Le Couronnement de la Sainte Vierge Marie
Abbé Patrick Troadec,
Directeur du séminaire
Depuis 1997, après une lettre aux amis et bienfaiteurs portant sur le rosaire, nous vous avons chaque année, au mois d’octobre, présenté l’un des mystères du rosaire. Voici que le cycle des quinze mystères se clôt aujourd’hui par la méditation du dernier mystère glorieux.
Saint Bernard disait : De Maria numquam satis, « de la Sainte Vierge, on ne parlera jamais assez ». On ne pourra jamais décrire la splendeur, la majesté, la beauté de la Reine du Ciel. Elle est vraiment le chef-d’œuvre, le joyau de la création. Sa beauté dépasse infiniment celle du plus grand saint, celle du plus élevé des anges. « Dieu aurait pu créer un monde plus grand et plus parfait, mais il ne pouvait rien réaliser de plus digne que Marie », affirmait saint Bonaventure.
Contemplons l’accueil que Marie reçut au Ciel, lors de son assomption, ainsi que son couronnement. Lorsque Notre-Dame est arrivée au Ciel, une fois rendus les premiers hommages, une fois manifestées les premières marques d’amour et de vénération, Notre-Seigneur s’est certainement approché d’elle pour la conduire jusqu’à son trône, établi au-dessus de toutes les créatures.
Malheureusement les mots manquent pour décrire ce spectacle. S’il est vrai, comme le dit saint Paul, que « l’oeil de l’homme n’a pas vu, l’oreille de l’homme n’a pas entendu, le cœur de l’homme n’a pas éprouvé ce que Dieu a préparé à ceux qu’il aime » (1 Co 11, 9), que penser de l’accueil réservé par Notre-Seigneur à sa très sainte Mère ? Il faudra attendre le Ciel pour nous rendre compte de l’étendue des honneurs rendus par Notre-Seigneur à sa sainte Mère.
La femme du livre de l’Apocalypse
Lorsque l’on ne parvient pas à décrire parfaitement des réalités qui nous dépassent, on recourt à des images, à des représentations sensibles. Ainsi, pour représenter l’étendue du triomphe de Notre-Dame au Ciel, l’Église lui applique ces paroles du livre de l’Apocalypse : « Un grand signe parut dans le Ciel : une femme revêtue du soleil, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. » (Ap 12, 1)
Cette « femme revêtue du soleil », c’est la Sainte Vierge. Le soleil, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui est appelé le « Soleil de justice » dans l’Ancien Testament. Saint Paul considérant Notre-Seigneur comme un vêtement disait à ses fidèles : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ. » (Rm 13, 14). C’est bien ce qu’a fait Notre-Dame. Elle a été comme enveloppée par la divinité, de par l’intimité qui l’unissait à son divin Fils. Elle était toute pénétrée des rayons divins.
Cette femme du livre de l’Apocalypse a « la lune sous ses pieds ». La lune est à la fois le symbole de la corruption et du changement, mais elle est aussi le symbole de l’Église.
La Sainte Vierge a la lune sous ses pieds pour manifester sa constance, son égalité d’humeur, sa fidélité. Elle n’était pas versatile, elle est toujours restée au-dessus de tout changement et de toute corruption. Rappelez-vous l’image du buisson ardent, qu’a vu Moïse et qui brûlait sans se consumer. Ce buisson était une figure de la Sainte Vierge, qui ne devait ni perdre sa virginité par sa maternité, ni connaître la corruption du tombeau. Loin d’être lunatique, la Sainte Vierge est donc restée toujours constante dans sa fidélité à Dieu et à son divin Fils.
La lune représente aussi l’Église. Sous ce rapport, la Sainte Vierge, revêtue du soleil, apparaît comme médiatrice entre Notre-Seigneur, « Soleil de justice », et l’Église, dont elle est la figure. C’est par la Sainte Vierge que nous avons reçu Notre-Seigneur et c’est aussi par elle que nous retournerons à Dieu.
Les douze étoiles
Que signifient les douze étoiles qui couronnent la tête de Notre-Dame ? Selon les auteurs mystiques, elles symbolisent les douze prérogatives de la Sainte Vierge. Saint Bernard dit que les quatre premières sont des prérogatives célestes, les quatre suivantes des prérogatives corporelles et enfin les quatre dernières des prérogatives du cœur.
Les quatre premières regardent son immaculée conception, la salutation de l’ange Gabriel, la venue de l’Esprit-Saint et enfin la conception de Notre-Seigneur.
Les quatre suivantes concernent sa virginité, sa maternité immaculée, son enfantement sans douleur et son assomption.
Enfin les quatre dernières, que je voudrais décrire, sont sa discrétion, son humilité, sa foi et son martyre du cœur. Pourquoi nous pencher plus particulièrement sur ces quatre notes distinctives qui regardent le cœur de la Sainte Vierge ? Certes les premières grâces sont tout à fait sublimes, mais elles restent le privilège exclusif de Notre- Dame, tandis que nous pouvons participer à notre mesure à ces quatre dernières vertus.
La discrétion
La Sainte Vierge était discrète. Elle ne se répandait pas au dehors en vains bavardages. Dans le texte entier des quatre Évangiles, il n’y a que quatre passages qui nous rapportent des paroles Notre-Dame.
La première fois, elle s’adresse à l’ange, mais uniquement après que luimême lui a parlé à deux reprises.
Ensuite, chez sa cousine Élisabeth, elle parle à nouveau lorsque, louée par sa cousine, elle s’empresse de rapporter ces louanges au Bon Dieu à travers son Magnificat.
La troisième fois, c’est lorsque Notre-Seigneur, âgé de douze ans, les a laissés, elle et saint Joseph, dans l’angoisse pendant trois jours lorsqu’il est resté au Temple. Elle lui adresse alors un doux reproche, ne comprenant pas son attitude à son égard.
Enfin, la dernière fois, c’est aux noces de Cana, et c’est là uniquement par charité pour les époux et les convives.
Sinon, tout au long de la vie de Notre-Seigneur, Notre-Dame n’apparaît pas. Elle reste cachée. Elle en connaît bien plus long que les autres saintes Femmes et que les Apôtres sur Notre-Seigneur et sur le Bon Dieu, mais au lieu de se répandre au dehors, « elle conserve toutes ces choses dans son cœur » (Lc 2, 19 et 51), comme le rapporte l’évangéliste saint Luc.
Dans les Actes des Apôtres, il est fait mention de la retraite au Cénacle qui suivit l’ascension de Notre-Seigneur, mais dans la désignation des gens qui sont présents, la Sainte Vierge, qui aurait dû être nommée la première, est nommée la dernière. C’est dire comment elle a su tout au long de sa vie se mettre à la dernière place ! La Sainte Vierge était donc discrète, effacée, intérieure.
L’humilité
A sa discrétion, la Sainte Vierge a joint la plus grande humilité. Cette humilité se remarque non seulement dans sa propension au silence, mais également à travers ses paroles.
Lorsque l’ange la nomme comme la Mère de Dieu, elle lui répond simplement qu’elle en est la servante.
Quand sa cousine fait son éloge, elle renvoie toute la louange au Bon Dieu : « Mon âme magnifie le Seigneur [qui] a baissé les yeux vers son humble servante ». (Lc 1, 47–48)
Son humilité n’est pas pour autant étroitesse d’esprit ou petitesse d’âme. Elle est au contraire source de la plus grande générosité et lui permettra de faire de grandes choses.
La fausse humilité prend prétexte de sa faiblesse pour capituler devant l’effort, pour démissionner à la moindre difficulté, tandis que la véritable humilité connaît ses limites, mais sait s’appuyer sur Dieu pour vaincre les obstacles qu’elle rencontre sur son chemin.
La foi
Discrétion, humilité, foi extraordinaire… Ève s’était laissé tenter en écoutant la voix du Démon, et Notre-Dame a su réparer sa faute en croyant à la parole de l’ange qui lui dit qu’elle deviendrait Mère de Dieu sans perdre sa virginité. Et c’est bien en raison de sa foi que sa cousine Élisabeth peut faire son éloge : « Bienheureuse vous qui avez cru que ce qui vous a été annoncé de la part de Dieu s’accomplirait ! » (Lc 1, 45)
Cette foi inébranlable, Notre-Dame la conservera jusqu’au moment de la Passion, où tout humainement semble terminé. C’est cette foi qui lui permettra de rester debout au pied de la croix. Et c’est pourquoi on attribue à la Sainte Vierge le mérite d’avoir vaincu, par sa foi sans faille, toutes les hérésies du monde entier.
Le martyre du cœur
Enfin, à sa foi, Marie a joint le martyre du cœur. C’est là au dire de saint Bernard la douzième étoile de son diadème. La Sainte Vierge a enduré dans son cœur tout ce que Notre-Seigneur a souffert dans son corps.
Toute mère digne de ce nom ne peut rester indifférente face à la souffrance de son enfant, de la chair de sa chair.
Que penser alors de la douleur de Notre-Dame voyant son Fils unique broyé par la souffrance ? Et il ne faudrait pas croire que cette souffrance fut passagère. Dès son enfance, elle connaissait les prophéties et elle souffrait déjà à la pensée de l’ingratitude des hommes vis-à-vis de l’Homme-Dieu. Mais cette souffrance s’accrut lorsqu’elle en est devenue la Mère. Lorsque le prophète Siméon lui dit qu’un glaive de douleur transpercerait son âme, elle comprit la cause et l’étendue de la souffrance qui l’attendait. Ensuite, plus elle considérait la bonté de son Fils pour les hommes, plus elle souffrait de penser à la gravité des souffrances que lui feraient subir ses créatures. C’est pourquoi, au moment de la Passion, on lui applique les paroles du prophète Jérémie : « Ô vous qui passez par le chemin, voyez s’il existe une douleur semblable à la mienne. » (Lm 1, 12)
Il ne tient donc qu’à nous de suivre la Sainte Vierge sur la voie de la discrétion, de l’humilité, de la foi et de la croix.
Soyons des âmes intérieures, pratiquons la vertu d’humilité en reconnaissant nos faiblesses, grandissons dans la foi, spécialement dans ce siècle où tant d’hommes et de femmes vivent loin de Dieu, et enfin sachons accepter le mystère de la croix dans notre propre vie.
Nous pourrons ainsi honorer véritablement la Sainte Vierge sur la terre et mériter d’accéder un jour au bonheur éternel du Ciel.
Soutenons tous ces jeunes gens appelés par Dieu à oeuvrer à la sanctification des âmes. Cette année, nous aurons à nouveau une trentaine de frères et de séminaristes dans nos murs ainsi que quatre prêtres, Monsieur l’abbé Vincent Callier ayant été remplacé par Monsieur l’abbé Pierre-Marie Berthe. Les séminaristes sont attendus samedi prochain, le 6 octobre.
Puisse Notre-Dame bénir du haut du Ciel les séminaristes et frères de la nouvelle promotion. Nous les confions à vos prières, chers amis et bienfaiteurs.
Nous vous remercions également pour votre soutien financier. En effet, la pension demandée aux séminaristes est loin de couvrir les dépenses courantes du Séminaire et plusieurs parmi eux n’ont pas les moyens de la payer. Soyez assurés de nos prières ferventes et de notre gratitude.
Abbé Patrick Troadec, Directeur,
Le 2 octobre 2012, en la fête des Saints Anges Gardiens
Chronique du séminaire Saint-Curé-d’Ars de Flavigny de juin à septembre 2012
Renseignements pratiques
Messes à Flavigny :
- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chantée), 17 H 00 (vêpres et salut).
Pension d’un séminariste
Nous vous remercions du soutien que vous procurez aux séminaristes et de l’aide apportée à l’Œuvre du Séminaire |
- 18 € par jour, soit environ 4 302 € par an
Pour aider le Séminaire :
– Les chèques sont à libeller à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars
- Pour aider régulièrement le Séminaire, vous pouvez utiliser le virement automatique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-les-Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24.
Nous vous en remercions. Un reçu fiscal vous sera adressé sauf mention contraire.
Adresse :
Séminaire International
Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN
03 80 96 20 74
03 80 96 25 32
Entretiens avec monsieur l’abbé Troadec, Directeur du séminaire
Entretien de janvier 2011 : Les fins dernières dans les Psaumes
Entretien de janvier 2011 : présentation des 17 séminaristes qui vont prendre la soutane
Entretien d’octobre 2003