’ont d’autre sou­ci que d’a­mas­ser des richesses, tan­dis que leur âme souffre misé­ra­ble­ment de la faim. Les autres, lit­té­ra­le­ment livrés aux pas­sions, s’a­vi­lissent, dans leur atta­che­ment à la terre, au point d’é­mous­ser et d’a­bo­lir en eux le goût des biens qui dépassent les sens. D’autres, enfin, qui se consacrent à la direc­tion des affaires publiques, n’ont de sol­li­ci­tude que pour le bien de l’État et oublient leurs propres inté­rêts. C’est pour­quoi, Vénérables Frères, à l’exemple de François de Sales, vous ferez com­prendre aux fidèles, que la sain­te­té n’est pas un pri­vi­lège accor­dé à quelques-​uns et refu­sé aux autres, mais la com­mune des­ti­née et la com­mune obli­ga­tion de tous ; que la conquête de la ver­tu, bien qu’elle exige des efforts – efforts com­pen­sés par la joie du cœur et par des conso­la­tions de toute nature –, est la por­tée de toute les âmes moyen­nant l’aide de la grâce, que Dieu ne refuse à personne.

Imiter sa douceur

Proposez d’une façon par­ti­cu­lière à l’i­mi­ta­tion des fidèles la dou­ceur de saint François ; il suf­fi­ra, en effet, que cette ver­tu, qui repro­duit et reflète si bien la béni­gni­té de Jésus et qui attire si puis­sam­ment les cœurs, se répande lar­ge­ment dans la socié­té pour que s’a­paisent les conflits d’ordre public et pri­vé. N’est-​ce pas cette ver­tu qu’on pour­rait appe­ler l’ai­mable exté­rio­ri­sa­tion de la divine cha­ri­té qui assure à la famille et à la socié­té le plus de tran­quilli­té et de concorde ? Quant à l’a­pos­to­lat, sui­vant l’ex­pres­sion reçue, des prêtres et des laïcs, quand il s’ac­com­pagne de la dou­ceur chré­tienne, n’acquiert-​il pas aus­si un consi­dé­rable sur­croît d’in­fluence pour l’a­mé­lio­ra­tion de la société ?

Vous voyez donc com­bien il importe que les fidèles aient l’es­prit et le cœur péné­trés des admi­rables exemples de saint François de Sales et fassent de ses ensei­gne­ments la règle de leur vie.

Répandre ses ouvrages

Un moyen d’une mer­veilleuse effi­ca­ci­té pour obte­nir ce résul­tat est de répandre le plus lar­ge­ment pos­sible les ouvrages et opus­cules que Nous avons signa­lés : ces écrits, d’in­tel­li­gence facile et de lec­ture agréable, éveille­ront dans les âmes des fidèles le goût de la vraie et solide pié­té, et les prêtres ne seront jamais mieux pré­pa­rés à déve­lop­per ce germe que s’ils s’as­si­milent la doc­trine du saint doc­teur et s’ap­pliquent à repro­duire la sou­ve­raine sua­vi­té de sa prédication.

Les fruits merveilleux de ses écrits

A ce sujet, on rap­porte que Notre pré­dé­ces­seur Clément VIII avait déjà pré­dit les fruits mer­veilleux que devaient pro­duire dans les âmes les paroles et les écrits de saint François. A la suite de l’exa­men sur les sciences sacrées auquel, en pré­sence de car­di­naux et de très doctes per­son­nages, il avait sou­mis François de Sales lors de son élé­va­tion à l’é­pis­co­pat, le Pape fut sai­si d’une telle admi­ra­tion que, après l’a­voir très affec­tueu­se­ment embras­sé, il lui adres­sa ces paroles : Va, mon fils, bois l’eau de ta citerne et les ruis­seaux qui jaillissent de ton puits, que tes sources se répandent au dehors, et que tes ruis­seaux coulent sur les places publiques [13]. Et, de fait, François de Sales par­lait de telle sorte que sa pré­di­ca­tion était tout entière une mani­fes­ta­tion de l’es­prit et de la ver­tu de Dieu : ins­pi­rée de la Bible et des Pères, elle se for­ti­fiait d’une saine nour­ri­ture qu’elle pui­sait dans la théo­lo­gie, et elle rece­vait de l’onc­tion de la cha­ri­té un sur­croît de dou­ceur et de sua­vi­té. Il n’y a donc pas lieu de s’é­ton­ner qu’il ait rame­né tant d’hé­ré­tiques à l’Église, ni que, au cours des trois der­niers siècles, il ait gui­dé un si grand nombre d’âmes dans les voies de la perfection.

À son exemple, garder fermeté et charité dans les écrits

Quant au pro­fit prin­ci­pal de ce cen­te­naire, Nous sou­hai­tons qu’il soit pour tous les catho­liques qui, par la publi­ca­tion de jour­naux ou autres écrits, expliquent, pro­pagent et défendent la doc­trine chré­tienne. Comme François de Sales, ils doivent tou­jours gar­der, dans la dis­cus­sion, la fer­me­té unie à l’es­prit de mesure et à la charité.

Saint François de Sales établi patron des écrivains catholiques

L’exemple du saint doc­teur leur trace clai­re­ment leur ligne de conduite ; étu­dier avec le plus grand soin la doc­trine catho­lique et la pos­sé­der dans la mesure de leurs forces ; évi­ter soit d’al­té­rer la véri­té, soit de l’at­té­nuer ou de la dis­si­mu­ler, sous pré­texte de ne pas bles­ser les adver­saires ; veiller à la forme et à la beau­té du style, rele­ver et parer les idées de l’éclat du lan­gage de façon à rendre la véri­té attrayante au lec­teur ; savoir, quand une attaque s’im­pose, réfu­ter les erreurs et s’op­po­ser à la malice des ouvriers du mal, de manière tou­te­fois à mon­trer qu’on est ani­mé d’in­ten­tions droites et qu’on agit avant tout dans un sen­ti­ment de cha­ri­té. Or, aucun docu­ment public et solen­nel du Siège apos­to­lique n’é­ta­blit que saint François de Sales ait été don­né comme patron aux écri­vains catho­liques ; sai­sis­sant donc cette heu­reuse occa­sion, de science cer­taine et après mûre déli­bé­ra­tion, en ver­tu de Notre auto­ri­té apos­to­lique et par la pré­sente Lettre Encyclique, Nous leur don­nons à tous ou confir­mons comme céleste patron saint François de Sales, évêque de Genève et doc­teur de l’Église, et Nous le décla­rons, non­obs­tant toutes choses contraires.

Nous leur [les écri­vains catho­liques] don­nons à tous ou confir­mons comme céleste patron saint François de Sales, évêque de Genève et doc­teur de l’Église

Exhortation à la prière et à la pénitence

Et main­te­nant, Vénérables Frères, afin que ces fêtes cen­te­naires revêtent plus de splen­deur et pro­duisent plus de fruits, il ne faut pri­ver vos fidèles d’au­cune pieuse exhor­ta­tion de nature à les exci­ter à hono­rer ce brillant flam­beau de l’Église avec la véné­ra­tion qui convient et, aidés de son inter­ces­sion, à puri­fier leurs âmes des traces du péché, à se nour­rir de l’a­li­ment divin et à s’ef­for­cer avec éner­gie et dou­ceur à acqué­rir rapi­de­ment la sainteté.

Chacun de vous, dans sa ville épis­co­pale et dans toutes les paroisses de son dio­cèse, fera célé­brer cette année, de ce jour au 28 décembre, un tri­duum ou une neu­vaine où seront don­nées des pré­di­ca­tions, car il importe sou­ve­rai­ne­ment d’en­sei­gner avec soin aux fidèles les véri­tés qui doivent les ame­ner, à la suite de saint François de Sales, vers les som­mets de la per­fec­tion chré­tienne. Il vous incom­be­ra éga­le­ment de faire com­mé­mo­rer l’a­pos­to­lat du très saint évêque par tous autres moyens que vous juge­rez plus opportuns.

Indulgence accordée pour les pèlerinages à ses reliques

Voulant en outre ouvrir au pro­fit des âmes le tré­sor des faveurs divines que Dieu a dépo­sé entre Nos mains, Nous accor­dons à tous ceux qui par­ti­ci­pe­ront pieu­se­ment aux prières solen­nelles que Nous venons d’in­di­quer, une indul­gence de sept ans et sept qua­ran­taines à gagner chaque jour, et enfin, pour le der­nier jour de ces fêtes ou tout autre jour de leur choix, une indul­gence plé­nière aux condi­tions ordi­naires. Le monas­tère de la Visitation d’Annecy, où repose le véné­rable corps de saint François de Sales, devant lequel Nous-​même avons jadis célé­bré la sainte Messe avec une joie inef­fable ; le monas­tère de Trévise, qui converse son cœur, et les autres cou­vents des Sœurs de la Visitation, doivent rece­voir une marque par­ti­cu­lière de Notre bien­veillance. Aussi accordons-​Nous éga­le­ment une indul­gence plé­nière à tous ceux qui, au cours des céré­mo­nies men­suelles d’ac­tions de grâces que ces reli­gieuses feront célé­brer en la pré­sente année, ain­si que le 28 décembre 1923, visi­te­ront leurs cha­pelles et, s’é­tant confes­sés et ayant reçu la sainte com­mu­nion, prie­ront à Notre intention.

Souhait de voir les dissidents revenir à l’unité par l’intercession de saint François

Quant à vous, Vénérables Frères, deman­dez ins­tam­ment aux fidèles confiés à vos soins de prier pour Nous le saint doc­teur : puis­qu’il a plu à Dieu de Nous confier en des temps très dif­fi­ciles le gou­ver­ne­ment de son Église, Nous lui deman­dons – sous les aus­pices de François de Sales, qui témoi­gna d’un amour et d’un res­pect tout par­ti­cu­liers pour le Siège apos­to­lique, dont il défen­dit admi­ra­ble­ment dans ses Controverses les droits et l’au­to­ri­té – cette douce faveur de voir reve­nir aux pâtu­rages de la vie éter­nelle tous ceux qui sont sépa­rés de la loi et de la cha­ri­té du Christ. Plaise à Dieu qu’ils rentrent en com­mu­nion avec Nous, et que Nous puis­sions leur don­ner le bai­ser de paix.

Bénédiction finale

En atten­dant, comme gage des faveurs célestes et en témoi­gnage de Notre pater­nelle bien­veillance, rece­vez la Bénédiction Apostolique que, de tout cœur, Nous vous accor­dons à vous, Vénérables Frères, à tout votre cler­gé et à tous vos fidèles.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 26 jan­vier 1923, de Notre Pontificat la première.

PIE XI, Pape.

Source : Actes de S. S. Pie XI, La Bonne Presse, tome 1er, pp. 179–201.

Notes de bas de page
  1. 1 Th 4, 3[]
  2. Mt 5, 48[]
  3. S. Aug. De natu­ra et gra­tia, c. 43, n° 50.[]
  4. Sg 8, 16[]
  5. Ps 20, 4[]
  6. Mt 11, 29[]
  7. Jg 14, 14[]
  8. Hom. 63 in Gen.[]
  9. Mt 5, 4[]
  10. Ac 1, 1[]
  11. Pie IX, Lettre apos­to­lique du 16 nov. 1877 [Bref Dives in mise­ri­cor­dia] []
  12. Ibid.[]
  13. Pr 5, 15–16[]
20 avril 1930
Sur saint Augustin, évêque d’Hippone et docteur de l’Eglise, à l’occasion du quinzième centenaire de sa mort.
  • Pie XI
12 novembre 1923
À l’occasion du IIIe centenaire de la mort de saint Josaphat, martyr, archevêque de Polotsk, pour le rite oriental.
  • Pie XI