Jésus ayant dit qu’Abraham avait vu son jour, les Juifs lui répliquèrent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ? Jésus leur dit : En vérité, en vérité, avant qu’Abraham eût été fait, je suis. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du Temple. Et comme il passait, Jésus vit un homme aveugle de naissance au sujet duquel il instruisit ses disciples, puis cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frotta de cette boue les yeux de l’aveugle. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (ce qu’on interprète par Envoyé). Il s’en alla donc, se lava, et revint voyant clair. De sorte que ses voisins et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas celui-là qui était assis et mendiait ? D’autres disaient : c’est lui. Et d’autres : Point du tout, seulement il lui ressemble. Mais lui disait : C’est moi. Ils lui demandaient donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il a frotté mes yeux, et m’a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et je vois. Ils lui demandèrent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais. Alors ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle. Or c’était un jour de sabbat que Jésus fit de la boue et ouvrit ses yeux. Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait vu. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. Alors quelques-uns d’entre les pharisiens disaient : cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un pécheur peut-il faire de tels miracles ? Et il y avait division entre eux. Ils dirent donc encore à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Il répondit : c’est un prophète. Mais les Juifs ne crurent point de lui qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue ; et ils les interrogèrent, disant : Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? Ses parents leur répondirent et dirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle ; Mais comment il voit maintenant, nous ne le savons : ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons ; interrogez-le : il a de l’âge, qu’il parle pour lui-même. Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus ensemble que si quelqu’un confessait que Jésus était le Christ, il serait chassé de la synagogue. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même. Ils appelèrent donc de nouveau l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur. Mais il leur dit : S’il est pécheur, je ne sais ; je sais une seule chose, c’est que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois. Ils lui répliquèrent donc : Que t’a‑t-il fait ? Comment t’a‑t-il ouvert les yeux ? Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu, pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ? Ils le maudirent donc, et dirent : Sois son disciple, toi ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. Cet homme reprit et leur dit : Mais il y a en cela une chose étonnante, c’est que vous ne sachiez d’où il est, et il a ouvert mes yeux ; cependant nous savons que Dieu n’écoute point les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. Ils répliquèrent et lui dirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et l’ayant rencontré, il lui demanda : Crois-tu au Fils de Dieu ? Celui-ci répondit et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Et Jésus lui dit : Mais tu l’as vu, et c’est lui-même qui te parle. Et celui-ci reprit : Je crois, Seigneur ; et se prosternant, il l’adora.
Cet aveugle-né s’appelle Sidoine [1]. Il suivit le Christ, et comptait parmi les soixante-douze disciples que Jésus-Christ enverra peu après deux à deux dans toutes les villes où lui-même devait venir. Un évêque hagiographe rapporte une tradition selon laquelle Sidoine fut baptisé après l’Ascension de Jésus-Christ par un Apôtre, et qu’il suivit spécialement saint Maximin[2].
Vers l’an 35, les juifs se saisirent de Maximin, Lazare, Joseph d’Arimathie, Marthe, Marie Madeleine, Marie Jacobé, Marie Salomé, Sara, leur servante, Sidoine, Marcelle, servante de Marthe, Parménas, autre des 72 disciples et diacre parmi les sept premiers.
Les juifs jetèrent ces onze chrétiens, ou plus, dans une barque avariée et la larguèrent, sans rames ni voiles, au gré des vents méditerranéens. Nul doute que les Anges protégèrent l’embarcation qui arriva au Grau d’Orgon, embouchure du Petit Rhône (Saintes-Maries-de-la-Mer). En remerciement, ils édifièrent et dédièrent là un autel de fortune à Notre-Dame-de-la-Mer qui ne sera détruit qu’à la Révolution. Dieu fit sourdre de l’eau douce qui permit à Marie Jacobé, Marie Salomé et Sara d’y demeurer.
La nouvelle de cette arrivée courut jusqu’à Marseille où les Phocéens virent dans la survie de ces rescapés un signe divin. Cette heureuse disposition engagea le restant de la troupe à évangéliser incontinent le port provençal. Ils y vécurent d’abord sous le péristyle d’un petit temple abandonné près de celui de Diane. Ste Marie-Madeleine prêcha auprès de païens venant honorer Diane. Le premier jour, plusieurs demandent le baptême. Le gouverneur de Massilia et sa femme entendent aussi un prêche de la sainte, mais sans y acquiescer. La nuit suivante, Marie-Madeleine apparaît en songe à chacun d’eux se plaignant de leur incrédulité ; le lendemain, s’étant communiqué leur songe, ils vont accueillir la troupe apostolique et se convertissent allant jusqu’à faire détruire les temples païens. Lazare devient le premier évêque de Marseille.
Le restant de la troupe poursuit sa course vers Aix où Maximin fit des miracles et Marie-Madeleine prêcha. Maximin demeure à Aix dont il est le premier évêque, en compagnie de Sidoine qui lui succédera.
Au terme de la vie terrestre de sainte Marie-Madeleine, les Anges la portèrent de la Ste-Baume à Aix, à l’oratoire édifié par Maximin, où elle décéda en présence de Maximin, Sidoine et des premiers prêtres aixois vers l’an 77. Saint Maximin puis saint Sidoine décédèrent ensuite en paix.
Fin 1793, Lucien Bonaparte protégea l’église de St-Maximin de la destruction en inscrivant sur la porte : Fournitures militaires ! Le calme revenu, on retrouva dans la sacristie deux ossements de S. Maximin, le chef de S. Sidoine et quelques autres. Au cours du XXème siècle, les reliques de Maximin, du crâne de Sidoine, et celles des saints Laurent et Dominique furent oubliées au fond d’un placard jusqu’à ce qu’un Recteur les remarque la veille de Noël 2013, et les remettent à l’honneur.
La précédente église de Puget-Ville, près du cimetière, était dédiée à St Sidouane.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu