Concile Vatican II

21ᵉ œcuménique ; 11 oct. 1962-8 déc. 1965

21 novembre 1964, 3e session

Constitution Dogmatique Lumen Gentium

Sur l'Eglise

Table des matières

Paul, évêque,
Serviteur des ser­vi­teurs de Dieu,

Avec les Pères du Saint Concile,
Pour que le sou­ve­nir s’en main­tienne à jamais.

Ch. I. Le Mystère de l’Église

1. Le but de la Constitution sur l’Église

Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile sou­haite donc ardem­ment, en annon­çant à toutes les créa­tures la bonne nou­velle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clar­té du Christ qui res­plen­dit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacre­ment, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se pro­pose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rat­ta­chant à l’enseignement des pré­cé­dents Conciles, sa propre nature et sa mis­sion uni­ver­selle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les condi­tions pré­sentes ajoutent une nou­velle urgence : il faut que tous les hommes, désor­mais plus étroi­te­ment unis entre eux par les liens sociaux, tech­niques, cultu­rels, réa­lisent éga­le­ment leur pleine uni­té dans le Christ.

2. Le des­sein uni­ver­sel de salut du Père éternel

Le Père éter­nel par la dis­po­si­tion abso­lu­ment libre et mys­té­rieuse de sa sagesse et de sa bon­té a créé l’univers ; il a vou­lu éle­ver les hommes à la par­ti­ci­pa­tion de la vie divine ; deve­nus pécheurs en Adam, il ne les a pas aban­don­nés, leur appor­tant sans cesse les secours salu­taires, en consi­dé­ra­tion du Christ rédemp­teur, « qui est l’image du Dieu invi­sible, premier-​né de toute la créa­tion » (Col 1, 15). Tous ceux qu’il a choi­sis, le Père, avant tous les siècles, les « a dis­tin­gués et pré­des­ti­nés à repro­duire l’image de son Fils qui devient ain­si l’aîné d’une mul­ti­tude de frères » (Rm 8, 29). Et tous ceux qui croient au Christ, il a vou­lu les convo­quer dans la sainte Église qui, annon­cée en figure dès l’origine du monde, mer­veilleu­se­ment pré­pa­rée dans l’histoire du peuple d’Israël et de l’ancienne Alliance [1], éta­blie enfin dans ces temps qui sont les der­niers, s’est mani­fes­tée grâce à l’effusion de l’Esprit Saint et, au terme des siècles, se consom­me­ra dans la gloire. Alors, comme on peut le lire dans les saints Pères, tous les justes depuis Adam, « depuis Abel le juste jusqu’au der­nier élu [2] » se trou­ve­ront ras­sem­blés auprès du Père dans l’Église universelle.

3. La mis­sion et l’œuvre du Fils

Ainsi le Fils vint, envoyé par le Père qui nous avait choi­sis en lui avant la créa­tion du monde et pré­des­ti­nés à l’adoption filiale, selon son libre des­sein de tout ras­sem­bler en lui (cf. Ep 1, 4–5.10). C’est pour­quoi le Christ, pour accom­plir la volon­té du Père, inau­gu­ra le Royaume des cieux sur la terre, tout en nous révé­lant son mys­tère et, par son obéis­sance, effec­tua la rédemp­tion. L’Église, qui est le règne de Dieu déjà mys­té­rieu­se­ment pré­sent, opère dans le monde, par la ver­tu de Dieu, sa crois­sance visible. Commencement et déve­lop­pe­ment que signi­fient le sang et l’eau sor­tant du côté ouvert de Jésus cru­ci­fié (cf. Jn 19, 34) et que pro­phé­tisent les paroles du Seigneur disant de sa mort en croix : « Pour moi, quand j’aurai été éle­vé de terre, j’attirerai tous les hommes » (Jn 12, 32 grec). Toutes les fois que le sacri­fice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immo­lé (1 Co 5, 7) se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre Rédemption s’opère. En même temps, par le sacre­ment du pain eucha­ris­tique, est repré­sen­tée et réa­li­sée l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul corps (cf. 1 Co 10, 17). À cette union avec le Christ, lumière du monde, de qui nous pro­cé­dons, par qui nous vivons, vers qui nous ten­dons, tous les hommes sont appelés.

4. La sanc­ti­fi­ca­tion de l’Église par le Saint-Esprit

Une fois ache­vée l’œuvre que le Père avait char­gé son Fils d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanc­ti­fier l’Église en per­ma­nence et pro­cu­rer ain­si aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès auprès du Père (cf. Ep 2, 18). C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillis­sante pour la vie éter­nelle (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38–39), par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait tués, en atten­dant de res­sus­ci­ter dans le Christ leur corps mor­tel (cf. Rm 8, 10–11). L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19), en eux il prie et atteste leur condi­tion de fils de Dieu par adop­tion (cf. Ga 4, 6 ; Rm 8, 15–16.26). Cette Église qu’il intro­duit dans la véri­té tout entière (cf. Jn 16, 13), et à laquelle il assure l’unité de la com­mu­nau­té et du minis­tère, il bâtit et la dirige grâce à la diver­si­té des dons hié­rar­chiques et cha­ris­ma­tiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4, 11–12 ; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la ver­tu de l’Évangile, il fait la jeu­nesse de l’Église et la renou­velle sans cesse, l’acheminant à l’union par­faite avec son époux [3]. L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : « Viens » (cf. Ap 22, 17). Ainsi l’Église uni­ver­selle appa­raît comme un « peuple qui tire son uni­té de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint [4] ».

5. Le Royaume de Dieu

Le mys­tère de l’Église sainte se mani­feste en sa fon­da­tion. En effet, le Seigneur Jésus posa le com­men­ce­ment de son Église en prê­chant l’heureuse nou­velle, l’avènement du règne de Dieu pro­mis dans les Écritures depuis les siècles : « que les temps sont accom­plis et que le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt 4, 17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la pré­sence du Christ. La parole du Seigneur est en effet com­pa­rée à une semence qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agré­gés au petit trou­peau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-​même ; puis, par sa propre ver­tu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la mois­son (cf. Mc 4, 26–29). Les miracles de Jésus confirment éga­le­ment que le Royaume est déjà venu sur la terre : « si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arri­vé par­mi vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cepen­dant, le Royaume se mani­feste dans la per­sonne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, « venu pour ser­vir et don­ner sa vie en ran­çon d’une mul­ti­tude » (Mc 10, 45).

Et quand Jésus, ayant souf­fert pour les hommes la mort de la croix, fut res­sus­ci­té, il appa­rut que Dieu l’avait fait Seigneur, Christ et Prêtre pour l’éternité (cf. Ac 2, 36 ; He 5, 6 ; 7, 17–21), et il répan­dit sur ses dis­ciples l’Esprit pro­mis par le Père (cf. Ac 2, 33). Aussi l’Église, pour­vue des dons de son fon­da­teur, et fidè­le­ment appli­quée à gar­der ses pré­ceptes de cha­ri­té, d’humilité et d’abnégation, reçoit mis­sion d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations, for­mant de ce Royaume le germe et le com­men­ce­ment sur la terre. Cependant, tan­dis que peu à peu elle s’accroît, elle-​même aspire à l’achèvement de ce Royaume, espé­rant de toutes ses forces et appe­lant de ses vœux l’heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi.

6. Les diverses images de l’Église

Tout comme dans l’Ancien Testament la révé­la­tion du Royaume est sou­vent pré­sen­tée sous des figures, de même main­te­nant c’est sous des images variées que la nature intime de l’Église nous est mon­trée, images tirées soit de la vie pas­to­rale ou de la vie des champs, soit du tra­vail de construc­tion ou encore de la famille et des épou­sailles, et qui se trouvent ébau­chées déjà dans les livres des prophètes.

L’Église, en effet, est le ber­cail dont le Christ est l’entrée unique et néces­saire (Jn 10, 1- 10). Elle est aus­si le trou­peau dont Dieu a pro­cla­mé lui-​même à l’avance qu’il serait le pas­teur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11s.), et dont les bre­bis, quoiqu’elles aient à leur tête des pas­teurs humains, sont cepen­dant conti­nuel­le­ment conduites et nour­ries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince des pas­teurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a don­né sa vie pour ses bre­bis (cf. Jn 10, 11–15).

L’Église est le ter­rain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît l’antique oli­vier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel s’opère et s’opérera la récon­ci­lia­tion entre Juifs et Gentils (Rm 11, 13–26). Elle fut plan­tée par le Vigneron céleste comme une vigne choi­sie (Mt 21, 33–43 par. ; Is 5, 1 s.). La Vigne véri­table, c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécon­di­té aux rameaux que nous sommes : par l’Église nous demeu­rons en lui, sans qui nous ne pou­vons rien faire (Jn 15, 1–5).

Bien sou­vent aus­si, l’Église est dite la construc­tion de Dieu (1 Co 3, 9). Le Seigneur lui-​même s’est com­pa­ré à la pierre reje­tée par les bâtis­seurs et deve­nue pierre angu­laire (Mt 21, 42 par. ; Ac 4, 11 ; 1 P 2, 7 ; Ps 117, 22). Sur ce fon­de­ment, l’Église est construite par les Apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce fon­de­ment elle reçoit fer­me­té et cohé­sion. Cette construc­tion est déco­rée d’appellations diverses : la mai­son de Dieu (1 Tm 3, 15), celle dans laquelle habite la famille, l’habitation de Dieu dans l’Esprit (Ep 2, 19–22), la demeure de Dieu chez les hommes (Ap 21, 3), et sur­tout le temple saint, lequel, repré­sen­té par des sanc­tuaires de pierres, est l’objet de la louange des saints Pères et com­pa­ré à juste titre dans la litur­gie à la Cité sainte, la nou­velle Jérusalem [5]. En effet, nous sommes en elle sur la terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la construc­tion (1 P 2, 5). Cette Cité sainte, Jean la contemple des­cen­dant du ciel d’auprès de Dieu à l’heure où se renou­vel­le­ra le monde, prête comme une fian­cée parée pour son époux (Ap 21, 1 s.).

L’Église s’appelle encore « la Jérusalem d’en haut » et « notre mère » (Ga 4, 26 ; cf. Ap 12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse imma­cu­lée de l’Agneau imma­cu­lé (Ap 19, 7 ; 21, 2.9 ; 22, 17) que le Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanc­ti­fier » (Ep 5, 26), qu’il s’est asso­ciée par un pacte indis­so­luble, qu’il ne cesse de « nour­rir et d’entourer de soins » (Ep 5, 29) ; l’ayant puri­fiée, il a vou­lu se l’unir et se la sou­mettre dans l’amour et la fidé­li­té (cf. Ep 5, 24), la com­blant enfin et pour l’éternité des biens célestes, pour que nous puis­sions com­prendre l’amour envers nous de Dieu et du Christ, amour qui défie toute connais­sance (cf. Ep 3, 19). Tant qu’elle che­mine sur cette terre, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5, 6), l’Église se consi­dère comme exi­lée, en sorte qu’elle est en quête des choses d’en haut et en garde le goût, tour­née là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu, là où la vie de l’Église est cachée avec le Christ en Dieu, atten­dant l’heure où, avec son époux, elle appa­raî­tra dans la gloire (cf. Col 3, 1- 4).

7. L’Église, corps mys­tique du Christ

Le Fils de Dieu, dans la nature humaine qu’il s’est unie, a rache­té l’homme en triom­phant de la mort par sa mort et sa résur­rec­tion, et il l’a trans­for­mé en une créa­ture nou­velle (cf. Ga 6, 15 ; 2 Co 5, 17). En effet, en com­mu­ni­quant son Esprit à ses frères, qu’il ras­sem­blait de toutes les nations, il les a consti­tués, mys­ti­que­ment, comme son corps.

Dans ce corps, la vie du Christ se répand à tra­vers les croyants que les sacre­ments, d’une manière mys­té­rieuse et réelle, unissent au Christ souf­frant et glo­ri­fié [6]. Par le bap­tême, en effet, nous sommes ren­dus sem­blables au Christ : « Car nous avons tous été bap­ti­sés en un seul Esprit pour n’être qu’un seul corps » (1 Co 12, 13). Par ce rite sacré est signi­fiée et réa­li­sée l’union avec la mort et la résur­rec­tion du Christ. « Nous avons été mis au tom­beau avec lui par le bap­tême qui nous plonge en sa mort », et « si nous sommes deve­nus avec lui un même être par une mort sem­blable à la sienne, nous le serons aus­si par une sem­blable résur­rec­tion » (Rm 6, 4–5). Participant réel­le­ment au Corps du Seigneur dans la frac­tion du pain eucha­ris­tique, nous sommes éle­vés à la com­mu­nion avec lui et entre nous. Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, à nous tous nous ne for­mons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique » (1 Co 10, 17). Nous deve­nons ain­si les membres de ce corps (cf. 1 Co 12, 27), « étant cha­cun pour sa part membres les uns des autres » (Rm 12, 5).

Mais comme tous les membres du corps humain, mal­gré leur mul­ti­pli­ci­té, ne forment cepen­dant qu’un seul corps, ain­si les fidèles dans le Christ (cf. 1 Co 12, 12). Dans l’édification du Corps du Christ règne éga­le­ment une diver­si­té de membres et de fonc­tions. Unique est l’Esprit qui dis­tri­bue des dons variés pour le bien de l’Église à la mesure de ses richesses et des exi­gences des ser­vices (cf. 1 Co 12, 11). Parmi ces dons, la grâce accor­dée aux Apôtres tient la pre­mière place : l’Esprit lui-​même sou­met à leur auto­ri­té jusqu’aux béné­fi­ciaires des cha­rismes (cf. 1 Co 14). Le même Esprit qui est par lui-​même prin­cipe d’unité dans le corps où s’exerce sa ver­tu et où il réa­lise la connexion inté­rieure des membres, pro­duit et sti­mule entre les fidèles la cha­ri­té. Aussi un membre ne peut souf­frir, que tous les membres ne souffrent, un membre ne peut être à l’honneur, que tous les membres ne se réjouissent avec lui (cf. 1 Co 12, 26).

De ce corps le Christ est la tête. Il est l’image du Dieu invi­sible et en lui toutes choses ont été créées. Il est anté­rieur à tous et l’univers sub­siste en lui. Il est la tête du corps qu’est l’Église. Il est Principe, premier-​né d’entre les morts, afin d’exercer en tout la pri­mau­té (cf. Col. 1, 15–18). Sa grande puis­sance lui donne domi­na­tion sur les choses du ciel et celles de la terre et, par sa per­fec­tion et son action sou­ve­raine, il comble des richesses de sa gloire le corps tout entier (cf. Ep 1, 18–23) [7].

Tous les membres doivent se confor­mer à lui jusqu’à ce que le Christ soit for­mé en eux (cf. Ga 4, 19). C’est pour­quoi nous sommes assu­més dans les mys­tères de sa vie, confi­gu­rés à lui, asso­ciés à sa mort et à sa résur­rec­tion, en atten­dant de l’être à son règne (cf. Ph 3, 21 ; 2 Tm 2, 11 ; Ep 2, 6 ; Col 2, 12, etc.). Encore en pèle­ri­nage sur la terre, met­tant nos pas dans la trace des siens, à tra­vers la tri­bu­la­tion et la per­sé­cu­tion, nous sommes asso­ciés à ses souf­frances comme le corps à la tête, unis à sa pas­sion pour être unis à sa gloire (cf. Rm 8, 17). De lui « le corps tout entier, par les liga­ments et join­tures, tire nour­ri­ture et cohé­sion pour opé­rer sa crois­sance en Dieu » (Col 2, 19). Dans son corps, c’est-à-dire dans l’Église, il dis­pose conti­nuel­le­ment les dons des minis­tères par les­quels nous nous appor­tons mutuel­le­ment, grâce à sa ver­tu, les ser­vices néces­saires au salut, en sorte que, par la pra­tique d’une cha­ri­té sin­cère nous puis­sions gran­dir de toutes manières vers celui qui est notre tête (cf. Ep 4, 11–16 grec) Pour que nous puis­sions nous renou­ve­ler en lui sans cesse (cf. Ep 4, 23) , il nous fait part de son Esprit qui, unique et pré­sent, iden­tique à lui-​même dans la tête et dans les membres, vivi­fie le corps entier, l’unifie et le meut, si bien que son action a pu être com­pa­rée par les saints Pères à la fonc­tion que rem­plit dans le corps humain, l’âme, prin­cipe de vie [8].

8. L’Église, à la fois visible et spirituelle

Le Christ, unique média­teur, crée et conti­nuel­le­ment sou­tient sur la terre, comme un tout visible, son Église sainte, com­mu­nau­té de foi, d’espérance et de cha­ri­té, par laquelle il répand, à l’intention de tous, la véri­té et la grâce [9]. Cette socié­té orga­ni­sée hié­rar­chi­que­ment d’une part et le corps mys­tique d’autre part, l’ensemble dis­cer­nable aux yeux et la com­mu­nau­té spi­ri­tuelle, l’Église ter­restre et l’Église enri­chie des biens célestes ne doivent pas être consi­dé­rées comme deux choses, elles consti­tuent au contraire une seule réa­li­té com­plexe, faite d’un double élé­ment humain et divin [10]. C’est pour­quoi, en ver­tu d’une ana­lo­gie qui n’est pas sans valeur, on la com­pare au mys­tère du Verbe incar­né. Tout comme en effet la nature prise par le Verbe divin est à son ser­vice comme un organe vivant de salut qui lui est indis­so­lu­ble­ment uni, de même le tout social que consti­tue l’Église est au ser­vice de l’Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la crois­sance du corps (cf. Ep 4, 16) [11].

C’est là l’unique Église du Christ, dont nous pro­fes­sons dans le sym­bole l’unité, la sain­te­té, la catho­li­ci­té et l’apostolicité [12]), cette Église que notre Sauveur, après sa résur­rec­tion, remit à Pierre pour qu’il en soit le pas­teur (Jn 21, 17), qu’il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la répandre et la diri­ger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont il a fait pour tou­jours la « colonne et le fon­de­ment de la véri­té » (1 Tm 3, 15). Cette Église comme socié­té consti­tuée et orga­ni­sée en ce monde, c’est dans l’Église catho­lique qu’elle sub­siste, gou­ver­née par le suc­ces­seur de Pierre et les évêques qui sont en com­mu­nion avec lui [13], bien que des élé­ments nom­breux de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té se trouvent hors de sa sphère, élé­ments qui, appar­te­nant pro­pre­ment par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-​mêmes à l’unité catholique.

Mais, comme c’est dans la pau­vre­té et la per­sé­cu­tion que le Christ a opé­ré la rédemp­tion, l’Église elle aus­si est appe­lée à entrer dans cette même voie pour com­mu­ni­quer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus « qui était de condi­tion divine s’anéantit lui-​même pre­nant condi­tion d’esclave » (Ph 2, 6), pour nous « il s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). Ainsi l’Église, qui a cepen­dant besoin pour rem­plir sa mis­sion de res­sources humaines, n’est pas faite pour cher­cher une gloire ter­restre mais pour répandre, par son exemple aus­si, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour por­ter la bonne nou­velle aux pauvres, … gué­rir les cœurs meur­tris » (Lc 4, 18), « cher­cher et sau­ver ce qui était per­du » (Lc 19, 10) : de même l’Église enve­loppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige, bien plus, dans les pauvres et les souf­frants, elle recon­naît l’image de son fon­da­teur pauvre et souf­frant, elle s’efforce de sou­la­ger leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut ser­vir. Mais tan­dis que le Christ saint, inno­cent, sans tache (He 7, 26) ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seule­ment expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et tou­jours appe­lée à se puri­fier, pour­sui­vant constam­ment son effort de péni­tence et de renouvellement.

« L’Église avance dans son pèle­ri­nage à tra­vers les per­sé­cu­tions du monde et les conso­la­tions de Dieu [14], annon­çant la croix et la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (cf. 1 Co 11, 26). La ver­tu du Seigneur res­sus­ci­té est sa force pour lui per­mettre de vaincre dans la patience et la cha­ri­té les afflic­tions et les dif­fi­cul­tés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révé­ler fidè­le­ment au milieu du monde le mys­tère du Seigneur, encore enve­lop­pé d’ombre, jusqu’au jour où, fina­le­ment, il écla­te­ra dans la pleine lumière.

Ch. II. Le Peuple de Dieu

9. La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau

À toute époque, à la véri­té, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable qui­conque le craint et pra­tique la jus­tice (cf. Ac 10, 35). Cependant le bon vou­loir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanc­ti­fi­ca­tion et le salut sépa­ré­ment, hors de tout lien mutuel ; il a vou­lu en faire un peuple qui le connaî­trait selon la véri­té et le ser­vi­rait dans la sain­te­té. C’est pour­quoi il s’est choi­si Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a pro­gres­si­ve­ment ins­truit, se mani­fes­tant, lui-​même et son des­sein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sain­te­té. Tout cela cepen­dant n’était que pour pré­pa­rer et figu­rer l’Alliance Nouvelle et par­faite qui serait conclue dans le Christ, et la révé­la­tion plus totale qui serait trans­mise par le Verbe de Dieu lui-​même, fait chair. « Voici venir les jours, dit le Seigneur, où je conclu­rai avec la mai­son d’Israël et la mai­son de Juda une Alliance Nouvelle… Je met­trai ma foi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaî­tront du plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur » (Jr 31, 31–34). Cette alliance nou­velle, le Christ l’a ins­ti­tuée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf. 1 Co 11, 25), il appelle la foule des hommes de par­mi les Juifs et de par­mi les Gentils, pour for­mer un tout selon la chair mais dans l’Esprit et deve­nir le nou­veau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui sont « re-​nés » non d’un germe cor­rup­tible mais du germe incor­rup­tible qui est la parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5–6), ceux-​là consti­tuent fina­le­ment « une race élue, un sacer­doce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autre­fois n’étaient pas un peuple étant main­te­nant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 9–10).

Ce peuple mes­sia­nique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, res­sus­ci­té pour notre jus­ti­fi­ca­tion » (Rm 4, 25), pos­ses­seur désor­mais du Nom qui est au-​dessus de tout nom et glo­rieu­se­ment régnant dans les cieux. Le sta­tut de ce peuple, c’est la digni­té et la liber­té des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint. Sa loi, c’est le com­man­de­ment nou­veau d’aimer comme le Christ lui-​même nous a aimés (cf. Jn 13, 34). Sa des­ti­née enfin, c’est le Royaume de Dieu, inau­gu­ré sur la terre par Dieu même, qui doit se dila­ter encore plus loin jusqu’à ce que, à la fin des siècles, il reçoive enfin de Dieu son achè­ve­ment, lorsque le Christ notre vie sera appa­ru (cf. Col 3, 4) et que « la créa­tion elle-​même sera affran­chie de l’esclavage de la cor­rup­tion pour connaître la glo­rieuse liber­té des enfants de Dieu » (Rm 8, 21). C’est pour­quoi ce peuple mes­sia­nique, bien qu’il ne com­prenne pas encore effec­ti­ve­ment l’universalité des hommes et qu’il garde sou­vent les appa­rences d’un petit trou­peau, consti­tue cepen­dant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus sûr d’unité, d’espérance et de salut. Établi par le Christ pour com­mu­nier à la vie, à la cha­ri­té et à la véri­té, il est entre ses mains l’instrument de la Rédemption de tous les hommes ; au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13–16).

Et tout comme l’Israël selon la chair che­mi­nant dans le désert reçoit déjà le nom d’Église de Dieu (Ne 13, 1 ; cf. Nb 20, 4 ; Dt 23, 1 s.) ain­si le nou­vel Israël qui s’avance dans le siècle pré­sent en quête de la cité future, celle-​là per­ma­nente (cf. He 13, 14), est appe­lé lui aus­si : l’Église du Christ (cf. Mt 16, 18) : c’est le Christ, en effet, qui l’a ache­té de son sang (cf. Ac 20, 28), empli de son Esprit et pour­vu des moyens adap­tés pour son uni­té visible et sociale. L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du salut, prin­cipe d’unité et de paix, Dieu les a appe­lés, il en a fait l’Église, pour qu’elle soit, pour tous et pour cha­cun, le sacre­ment visible de cette uni­té salu­taire [15]. Destinée à s’étendre à toutes les par­ties du monde, elle prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit en même temps trans­cen­dante aux limites des peuples dans le temps et dans l’espace. Marchant à tra­vers les ten­ta­tions, les tri­bu­la­tions, l’Église est sou­te­nue par la ver­tu de la grâce de Dieu, à elle pro­mise par le Seigneur pour que, du fait de son infir­mi­té char­nelle, elle ne défaille pas à la per­fec­tion de sa fidé­li­té mais reste de son Seigneur la digne Épouse, se renou­ve­lant sans cesse sous l’action de l’Esprit Saint jusqu’à ce que, par la croix, elle arrive à la lumière sans couchant.

10. Le sacer­doce commun

Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes (cf. He 5, 1–5) 1–5) a fait du peuple nou­veau « un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père » (Ap 1, 6 ; 5, 9–10). Les bap­ti­sés, en effet, par la régé­né­ra­tion et l’onction du Saint-​Esprit, sont consa­crés pour être une demeure spi­ri­tuelle et un sacer­doce saint, de façon à offrir, par toutes les acti­vi­tés du chré­tien, autant d’hosties spi­ri­tuelles, en pro­cla­mant les mer­veilles de celui qui, des ténèbres, les a appe­lés à son admi­rable lumière (cf. 1 P 2, 4–10). C’est pour­quoi tous les dis­ciples du Christ, per­sé­vé­rant dans la prière et la louange de Dieu (cf. Ac 2, 42–47), doivent s’offrir en vic­times vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm 12, 1), por­ter témoi­gnage du Christ sur toute la sur­face de la terre, et rendre rai­son, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éter­nelle (cf. 1 P 3, 15).

Le sacer­doce com­mun des fidèles et le sacer­doce minis­té­riel ou hié­rar­chique, qui ont entre eux une dif­fé­rence essen­tielle et non seule­ment de degré, sont cepen­dant ordon­nés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, cha­cun selon son mode propre, par­ti­cipent de l’unique sacer­doce du Christ [16]. Celui qui a reçu le sacer­doce minis­té­riel jouit d’un pou­voir sacré pour for­mer et conduire le peuple sacer­do­tal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacri­fice eucha­ris­tique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacer­doce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie [17] et exercent leur sacer­doce par la récep­tion des sacre­ments, la prière et l’action de grâces, le témoi­gnage d’une vie sainte, leur renon­ce­ment et leur cha­ri­té effective.

11. L’exercice du sacer­doce com­mun dans les sacrements

Le carac­tère sacré et orga­nique de la com­mu­nau­té sacer­do­tale entre en action par les sacre­ments et les ver­tus. Les fidèles incor­po­rés à l’Église par le bap­tême ont reçu un carac­tère qui les délègue pour le culte reli­gieux chré­tien ; deve­nus fils de Dieu par une régé­né­ra­tion, ils sont tenus de pro­fes­ser devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu [18]. Par le sacre­ment de confir­ma­tion, leur lien avec l’Église est ren­du plus par­fait, ils sont enri­chis d’une force spé­ciale de l’Esprit Saint et obli­gés ain­si plus stric­te­ment tout à la fois à répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ [19]. Participant au sacri­fice eucha­ris­tique, source et som­met de toute la vie chré­tienne, ils offrent à Dieu la vic­time divine et s’offrent eux-​mêmes avec elle [20] ; ain­si, tant par l’oblation que par la sainte com­mu­nion, tous, non pas indif­fé­rem­ment mais cha­cun à sa manière, prennent leur part ori­gi­nale dans l’action litur­gique. Il s’ensuit sous une forme concrète qu’ils mani­festent, ayant été renou­ve­lés par le Corps du Christ au cours de la sainte litur­gie eucha­ris­tique, l’unité du Peuple de Dieu que ce grand sacre­ment signi­fie en per­fec­tion et réa­lise admirablement.

Ceux qui s’approchent du sacre­ment de Pénitence y reçoivent de la misé­ri­corde de Dieu le par­don de l’offense qu’ils lui ont faite et du même coup sont récon­ci­liés avec l’Église que leur péché a bles­sée et qui, par la cha­ri­té, l’exemple, les prières, tra­vaille à leur conver­sion. Par la sainte onc­tion des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recom­mande les malades au Seigneur souf­frant et glo­ri­fié, pour qu’il les sou­lage et les sauve (cf. (cf. Jc 5, 14–16) ; bien mieux, elle les exhorte de s’associer libre­ment à la pas­sion et à la mort du Christ (cf. Rm 8, 17 ; Col 1, 24 ; 2 Tm 2, 11–12 ; 1 P 4, 13) afin d’apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu. Quant à ceux par­mi les fidèles qui reçoivent l’honneur de l’ordre sacré, c’est pour être par la parole et la grâce de Dieu les pas­teurs de l’Église qu’ils sont ins­ti­tués au nom du Christ. Enfin, par la ver­tu du sacre­ment de mariage, qui leur donne de signi­fier en y par­ti­ci­pant le mys­tère de l’unité et de l’amour fécond entre le Christ et l’Église (cf. Ep 5, 32), les époux chré­tiens s’aident mutuel­le­ment à se sanc­ti­fier dans la vie conju­gale, par l’accueil et l’éducation des enfants ; en leur état de vie et leur ordre, ils ont ain­si dans le Peuple de Dieu leurs dons propres (cf. 1 Co 7, 7) [21]. De leur union, en effet, pro­cède la famille où naissent des membres nou­veaux de la cité des hommes, dont la grâce de l’Esprit Saint fera par le bap­tême des fils de Dieu pour que le Peuple de Dieu se per­pé­tue tout au long des siècles. Il faut que par la parole et par l’exemple, dans cette sorte d’Église qu’est le foyer, les parents soient pour leurs enfants les pre­miers hérauts de la foi, au ser­vice de la voca­tion propre de cha­cun et tout spé­cia­le­ment de la voca­tion sacrée.

Pourvus de moyens salu­taires d’une telle abon­dance et d’une telle gran­deur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condi­tion et leur état de vie, sont appe­lés par Dieu, cha­cun dans sa route, à une sain­te­té dont la per­fec­tion est celle même du Père.

12. Le sens de la foi et les cha­rismes dans le peuple chrétien

Le Peuple saint de Dieu par­ti­cipe aus­si de la fonc­tion pro­phé­tique du Christ ; il répand son vivant témoi­gnage avant tout par une vie de foi et de cha­ri­té, il offre à Dieu un sacri­fice de louange, le fruit de lèvres qui célèbrent son Nom (cf. He 13, 15). La col­lec­ti­vi­té des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se trom­per dans la foi ; ce don par­ti­cu­lier qu’elle pos­sède, elle le mani­feste moyen­nant le sens sur­na­tu­rel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, « des évêques jusqu’aux der­niers des fidèles laïcs [22] », elle apporte aux véri­tés concer­nant la foi et les mœurs un consen­te­ment uni­ver­sel. Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et sou­te­nu par l’Esprit de véri­té, et sous la conduite du magis­tère sacré, pour­vu qu’il lui obéisse fidè­le­ment, le Peuple de Dieu reçoit non plus une parole humaine, mais véri­ta­ble­ment la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), il s’attache indé­fec­ti­ble­ment à la foi trans­mise aux saints une fois pour toutes (cf. Jude 3), il y pénètre plus pro­fon­dé­ment par un juge­ment droit et la met plus par­fai­te­ment en œuvre dans sa vie.

Mais le même Esprit Saint ne se borne pas à sanc­ti­fier le Peuple de Dieu par les sacre­ments et les minis­tères, à le conduire et à lui don­ner l’ornement des ver­tus, il dis­tri­bue aus­si par­mi les fidèles de tous ordres, « répar­tis­sant ses dons à son gré en cha­cun » (1 Co 12, 11), les grâces spé­ciales qui rendent apte et dis­po­nible pour assu­mer les diverses charges et offices utiles au renou­vel­le­ment et au déve­lop­pe­ment de l’Église, sui­vant ce qu’il est dit : « C’est tou­jours pour le bien com­mun que le don de l’Esprit se mani­feste dans un homme » (1 Co 12, 7). Ces grâces, des plus écla­tantes aux plus simples et aux plus lar­ge­ment dif­fu­sées, doivent être reçues avec action de grâce et appor­ter conso­la­tion, étant avant tout ajus­tées aux néces­si­tés de l’Église et des­ti­nées à y répondre. Mais les dons extra­or­di­naires ne doivent pas être témé­rai­re­ment recher­chés ; ce n’est pas de ce côté qu’il faut espé­rer pré­somp­tueu­se­ment le fruit des œuvres apos­to­liques ; c’est à ceux qui ont la charge de l’Église de por­ter un juge­ment sur l’authenticité de ces dons et sur leur usage bien ordon­né. C’est à eux qu’il convient spé­cia­le­ment, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout éprou­ver pour rete­nir ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 12.19–21).

13. L’universalité ou « catho­li­ci­té » de l’unique Peuple de Dieu

À faire par­tie du Peuple de Dieu, tous les hommes sont appe­lés. C’est pour­quoi ce peuple, demeu­rant uni et unique, est des­ti­né à se dila­ter aux dimen­sions de l’univers entier et à toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est pro­po­sé la volon­té de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité, et déci­dant de ras­sem­bler enfin dans l’unité ses fils dis­per­sés (cf. Jn 11, 52). C’est dans ce but que Dieu envoya son Fils dont il fit l’héritier de l’univers (cf. He 1, 2), pour être à l’égard de tous Maître, Roi et Prêtre, chef du peuple nou­veau et uni­ver­sel des fils de Dieu. C’est pour cela enfin que Dieu envoya l’Esprit de son Fils, l’Esprit sou­ve­rain et vivi­fant, qui est, pour l’Église entière, pour tous et cha­cun des croyants, le prin­cipe de leur ras­sem­ble­ment et de leur uni­té dans la doc­trine des Apôtres, et la com­mu­nion fra­ter­nelle, dans la frac­tion du pain et les prières (cf. Ac 2, 42 grec).

Ainsi, l’unique Peuple de Dieu est pré­sent à tous les peuples de la terre, emprun­tant à tous les peuples ses propres citoyens, citoyens d’un Royaume dont le carac­tère n’est pas de nature ter­restre mais céleste. Tous les fidèles, en effet, dis­per­sés à tra­vers le monde, sont, dans l’Esprit Saint, en com­mu­nion avec les autres, et, de la sorte « celui qui réside à Rome sait que ceux des Indes sont pour lui un membre [23] ». Mais comme le Royaume du Christ n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36), l’Église, Peuple de Dieu par qui ce Royaume prend corps, ne retire rien aux richesses tem­po­relles de quelque peuple que ce soit, au contraire, elle sert et assume toutes les capa­ci­tés, les res­sources et les formes de vie des peuples en ce qu’elles ont de bon ; en les assu­mant, elle les puri­fie, elle les ren­force, elle les élève. Elle se sou­vient en effet qu’il lui faut faire office de ras­sem­bleur avec ce Roi à qui les nations ont été don­nées en héri­tage (cf. Ps 2, 8) et dans la cité duquel on apporte dons et pré­sents (cf. Ps 71 [72], 10 ; Is 60, 4–7 ; Ap 21, 24). Ce carac­tère d’universalité qui brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-​même, grâce auquel l’Église catho­lique, effi­ca­ce­ment et per­pé­tuel­le­ment, tend à réca­pi­tu­ler l’humanité entière avec tout ce qu’elle com­porte de bien sous le Christ chef, dans l’unité de son Esprit [24].

En ver­tu de cette catho­li­ci­té, cha­cune des par­ties apporte aux autres et à toute l’Église le béné­fice de ses propres dons, en sorte que le tout et cha­cune des par­ties s’accroissent par un échange mutuel uni­ver­sel et par un effort com­mun vers une plé­ni­tude dans l’unité. C’est pour­quoi le Peuple de Dieu ne se consti­tue pas seule­ment par le ras­sem­ble­ment des peuples divers, mais jusqu’en lui-​même, il se construit dans la varié­té des fonc­tions. En effet, entre ses membres règne une diver­si­té qui est, soit celle des charges, cer­tains exer­çant le minis­tère sacré pour le bien de leurs frères, soit celle de la condi­tion et du mode de vie, beau­coup étant, de par l’état reli­gieux qui leur fait pour­suivre la sain­te­té par une voie plus étroite, un exemple sti­mu­lant pour leurs frères. C’est pour­quoi encore il existe légi­ti­me­ment, au sein de la com­mu­nion de l’Église, des Églises par­ti­cu­lières jouis­sant de leurs tra­di­tions propres – sans pré­ju­dice du pri­mat de la Chaire de Pierre qui pré­side à l’assemblée uni­ver­selle de la cha­ri­té [25], garan­tit les légi­times diver­si­tés et veille à ce que, loin de por­ter pré­ju­dice à l’unité, les par­ti­cu­la­ri­tés, au contraire, lui soient pro­fi­tables. De là, enfin, entre les diverses par­ties de l’Église, les liens de com­mu­nion intime quant aux richesses spi­ri­tuelles, quant au par­tage des ouvriers apos­to­liques et des res­sources maté­rielles. Les membres du Peuple de Dieu sont appe­lés en effet à par­ta­ger leurs biens et à cha­cune des Églises s’appliquent éga­le­ment les paroles de l’Apôtre : « Que cha­cun mette au ser­vice des autres le don qu’il a reçu, comme il sied à de bons dis­pen­sa­teurs de la grâce divine qui est si diverse » (1 P 4, 10).

Ainsi donc, à cette uni­té catho­lique du Peuple de Dieu qui pré­fi­gure et pro­meut la paix uni­ver­selle, tous les hommes sont appe­lés ; à cette uni­té appar­tiennent sous diverses formes ou sont ordon­nés, et les fidèles catho­liques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et fina­le­ment tous les hommes sans excep­tion que la grâce de Dieu appelle au salut.

14. Les fidèles catholiques

C’est vers les fidèles catho­liques que le saint Concile tourne en pre­mier lieu sa pen­sée. Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, il enseigne que cette Église en marche sur la terre est néces­saire au salut. Seul, en effet, le Christ est média­teur et voie de salut : or, il nous devient pré­sent en son Corps qui est l’Église ; et en nous ensei­gnant expres­sé­ment la néces­si­té de la foi et du bap­tême (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), c’est la néces­si­té de l’Église elle-​même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du bap­tême, qu’il nous a confir­mée en même temps. C’est pour­quoi ceux qui refu­se­raient soit d’entrer dans l’Église catho­lique, soit d’y per­sé­vé­rer, alors qu’ils la sau­raient fon­dée de Dieu par Jésus Christ comme néces­saire, ceux-​là ne pour­raient pas être sauvés.

Sont incor­po­rés plei­ne­ment à la socié­té qu’est l’Église ceux qui, ayant l’Esprit du Christ, acceptent inté­gra­le­ment son orga­ni­sa­tion et les moyens de salut qui lui ont été don­nés, et qui, en outre, grâce aux liens consti­tués par la pro­fes­sion de foi, les sacre­ments, le gou­ver­ne­ment ecclé­sias­tique et la com­mu­nion, sont unis, dans l’ensemble visible de l’Église, avec le Christ qui la dirige par le Souverain Pontife et les évêques. L’incorporation à l’Église, cepen­dant, n’assurerait pas le salut pour celui qui, faute de per­sé­vé­rer dans la cha­ri­té, reste bien « de corps » au sein de l’Église, mais pas « de cœur » [26]. Tous les fils de l’Église doivent d’ailleurs se sou­ve­nir que la gran­deur de leur condi­tion doit être rap­por­tée non à leurs mérites, mais à une grâce par­ti­cu­lière du Christ ; s’ils n’y cor­res­pondent pas par la pen­sée, la parole et l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur vau­dra, mais un plus sévère juge­ment [27].

Quant aux caté­chu­mènes qui, sous l’action de l’Esprit Saint demandent par un acte expli­cite de leur volon­té à être incor­po­rés à l’Église, par le fait même de ce vœu, ils lui sont unis, et l’Église, mater­nelle, les enve­loppe déjà dans son amour en pre­nant soin d’eux.

15. Les liens de l’Église avec les chré­tiens non catholiques

Avec ceux qui, étant bap­ti­sés, portent le beau nom de chré­tiens sans pro­fes­ser pour­tant inté­gra­le­ment la foi ou sans gar­der l’unité de la com­mu­nion sous le Successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de mul­tiples rai­sons [28]. Il en est beau­coup, en effet, qui tiennent la Sainte Écriture pour leur règle de foi et de vie, mani­festent un zèle reli­gieux sin­cère, croient de tout leur cœur au Dieu Père tout-​puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur [29], sont mar­qués par le bap­tême qui les unit au Christ, et même recon­naissent et reçoivent d’autres sacre­ments dans leurs propres Églises ou dans leurs com­mu­nau­tés ecclé­siales. Plusieurs d’entre eux jouissent même de l’épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et entourent de leur pié­té la Vierge Mère de Dieu [30]. À cela s’ajoute la com­mu­nion dans la prière et dans les autres bien­faits spi­ri­tuels, bien mieux, une véri­table union dans l’Esprit Saint, qui, par ses dons et ses grâces, opère en eux aus­si son action sanc­ti­fiante et dont la force a per­mis à cer­tains d’entre eux d’aller jusqu’à ver­ser leur sang. Ainsi, l’Esprit sus­cite en tous les dis­ciples du Christ le désir et les ini­tia­tives qui tendent à l’union paci­fique de tous, sui­vant la manière que le Christ a vou­lue, en un trou­peau unique sous l’unique Pasteur [31]. À cette fin, l’Église notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir, exhor­tant ses fils à se puri­fier et à se renou­ve­ler pour que, sur le visage de l’Église, le signe du Christ brille avec plus de clarté.

16. Les non-chrétiens

Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aus­si sont ordon­nés au Peuple de Dieu [32] et, en pre­mier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les pro­messes, et dont le Christ est issu selon la chair (cf. Rm 9, 4–5), peuple très aimé du point de vue de l’élection, à cause des Pères, car Dieu ne regrette rien de ses dons ni de son appel (cf. Rm 11, 28–29). Mais le des­sein de salut enve­loppe éga­le­ment ceux qui recon­naissent le Créateur, en tout pre­mier lieu les musul­mans qui, pro­fes­sant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, misé­ri­cor­dieux, futur juge des hommes au der­nier jour. Et même des autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-​là mêmes Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25–28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, ame­ner tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pour­tant Dieu d’un cœur sin­cère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accom­plir sa volon­té telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aus­si peuvent arri­ver au salut éter­nel [33]. À ceux-​là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore par­ve­nus à une connais­sance expresse de Dieu, mais tra­vaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours néces­saires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trou­ver de bon et de vrai, l’Église le consi­dère comme une pré­pa­ra­tion évan­gé­lique [34] et comme un don de Celui qui illu­mine tout homme pour que, fina­le­ment, il ait la vie. Bien sou­vent, mal­heu­reu­se­ment, les hommes, trom­pés par le démon, se sont éga­rés dans leurs rai­son­ne­ments, ils ont délais­sé le vrai Dieu pour des êtres de men­songe, ser­vi la créa­ture au lieu du Créateur (cf. Rm 1, 21.25) 21.25) ou bien, vivant et mou­rant sans Dieu dans ce monde, ils sont expo­sés aux extré­mi­tés du déses­poir. C’est pour­quoi l’Église, sou­cieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous ces hommes, se sou­ve­nant du com­man­de­ment du Seigneur : « Prêchez l’Évangile à toutes créa­tures » (Mc 16, 16), met tout son soin à encou­ra­ger et sou­te­nir les missions.

17. Le carac­tère mis­sion­naire de l’Église

En effet tout comme il a été envoyé par le Père, le Fils lui-​même a envoyé ses Apôtres (cf. Jn 20, 21) en disant : « Allez donc, ensei­gnez toutes les nations, les bap­ti­sant au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, leur appre­nant à obser­ver tout ce que je vous ai pres­crit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consom­ma­tion des temps » (Mt 28, 18–20). Ce solen­nel com­man­de­ment du Christ d’annoncer la véri­té du salut, l’Église l’a reçu des Apôtres pour en pour­suivre l’accomplissement jusqu’aux extré­mi­tés de la terre (cf. Ac 1, 8). C’est pour­quoi elle fait siennes les paroles de l’Apôtre : « Malheur à moi si je ne prê­chais pas l’Évangile » (1 Co 9, 16) : elle conti­nue donc inlas­sa­ble­ment à envoyer les hérauts de l’Évangile jusqu’à ce que les jeunes Églises soient plei­ne­ment éta­blies et en état de pour­suivre elles aus­si l’œuvre de l’évangélisation. L’Esprit Saint la pousse à coopé­rer à la réa­li­sa­tion totale du des­sein de Dieu qui a fait du Christ le prin­cipe du salut pour le monde tout entier. En prê­chant l’Évangile, l’Église dis­pose ceux qui l’entendent à croire et à confes­ser la foi, elle les pré­pare au bap­tême, les arrache à l’esclavage de l’erreur et les incor­pore au Christ pour croître en lui par la cha­ri­té jusqu’à ce que soit atteinte la plé­ni­tude. Son acti­vi­té a le résul­tat non seule­ment de ne pas se lais­ser perdre tout ce qu’il y a de germe de bien dans le cœur et la pen­sée des hommes ou de leurs rites propres et leur culture ; mais de le gué­rir, l’élever, l’achever pour la gloire de Dieu, la confu­sion du démon et le bon­heur de l’homme. À tout dis­ciple du Christ incombe pour sa part la charge de l’expansion de la foi [35]. Mais si le bap­tême peut être don­né aux croyants par n’importe qui, c’est aux prêtres cepen­dant qu’il revient de pro­cu­rer l’édification du Corps par le sacri­fice eucha­ris­tique en accom­plis­sant les paroles de Dieu quand il dit par la voix du pro­phète : « De l’Orient jusqu’au cou­chant, mon Nom est grand par­mi les nations, et en tous lieux est offert à mon Nom un sacri­fice et une offrande pure » (Ml 1, 11) [36]. Ainsi, l’Église unit prière et tra­vail pour que le monde entier dans tout son être soit trans­for­mé en Peuple de Dieu, en Corps du Seigneur et temple du Saint-​Esprit, et que soient ren­dus dans le Christ, chef de tous, au Créateur et Père de l’univers, tout hon­neur et toute gloire.

Ch. III. La constitution hiérarchique et l’épiscopat

18. Introduction

Le Christ Seigneur, pour assu­rer au Peuple de Dieu des pas­teurs et les moyens de sa crois­sance, a ins­ti­tué dans son Église divers minis­tères qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres qui dis­posent du pou­voir sacré sont au ser­vice de leurs frères, pour que tous ceux qui appar­tiennent au Peuple de Dieu et jouissent par consé­quent, en toute véri­té, de la digni­té chré­tienne, puissent par­ve­nir au salut, dans leur effort com­mun, libre et ordon­né, vers une même fin.

Ce saint Concile, s’engageant sur les traces du pre­mier Concile du Vatican, enseigne et déclare avec lui que Jésus Christ, Pasteur éter­nel, a édi­fié la sainte Église en envoyant ses Apôtres, comme lui-​même avait été envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21) ; il a vou­lu que les suc­ces­seurs de ces Apôtres, c’est-à-dire les évêques, soient dans l’Église, pas­teurs jusqu’à la consom­ma­tion des siècles. Mais, pour que l’épiscopat lui-​même fût un et indi­vis, il a mis saint Pierre à la tête des autres Apôtres, ins­ti­tuant, dans sa per­sonne, un prin­cipe et un fon­de­ment per­pé­tuels et visibles d’unité de la foi et de com­mu­nion [37]. Cette doc­trine du pri­mat du Pontife romain et de son infaillible magis­tère, quant à son ins­ti­tu­tion, à sa per­pé­tui­té, à sa force et à sa concep­tion, le saint Concile à nou­veau la pro­pose à tous les fidèles comme objet cer­tain de foi. De plus, pour­sui­vant la tâche com­men­cée, il veut, devant tous, énon­cer et expli­ci­ter la doc­trine en ce qui concerne les évêques, suc­ces­seurs des Apôtres qui, avec le suc­ces­seur de Pierre, vicaire du Christ [38], et chef visible de toute l’Église, ont charge de diri­ger la mai­son du Dieu vivant.

19. L’institution des Douze

Le Seigneur Jésus, après avoir lon­gue­ment prié son Père, appe­la à lui ceux qu’il vou­lut et en ins­ti­tua douze pour en faire ses com­pa­gnons et les envoyer prê­cher le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13–19 ; Mt 10, 1–42) ; à cette ins­ti­tu­tion des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il don­na la forme d’un col­lège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choi­si par­mi eux (cf. Jn 21, 15–17). Il les envoya aux fils d’Israël d’abord et à toutes les nations (cf. Rm 1, 16) pour que, par­ti­ci­pant à son pou­voir, ils fassent de tous les peuples ses dis­ciples, pour qu’ils les sanc­ti­fient et les gou­vernent (cf. Mt 28, 16–20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 45–48 ; Jn 20, 21–23), pro­pa­geant ain­si l’Église et rem­plis­sant à son égard, sous la conduite du Seigneur, le ser­vice pas­to­ral tous les jours jusqu’à la consom­ma­tion des siècles (cf. Mt 28, 20). Le jour de Pentecôte, ils furent plei­ne­ment confir­més dans cette mis­sion (cf. Ac 2, 1–26), selon la pro­messe du Seigneur : « Vous rece­vrez une force, celle de l’Esprit Saint qui des­cen­dra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extré­mi­tés de la terre » (Ac 1, 8). En prê­chant par­tout l’Évangile (cf. Mc 16, 20), accueilli par ceux qui l’écoutent grâce à l’action de l’Esprit Saint, les Apôtres ras­semblent l’Église uni­ver­selle que le Seigneur a fon­dée en ses Apôtres et bâtie sur le bien­heu­reux Pierre, leur chef, le Christ Jésus étant lui-​même la pierre suprême d’assise (cf. Ap 21, 14 ; Mt 16, 18 ; Ep 2, 20) [39].

20. Les évêques, suc­ces­seurs des Apôtres

La mis­sion divine confiée par le Christ aux Apôtres est des­ti­née à durer jusqu’à la fin des siècles (cf. Mt 28, 20), étant don­né que l’Évangile qu’ils doivent trans­mettre est pour l’Église prin­cipe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pour­quoi les Apôtres prirent soin d’instituer, dans cette socié­té hié­rar­chi­que­ment ordon­née, des successeurs.

En effet, ils n’eurent pas seule­ment pour leur minis­tère des auxi­liaires divers [40], mais, pour que la mis­sion qui leur avait été confiée pût se conti­nuer après leur mort, ils don­nèrent man­dat, comme par tes­ta­ment, à leurs coopé­ra­teurs immé­diats d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre com­men­cée par eux [41], leur recom­man­dant de prendre garde à tout le trou­peau dans lequel l’Esprit Saint les avait ins­ti­tués pour paître l’Église de Dieu (cf. Ac 20, 28). Ils ins­ti­tuèrent donc des hommes, de ce genre, leur don­nant pour la suite charge d’ordonner qu’après leur mort des hommes éprou­vés recueillent leur minis­tère [42]. Parmi les dif­fé­rents minis­tères qui s’exercent dans l’Église depuis les pre­miers temps, la pre­mière place, au témoi­gnage de la Tradition, appar­tient à la fonc­tion de ceux qui, éta­blis dans l’épiscopat, dont la ligne se conti­nue depuis les ori­gines [43], sont les ins­tru­ments* de trans­mis­sion de la semence apos­to­lique [44]. Ainsi, selon le témoi­gnage de saint Irénée, c’est la Tradition apos­to­lique qui se mani­feste [45] et se conserve dans le monde entier par ceux que les Apôtres ont faits évêques et par leurs suc­ces­seurs jusqu’à nous [46].

Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres, le minis­tère de la com­mu­nau­té [47]. Ils pré­sident à la place de Dieu le trou­peau [48], dont ils sont les pas­teurs, par le magis­tère doc­tri­nal, le sacer­doce du culte sacré, le minis­tère du gou­ver­ne­ment [49]. De même que la charge confiée per­son­nel­le­ment par le Seigneur à Pierre, le pre­mier des Apôtres, et des­ti­née à être trans­mise à ses suc­ces­seurs, consti­tue une charge per­ma­nente, per­ma­nente est éga­le­ment la charge confiée aux Apôtres d’être les pas­teurs de l’Église, charge à exer­cer sans inter­rup­tion par l’ordre sacré des évêques [50]. C’est pour­quoi le saint Concile enseigne que les évêques, en ver­tu de l’institution divine, suc­cèdent aux Apôtres [51], comme pas­teurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ (cf. Lc 10, 16) [52].

21. La sacra­men­ta­li­té de l’épiscopat

Ainsi donc en la per­sonne des évêques assis­tés des prêtres, c’est le Seigneur Jésus Christ, Pontife suprême, qui est pré­sent au milieu des croyants. Assis à la droite de Dieu le Père, il ne fait pas défaut au corps des pon­tifes [53]. C’est par eux en tout pre­mier lieu, par leur ser­vice émi­nent, qu’il prêche la Parole de Dieu à toutes les nations et admi­nistre conti­nuel­le­ment aux croyants les sacre­ments de la foi ; c’est par leur pater­nelle fonc­tion (cf. 1 Co 4, 15) qu’il intègre à son Corps par la régé­né­ra­tion sur­na­tu­relle des membres nou­veaux ; c’est enfin par leur sagesse et leur pru­dence qu’il dirige et oriente le peuple du Nouveau Testament dans son pèle­ri­nage vers l’éternelle béa­ti­tude. Choisis comme pas­teurs pour paître le trou­peau du Seigneur, ils sont les ministres du Christ et les dis­pen­sa­teurs des mys­tères de Dieu (cf. 1 Co 4, 1). À eux a été confiée la charge de rendre témoi­gnage de l’Évangile de la grâce de Dieu (cf. Rm 15, 16 ; Ac 20, 24) et d’exercer le minis­tère glo­rieux de l’Esprit et de la jus­tice dans la gloire (cf. 2 Co 3, 8–9).

Pour rem­plir de si hautes charges, les Apôtres furent enri­chis par le Christ d’une effu­sion de l’Esprit Saint des­cen­dant sur eux (cf. Ac 1, 8 ; 2, 4 ; Jn 20, 22–23) ; eux-​mêmes, par l’imposition des mains, trans­mirent à leurs col­la­bo­ra­teurs le don spi­ri­tuel (cf. 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6–7) qui s’est com­mu­ni­qué jusqu’à nous à tra­vers la consé­cra­tion épis­co­pale. Le saint Concile enseigne que, par la consé­cra­tion épis­co­pale [54], est confé­rée la plé­ni­tude du sacre­ment de l’Ordre, que la cou­tume litur­gique de l’Église et la voix des saints Pères dési­gnent en effet sous le nom de sacer­doce suprême, la réa­li­té totale du minis­tère sacré [55]. La consé­cra­tion épis­co­pale, en même temps que la charge de sanc­ti­fi­ca­tion, confère aus­si les charges d’enseigner et de gou­ver­ner, les­quelles cepen­dant, de par leur nature, ne peuvent s’exercer que dans la com­mu­nion hié­rar­chique avec le chef du col­lège et ses membres. En effet, la Tradition qui s’exprime sur­tout par les rites litur­giques et par l’usage de l’Église, tant orien­tale qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la consé­cra­tion, la grâce de l’Esprit Saint est don­née [56] et le carac­tère sacré impri­mé [57], de telle sorte que les évêques, d’une façon émi­nente et patente, tiennent la place du Christ lui-​même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa per­sonne [58]. Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacre­ment de l’Ordre, de nou­veaux élus dans le corps épiscopal.

22. Le col­lège épis­co­pal et son chef

De même que saint Pierre et les autres Apôtres consti­tuent, de par l’institution du Seigneur, un seul col­lège apos­to­lique, sem­bla­ble­ment le Pontife romain, suc­ces­seur de Pierre et les évêques suc­ces­seurs des Apôtres, forment entre eux un tout. Déjà la plus antique dis­ci­pline en ver­tu de laquelle les évêques éta­blis dans le monde entier vivaient en com­mu­nion entre eux et avec l’évêque de Rome par le lien de l’unité, de la cha­ri­té et de la paix [59], et de même la réunion de Conciles [60], où l’on déci­dait en com­mun de toutes les ques­tions les plus impor­tantes [61], par une déci­sion que l’avis de l’ensemble per­met­tait d’équilibrer [62], tout cela signi­fie le carac­tère et la nature col­lé­giale de l’ordre épis­co­pal ; elle se trouve mani­fes­te­ment prou­vée par le fait des Conciles œcu­mé­niques tenus tout le long des siècles. On la trouve évo­quée dans l’usage qui s’est intro­duit de très bonne heure d’appeler plu­sieurs évêques pour coopé­rer à l’élévation d’un nou­vel élu au minis­tère sacer­do­tal le plus éle­vé. C’est en ver­tu de la consé­cra­tion sacra­men­telle et par la com­mu­nion hié­rar­chique avec le chef du col­lège et ses membres que quelqu’un est fait membre du corps épiscopal.

Mais le col­lège ou corps épis­co­pal n’a d’autorité que si on l’entend comme uni au Pontife romain, suc­ces­seur de Pierre, comme à son chef et sans pré­ju­dice pour le pou­voir du pri­mat qui s’étend à tous, pas­teurs et fidèles. En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en ver­tu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pou­voir plé­nier, suprême et uni­ver­sel qu’il peut tou­jours exer­cer libre­ment. L’ordre des évêques, qui suc­cède au col­lège apos­to­lique dans le magis­tère et le gou­ver­ne­ment pas­to­ral, bien mieux dans lequel le corps apos­to­lique se per­pé­tue sans inter­rup­tion consti­tue, lui aus­si, en union avec le Pontife romain, son chef, et jamais en dehors de ce chef, le sujet du pou­voir suprême et plé­nier sur toute l’Église [63], pou­voir cepen­dant qui ne peut s’exercer qu’avec le consen­te­ment du Pontife romain. Le Seigneur a fait du seul Simon la pierre de son Église, à lui seul il en a remis les clés (cf. Mt 16, 18–19) ; il l’a ins­ti­tué pas­teur de tout son trou­peau (cf. Jn 21, 15 s.), mais cette charge de lier et de délier qui a été don­née à Pierre (Mt 16, 19) a été aus­si don­née, sans aucun doute, au col­lège des Apôtres unis à son chef (Mt 18, 18 ; 28, 16–20) [64]. Par sa com­po­si­tion mul­tiple, ce col­lège exprime, par son ras­sem­ble­ment sous un seul chef, l’unité du trou­peau du Christ. Dans ce col­lège, les évêques, fidèles à obser­ver le pri­mat et l’autorité de leur chef, jouissent pour le bien de leurs fidèles et même de toute l’Église, d’un pou­voir propre, l’Esprit Saint assu­rant par l’action conti­nue de sa force, la struc­ture et la concorde dans l’organisme. Le pou­voir suprême dont jouit ce col­lège à l’égard de l’Église uni­ver­selle s’exerce solen­nel­le­ment dans le Concile œcu­mé­nique. Il n’y a point de Concile œcu­mé­nique s’il n’est pas comme tel confir­mé ou tout au moins accep­té par le suc­ces­seur de Pierre : au Pontife romain appar­tient la pré­ro­ga­tive de convo­quer ces conciles, de les pré­si­der et de les confir­mer [65]. Le pou­voir col­lé­gial peut être exer­cé en union avec le pape par les évêques rési­dant sur la sur­face de la terre, pour­vu que le chef du col­lège les appelle à agir col­lé­gia­le­ment ou du moins qu’il donne à cette action com­mune des évêques dis­per­sés son appro­ba­tion ou sa libre accep­ta­tion pour en faire un véri­table acte collégial.

23. Les rela­tions à l’intérieur du collège

L’unité col­lé­giale appa­raît aus­si dans les rela­tions mutuelles de cha­cun des évêques avec les Églises par­ti­cu­lières et avec l’Église uni­ver­selle. Le pon­tife romain, comme suc­ces­seur de Pierre, est le prin­cipe per­pé­tuel et visible et le fon­de­ment de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la mul­ti­tude des fidèles [66]). Les évêques sont, cha­cun pour sa part, le prin­cipe et le fon­de­ment de l’unité dans leurs Églises par­ti­cu­lières [67] ; celles-​ci sont for­mées à l’image de l’Église uni­ver­selle, c’est en elles et par elles qu’existe l’Église catho­lique une et unique [68]. C’est pour­quoi chaque évêque repré­sente son Église, et, tous ensemble, avec le pape, repré­sentent l’Église uni­ver­selle dans le lien de la paix, de l’amour et de l’unité.

Les évêques, pris à part, pla­cés à la tête de cha­cune des Églises par­ti­cu­lières, exercent leur auto­ri­té pas­to­rale sur la por­tion du Peuple de Dieu qui leur a été confiée, et non sur les autres Églises ni sur l’Église uni­ver­selle. Mais, comme membres du col­lège épis­co­pal et légi­times suc­ces­seurs des Apôtres, ils sont tous tenus, à l’égard de l’Église uni­ver­selle, de par l’institution et le pré­cepte du Christ, à cette sol­li­ci­tude [69] qui est, pour l’Église uni­ver­selle, émi­nem­ment pro­fi­table, même si elle ne s’exerce pas par un acte de juri­dic­tion. Tous les évêques, en effet, doivent pro­mou­voir et ser­vir l’unité de la foi et la dis­ci­pline com­mune de l’ensemble de l’Église, for­mer les fidèles à l’amour envers tout le Corps mys­tique du Christ, sur­tout envers ses membres pauvres, souf­frants, et envers ceux qui souffrent per­sé­cu­tion pour la jus­tice (cf. Mt 5, 10), ils doivent enfin pro­mou­voir toute l’activité qui est com­mune à l’ensemble de l’Église, sur­tout en vue du pro­grès de la foi et pour que la lumière de la pleine véri­té se lève sur tous les hommes. D’ailleurs, il est bien éta­bli que, en gou­ver­nant leur propre Église comme une por­tion de l’Église uni­ver­selle, ils contri­buent effi­ca­ce­ment au bien de tout le Corps mys­tique qui est aus­si le Corps des Églises [70].

Le soin d’annoncer l’Évangile sur toute la terre revient au corps des pas­teurs : à eux tous, en com­mun, le Christ a don­né man­dat en leur impo­sant un devoir com­mun, selon ce que déjà le pape Célestin rap­pe­lait aux Pères du Concile d’Ephèse [71]. C’est pour­quoi les évêques, cha­cun pour sa part, dans toute la mesure où l’accomplissement de sa propre charge le lui per­met, doivent accep­ter d’entrer en com­mu­nau­té d’effort entre eux et avec le suc­ces­seur de Pierre, à qui a été confiée, à titre sin­gu­lier, la charge consi­dé­rable de pro­pa­ger le nom chré­tien [72]. C’est pour­quoi ils doivent, de toutes leurs forces, contri­buer à four­nir aux mis­sions, et des ouvriers de la mois­son et les secours spi­ri­tuels et maté­riels, tant par eux-​mêmes direc­te­ment qu’en sus­ci­tant la fer­vente coopé­ra­tion des fidèles. Il faut enfin que les évêques se prêtent volon­tiers, selon l’antique et véné­rable exemple, à four­nir, dans la com­mu­nion uni­ver­selle de la cha­ri­té, un secours fra­ter­nel aux autres Églises, sur­tout les plus proches et les plus dépourvues.

La divine Providence a vou­lu que les Églises diverses éta­blies en divers lieux par les Apôtres et leurs suc­ces­seurs se ras­semblent au cours des temps en plu­sieurs groupes orga­ni­que­ment réunis, qui, sans pré­ju­dice pour l’unité de la foi et pour l’unique consti­tu­tion divine de l’Église uni­ver­selle, jouissent de leur propre dis­ci­pline, de leur propre usage litur­gique, de leur patri­moine théo­lo­gique et spi­ri­tuel. Certaines, par­mi elles, notam­ment les antiques Églises patriar­cales, jouèrent le rôle de sources de foi en engen­drant d’autres Églises, comme leurs filles, avec les­quelles, jusqu’aujourd’hui, un lien plus étroit de cha­ri­té les relie dans la vie sacra­men­telle et dans le res­pect mutuel des droits et des devoirs [73]. Cette varié­té des Églises locales montre avec plus d’éclat, par leur conver­gence dans l’unité, la catho­li­ci­té de l’Église indi­vise. De même, les Conférences épis­co­pales peuvent, aujourd’hui, contri­buer de façons mul­tiples et fécondes à ce que le sen­ti­ment col­lé­gial se réa­lise concrètement.

24. Le minis­tère épiscopal

Les évêques étant suc­ces­seurs des Apôtres reçoivent du Seigneur, à qui tout pou­voir a été don­né dans le ciel et sur la terre, la mis­sion d’enseigner toutes les nations et de prê­cher l’Évangile à toute créa­ture, afin que tous les hommes, par la foi, le bap­tême et l’accomplissement des com­man­de­ments, obtiennent le salut (cf. Mt 28, 18 ; Mc 16, 15- 16 ; Ac 26, 17 s.). Pour rem­plir cette mis­sion, le Christ Seigneur a pro­mis aux Apôtres l’Esprit Saint, et, le jour de Pentecôte, l’a envoyé du ciel pour que, grâce à sa ver­tu, les Apôtres soient ses témoins jusqu’à l’extrémité de la terre devant les nations, les peuples et les rois (cf. Ac 1, 8 ; 2, 1 s. ; 9, 15). Cette charge, confiée par le Seigneur aux pas­teurs de son peuple, est un véri­table ser­vice : dans la Sainte Écriture, il est appe­lé expres­sé­ment « dia­ko­nia » ou minis­tère (cf. Ac 1, 17.25 ; 21, 19 ; Rm 11, 13 ; 1 Tm 1, 12).

La mis­sion cano­nique des évêques peut être don­née, soit par le moyen des cou­tumes légi­times que le pou­voir suprême et uni­ver­sel de l’Église n’a pas révo­quées, ou par le moyen des lois que cette même auto­ri­té a por­tées ou recon­nues, ou direc­te­ment par le suc­ces­seur de Pierre lui-​même ; si celui-​ci s’y oppose ou refuse la com­mu­nion apos­to­lique, les évêques ne peuvent pas être mis en charge [74].

25. La fonc­tion d’enseignement des évêques

Parmi les charges prin­ci­pales des évêques, la pré­di­ca­tion de l’Évangile est la pre­mière [75]. Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, ame­nant au Christ de nou­veaux dis­ciples, et les doc­teurs authen­tiques, c’est-à-dire pour­vus de l’autorité du Christ, prê­chant au peuple qui leur est confié la foi qui doit régler leur pen­sée et leur conduite, fai­sant rayon­ner cette foi sous la lumière de l’Esprit Saint, déga­geant du tré­sor de la Révélation le neuf et l’ancien (cf. Mt 13, 52), fai­sant fruc­ti­fier la foi, atten­tifs à écar­ter toutes les erreurs qui menacent leur trou­peau (cf. 2 Tm 4, 1–4). Les évêques qui enseignent en com­mu­nion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au res­pect qui convient à des témoins de la véri­té divine et catho­lique ; les fidèles doivent s’attacher à la pen­sée que leurs évêques expriment, au nom du Christ, en matière de foi et de mœurs, et ils doivent lui don­ner l’assentiment reli­gieux de leur esprit. Cet assen­ti­ment reli­gieux de la volon­té et de l’intelligence est dû, à un titre sin­gu­lier, au Souverain Pontife en son magis­tère authen­tique, même lorsqu’il ne parle pas ex cathe­dra, ce qui implique la recon­nais­sance res­pec­tueuse de son suprême magis­tère, et l’adhésion sin­cère à ses affir­ma­tions, en confor­mi­té à ce qu’il mani­feste de sa pen­sée et de sa volon­té et que l’on peut déduire en par­ti­cu­lier du carac­tère des docu­ments, ou de l’insistance à pro­po­ser une cer­taine doc­trine, ou de la manière même de s’exprimer.

Quoique les évêques, pris un à un, ne jouissent pas de la pré­ro­ga­tive de l’infaillibilité, cepen­dant, lorsque, même dis­per­sés à tra­vers le monde, mais gar­dant entre eux et avec le suc­ces­seur de Pierre le lien de la com­mu­nion, ils s’accordent pour ensei­gner authen­ti­que­ment qu’une doc­trine concer­nant la foi et les mœurs s’impose de manière abso­lue, alors, c’est la doc­trine du Christ qu’infailliblement ils expriment [76]. La chose est encore plus mani­feste quand, dans le Concile œcu­mé­nique qui les ras­semble, ils font, pour l’ensemble de l’Église, en matière de foi et de mœurs, acte de doc­teurs et de juges, aux défi­ni­tions des­quels il faut adhé­rer dans l’obéissance de la foi [77].

Cette infailli­bi­li­té, dont le divin Rédempteur a vou­lu pour­voir son Église pour défi­nir la doc­trine concer­nant la foi et les mœurs, s’étend aus­si loin que le dépôt lui-​même de la Révélation divine à conser­ver sain­te­ment et à expo­ser fidè­le­ment. De cette in failli­bi­li­té, le Pontife romain, chef du col­lège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pas­teur et doc­teur suprême de tous les fidèles, et char­gé de confir­mer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 32) , il pro­clame, par un acte défi­ni­tif, un point de doc­trine tou­chant la foi et les mœurs [78]. C’est pour­quoi les défi­ni­tions qu’il pro­nonce sont dites, à juste titre, irré­for­mables par elles-​mêmes et non en ver­tu du consen­te­ment de l’Église, étant pro­non­cées sous l’assistance du Saint-​Esprit à lui pro­mise en la per­sonne de saint Pierre, n’ayant pas besoin, par consé­quent, d’une appro­ba­tion d’autrui, de même qu’elles ne peuvent com­por­ter d’appel à un autre juge­ment. Alors, en effet, le Pontife romain ne pro­nonce pas une sen­tence en tant que per­sonne pri­vée, mais il expose et défend la doc­trine de la foi catho­lique [79], en tant qu’il est, à l’égard de l’Église uni­ver­selle, le maître suprême en qui réside, à titre sin­gu­lier, le cha­risme d’infaillibilité qui est celui de l’Église elle-​même. L’infaillibilité pro­mise à l’Église réside aus­si dans le corps des évêques quand il exerce son magis­tère suprême en union avec le suc­ces­seur de Pierre. À ces défi­ni­tions, l’assentiment de l’Église ne peut jamais faire défaut, étant don­né l’action du même Esprit Saint qui conserve et fait pro­gres­ser le trou­peau entier du Christ dans l’unité de la foi [80].

Lorsque le Pontife romain, ou le corps des évêques avec lui, porte une défi­ni­tion, ils le font confor­mé­ment à la Révélation elle-​même à laquelle tous doivent se tenir et se confor­mer, Révélation qui est trans­mise inté­gra­le­ment, sous forme écrite ou par tra­di­tion, par la suc­ces­sion légi­time des évêques, et, avant tout, par le soin du Pontife romain lui-​même ; cette Révélation à la lumière de l’Esprit de véri­té est scru­pu­leu­se­ment conser­vée dans l’Église et fidè­le­ment pré­sen­tée [81]. Le Pontife romain et les évêques s’appliquent avec zèle à scru­ter conscien­cieu­se­ment et à énon­cer cor­rec­te­ment cette Révélation, dans la conscience de leur devoir et de la gra­vi­té de la chose, en ayant recours aux moyens appro­priés [82] ; mais ils ne reçoivent, comme appar­te­nant au dépôt divin de la foi, aucune nou­velle révé­la­tion publique [83].

26. La fonc­tion de sanc­ti­fi­ca­tion des évêques

L’évêque, revê­tu de la plé­ni­tude du sacre­ment de l’Ordre, porte « la res­pon­sa­bi­li­té de dis­pen­ser la grâce du suprême sacer­doce [84] », en par­ti­cu­lier dans l’Eucharistie qu’il offre lui-​même ou dont il assure l’oblation [85], et d’où vient à l’Église conti­nuel­le­ment vie et crois­sance. Cette Église du Christ est vrai­ment pré­sente en toutes les légi­times assem­blées locales de fidèles qui, unies à leurs pas­teurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aus­si, le nom d’Églises [86]. Elles sont, en effet, cha­cune à sa place, le peuple nou­veau appe­lé par Dieu dans l’Esprit Saint et dans une grande assu­rance (cf. 1 Th 1, 5). En elles, les fidèles sont ras­sem­blés par la pré­di­ca­tion de l’Évangile du Christ, le mys­tère de la Cène du Seigneur est célé­bré « pour que, par le moyen de la Chair et du Sang du Seigneur, se res­serre, en un seul Corps, toute la fra­ter­ni­té [87] ». Chaque fois que la com­mu­nau­té de l’autel se réa­lise, en dépen­dance du minis­tère sacré de l’évêque [88], se mani­feste le sym­bole de cette cha­ri­té et « de cette uni­té du Corps mys­tique sans laquelle le salut n’est pas pos­sible [89] ». Dans ces com­mu­nau­tés, si petites et pauvres qu’elles puissent être sou­vent ou dis­per­sées, le Christ est pré­sent par la ver­tu duquel se consti­tue l’Église une, sainte, catho­lique et apos­to­lique [90]. Car « la par­ti­ci­pa­tion au Corps et au Sang du Christ n’a pas d’autre effet que de nous trans­for­mer en ce que nous rece­vons [91] ».

Mais toute célé­bra­tion légi­time de l’Eucharistie est diri­gée par l’évêque à qui a été confiée la charge de pré­sen­ter à la Majesté divine le culte de la reli­gion chré­tienne, de le régler selon les pré­ceptes du Seigneur et selon les lois de l’Église, aux­quelles il apporte, pour son dio­cèse, par son juge­ment par­ti­cu­lier, les déter­mi­na­tions ultérieures.

Aussi, les évêques, en priant et tra­vaillant pour leur peuple, répandent sur lui en abon­dance et sous des formes diverses ce qui vient de la plé­ni­tude de la sain­te­té du Christ. Par le minis­tère de la Parole, ils com­mu­niquent aux croyants, en vue de leur sa lut (cf. Rm 1, 16), la ver­tu de Dieu et, par les sacre­ments dont ils orga­nisent, par leur auto­ri­té, la dis­tri­bu­tion régu­lière et féconde [92], ils sanc­ti­fient les fidèles. Ils règlent la célé­bra­tion du bap­tême, où est don­née par­ti­ci­pa­tion au sacer­doce royal du Christ. Ils sont les ministres ori­gi­naires de la confir­ma­tion ; ce sont eux qui donnent les saints ordres et règlent la dis­ci­pline de la péni­tence et s’emploient avec zèle, par l’exhortation et l’instruction, à ce que leurs peuples prennent, dans la foi et le res­pect, la part qui est la leur dans la litur­gie et sur­tout dans le saint sacri­fice de la messe. Ils doivent enfin don­ner à ceux à la tête des­quels ils sont pla­cés, le béné­fice de leur exemple, s’abstenant dans leur conduite de tout ce qui est mal, et réfor­mant leur conduite autant qu’ils le peuvent, avec l’aide de Dieu, dans le sens du bien, en sorte qu’ils puissent par­ve­nir, avec le trou­peau qui leur est confié, jusqu’à la vie éter­nelle [93].

27. La fonc­tion de gou­ver­ne­ment des évêques

Chargés des Églises par­ti­cu­lières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent [94] comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encou­ra­ge­ments, leurs exemples, mais aus­si par leur auto­ri­té et par l’exercice du pou­voir sacré, dont l’usage cepen­dant ne leur appar­tient qu’en vue de l’édification en véri­té et en sain­te­té de leur trou­peau, se sou­ve­nant que celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et celui qui com­mande, le ser­vi­teur (cf. Lc 22, 26–27).

Ce pou­voir qu’ils exercent per­son­nel­le­ment au nom du Christ est un pou­voir propre, ordi­naire et immé­diat : il est sou­mis cepen­dant dans son exer­cice à la régu­la­tion der­nière qui lui vient de l’autorité suprême de l’Église et, en consi­dé­ra­tion de l’utilité de l’Église ou des fidèles, il peut être, par cette auto­ri­té, res­ser­ré en cer­taines limites. En ver­tu de ce pou­voir, les évêques ont le droit sacré, et devant Dieu le devoir, de por­ter des lois obli­ga­toires pour leurs sujets, de rendre les juge­ments et de régler tout ce qui concerne l’ordre du culte et de l’apostolat.

La charge pas­to­rale, c’est-à-dire le soin habi­tuel et quo­ti­dien de leurs bre­bis, leur est plei­ne­ment remise ; on ne doit pas les consi­dé­rer comme les vicaires des Pontifes romains, car ils exercent un pou­voir qui leur est propre et, en toute véri­té, sont, pour les peuples qu’ils dirigent, des chefs [95]. Ainsi, leur pou­voir n’est nul­le­ment effa­cé par le pou­voir suprême et uni­ver­sel ; au contraire, il est affer­mi, ren­for­cé et défen­du par lui [96], la forme éta­blie par le Christ Seigneur pour le gou­ver­ne­ment de son Église étant indé­fec­ti­ble­ment assu­rée par l’Esprit Saint.

Envoyé par le père de famille pour gou­ver­ner les siens, l’évêque doit gar­der devant ses yeux l’exemple du bon Pasteur venu, non pas pour se faire ser­vir, mais ser­vir (cf. Mt 20, 28 ; Mc 10, 45), et don­ner sa vie pour ses bre­bis (cf. Jn 10, 11). Pris par­mi les hommes et enve­lop­pé de fai­blesse, il peut se mon­trer indul­gent envers les igno­rants et les éga­rés (cf. He 5, 1–2). Qu’il ne répugne pas à écou­ter ceux qui dépendent de lui, les entou­rant comme de vrais fils et les exhor­tant à tra­vailler avec lui dans l’allégresse. Appelé à rendre compte à Dieu de leurs âmes (cf. He 13, 17), que sa sol­li­ci­tude s’étende, par la prière, la pré­di­ca­tion et toutes les œuvres de cha­ri­té, soit à eux, soit éga­le­ment à ceux qui ne sont pas encore de l’unique trou­peau et qu’il doit consi­dé­rer comme lui étant confiés dans le Seigneur. Étant comme l’apôtre Paul débi­teur à l’égard de tous, qu’il soit prompt à annon­cer l’Évangile à tous (cf. Rm 1, 14–15) en enga­geant tous ses fidèles à une acti­vi­té apos­to­lique et mis­sion­naire. Quant aux fidèles, ils doivent s’attacher à leur évêque comme l’Église à Jésus Christ et comme Jésus Christ à son Père, afin que toutes choses conspirent dans l’unité [97] et soient fécondes pour la gloire de Dieu (cf. 2 Co 4, 15).

28. Les prêtres dans leur rela­tion au Christ, aux évêques, au pres­by­te­rium et au peuple chrétien

Le Christ, que le Père a consa­cré et envoyé dans le monde (Jn 10, 36) , a fait les évêques suc­ces­seurs des Apôtres et, par ces Apôtres eux-​mêmes, par­ti­ci­pants de sa consé­cra­tion et de sa mis­sion [98]. À leur tour, les évêques ont trans­mis légi­ti­me­ment dans l’Église la charge de leur minis­tère selon divers degrés à divers sujets. C’est ain­si que le minis­tère ecclé­sias­tique, ins­ti­tué par Dieu, est exer­cé dans la diver­si­té des ordres par ceux que déjà depuis l’Antiquité on appelle évêques, prêtres, diacres [99]. Tout en n’ayant pas la charge suprême du pon­ti­fi­cat et tout en dépen­dant des évêques dans l’exercice de leurs pou­voirs, les prêtres leur sont cepen­dant unis dans la digni­té sacer­do­tale [100] ; et par la ver­tu du sacre­ment de l’Ordre [101], à l’image du Christ prêtre suprême et éter­nel (He 5, 1–10 ; 7, 24 ; 9, 11–28), ils sont consa­crés pour prê­cher l’Évangile et pour être les pas­teurs des fidèles et célé­brer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament [102]. Participant, à leur niveau de minis­tère, de la charge de l’unique Médiateur qui est le Christ (1 Tm 2, 5), ils annoncent à tous la Parole de Dieu. C’est dans le culte ou synaxe eucha­ris­tique que s’exerce par excel­lence leur charge sacrée : là, agis­sant en la per­sonne du Christ [103] et pro­cla­mant son mys­tère, ils réunissent les vœux des fidèles au sacri­fice de leur chef, repré­sen­tant et appli­quant dans le sacri­fice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne (cf. 1 Co 11, 26), l’unique sacri­fice du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois pour toutes à son Père en vic­time imma­cu­lée (cf. He 9, 11–28) [104]. En faveur des fidèles péni­tents ou malades, ils rem­plissent, à un titre émi­nent, le minis­tère de la récon­ci­lia­tion et du sou­la­ge­ment ; ils pré­sentent à Dieu le Père les besoins et les prières des fidèles (cf. He 5, 1–4). Exerçant, pour la part d’autorité qui est la leur, la charge du Christ, pas­teur et chef [105], ils ras­semblent la famille de Dieu, fra­ter­ni­té qui n’a qu’une âme [106], et, par le Christ, dans l’Esprit, ils la conduisent à Dieu le Père. Ils rendent à Dieu le Père, au milieu de leur trou­peau, l’adoration en esprit et en véri­té (cf. Jn 4, 24). Enfin, ils peinent à la parole et à l’enseignement (cf. 1 Tm 5, 17), croyant ce qu’ils lisent et méditent dans la loi du Seigneur, ensei­gnant ce qu’ils croient, pra­ti­quant ce qu’ils enseignent [107].

Coopérateurs avi­sés de l’ordre épis­co­pal [108] dont ils sont l’aide et l’instrument, appe­lés à ser­vir le Peuple de Dieu, les prêtres consti­tuent, avec leur évêque, un seul pres­by­te­rium [109] aux fonc­tions diverses. En chaque lieu où se trouve une com­mu­nau­té de fidèles, ils rendent d’une cer­taine façon pré­sent l’évêque auquel ils sont asso­ciés d’un cœur confiant et géné­reux, assu­mant pour leur part ses charges et sa sol­li­ci­tude, et les met­tant en œuvre dans leur sou­ci quo­ti­dien des fidèles. Sanctifiant et diri­geant, sous l’autorité de l’évêque, la por­tion du trou­peau du Seigneur qui leur est confiée, c’est l’Église uni­ver­selle qu’ils rendent visible aux lieux où ils sont, et c’est le Corps entier du Christ à l’édification duquel (cf. Ep 4, 12) ils contri­buent effi­ca­ce­ment. Sans cesse ten­dus vers ce qui est le bien des fils de Dieu, ils doivent mettre leur zèle à contri­buer aus­si à l’œuvre pas­to­rale du dio­cèse entier, bien mieux, de toute l’Église. En rai­son de cette par­ti­ci­pa­tion au sacer­doce et à la mis­sion de leur évêque, les prêtres doivent recon­naître en lui leur père et lui obéir res­pec­tueu­se­ment. L’évêque, lui, doit consi­dé­rer les prêtres, ses coopé­ra­teurs, comme des fils et des amis, tout comme le Christ appelle ses dis­ciples non plus ser­vi­teurs, mais amis (cf. Jn 15, 15). Tous les prêtres, par consé­quent, tant dio­cé­sains que reli­gieux, en rai­son de l’ordre et du minis­tère, sont arti­cu­lés sur le corps des évêques et, selon leur voca­tion et leur grâce, sont au ser­vice du bien de l’Église entière.

Une intime fra­ter­ni­té lie entre eux tous les prêtres en rai­son de la com­mu­nau­té d’ordination et de mis­sion : cette fra­ter­ni­té doit se mani­fes­ter spon­ta­né­ment et volon­tiers sous forme d’aide mutuelle, tant spi­ri­tuelle que maté­rielle, tant pas­to­rale que per­son­nelle, dans les réunions et la com­mu­nion de vie, de tra­vail et de cha­ri­té. De leurs fidèles, qu’ils ont engen­drés spi­ri­tuel­le­ment par le bap­tême et l’enseignement (cf. 1 Co 4, 15 ; 1 P 1, 23), les prêtres doivent avoir, dans le Christ, un sou­ci pater­nel. Se fai­sant géné­reu­se­ment l’exemple du trou­peau (1 P 5, 3), ils doivent diri­ger et ser­vir leurs com­mu­nau­tés locales, de telle sorte qu’elles puissent être dignes de rece­voir le nom qui marque l’unique Peuple de Dieu en sa tota­li­té : l’Église de Dieu (cf. 1 Co 1, 2 ; 2 Co 1, 1 ; et pas­sim). Qu’ils se sou­viennent qu’ils doivent, par leur com­por­te­ment quo­ti­dien et dans leur sol­li­ci­tude, mon­trer aux fidèles et aux infi­dèles, aux catho­liques et aux non-​catholiques, le visage d’un minis­tère vrai­ment sacer­do­tal et pas­to­ral, et rendre à tous le témoi­gnage de la véri­té et de la vie ; être éga­le­ment comme de bons pas­teurs en quête (cf. Lc 15, 4–7) de ceux qui, mal­gré le bap­tême reçu dans l’Église catho­lique, ont aban­don­né la pra­tique des sacre­ments ou même la foi.

Et comme le genre humain, aujourd’hui de plus en plus, tend à l’unité civile, éco­no­mique et sociale, les prêtres ont le devoir d’autant plus pres­sant d’unir leurs pré­oc­cu­pa­tions et leurs moyens sous la conduite des évêques et du Souverain Pontife, pour écar­ter toute forme de divi­sion et ame­ner le genre humain tout entier à l’unité de la famille de Dieu.

29. Les diacres

Au degré infé­rieur de la hié­rar­chie se trouvent les diacres aux­quels on a impo­sé les mains « non pas en vue du sacer­doce, mais en vue du minis­tère [110] ». La grâce sacra­men­telle, en effet, leur donne la force néces­saire pour ser­vir le Peuple de Dieu dans la « dia­co­nie » de la litur­gie, de la parole et de la cha­ri­té, en com­mu­nion avec l’évêque et son pres­by­te­rium. Selon les dis­po­si­tions à prendre par l’autorité qua­li­fiée, il appar­tient aux diacres d’administrer solen­nel­le­ment le bap­tême, de conser­ver et de dis­tri­buer l’Eucharistie, d’assister, au nom de l’Église, au mariage et de le bénir, de por­ter le via­tique aux mou­rants, de don­ner lec­ture aux fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire et exhor­ter le peuple, de pré­si­der au culte et à la prière des fidèles, d’être ministres des sacra­men­taux, de pré­si­der aux rites funèbres et à la sépul­ture. Consacrés aux offices de cha­ri­té et d’administration, les diacres ont à se sou­ve­nir de l’avertissement de saint Polycarpe : « Être misé­ri­cor­dieux, zélés, mar­cher selon la véri­té du Seigneur qui s’est fait le ser­vi­teur de tous [111]. »

Ch. IV. Les laïcs

30. Introduction

Le saint Concile, ayant pré­ci­sé les fonc­tions de la hié­rar­chie, se plaît à tour­ner sa pen­sée vers la condi­tion de ces chré­tiens qui portent le nom de laïcs. Si, en effet, tout ce qui a été dit du Peuple de Dieu concerne à titre égal laïcs, reli­gieux et clercs, cepen­dant aux laïcs, hommes et femmes, en rai­son de leur condi­tion et de leur mis­sion, reviennent en par­ti­cu­lier un cer­tain nombre de choses dont les cir­cons­tances spé­ciales à notre temps obligent d’étudier de plus près les fon­de­ments. Les pas­teurs sacrés savent bien l’importance de la contri­bu­tion des laïcs au bien de l’Église entière. Ils savent qu’ils n’ont pas été eux-​mêmes ins­ti­tués par le Christ pour assu­mer à eux seuls tout l’ensemble de la mis­sion salu­taire de l’Église à l’égard du monde, leur tâche magni­fique consis­tant à com­prendre leur mis­sion de pas­teurs à l’égard des fidèles et à recon­naître les ser­vices et les cha­rismes propres à ceux-​ci, de telle sorte que tout le monde à sa façon et dans l’unité apporte son concours à l’œuvre com­mune. « Il faut, en effet, que tous, par la pra­tique d’une cha­ri­té sin­cère, nous gran­dis­sions de toutes manières vers celui qui est la tête, le Christ dont le corps tout entier, grâce à tous les liga­ments qui le des­servent, tire cohé­sion et uni­té et, par l’activité assi­gnée à cha­cun de ses organes, opère sa propre crois­sance pour s’édifier lui-​même dans la cha­ri­té » (Ep 4, 15–16).

31. Qui est visé ici par le terme « laïc » ?

Sous le nom de laïcs, on entend ici tous les fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et de l’état reli­gieux recon­nu dans l’Église qui, étant incor­po­rés au Christ par le bap­tême, inté­grés au Peuple de Dieu, et par­ti­ci­pants à leur manière de la fonc­tion sacer­do­tale, pro­phé­tique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mis­sion qui est celle de tout le peuple chrétien.

Le carac­tère sécu­lier est le carac­tère propre et par­ti­cu­lier des laïcs. En effet, les membres de l’ordre sacré bien qu’ils puissent se trou­ver enga­gés dans les choses du siècle, même en exer­çant une pro­fes­sion sécu­lière, res­tent, en rai­son de leur voca­tion par­ti­cu­lière, prin­ci­pa­le­ment et expres­sé­ment ordon­nés au minis­tère sacré ; les reli­gieux, de leur côté, en ver­tu de leur état, attestent d’une manière écla­tante et excep­tion­nelle que lemonde ne peut se trans­fi­gu­rer et être offert à Dieu en dehors de l’esprit des Béatitudes. La voca­tion propre des laïcs consiste à cher­cher le règne de Dieu pré­ci­sé­ment à tra­vers la gérance des choses tem­po­relles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire enga­gés dans tous les divers devoirs et tra­vaux du monde, dans les condi­tions ordi­naires de la vie fami­liale et sociale dont leur exis­tence est comme tis­sée. À cette place, ils sont appe­lés par Dieu pour tra­vailler comme du dedans à la sanc­ti­fi­ca­tion du monde, à la façon d’un ferment, en exer­çant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évan­gé­lique, et pour mani­fes­ter le Christ aux autres avant tout par le témoi­gnage de leur vie, rayon­nant de foi, d’espérance et de cha­ri­té. C’est à eux qu’il revient, d’une manière par­ti­cu­lière, d’éclairer et d’orienter toutes les réa­li­tés tem­po­relles aux­quelles ils sont étroi­te­ment unis, de telle sorte qu’elles se fassent et pros­pèrent constam­ment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur.

32. La digni­té des laïcs comme membres du Peuple de Dieu

L’Église sainte, de par l’institution divine, est orga­ni­sée et diri­gée sui­vant une varié­té mer­veilleuse. « Car, de même qu’en un seul corps nous avons plu­sieurs membres et que tous les membres n’ont pas tous même fonc­tion, ain­si, à plu­sieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, étant cha­cun pour sa part, membres les uns des autres » (Rm 12, 4–5).

Il n’y a donc qu’un Peuple de Dieu choi­si par Lui : « Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un bap­tême » (Ep 4, 5). Commune est la digni­té des membres du fait de leur régé­né­ra­tion dans le Christ ; com­mune la grâce d’adoption filiale ; com­mune la voca­tion à la per­fec­tion ; il n’y a qu’un salut, une espé­rance, une cha­ri­té indi­vi­sible. Il n’y a donc, dans le Christ et dans l’Église, aucune inéga­li­té qui vien­drait de la race ou de la nation, de la condi­tion sociale ou du sexe, car « il n’y a ni Juif ni Grec, il y a ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, vous n’êtes tous qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3 ; 28 grec ; cf. Col 3, 11).

Si donc, dans l’Église, tous ne marchent pas par le même che­min, tous, cepen­dant, sont appe­lés à la sain­te­té et ont reçu une foi qui les rends égaux dans la jus­tice du Christ (cf. 2 P 1, 1). Même si cer­tains, par la volon­té du Christ, sont ins­ti­tués doc­teurs, dis­pen­sa­teurs des mys­tères et pas­teurs pour le bien des autres, cepen­dant, quant à la digni­té et à l’activité com­mune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véri­table éga­li­té. Car la dif­fé­rence même que le Seigneur a mise entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu com­porte en soi union, étant don­né que les pas­teurs et les autres fidèles se trouvent liés les uns aux autres par une com­mu­nau­té de rap­ports, les pas­teurs de l’Église qui suivent l’exemple du Seigneur étant au ser­vice les uns des autres et au ser­vice des autres fidèles, les­quels apportent de leur côté aux pas­teurs et aux doc­teurs le concours joyeux de leur aide. Ainsi, dans la diver­si­té même, tous rendent témoi­gnage de l’admirable digni­té qui règne dans le Corps du Christ : en effet, la diver­si­té même des grâces, des minis­tères et des opé­ra­tions contri­bue à lier les fils de Dieu en un tout. Car « tout cela, c’est l’œuvre d’un seul et même Esprit » (1 Co 12, 11).

Ainsi donc, tout comme, par la bien­veillance de Dieu, ils ont pour frère le Christ, venu non pour être ser­vi, mais pour ser­vir (cf. Mt 20, 28), alors qu’il est le Maître de tout, ain­si les laïcs ont aus­si pour frères ceux qui, appli­qués au sacré minis­tère, font près de la famille de Dieu office de pas­teurs, ensei­gnant, sanc­ti­fiant, diri­geant par l’autorité du Christ pour que le com­man­de­ment nou­veau de la cha­ri­té soit accom­pli par tous. Saint Augustin dit à ce sujet ces très belles paroles : « D’être là pour vous me rem­plit de ter­reur ; mais d’être là avec vous me ras­sure. Car pour vous, je suis évêque ; avec vous je suis chré­tien. Cela exprime un devoir, ceci est une grâce ; cela évoque un péril, ceci est le salut [112]. »

33. La vie salu­taire et apos­to­lique des laïcs

Les laïcs, réunis dans le Peuple de Dieu et consti­tuant un seul Corps du Christ sous un seul Chef, sont appe­lés, quels qu’ils soient, à coopé­rer comme des membres vivants au pro­grès de l’Église et à sa sanc­ti­fi­ca­tion per­ma­nente, en y appli­quant toutes les forces qu’ils ont reçues du bien­fait du Créateur et de la grâce du Rédempteur.

L’apostolat des laïcs est une par­ti­ci­pa­tion à la mis­sion salu­taire elle-​même de l’Église : à cet apos­to­lat, tous sont des­ti­nés par le Seigneur lui-​même en ver­tu du bap­tême et de la confir­ma­tion. Les sacre­ments, sur­tout la sainte Eucharistie, com­mu­niquent et entre­tiennent cette cha­ri­té envers Dieu et les hommes, qui est l’âme de tout l’apostolat. Les laïcs sont appe­lés tout spé­cia­le­ment à assu­rer la pré­sence et l’action de l’Église dans les lieux et les cir­cons­tances où elle ne peut deve­nir autre­ment que par eux le sel de la terre [113]. Ainsi, tout laïc, en ver­tu des dons qui lui ont été faits, consti­tue un témoin et en même temps un ins­tru­ment vivant de la mis­sion de l’Église elle-​même, « à la mesure du don du Christ » (Ep 4, 7).

En plus de cet apos­to­lat, qui concerne tous les fidèles, les laïcs peuvent en outre, de diverses manières, être appe­lés à coopé­rer plus immé­dia­te­ment avec l’apostolat de la hié­rar­chie [114], à la façon de ces hommes et de ces femmes qui étaient des auxi­liaires de l’apôtre Paul dans l’Évangile, et, dans le Seigneur, dépen­saient un grand labeur (cf. Ph 4, 3 ; Rm 16, 3 s.). En outre, ils ont en eux une apti­tude à être assu­més par la hié­rar­chie en vue de cer­taines fonc­tions ecclé­sias­tiques à but spirituel.

À tous les laïcs, par consé­quent, incombe la noble charge de tra­vailler à ce que le des­sein divin de salut par­vienne de plus en plus à tous les hommes de tous les temps et de toute la terre. La voie doit donc leur être ouverte de toutes parts pour que, selon leurs forces et selon les néces­si­tés des temps, ils puissent acti­ve­ment par­ti­ci­per, eux aus­si, à l’œuvre de salut qui est celle de l’Église.

34. La par­ti­ci­pa­tion des laïcs au sacer­doce com­mun et au culte

Voulant pour­suivre éga­le­ment, par le moyen des laïcs, son témoi­gnage et son ser­vice, le Christ Jésus, prêtre suprême et éter­nel, leur apporte la vie par son Esprit, et les pousse inlas­sa­ble­ment à réa­li­ser tout bien et toute perfection.

À ceux qu’il s’unit inti­me­ment dans sa vie et dans sa mis­sion, il accorde, en outre, une part dans sa charge sacer­do­tale pour l’exercice du culte spi­ri­tuel en vue de la glo­ri­fi­ca­tion de Dieu et du salut des hommes. C’est pour­quoi les laïcs, en ver­tu de leur consé­cra­tion au Christ et de l’onction de l’Esprit Saint, reçoivent la voca­tion admi­rable et les moyens qui per­mettent à l’Esprit de pro­duire en eux des fruits tou­jours plus abon­dants. En effet, toutes leurs acti­vi­tés, leurs prières et leurs entre­prises apos­to­liques, leur vie conju­gale et fami­liale, leurs labeurs quo­ti­diens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pour­vu qu’elles soient patiem­ment sup­por­tées, tout cela devient « offrandes spi­ri­tuelles, agréables à Dieu par Jésus Christ » (cf. 1 P 2, 5), et dans la célé­bra­tion eucha­ris­tique, rejoint l’oblation du Corps du Seigneur pour être offert en toute pié­té au Père. C’est ain­si que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-​même, ren­dant par­tout à Dieu par la sain­te­té de leur vie un culte d’adoration.

35. La par­ti­ci­pa­tion des laïcs à la fonc­tion pro­phé­tique du Christ et au témoignage

Le Christ, grand pro­phète, qui par le témoi­gnage de sa vie et la ver­tu de sa parole a pro­cla­mé le Royaume du Père, accom­plit sa fonc­tion pro­phé­tique jusqu’à la pleine mani­fes­ta­tion de la gloire, non seule­ment par la hié­rar­chie qui enseigne en son nom et avec son pou­voir, mais aus­si par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en les pour­voyant du sens de la foi et de la grâce de la parole (cf. Ac 2, 17–18 ; Ap 19, 10), afin que brille dans la vie quo­ti­dienne, fami­liale et sociale, la ver­tu de l’Évangile. Ils se pré­sentent comme les fils de la pro­messe, lorsque, fermes dans la foi et dans l’espérance, ils mettent à pro­fit le moment pré­sent (cf. Ep 5, 16 ; Col 4, 5), et attendent avec constance la gloire à venir (cf. Rm 8, 25). Cette espé­rance, ils ne doivent pas la cacher dans le secret de leur cœur, mais l’exprimer aus­si à tra­vers les struc­tures de la vie du siècle par un effort conti­nu de conver­sion, en lut­tant « contre les sou­ve­rains de ce monde des ténèbres, contre les esprits du mal » (Ep 6, 12).

Tout comme les sacre­ments de la loi nou­velle, où s’alimentent la vie et l’apostolat des fidèles, pré­fi­gurent le ciel nou­veau et la nou­velle terre (cf. Ap 21, 1) , ain­si les laïcs deviennent les hérauts puis­sants de la foi en ce qu’on espère (cf. He 11, 1) s’ils unissent, sans hési­ta­tion, à une vie ani­mée par la foi la pro­fes­sion de cette même foi. Cette action évan­gé­li­sa­trice, c’est-à-dire cette annonce du Christ faite par le témoi­gnage de la vie et par la parole, prend un carac­tère spé­ci­fique et une par­ti­cu­lière effi­ca­ci­té du fait qu’elle s’accomplit dans les condi­tions com­munes du siècle.

Dans cet ordre de fonc­tions appa­raît la haute valeur de cet état de vie que sanc­ti­fie un sacre­ment spé­cial, à savoir la vie du mariage et de la famille. Le ter­rain d’exercice et l’école par excel­lence de l’apostolat des laïcs se trouvent là, dans la famille où la reli­gion chré­tienne pénètre toute l’organisation de la vie et la trans­forme chaque jour davan­tage. Là, les époux trouvent leur voca­tion propre : être l’un pour l’autre et pour leurs enfants témoins de la foi et de l’amour du Christ. La famille chré­tienne pro­clame hau­te­ment à la fois les ver­tus du Royaume de Dieu et l’espoir de la vie bien­heu­reuse. Ainsi, par son exemple et par son témoi­gnage, elle est la condam­na­tion du monde pécheur et la lumière pour ceux qui cherchent la vérité.

Par consé­quent, les laïcs peuvent et doivent, même occu­pés par leurs sou­cis tem­po­rels, exer­cer pour l’évangélisation du monde une action pré­cieuse. Certains d’entre eux, sui­vant leurs moyens, apportent, à défaut de ministres sacrés, ou quand ceux-​ci sont réduits à l’impuissance par un régime de per­sé­cu­tions, un concours de sup­pléance pour cer­tains offices sacrés ; de nom­breux autres dépensent toutes leurs forces dans l’action apos­to­lique ; mais, à tous, le devoir s’impose de coopé­rer à l’extension et au pro­grès du règne du Christ dans le monde. C’est pour­quoi les laïcs doivent cher­cher à connaître tou­jours plus pro­fon­dé­ment la véri­té révé­lée, et deman­der ins­tam­ment à Dieu le don de sagesse.

36. La par­ti­ci­pa­tion des laïcs au ser­vice royal

Le Christ, s’étant fait obéis­sant jusqu’à la mort et pour cela même ayant été exal­té par le Père (cf. Ph 2, 8–9), est entré dans la gloire de son Royaume ; à lui, tout est sou­mis, en atten­dant que lui-​même se sou­mette à son Père avec toute la créa­tion, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 27–28). Ce pou­voir, il l’a com­mu­ni­qué à ses dis­ciples pour qu’ils soient eux aus­si éta­blis dans la liber­té royale, pour qu’ils arrachent au péché son empire en eux-​mêmes par leur abné­ga­tion et la sain­te­té de leur vie (cf. Rm 6, 12), bien mieux, pour que, ser­vant le Christ éga­le­ment dans les autres, ils puissent, dans l’humilité et la patience, conduire leurs frères jusqu’au Roi dont les ser­vi­teurs sont eux-​mêmes des rois. En effet, le Seigneur désire étendre son règne éga­le­ment avec le concours des fidèles laïcs ; son règne qui est règne de véri­té et de vie, règne de sain­te­té et de grâce, règne de jus­tice, d’amour et de paix [115], règne où la créa­tion elle-​même sera affran­chie de l’esclavage de la cor­rup­tion pour connaître la liber­té glo­rieuse des fils de Dieu (cf. Rm 8, 21). Grande vrai­ment est la pro­messe, grand le com­man­de­ment don­né aux dis­ciples : « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 23).

Les fidèles doivent donc recon­naître la nature pro­fonde de toute la créa­tion, sa valeur et sa fina­li­té qui est la gloire de Dieu ; ils doivent, à tra­vers les tra­vaux même tem­po­rels, s’aider en vue d’une vie plus sainte, afin que le monde s’imprègne de l’Esprit du Christ et dans la jus­tice, la cha­ri­té et la paix atteigne plus effi­ca­ce­ment sa fin. Dans l’accomplissement uni­ver­sel de ce devoir, les laïcs ont la pre­mière place. Par leur com­pé­tence dans les dis­ci­plines pro­fanes et par leurs acti­vi­tés que la grâce du Christ élève au-​dedans, qu’ils s’appliquent de toutes leurs forces à obte­nir que les valeurs de la créa­tion soient culti­vées dans l’intérêt abso­lu­ment de tous les hommes, selon les fins du Créateur et la lumière de son Verbe, grâce au tra­vail de l’homme, à la tech­nique et à la culture, à obte­nir aus­si que ces biens soient mieux dis­tri­bués entre les hommes et ache­minent selon leur nature à un pro­grès uni­ver­sel dans la liber­té humaine et chré­tienne. Le Christ ain­si, à tra­vers les membres de l’Église, éclai­re­ra la socié­té humaine tout entière, et de plus en plus, de sa lumière qui sauve.

Que les laïcs, en outre, unissent leurs forces pour appor­ter aux ins­ti­tu­tions et aux condi­tions de vie dans le monde, quand elles pro­voquent au péché, les assai­nis­se­ments conve­nables, pour qu’elles deviennent toutes conformes aux règles de la jus­tice et favo­risent l’exercice des ver­tus au lieu d’y faire obs­tacle. En agis­sant ain­si, ils impré­gne­ront de valeur morale la culture et les œuvres humaines. Par là aus­si, le champ du monde se trouve mieux pré­pa­ré pour accueillir la semence de la Parole de Dieu, et les portes par les­quelles le mes­sage de paix entre dans le monde s’ouvrent plus lar­ge­ment à l’Église.

Conformément à l’économie elle-​même du salut, les fidèles doivent apprendre à dis­tin­guer avec soin entre les droits et les devoirs qui leur incombent en tant que membres de l’Église et ceux qui leur reviennent comme membres de la socié­té humaine. Qu’ils s’efforcent d’accorder les uns et les autres entre eux, har­mo­nieu­se­ment, se sou­ve­nant que la conscience chré­tienne doit être leur guide en tous domaines tem­po­rels, car aucune acti­vi­té humaine, fût-​elle d’ordre tem­po­rel, ne peut être sous­traite à l’empire de Dieu. Aux temps où nous sommes, il est extrê­me­ment néces­saire que, dans la façon d’agir des fidèles, brillent à la fois clai­re­ment et cette dis­tinc­tion et cette har­mo­nie, pour que la mis­sion de l’Église puisse répondre plus plei­ne­ment aux condi­tions par­ti­cu­lières du monde d’aujourd’hui. De même, en effet, qu’il faut recon­naître à la cité ter­restre, légi­ti­me­ment appli­quée aux sou­cis du siècle, le droit d’être régie par ses propres prin­cipes, de même, c’est à juste titre qu’est reje­tée la doc­trine néfaste qui pré­tend construire la socié­té sans aucune consi­dé­ra­tion pour la reli­gion et s’attaque à la liber­té reli­gieuse des citoyens pour l’éliminer [116].

37. Relation des laïcs avec la hiérarchie

Les laïcs, comme tous les chré­tiens, ont le droit de rece­voir en abon­dance des pas­teurs sacrés les res­sources qui viennent des tré­sors spi­ri­tuels de l’Église, en par­ti­cu­lier les secours de la Parole de Dieu et des sacre­ments [117]; ils ont le droit de s’ouvrir à ces mêmes pas­teurs avec toute la liber­té et la confiance qui conviennent à des fils de Dieu et à des frères dans le Christ de leurs besoins et de leurs vœux. Dans la mesure de leurs connais­sances, de leurs com­pé­tences et de leur situa­tion, ils ont la facul­té et même par­fois le devoir de mani­fes­ter leur sen­ti­ment en ce qui concerne le bien de l’Église [118]. Cela doit se faire, le cas échéant, par le moyen des ins­ti­tu­tions que l’Église a éta­blies pour cela, et tou­jours dans la sin­cé­ri­té, le cou­rage et la pru­dence, avec le res­pect et la cha­ri­té qu’on doit à ceux qui, en rai­son de leurs charges sacrées, tiennent la place du Christ.

Les laïcs, comme tous les fidèles, doivent embras­ser, dans la promp­ti­tude de l’obéissance chré­tienne, ce que les pas­teurs sacrés repré­sen­tant le Christ décident au nom de leur magis­tère et de leur auto­ri­té dans l’Église ; en cela, c’est l’exemple du Christ qu’ils suivent, lui qui, en obéis­sant jusqu’à la mort, a ouvert aux hommes la voie bien­heu­reuse de la liber­té des fils de Dieu. Qu’ils ne manquent pas de recom­man­der à Dieu, dans la prière, leurs chefs qui veillent sur nos âmes comme devant en rendre compte, afin qu’ils puissent le faire avec joie et non en gémis­sant (cf. He 13, 17).

Les pas­teurs, de leur côté, doivent recon­naître et pro­mou­voir la digni­té et la res­pon­sa­bi­li­té des laïcs dans l’Église ; ayant volon­tiers recours à la pru­dence de leurs conseils, leur remet­tant avec confiance des charges au ser­vice de l’Église, leur lais­sant la liber­té et la marge d’action, sti­mu­lant même leur cou­rage pour entre­prendre de leur propre mou­ve­ment. Qu’ils accordent avec un amour pater­nel atten­tion et consi­dé­ra­tion dans le Christ aux essais, vœux et dési­rs pro­po­sés par les laïcs [119], qu’ils res­pectent et recon­naissent la juste liber­té qui appar­tient à tous dans la cité terrestre.

De ce com­merce fami­lier entre laïcs et pas­teurs il faut attendre pour l’Église toutes sortes de biens : par là en effet s’affirme chez les laïcs le sens de leurs res­pon­sa­bi­li­tés propres, leur ardeur s’entretient et les forces des laïcs viennent plus faci­le­ment s’associer à l’action des pas­teurs. Ceux-​ci, avec l’aide de l’expérience des laïcs, sont mis en état de juger plus dis­tinc­te­ment et plus exac­te­ment en matière spi­ri­tuelle aus­si bien que tem­po­relle, et c’est toute l’Église qui pour­ra ain­si, ren­for­cée par tous ses membres, rem­plir pour la vie du monde plus effi­ca­ce­ment sa mission.

38. Conclusion

Chacun des laïcs doit devant le monde être le témoin de la résur­rec­tion et de la vie du Seigneur Jésus et signe du Dieu vivant. Tous ensemble et cha­cun pour sa part doivent nour­rir le monde des fruits spi­ri­tuels (cf. Ga 5, 22) et répandre sur lui cet esprit qui anime les pauvres, les doux, les paci­fiques que le Seigneur dans l’Évangile a pro­cla­més bien­heu­reux (cf. Mt 5, 3–9). En un mot « ce que l’âme est dans le corps, il faut que les chré­tiens le soient dans le monde [120] ».

Ch. V. La vocation universelle à la sainteté dans l’Église

39. Introduction

L’Église, dont le saint Concile pré­sente le mys­tère, est aux yeux de la foi indé­fec­ti­ble­ment sainte. En effet, le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est pro­cla­mé « le seul Saint [121] », a aimé l’Église comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanc­ti­fier (cf. Ep 5, 25–26), il se l’est unie comme son Corps et l’a com­blée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de Dieu. Aussi dans l’Église, tous, qu’ils appar­tiennent à la hié­rar­chie ou qu’ils soient régis par elle, sont appe­lés à la sain­te­té selon la parole de l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre sanc­ti­fi­ca­tion » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4). Cette sain­te­té de l’Église se mani­feste en per­ma­nence et doit se mani­fes­ter par les fruits de grâce que l’Esprit pro­duit dans les fidèles ; sous toutes sortes de formes, elle s’exprime en cha­cun de ceux qui tendent à la cha­ri­té par­faite, dans leur ligne propre de vie, en édi­fiant les autres ; elle appa­raît d’une manière par­ti­cu­lière dans la pra­tique des conseils qu’on a cou­tume d’appeler évan­gé­liques. Cette pra­tique des conseils assu­mée sous l’impulsion de l’Esprit Saint par un grand nombre de chré­tiens, soit à titre pri­vé, soit dans une condi­tion ou un état sanc­tion­nés par l’Église, apporte dans le monde et doit y appor­ter un lumi­neux témoi­gnage et un exemple de sainteté.

40. L’appel uni­ver­sel à la sainteté

Maître divin et modèle de toute per­fec­tion, le Seigneur Jésus a prê­ché à tous et cha­cun de ses dis­ciples, quelle que soit leur condi­tion, cette sain­te­té de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consom­ma­teur : « Vous donc, soyez par­faits comme votre Père céleste est par­fait » (Mt 5, 48) [122]. Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour les mou­voir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intel­li­gence et de toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30), et aus­si à s’aimer mutuel­le­ment comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12). Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son des­sein gra­cieux, jus­ti­fiés en Jésus notre Seigneur, les dis­ciples du Christ sont véri­ta­ble­ment deve­nus par le bap­tême de la foi, fils de Dieu, par­ti­ci­pants de la nature divine et, par la même, réel­le­ment saints. Cette sanc­ti­fi­ca­tion qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conser­ver et l’achever par leur vie. C’est l’apôtre qui les aver­tit de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3) , de revê­tir « comme des élus de Dieu saints et bien-​aimés, des sen­ti­ments de misé­ri­corde, de bon­té, d’humilité, de dou­ceur, de lon­ga­ni­mi­té » (Col 3, 12), por­tant les fruits de l’Esprit pour leur sanc­ti­fi­ca­tion (cf. Ga 5, 22 ; Rm 6, 22). Cependant comme nous nous ren­dons tous fau­tifs en bien des points (cf. Jc 3, 2), nous avons constam­ment besoin de la misé­ri­corde de Dieu et nous devons tous les jours dire dans notre prière : « Pardonne-​nous nos offenses » (Mt 6, 12) [123].

Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plé­ni­tude de la vie chré­tienne et à la per­fec­tion de la cha­ri­té s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie [124] ; dans la socié­té ter­restre elle-​même, cette sain­te­té contri­bue à pro­mou­voir plus d’humanité dans les condi­tions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obte­nir cette per­fec­tion, afin que, mar­chant sur ses traces et se confor­mant à son image, accom­plis­sant en tout la volon­té du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au ser­vice du pro­chain. Ainsi la sain­te­té du Peuple de Dieu s’épanouira en fruits abon­dants, comme en témoigne avec éclat à tra­vers la vie de tant de saints l’histoire de l’Église.

41. Les formes mul­tiples d’exercice de l’unique sainteté

À tra­vers les formes diverses de vie et les charges dif­fé­rentes, il n’y a qu’une seule sain­te­té culti­vée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéis­sant à la voix du Père et ado­rant Dieu le Père en esprit et en véri­té, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et char­gé de sa croix, pour méri­ter de deve­nir par­ti­ci­pants de sa gloire. Chacun doit inlas­sa­ble­ment avan­cer, selon ses propres dons et fonc­tions, par la voie d’une foi vivante, géné­ra­trice d’espérance et ouvrière de charité.

Ceux qui ont reçu la charge de pas­teurs à l’égard du trou­peau du Christ doivent tout les pre­miers, à l’image du grand Prêtre éter­nel, Pasteur et Évêque de nos âmes, rem­plir leur minis­tère dans la sain­te­té et l’ardeur, l’humilité et la force : accom­pli dans ces condi­tions, il sera pour eux-​mêmes un moyen puis­sant de sanc­ti­fi­ca­tion. Choisis pour rece­voir la plé­ni­tude du sacer­doce, ils béné­fi­cient de la grâce sacra­men­telle pour exer­cer en per­fec­tion la charge de la cha­ri­té pas­to­rale [125] par la prière, le sacri­fice, la pré­di­ca­tion, et sous toutes ses formes, le soin et le ser­vice épis­co­pal, accep­tant sans crainte de don­ner leur vie pour leurs bre­bis et deve­nant un modèle pour leur trou­peau (cf. 1 P 5, 3), aidant enfin l’Église par leur exemple à avan­cer chaque jour en sainteté.

À la res­sem­blance de l’ordre des évêques dont ils consti­tuent la cou­ronne spi­ri­tuelle [126], et à la grâce de qui ils par­ti­cipent par le Christ, éter­nel et unique Médiateur, les prêtres doivent gran­dir en amour pour Dieu et le pro­chain par l’exercice quo­ti­dien de leur tâche, gar­der entre eux le lien de la com­mu­nion sacer­do­tale, être riches de tous les biens spi­ri­tuels et offrir à tous un vivant témoi­gnage de Dieu [127], émules de ces prêtres, qui le long des temps ont lais­sé, par leur ser­vice sou­vent humble et obs­cur, un écla­tant exemple de sain­te­té. L’Église de Dieu pro­clame leur louange. Offrant pour leur peuple et pour tout le Peuple de Dieu, au titre même de leur charge, la prière et le sacri­fice, conscients de ce qu’ils font et se confor­mant aux mys­tères qu’ils accom­plissent [128], bien loin d’être entra­vés par les sou­cis, les périls et les épreuves apos­to­liques, ils doivent par là au contraire s’élever à une plus haute sain­te­té, en cher­chant dans l’abondance de la contem­pla­tion de quoi nour­rir et sou­te­nir leur acti­vi­té, pour appor­ter leur encou­ra­ge­ment à l’Église entière de Dieu. Que tous les prêtres et ceux-​là spé­cia­le­ment qui, au titre par­ti­cu­lier de leur ordi­na­tion, portent le nom de prêtres dio­cé­sains, se sou­viennent de ce que leur sain­te­té peut gagner à leur union fidèle et à leur géné­reuse coopé­ra­tion avec leur évêque.

À la mis­sion et à la grâce du Souverain Prêtre par­ti­cipent aus­si d’une façon spé­ciale les ministres de l’ordre infé­rieur ; et d’abord les diacres qui doivent, en ser­vant le mys­tère du Christ et de l’Église [129], se gar­der purs de tous vices, cher­cher à plaire à Dieu et à être devant les hommes les ins­tru­ments de tout bien pos­sible (cf. 1 Tm 3, 8–10.12–13). Les clercs, qui, appe­lés par Dieu et réser­vés pour être la part de Dieu, se pré­parent aux charges du minis­tère sous la vigi­lance des pas­teurs, ont le devoir de mettre leur esprit et leur cœur en accord avec une si haute voca­tion en se mon­trant assi­dus à la prière, fer­vents en cha­ri­té, n’ayant d’autre pen­sée que ce qui est vrai, juste et hono­rable, fai­sant tout pour la gloire et l’honneur de Dieu. Il faut y ajou­ter les laïcs choi­sis par Dieu qui, pour se livrer plei­ne­ment aux tra­vaux de l’apostolat, sont appe­lés par l’évêque et tra­vaillent sur le champ du Seigneur, en y fai­sant beau­coup de fruits [130].

Quant aux époux et aux parents chré­tiens, il leur faut, en sui­vant leur propre route, s’aider mutuel­le­ment dans la fidé­li­té de l’amour avec l’aide de la grâce, tout le long de leur vie, incul­quant aux enfants qu’ils ont reçus de Dieu, avec amour, les véri­tés chré­tiennes et les ver­tus de l’Évangile. Par là, en effet, ils donnent à tous l’exemple d’un amour inlas­sable et géné­reux, ils contri­buent à l’édification de la cha­ri­té fra­ter­nelle et apportent à la fécon­di­té de l’Église notre Mère, leur témoi­gnage et leur coopé­ra­tion, en signe et par­ti­ci­pa­tion de l’amour que le Christ a eu pour son Epouse et qui l’a fait se livrer pour elle [131]. Un exemple sem­blable est don­né par les veuves et les céli­ba­taires dont le concours peut être pour la sain­te­té et l’activité dans l’Église de grande valeur. Pour ceux qui se livrent à des tra­vaux sou­vent pénibles, leur acti­vi­té d’homme doit les enri­chir per­son­nel­le­ment, leur per­mettre d’aider leurs conci­toyens et de contri­buer à éle­ver le niveau de la socié­té tout entière et de la créa­tion, à imi­ter enfin, par une cha­ri­té active, le Christ qui a vou­lu pra­ti­quer le tra­vail manuel et qui, avec son Père, ne cesse d’agir pour le salut de tous, cela dans une joyeuse espé­rance, s’aidant mutuel­le­ment à por­ter leurs far­deaux, mon­tant par leur tra­vail quo­ti­dien à une sain­te­té tou­jours plus haute, même sous la forme apostolique.

Qu’ils se sachent eux aus­si unis tout spé­cia­le­ment au Christ souf­frant pour le salut du monde, ceux sur qui pèsent la pau­vre­té, l’infirmité, la mala­die, les épreuves diverses, ou qui souffrent per­sé­cu­tion pour la jus­tice : le Seigneur dans l’Évangile les a décla­rés bien­heu­reux et « le Dieu de toute grâce qui nous a appe­lés dans le Christ à sa gloire éter­nelle, après une courte épreuve, les réta­bli­ra lui-​même, les affer­mi­ra et les ren­dra inébran­lables » (1 P 5, 10).

Ainsi donc tous ceux qui croient au Christ iront en se sanc­ti­fiant tou­jours plus dans les condi­tions, les charges et les cir­cons­tances qui sont celles de leur vie et grâce à elles, si cepen­dant ils reçoivent avec foi toutes choses de la main du Père céleste et coopèrent à l’accomplissement de la volon­té de Dieu, en fai­sant paraître aux yeux de tous, dans leur ser­vice tem­po­rel lui-​même, la cha­ri­té avec laquelle Dieu a aimé le monde.

42. Voies et moyens de la sainteté

« Dieu est cha­ri­té et celui qui demeure dans la cha­ri­té demeure en Dieu et Dieu en lui » (cf. 1 Jn 4, 16). Sa cha­ri­té, Dieu l’a répan­due dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été don­né (cf. Rm 5, 5). La cha­ri­té qui nous fait aimer Dieu par-​dessus tout et le pro­chain à cause de lui est par consé­quent le don pre­mier et le plus néces­saire. Mais pour que la cha­ri­té, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fruc­ti­fie, chaque fidèle doit s’ouvrir volon­tiers à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en œuvre sa volon­té, par­ti­ci­per fré­quem­ment aux sacre­ments, sur­tout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec per­sé­vé­rance à la prière, à l’abnégation de soi-​même, au ser­vice actif de ses frères et à l’exercice de toutes les ver­tus. La cha­ri­té en effet, étant le lien de la per­fec­tion et la plé­ni­tude de la loi (cf. Col 3, 14 ; Rm 13, 10), oriente tous les moyens de sanc­ti­fi­ca­tion, leur donne leur âme et les conduit à leur fin [132]. C’est donc la cha­ri­té envers Dieu et envers le pro­chain qui marque le véri­table dis­ciple du Christ.

Jésus, le Fils de Dieu, ayant mani­fes­té sa cha­ri­té en don­nant sa vie pour nous, per­sonne ne peut aimer davan­tage qu’en don­nant sa vie pour lui et pour ses frères (cf. 1 Jn 3, 16 ; Jn 15, 13). À ce témoi­gnage suprême d’amour ren­du devant tous et sur­tout devant les per­sé­cu­teurs, depuis la pre­mière heure, quelques-​uns par­mi les chré­tiens ont été appe­lés et d’autres y seront appe­lés sans cesse. C’est pour­quoi le mar­tyre dans lequel le dis­ciple est assi­mi­lé à son maître, accep­tant libre­ment la mort pour le salut du monde, et ren­du sem­blable à lui dans l’effusion de son sang, est consi­dé­ré par l’Église comme une grâce émi­nente et la preuve suprême de la cha­ri­té. Que si cela n’est don­né qu’à un petit nombre, tous cepen­dant doivent être prêts à confes­ser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le che­min de la croix, à tra­vers les per­sé­cu­tions qui ne manquent jamais à l’Église.

La sain­te­té de l’Église est entre­te­nue spé­cia­le­ment par les conseils, sous des formes mul­tiples, que le Seigneur, dans l’Évangile, a pro­po­sés à l’observation de ses dis­ciples [133]. Parmi ces conseils, en pre­mière place, il y a ce don pré­cieux de grâce fait par le Père à cer­tains (cf. Mt 19, 11 ; 1 Co 7, 7) de se vouer à Dieu seul plus faci­le­ment sans par­tage du cœur, dans la vir­gi­ni­té ou le céli­bat (cf. 1 Co 7, 32–34) [134]. Cette conti­nence par­faite à cause du règne de Dieu a tou­jours été l’objet de la part de l’Église d’un hon­neur spé­cial, comme signe et sti­mu­lant de la cha­ri­té et comme une source par­ti­cu­lière de fécon­di­té spi­ri­tuelle dans le monde.

L’Église se remé­more l’avertissement de l’apôtre qui pro­voque les fidèles à la cha­ri­té et les exhorte à éprou­ver en eux cela même qui fut dans le Christ, lequel « s’anéantit lui-​même pre­nant condi­tion d’esclave […] se fai­sant obéis­sant jusqu’à la mort » (Ph 2, 7–8), et se fai­sant pour nous « pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). L’imitation et le témoi­gnage de cette cha­ri­té et humi­li­té du Christ s’imposent en véri­té aux dis­ciples en per­ma­nence ; c’est pour­quoi l’Église notre Mère se réjouit de ce qu’il se trouve dans son sein, en grand nombre, des hommes et des femmes pour vou­loir suivre de plus près et mani­fes­ter plus clai­re­ment l’anéantissement du Sauveur, en assu­mant, dans la liber­té des fils de Dieu, la pau­vre­té et en renon­çant à leur propre volon­té, pour se sou­mettre à cause de Dieu à une créa­ture humaine, en matière de per­fec­tion, allant aus­si au-​delà de ce qu’exige le pré­cepte, afin de se confor­mer plus plei­ne­ment au Christ obéis­sant [135].

Ch. VI. Les religieux

43. La pro­fes­sion des conseils évan­gé­liques dans un état de vie recon­nu dans l’Église

Les conseils évan­gé­liques de chas­te­té vouée à Dieu, de pau­vre­té et d’obéissance, étant fon­dés sur les paroles et les exemples du Seigneur, ayant la recom­man­da­tion des Apôtres, des Pères, des doc­teurs et pas­teurs de l’Église, consti­tuent un don divin que l’Église a reçu de son Seigneur et que, par sa grâce, elle conserve tou­jours. L’autorité de l’Église, sous la conduite de l’Esprit Saint, a veillé elle-​même à en fixer la doc­trine et en régler la pra­tique, en ins­ti­tuant même des formes de vie stables sur la base de ces conseils. Comme un arbre qui se rami­fie de façon admi­rable et mul­tiple dans le champ du Seigneur, à par­tir d’un germe semé par Dieu, naquirent et se déve­lop­pèrent ain­si des formes variées de vie soli­taire ou com­mune, des familles diverses dont le capi­tal spi­ri­tuel pro­fite à la fois aux membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ [136]. Ces familles assurent à leurs membres les secours d’une plus grande sta­bi­li­té dans leur forme de vie, d’une doc­trine éprou­vée pour tendre à la per­fec­tion, d’une com­mu­nion fra­ter­nelle dans le com­bat pour le Christ, d’une liber­té for­ti­fiée par l’obéissance afin de pou­voir rem­plir avec sécu­ri­té et gar­der fidè­le­ment les exi­gences de leur pro­fes­sion reli­gieuse en avan­çant dans la joie spi­ri­tuelle sur la route de la cha­ri­té [137].

Cet état de vie, compte tenu de la consti­tu­tion divine et hié­rar­chique de l’Église, ne se situe pas entre la condi­tion du clerc et celle du laïc. Dieu y appelle des fidèles du Christ de l’une et de l’autre condi­tion pour jouir dans la vie de l’Église de ce don spé­cial et ser­vir à la mis­sion salu­taire de l’Église, cha­cun à sa manière [138].

44. Nature et impor­tance de l’état reli­gieux dans l’Église

Par les vœux (ou d’autres enga­ge­ments sacrés assi­mi­lés aux vœux par leur nature même), le fidèle du Christ s’oblige à la pra­tique des trois conseils évan­gé­liques sus­dits ; il est livré entiè­re­ment à Dieu, qu’il aime par-​dessus tout, et ain­si il est ordon­né au ser­vice du Seigneur et à son hon­neur à un titre nou­veau et par­ti­cu­lier. Le bap­tême déjà l’avait fait mou­rir au péché et consa­cré à Dieu, mais pour pou­voir recueillir en plus grande abon­dance le fruit de la grâce bap­tis­male, il veut, par la pro­fes­sion faite dans l’Église des conseils évan­gé­lique, se libé­rer des sur­charges qui pour­raient le rete­nir dans sa recherche d’une cha­ri­té fer­vente et d’un culte par­fait à rendre à Dieu, et se consa­crer plus inti­me­ment au ser­vice divin [139]. Cette consé­cra­tion sera d’autant plus par­faite que des liens plus fermes et plus stables repro­dui­ront davan­tage l’image du Christ uni à l’Église son Epouse par un lien indissoluble.

Mais comme les conseils évan­gé­liques, grâce à la cha­ri­té à laquelle ils conduisent [140], unissent de manière spé­ciale ceux qui les pra­tiquent à l’Église et à son mys­tère, leur vie spi­ri­tuelle doit se vouer éga­le­ment au bien de toute l’Église. D’où le devoir de tra­vailler, cha­cun selon ses forces et selon la forme de sa propre voca­tion, soit par la prière, soit aus­si par son acti­vi­té effec­tive, pour le règne du Christ à enra­ci­ner et à ren­for­cer dans les âmes, à répandre par tout l’univers. C’est pour­quoi l’Église pro­tège et sou­tient le carac­tère propre des divers ins­ti­tuts religieux.

La pro­fes­sion des conseils évan­gé­liques appa­raît en consé­quence comme un signe qui peut et doit exer­cer une influence effi­cace sur tous les membres de l’Église dans l’accomplissement cou­ra­geux des devoirs de leur voca­tion chré­tienne. En effet, le Peuple de Dieu n’a pas ici-​bas de cité per­ma­nente, il est en quête de la cité future, or l’état reli­gieux, qui assure aux siens une liber­té plus grande à l’égard des charges ter­restres, mani­feste aus­si davan­tage aux yeux de tous les croyants les biens célestes déjà pré­sents en ce temps, il atteste l’existence d’une vie nou­velle et éter­nelle acquise par la Rédemption du Christ, il annonce enfin la résur­rec­tion à venir et la gloire du Royaume des cieux. De plus, il s’efforce d’imiter de plus près et il repré­sente conti­nuel­le­ment dans l’Église cette forme de vie que le Fils de Dieu a prise en venant au monde pour faire la volon­té du Père et qu’il a pro­po­sée aux dis­ciples qui le sui­vaient. Il fait voir enfin d’une manière par­ti­cu­lière com­ment le règne de Dieu est éle­vé au-​dessus de toutes les choses ter­restres et com­bien ses néces­si­tés sont suprêmes ; il montre à tous les hommes la sur­émi­nente gran­deur de la puis­sance du Christ régnant et la puis­sance de l’Esprit Saint en action dans l’Église de façon admirable.

L’état de vie consti­tué par la pro­fes­sion des conseils évan­gé­liques, s’il ne concerne pas la struc­ture hié­rar­chique de l’Église, appar­tient donc cepen­dant sans conteste à sa vie et à sa sainteté.

45. L’autorité de l’Église à l’égard des religieux

La fonc­tion de la hié­rar­chie dans l’Église étant celle du pas­teur qui conduit le Peuple de Dieu aux riches pâtu­rages (cf. Ez 34, 14), c’est à elle qu’il revient d’instituer des lois qui régle­ront sage­ment la pra­tique des conseils évan­gé­liques, ins­tru­ment sin­gu­lier au ser­vice de la cha­ri­té par­faite envers Dieu et envers le pro­chain [141]. Suivant avec doci­li­té les impul­sions de l’Esprit Saint, elle accueille les règles pro­po­sées par des hommes ou des femmes de pre­mier ordre et, après les avoir encore plus par­fai­te­ment ordon­nés, elle leur donne une appro­ba­tion authen­tique ; enfin, avec auto­ri­té elle est là pour veiller et étendre sa pro­tec­tion sur les ins­ti­tuts créés un peu par­tout en vue de l’édification du Corps du Christ afin que, dans la fidé­li­té à l’esprit de leurs fon­da­teurs, ils croissent et fleurissent.

Par ailleurs, pour qu’il soit mieux pour­vu aux néces­si­tés du trou­peau du Seigneur dans son ensemble, le Souverain Pontife peut, en rai­son du pri­mat qui est le sien sur l’Église uni­ver­selle, et en consi­dé­ra­tion de l’intérêt com­mun, sous­traire tout ins­ti­tut de per­fec­tion et cha­cun de ses sujets à la juri­dic­tion de l’Ordinaire du lieu et se le subor­don­ner à soi seul [142]. De même peuvent-​ils être lais­sés ou confiés à la charge de leur propre auto­ri­té patriar­cale. Quant aux membres des ins­ti­tuts, ils doivent, dans l’accomplissement de leurs devoirs envers l’Église selon leur forme par­ti­cu­lière de vie, obser­ver à l’égard des évêques, selon les lois cano­niques, la révé­rence et l’obéissance qui leur sont dues à cause de leur auto­ri­té pas­to­rale sur les Églises par­ti­cu­lières et à cause, dans le tra­vail apos­to­lique, de la néces­si­té de l’unité et de la concorde [143].

L’Église n’apporte pas seule­ment à la pro­fes­sion reli­gieuse la sanc­tion qui lui donne la digni­té d’un état cano­nique de vie ; par son action litur­gique elle-​même, elle la pré­sente comme un état de consé­cra­tion à Dieu. Elle reçoit elle-​même, au nom de l’autorité que Dieu lui a confiée, les vœux des pro­fès ; elle demande à Dieu pour eux dans la prière publique les secours et la grâce, elle les recom­mande à Dieu et leur accorde une béné­dic­tion spi­ri­tuelle en asso­ciant leur offrande au sacri­fice eucharistique.

46. Grandeur de la pro­fes­sion des conseils évangéliques

Les reli­gieux doivent tendre de tout leur effort à ce que, par eux, chaque jour de mieux en mieux, l’Église mani­feste le Christ aux fidèles comme aux infi­dèles : soit dans sa contem­pla­tion sur la mon­tagne, soit dans son annonce aux foules du Royaume de Dieu, soit encore quand il gué­rit les malades et les infirmes et conver­tit les pécheurs à une vie féconde, quand il bénit les enfants et répand sur tout ses bien­faits, accom­plis­sant en tout cela, dans l’obéissance, la volon­té du Père qui l’envoya [144] . Que tous enfin soient per­sua­dés que la pro­fes­sion des conseils évan­gé­liques, tout en com­por­tant renon­cia­tion à des biens qui méritent indis­cu­ta­ble­ment l’estime, ne fait cepen­dant nul­le­ment obs­tacle au pro­grès de la per­sonne humaine, mais au contraire, de par sa nature, lui est du plus grand pro­fit. En effet, les conseils, volon­tai­re­ment accep­tés selon la voca­tion per­son­nelle de cha­cun, contri­buent consi­dé­ra­ble­ment à la puri­fi­ca­tion du cœur et à la liber­té spi­ri­tuelle ; ils sti­mulent en per­ma­nence la fer­veur de la cha­ri­té et sur­tout sont capables d’assurer aux chré­tiens une confor­mi­té plus grande avec la condi­tion de vir­gi­ni­té et de pau­vre­té que le Christ Seigneur a vou­lue pour lui-​même et qu’a embras­sée la Vierge sa Mère, ain­si que le prouve l’exemple de tant de saints fon­da­teurs. Nul ne doit pen­ser que les reli­gieux par leur consé­cra­tion deviennent étran­gers aux hommes ou inutiles dans la cité ter­restre. Car s’ils ne sont pas tou­jours direc­te­ment pré­sents aux côtés de leurs contem­po­rains, ils leur sont pré­sents plus pro­fon­dé­ment dans le cœur du Christ, coopé­rant spi­ri­tuel­le­ment avec eux, pour que la construc­tion de la cité ter­restre ait tou­jours son fon­de­ment dans le Seigneur et soit orien­tée vers lui, afin que ceux qui bâtissent ne risquent pas de pei­ner en vain [145]. C’est pour­quoi enfin le saint Concile approuve et loue ces hommes et ces femmes, ces frères et ces sœurs qui, dans les monas­tères, dans les écoles et les hôpi­taux, dans les mis­sions, apportent à l’Epouse du Christ la parure d’une constante et humble fidé­li­té à leur consé­cra­tion, et à tous les hommes leurs ser­vices aus­si géné­reux que divers.

47. Conclusion

Quant à tous ceux qui sont appe­lés à la pro­fes­sion des conseils, il leur appar­tient de veiller avec soin à per­sé­vé­rer dans la voca­tion, quelle qu’elle soit, à laquelle ils ont été appe­lés, à y pro­gres­ser sans cesse pour une plus grande sain­te­té de l’Église, pour la plus grande gloire de l’unique et indi­vi­sible Trinité qui, dans le Christ et par le Christ, est de toute sain­te­té la source et l’origine.

Ch. VII. Le caractère eschatologique de l’Église en pèlerinage et son union avec l’Église du ciel

48. Caractère escha­to­lo­gique de la voca­tion chrétienne

L’Église, à laquelle dans le Christ Jésus nous sommes tous appe­lés et dans laquelle par la grâce de Dieu nous acqué­rons la sain­te­té, n’aura que dans la gloire céleste sa consom­ma­tion, lorsque vien­dra le temps où sont renou­ve­lées toutes choses (Ac 3, 1) et que, avec le genre humain, tout l’univers lui-​même, inti­me­ment uni avec l’homme et attei­gnant par lui sa des­ti­née, trou­ve­ra dans le Christ sa défi­ni­tive per­fec­tion (cf. Ep 1, 10 ; Col 1, 20 ; 2 P 3, 10–13).

Le Christ éle­vé de terre a tiré à lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32 grec) ; res­sus­ci­té des morts (cf. Rm 6, 9), il a envoyé sur ses Apôtres son Esprit de vie et par lui a consti­tué son Corps, qui est l’Église, comme le sacre­ment uni­ver­sel du salut ; assis à la droite du Père, il exerce conti­nuel­le­ment son action dans le monde pour conduire les hommes vers l’Église, se les unir par elle plus étroi­te­ment et leur faire part de sa vie glo­rieuse en leur don­nant pour nour­ri­ture son propre Corps et son Sang. La nou­velle condi­tion pro­mise et espé­rée a déjà reçu dans le Christ son pre­mier com­men­ce­ment ; l’envoi du Saint-​Esprit lui a don­né son élan et par lui elle se conti­nue dans l’Église où la foi nous ins­truit sur la signi­fi­ca­tion même de notre vie tem­po­relle, dès lors que nous menons à bonne fin, avec l’espérance des biens futurs, la tâche qui nous a été confiée par le Père et que nous fai­sons ain­si notre salut (cf. Ph 2, 12).

Ainsi donc déjà les der­niers temps sont arri­vés pour nous (cf. 1 Co 10, 11) . Le renou­vel­le­ment du monde est irré­vo­ca­ble­ment acquis et, en réa­li­té, anti­ci­pé dès main­te­nant : en effet, déjà sur terre l’Église est parée d’une sain­te­té encore impar­faite mais déjà véri­table. Cependant, jusqu’à l’heure où seront réa­li­sés les nou­veaux cieux et la nou­velle terre où la jus­tice habite (cf. 2 P 3, 13), l’Église en pèle­ri­nage porte dans ses sacre­ments et ses ins­ti­tu­tions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ; elle a sa place par­mi les créa­tures qui gémissent pré­sen­te­ment encore dans les dou­leurs de l’enfantement, atten­dant la mani­fes­ta­tion des fils de Dieu (cf. Rm 8, 19- 22).

Ainsi donc, unis au Christ dans l’Église et mar­qués de l’Esprit Saint, « gages de notre héri­tage » (Ep 1, 14), en toute véri­té nous sommes appe­lés enfants de Dieu, et nous le sommes (cf. 1 Jn 3, 1) ; mais l’heure n’est pas encore venue où nous paraî­trons avec le Christ dans la gloire (cf. Col 3, 4), deve­nus sem­blables à Dieu parce que nous le ver­rons tel qu’il est (cf. 1 Jn 3, 2). « Tant que nous demeu­rons dans ce corps, nous sommes en exil loin du Seigneur » (2 Co 5, 6), pos­sé­dant les pré­mices de l’Esprit, nous gémis­sons inté­rieu­re­ment (cf. Rm 8, 23) et nous aspi­rons à être avec le Christ (cf. Ph 1, 23). La même cha­ri­té nous presse du désir de vivre davan­tage pour lui, qui est mort pour nous et res­sus­ci­té (cf. 2 Co 5, 15). Nous avons donc à cœur de plaire au Seigneur en toutes choses (cf. 2 Co 5, 9) et nous endos­sons l’armure de Dieu afin de pou­voir tenir contre les embûches du démon et lui résis­ter au jour mau­vais (cf. Ep 6, 11–13). Ignorants du jour et de l’heure, il faut que, sui­vant l’avertissement du Seigneur, nous res­tions constam­ment vigi­lants pour pou­voir, quand s’achèvera le cours unique de notre vie ter­restre (cf. He 9, 27), être admis avec lui aux noces et comp­tés par­mi les bénis de Dieu (cf. Mt 25, 31–46), au lieu d’être, comme les mau­vais et les pares­seux ser­vi­teurs (cf. Mt 25, 26) écar­tés par l’ordre de Dieu vers le feu éter­nel (cf. Mt 25, 41), vers ces ténèbres du dehors où « seront les pleurs et les grin­ce­ments de dents » (Mt 22, 13 ; 25, 30). En effet, avant de régner avec le Christ glo­rieux, tous nous devrons être mis un jour « devant le tri­bu­nal du Christ, pour que cha­cun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait pen­dant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal » (2 Co 5, 10) ; et à la fin du monde « les hommes sor­ti­ront du tom­beau, ceux qui auront fait le bien pour une résur­rec­tion de vie, ceux qui auront fait le mal pour une résur­rec­tion de condam­na­tion « (Jn 5, 29 ; cf. Mt 25, 46). « C’est pour­quoi, esti­mant qu’il n’y a pas de pro­por­tion entre les peines du pré­sent et la gloire qui doit se mani­fes­ter en nous » (Rm 8, 18 ; cf. 2 Tm 2, 11–12), « nous atten­dons, solides dans la foi, la bien­heu­reuse espé­rance et la mani­fes­ta­tion glo­rieuse de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus » (Tt 2, 13) « qui trans­for­me­ra notre corps de misère en un corps sem­blable à son corps de gloire » (Ph 3, 21), et qui vien­dra « pour être glo­ri­fié dans ses saints et admi­ré en tous ceux qui auront cru » (2 Th 1, 10).

49. La com­mu­nion entre l’Église céleste et l’Église sur terre

Ainsi donc, en atten­dant que le Seigneur soit venu dans sa majes­té, accom­pa­gné de tous les anges (cf. Mt 25, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été sou­mis (cf. 1 Co 15, 26–27), les uns par­mi ses dis­ciples conti­nuent sur terre leur pèle­ri­nage ; d’autres, ayant ache­vé leur vie, se puri­fient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire, contem­plant « dans la pleine lumière, tel qu’il est, le Dieu un en trois Personnes [146] ». Tous cepen­dant, à des degrés et sous des formes diverses, nous com­mu­nions dans la même cha­ri­té envers Dieu et envers le pro­chain, chan­tant à notre Dieu le même hymne de gloire. En effet, tous ceux qui sont du Christ et pos­sèdent son Esprit, consti­tuent une seule Église et se tiennent mutuel­le­ment comme un tout dans le Christ (cf. Ep 4, 16). Donc, l’union de ceux qui sont encore en che­min, avec leurs frères qui se sont endor­mis dans la paix du Christ, ne connaît pas la moindre inter­mit­tence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est ren­for­cée par l’échange des biens spi­ri­tuels [147]. Étant en effet liés plus inti­me­ment avec le Christ, les habi­tants du ciel contri­buent à affer­mir plus soli­de­ment l’Église en sain­te­té, ils ajoutent à la gran­deur du culte que l’Église rend à Dieu sur la terre et de mul­tiples façons l’aident à se construire plus lar­ge­ment (cf. 1 Co 12, 12–27) [148]. Admis dans la patrie et pré­sents au Seigneur (cf. 2 Co 5, 8), par lui, avec lui et en lui, ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père [149], offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (cf. 1 Tm 2, 5), ser­vant le Seigneur en toutes choses et com­plé­tant en leur chair ce qui manque aux souf­frances du Christ en faveur de son Corps qui est l’Église (cf. Col 1, 24). Ainsi leur sol­li­ci­tude fra­ter­nelle est pour notre infir­mi­té du plus grand secours [150].

50. Les rap­ports de l’Église de la terre avec l’Église du ciel

Reconnaissant dès l’abord cette com­mu­nion qui existe à l’intérieur du Corps mys­tique de Jésus Christ, l’Église, en ses membres qui che­minent sur la terre dès les pre­miers temps du chris­tia­nisme, a entou­ré de beau­coup de pié­té la mémoire des défunts [151] en offrant aus­si pour eux ses suf­frages, car « la pen­sée de prier pour les morts, afin qu’ils soient déli­vrés de leurs péchés, est une pen­sée sainte et pieuse » (2 M 12, 45). Quant aux Apôtres et aux mar­tyrs du Christ, qui don­nèrent le témoi­gnage suprême de la foi et de la cha­ri­té dans l’effusion de leur sang, l’Église a tou­jours cru qu’ils se trou­vaient dans le Christ plus étroi­te­ment unis avec nous ; en même temps que la bien­heu­reuse Vierge Marie et les saints anges, elle les a entou­rés d’une par­ti­cu­lière fer­veur [152], sol­li­ci­tant pieu­se­ment le secours de leur inter­ces­sion. À ceux-​là s’en ajou­tèrent bien­tôt d’autres, ceux qui avaient choi­si d’imiter de plus près la vir­gi­ni­té et la pau­vre­té du Christ [153], d’autres enfin que l’exercice plus écla­tant des ver­tus chré­tiennes [154] et les grâces insignes de Dieu recom­man­daient à la pieuse dévo­tion et à l’imitation des fidèles [155].

En effet, de contem­pler la vie des hommes qui ont sui­vi fidè­le­ment le Christ, est un nou­veau sti­mu­lant à recher­cher la Cité à venir (cf. He 13, 14 ; 11, 10), et en même temps nous appre­nons par là à connaître le che­min par lequel, à pro­pos des vicis­si­tudes du monde, selon l’état et la condi­tion propres à cha­cun, il nous sera pos­sible de par­ve­nir à l’union par­faite avec le Christ, c’est-à-dire à la sain­te­té [156]. Dans la vie de nos com­pa­gnons d’humanité plus par­fai­te­ment trans­for­més à l’image du Christ (cf. 2 Co 3, 18), Dieu mani­feste aux hommes dans une vive lumière sa pré­sence et son visage. En eux, Dieu lui-​même nous parle, il nous donne un signe de son Royaume [157] et nous y attire puis­sam­ment, tant est grande la nuée de témoins qui nous enve­loppe (cf. He 12, 1) et tant la véri­té de l’Évangile se trouve attestée.

Mais nous ne véné­rons pas seule­ment au titre de leur exemple la mémoire des habi­tants du ciel ; nous cher­chons bien davan­tage par là à ren­for­cer (grâce à l’exercice de la cha­ri­té fra­ter­nelle) l’union de toute l’Église dans l’Esprit (cf. Ep 4, 1–6). Car tout comme la com­mu­nion entre les chré­tiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ain­si la com­mu­nau­té avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-​même [158]. Il est donc au plus haut point conve­nable que nous aimions ces amis et cohé­ri­tiers de Jésus Christ, nos frères aus­si et nos insignes bien­fai­teurs, que nous ren­dions à Dieu pour eux les grâces qui leur sont dues [159], « les invo­quant avec ardeur, recou­rant à leurs prières, à leur secours et à leur aide pour obte­nir de Dieu par son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, notre seul Rédempteur et Sauveur, les bien­faits que nous dési­rons [160] ». Car tout témoi­gnage authen­tique d’amour pré­sen­té par nous aux habi­tants du ciel, par sa nature même, tend, comme vers son terme au Christ « cou­ronne de tous les saints [161] » et par lui à Dieu qui est admi­rable en ses saints et glo­ri­fié en eux [162].

C’est sur­tout dans la sainte litur­gie que se réa­lise de la façon la plus haute notre union avec l’Église du ciel : là en effet, par les signes sacra­men­tels s’exerce sur nous la ver­tu de l’Esprit Saint ; là nous pro­cla­mons, dans une joie com­mune, la louange de la divine Majesté [163] ; tous, rache­tés dans le sang du Christ, de toute tri­bu, langue, peuple ou nation (cf. Ap 5, 9) et ras­sem­blés en l’unique Église, nous glo­ri­fions, dans un chant una­nime de louange, le Dieu un en trois Personnes. La célé­bra­tion du sacri­fice eucha­ris­tique est le moyen suprême de notre union au culte de l’Église du ciel, tan­dis que, « unis dans une même com­mu­nion, nous véné­rons d’abord la mémoire de la glo­rieuse Marie tou­jours vierge, de saint Joseph, des bien­heu­reux Apôtres et mar­tyrs, et de tous les saints [164] ».

51. Directives pastorales

Cette foi véné­rable de nos pères en la com­mu­nion de vie qui existe avec nos frères déjà en pos­ses­sion de la gloire céleste, ou en voie de puri­fi­ca­tion après leur mort, le saint Concile la recueille avec pié­té ; il pro­pose à nou­veau les décrets des saints Conciles : le deuxième de Nicée [165], celui de Florence [166], celui de Trente [167]. En même temps, dans sa sol­li­ci­tude pas­to­rale, il exhorte tous les res­pon­sables, au cas où des abus, des excès ou des manques auraient pu ici où là s’introduire, à y por­ter avec zèle remède, en écar­tant ou cor­ri­geant le mal, et en res­tau­rant toutes choses de façon que le Christ et Dieu soient plus par­fai­te­ment loués. Qu’ils enseignent aux fidèles que le culte authen­tique des saints ne consiste pas tant à mul­ti­plier les actes exté­rieurs, mais plu­tôt à pra­ti­quer un amour fervent et effec­tif, cher­chant, pour notre plus grand bien et celui de l’Église, « à fré­quen­ter les saints pour les imi­ter, à nous unir à eux pour avoir part à leur sort, à obte­nir le secours de leur inter­ces­sion [168] ». Par ailleurs, qu’on montre bien aux fidèles que la fré­quen­ta­tion des habi­tants du ciel, si elle est conçue selon la pleine lumière de la foi, bien loin de dimi­nuer le culte d’adoration ren­du à Dieu le Père par le Christ dans l’Esprit, l’enrichit au contraire plus géné­reu­se­ment [169].

En effet lorsque la cha­ri­té mutuelle et la louange una­nime de la Très Sainte Trinité nous font com­mu­nier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne fai­sons dans le Christ qu’une seule famille (cf. He 3, 6), nous répon­dons à la voca­tion pro­fonde de l’Église, et nous pre­nons par avance une part déjà savou­reuse à la litur­gie de la gloire par­faite [170]. À l’heure où le Christ appa­raî­tra, quand se réa­li­se­ra la glo­rieuse résur­rec­tion des morts, la clar­té de Dieu illu­mi­ne­ra la Cité céleste et l’Agneau sera son flam­beau (cf. Ap 21, 24). Alors l’Église des saints tout entière, dans la joie suprême de la cha­ri­té, ado­re­ra Dieu et « l’Agneau qui a été égor­gé » (Ap 5, 12), pro­cla­mant d’une seule voix : « À celui qui siège sur le trône et à l’Agneau, louange, hon­neur, gloire et domi­na­tion dans les siècles des siècles » (Ap 5, 13–14).

Ch. VIII. La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église

I. Introduction

52. La Sainte Vierge dans le mys­tère du Christ

Ayant réso­lu, dans sa très grande bon­té et sagesse, d’opérer la rédemp­tion du monde, Dieu « quand vint la plé­ni­tude du temps, envoya son Fils né d’une femme… pour faire de nous des fils adop­tifs » (Ga 4, 4–5). C’est ain­si que son Fils, « à cause de nous les hommes et pour notre salut, des­cen­dit du ciel et prit chair de la Vierge Marie par l’action du Saint-​Esprit [171] ». Ce divin mys­tère de salut se révèle pour nous et se conti­nue dans l’Église, que le Seigneur a éta­blie comme son Corps et dans laquelle les croyants, atta­chés au Christ chef et unis dans une même com­mu­nion avec tous ses saints, se doivent de véné­rer, « en tout pre­mier lieu la mémoire de la glo­rieuse Marie, tou­jours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ [172].

53. La Sainte Vierge et l’Église

La Vierge Marie en effet, qui, lors de l’Annonciation angé­lique, reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et pré­sen­ta au monde la Vie, est recon­nue et hono­rée comme la véri­table Mère de Dieu et du Rédempteur. Rachetée de façon émi­nente en consi­dé­ra­tion des mérites de son Fils, unie à lui par un lien étroit et indis­so­luble, elle reçoit cette immense charge et digni­té d’être la Mère du Fils de Dieu, et, par consé­quent, la fille de pré­di­lec­tion du Père et le sanc­tuaire du Saint-​Esprit, don excep­tion­nel de grâce qui la met bien loin au-​dessus de toutes les créa­tures dans le ciel et sur la terre. Mais elle se trouve aus­si réunie, comme des­cen­dante d’Adam, à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut ; bien mieux, elle est vrai­ment « Mère des membres [du Christ]… ayant coopé­ré par sa cha­ri­té à la nais­sance dans l’Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef [173] ». C’est pour­quoi encore elle est saluée comme un membre sur­émi­nent et abso­lu­ment unique de l’Église, modèle et exem­plaire admi­rables pour celle-​ci dans la foi et dans la cha­ri­té, objet de la part de l’Église catho­lique, ins­truite par l’Esprit Saint, d’un sen­ti­ment filial de pié­té, comme il convient pour une mère très aimante.

54. L’intention du Concile

Aussi, pré­sen­tant la doc­trine de l’Église en laquelle le divin Rédempteur opère notre salut, le saint Concile se pro­pose de mettre avec soin en lumière, d’une part le rôle de la bien­heu­reuse Vierge dans le mys­tère du Verbe incar­né et du Corps mys­tique, et d’autre part les devoirs des hommes rache­tés envers la Mère de Dieu, Mère du Christ et Mère des hommes, des croyants en pre­mier lieu ; le Concile tou­te­fois n’a pas l’intention de faire au sujet de Marie un expo­sé doc­tri­nal com­plet, ni de tran­cher les ques­tions que le tra­vail des théo­lo­giens n’a pu encore ame­ner à une lumière totale. Par consé­quent, les opi­nions demeurent légi­times qui sont libre­ment pro­po­sées dans les écoles catho­liques au sujet de celle qui occupe dans la Sainte Église la place la plus éle­vée au-​dessous du Christ, et nous est toute proche [174].

II. Rôle de la Sainte Vierge dans l’économie du salut

55. La Mère du Messie dans l’Ancien Testament

Les Saintes Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament et la Tradition véné­rable mettent dans une lumière de plus en plus grande le rôle de la Mère du sau­veur dans l’économie du salut et le pro­posent pour ain­si dire à notre contem­pla­tion. Les livres de l’Ancien Testament, en effet, décrivent l’histoire du salut et la lente pré­pa­ra­tion de la venue du Christ au monde. Ces docu­ments pri­mi­tifs, tels qu’ils sont lus dans l’Église et com­pris à la lumière de la révé­la­tion pos­té­rieure et com­plète, font appa­raître pro­gres­si­ve­ment dans une plus par­faite clar­té la figure de la femme, Mère du Rédempteur. Dans cette clar­té, celle-​ci se trouve pro­phé­ti­que­ment esquis­sée dans la pro­messe (faite à nos pre­miers parents après la chute) d’une vic­toire sur le ser­pent (cf. Gn 3, 15). De même, c’est elle, la Vierge, qui conce­vra et enfan­te­ra un fils auquel sera don­né le nom d’Emmanuel (cf. Is 7, 14 ; cf. Mi 5, 2–3 ; Mt 1, 22–23). Elle occupe la pre­mière place par­mi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excel­lence, après la longue attente de la pro­messe, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nou­velle, lorsque le Fils de Dieu, par elle, prit la nature humaine pour libé­rer l’homme du péché par les mys­tères de sa chair.

56. Marie à l’Annonciation

Mais il plut au Père des misé­ri­cordes que l’Incarnation fût pré­cé­dée par une accep­ta­tion de la part de cette Mère pré­des­ti­née, en sorte que, une femme ayant contri­bué à l’œuvre de mort, de même une femme contri­buât aus­si à la vie. Ce qui est vrai à un titre excep­tion­nel de la Mère de Jésus qui don­na au monde la vie des­ti­née à tout renou­ve­ler, et fut pour­vue par Dieu de dons à la mesure d’une si grande tâche. Rien d’étonnant, par consé­quent, à ce que l’usage se soit éta­bli chez les saints Pères, d’appeler la Mère de Dieu la Toute Sainte, indemne de toute tache de péché, ayant été comme pétrie par l’Esprit Saint, et for­mée comme une nou­velle créa­ture [175]. Enrichie dès le pre­mier ins­tant de sa concep­tion d’une sain­te­té écla­tante abso­lu­ment unique, la Vierge de Nazareth est saluée par l’ange de l’Annonciation, qui parle au nom de Dieu, comme « pleine de grâce » (cf. Lc 1, 28). Messager céleste auquel elle fait cette réponse : « Voici la ser­vante du Seigneur, qu’il en soit de moi selon ta parole » (Lc 1, 38). Ainsi Marie, fille d’Adam, don­nant à la Parole de Dieu son consen­te­ment, devint Mère de Jésus et, épou­sant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volon­té divine de salut, se livra elle-​même inté­gra­le­ment, comme la ser­vante du Seigneur, à la per­sonne et à l’œuvre de son Fils, pour ser­vir, dans sa dépen­dance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-​puissant, au mys­tère de la Rédemption. C’est donc à juste titre que les saints Pères consi­dèrent Marie non pas sim­ple­ment comme un ins­tru­ment pas­sif aux mains de Dieu, mais comme appor­tant au salut des hommes la coopé­ra­tion de sa libre foi et de son obéis­sance. En effet, comme dit saint Irénée, « par son obéis­sance elle est deve­nue, pour elle-​même et pour tout le genre humain, cause du salut [176] ». Aussi avec lui, un bon nombre d’anciens Pères disent volon­tiers dans leurs pré­di­ca­tions : « Le nœud dû à la déso­béis­sance d’Ève s’est dénoué par l’obéissance de Marie ; ce qu’Ève la vierge avait noué par son incré­du­li­té, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi [177] » ; com­pa­rant Marie avec Ève, ils appellent Marie « la Mère des vivants [178] » et déclarent sou­vent : « Par Ève la mort, par Marie la vie [179]

57. La Sainte Vierge et l’enfance de Jésus

Cette union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre du salut est mani­feste dès l’heure de la concep­tion vir­gi­nale du Christ jusqu’à sa mort ; et d’abord quand Marie, par­tant en hâte pour visi­ter Élisabeth, est saluée par elle du nom de bien­heu­reuse pour avoir cru au salut pro­mis, tan­dis que le Précurseur tres­saillait au sein de sa mère (cf. Lc 1, 41–45) ; lors de la Nativité ensuite, quand la Mère de Dieu pré­sen­ta dans la joie aux pas­teurs et aux mages son Fils premier-​né, dont la nais­sance était non la perte mais la consé­cra­tion de son inté­gri­té vir­gi­nale [180]. Puis lorsque, dans le Temple, après avoir fait l’offrande des pauvres, elle pré­sen­ta son Fils au Seigneur, elle enten­dit Siméon pro­phé­ti­ser en même temps que le Fils serait un signe de contra­dic­tion, et que l’âme de la mère serait trans­per­cée d’un glaive : ain­si se révé­le­raient les pen­sées intimes d’un grand nombre (cf. Lc 2, 34–35). Ayant per­du l’Enfant Jésus et l’ayant cher­ché avec angoisse, ses parents le trou­vèrent au Temple occu­pé dans la mai­son de son Père, et la parole du Fils ne fut pas com­prise par eux. Sa mère cepen­dant gar­dait tout cela dans son cœur et le médi­tait (cf. Lc 2, 41–51).

58. La Sainte Vierge et le minis­tère public de Jésus

Pendant la vie publique de Jésus, sa mère appa­raît expres­sé­ment, et dès le début, quand aux noces de Cana en Galilée, tou­chée de pitié, elle pro­voque par son inter­ces­sion le pre­mier signe de Jésus le Messie (cf. Jn 2, 1–11) . Au cours de la pré­di­ca­tion de Jésus, elle accueillit les paroles par les­quelles le Fils, met­tant le Royaume au-​delà des consi­dé­ra­tions et des liens de la chair et du sang, pro­cla­mait bien­heu­reux ceux qui écoutent et observent la Parole de Dieu (cf. Mc 3, 35 par. et Lc 11, 27–28), comme elle le fai­sait fidè­le­ment elle-​même (cf. Lc 2, 19.51). Ainsi la bien­heu­reuse Vierge avan­ça dans son pèle­ri­nage de foi, gar­dant fidè­le­ment l’union avec son Fils jusqu’à la croix où, non sans un des­sein divin, elle était debout (cf. Jn 19, 25), souf­frant cruel­le­ment avec son Fils unique, asso­ciée d’un cœur mater­nel à son sacri­fice, don­nant à l’immolation de la vic­time, née de sa chair, le consen­te­ment de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mou­rant sur la croix, don­née comme sa Mère au dis­ciple par ces mots : « Femme, voi­ci ton Fils [181] » (cf. Jn 19, 26–27).

59. La Sainte Vierge après l’Ascension

Mais Dieu ayant vou­lu que le mys­tère du salut des hommes ne se mani­fes­tât ouver­te­ment qu’à l’heure où il répan­drait l’Esprit pro­mis par le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « per­sé­vé­rant d’un même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appe­lant elle aus­si de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-​même prise sous son ombre. Enfin la Vierge imma­cu­lée, pré­ser­vée par Dieu de toute souillure de la faute ori­gi­nelle [182], ayant accom­pli le cours de sa vie ter­restre, fut éle­vée corps et âme à la gloire du ciel [183], et exal­tée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ain­si plus entiè­re­ment conforme à son Fils, Seigneur des sei­gneurs (cf. Ap 19, 16), vic­to­rieux du péché et de la mort [184].

III. La Vierge et l’Église

60. Marie, ser­vante du Seigneur

Unique est notre Médiateur selon les paroles de l’Apôtre : « Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aus­si qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-​même, qui s’est don­né en ran­çon pour tous » (1 Tm 2, 5–6). Mais le rôle mater­nel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne dimi­nue en rien cette unique média­tion du Christ : il en mani­feste au contraire la vertu.

Car toute influence salu­taire de la part de la bien­heu­reuse Vierge sur les hommes a sa source dans une dis­po­si­tion pure­ment gra­tuite de Dieu : elle ne naît pas d’une néces­si­té objec­tive, mais découle de la sur­abon­dance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa média­tion, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa ver­tu ; l’union immé­diate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empê­chée, mais au contraire favorisée.

61. Marie, l’associée du Seigneur

La bien­heu­reuse Vierge, pré­des­ti­née de toute éter­ni­té, à l’intérieur du des­sein d’incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en ver­tu d’une dis­po­si­tion de la Providence divine, l’aimable Mère du divin Rédempteur, géné­reu­se­ment asso­ciée à son œuvre à un titre abso­lu­ment unique, humble ser­vante du Seigneur. En conce­vant le Christ, en le met­tant au monde, en le nour­ris­sant, en le pré­sen­tant dans le Temple à son Père, en souf­frant avec son Fils qui mou­rait sur la croix, elle appor­ta à l’œuvre du Sauveur une coopé­ra­tion abso­lu­ment sans pareille par son obéis­sance, sa foi, son espé­rance, son ardente cha­ri­té, pour que soit ren­due aux âmes la vie sur­na­tu­relle. C’est pour­quoi elle est deve­nue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère.

62. Marie, Mère de la grâce

À par­tir du consen­te­ment qu’elle appor­ta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle main­tint sous la croix dans sa fer­me­té, cette mater­ni­té de Marie dans l’économie de la grâce se conti­nue sans inter­rup­tion jusqu’à la consom­ma­tion défi­ni­tive de tous les élus. En effet, après l’Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son inter­ces­sion mul­tiple, elle conti­nue à nous obte­nir les dons qui assurent notre salut éter­nel [185]. Son amour mater­nel la rend atten­tive aux frères de son Fils dont le pèle­ri­nage n’est pas ache­vé, et qui se trouvent enga­gés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils par­viennent à la patrie bien­heu­reuse. C’est pour­quoi la bien­heu­reuse Vierge est invo­quée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxi­lia­trice, secou­rable, média­trice [186], tout cela cepen­dant enten­du de telle sorte que nulle déro­ga­tion, nulle addi­tion n’en résulte quant à la digni­té et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ [187] .

Aucune créa­ture en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incar­né et rédemp­teur. Mais tout comme le sacer­doce du Christ est par­ti­ci­pé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bon­té de Dieu se répand réel­le­ment sous des formes diverses dans les créa­tures, ain­si l’unique média­tion du Rédempteur n’exclut pas, mais sus­cite au contraire une coopé­ra­tion variée de la part des créa­tures, en dépen­dance de l’unique source.

Ce rôle subor­don­né de Marie, l’Église le pro­fesse sans hési­ta­tion ; elle ne cesse d’en faire l’expérience ; elle le recom­mande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours mater­nels les aident à s’attacher plus inti­me­ment au Médiateur et Sauveur.

63. Marie, modèle de l’Église

La bien­heu­reuse Vierge, de par le don et la charge de sa mater­ni­té divine qui l’unissent à son fils, le Rédempteur, et de par les grâces et les fonc­tions sin­gu­lières qui sont siennes, se trouve éga­le­ment en intime union avec l’Église : de l’Église, comme l’ ensei­gnait déjà saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la cha­ri­té et de la par­faite union au Christ [188]. En effet, dans le mys­tère de l’Église, qui reçoit elle aus­si à juste titre le nom de Mère et de Vierge, la bien­heu­reuse Vierge Marie occupe la pre­mière place, offrant, à un titre émi­nent et sin­gu­lier, le modèle de la vierge et de la mère [189] : par sa foi et son obéis­sance, elle a engen­dré sur la terre le Fils lui-​même du Père, sans connaître d’homme, enve­lop­pée par l’Esprit Saint, comme une nou­velle Ève qui donne, non à l’antique ser­pent, mais au mes­sa­ger de Dieu, une foi que nul doute n’altère. Elle engen­dra son Fils, dont Dieu a fait le premier-​né par­mi beau­coup de frères (Rm 8, 29), c’est-à-dire par­mi les croyants, à la nais­sance et à l’éducation des­quels elle apporte la coopé­ra­tion de son amour maternel.

64. L’Église, Mère et Vierge

Mais en contem­plant la sain­te­té mys­té­rieuse de la Vierge et en imi­tant sa cha­ri­té, en accom­plis­sant fidè­le­ment la volon­té du Père, l’Église (grâce à la Parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi) devient à son tour Mère : par la pré­di­ca­tion en effet, et par le bap­tême, elle engendre à une vie nou­velle et immor­telle des fils conçus du Saint-​Esprit et nés de Dieu. Elle aus­si est vierge, ayant don­né à son Epoux sa foi, qu’elle garde intègre et pure ; imi­tant la Mère de son Seigneur, elle conserve, par la ver­tu du Saint- Esprit, dans leur pure­té vir­gi­nale une foi intègre, une ferme espé­rance, une cha­ri­té sin­cère [190].

65. L’Église et l’imitation des ver­tus de Marie

Cependant, si l’Église en la per­sonne de la bien­heu­reuse Vierge atteint déjà à la per­fec­tion sans tache ni ride (cf. Ep 5, 27), les fidèles du Christ, eux, sont encore ten­dus dans leur effort pour croître en sain­te­té par la vic­toire sur le péché : c’est pour­quoi ils lèvent leurs yeux vers Marie exem­plaire de ver­tu qui rayonne sur toute la com­mu­nau­té des élus. En se recueillant avec pié­té dans la pen­sée de Marie, qu’elle contemple dans la lumière du Verbe fait homme, l’Église pénètre avec res­pect plus avant dans le mys­tère suprême de l’Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son Époux. En effet inti­me­ment entrée dans l’histoire du salut, Marie ras­semble et reflète en elle-​même d’une cer­taine façon les requêtes suprêmes de la foi et lorsqu’on la prêche et l’honore, elle ren­voie les croyants à son Fils et à son sacri­fice, ain­si qu’à l’amour du Père. L’Église, à son tour, pour­sui­vant la gloire du Christ, se fait de plus en plus sem­blable à son grand modèle en pro­gres­sant conti­nuel­le­ment dans la foi, l’espérance et la cha­ri­té, en recher­chant et accom­plis­sant en tout la divine volon­té. C’est pour­quoi, dans l’exercice de son apos­to­lat, l’Église regarde à juste titre vers celle qui engen­dra le Christ, conçu du Saint-​Esprit et né de la Vierge pré­ci­sé­ment afin de naître et de gran­dir aus­si par l’Église dans le cœur des fidèles. La Vierge a été par sa vie le modèle de cet amour mater­nel dont doivent être ani­més tous ceux qui, asso­ciés à la mis­sion apos­to­lique de l’Église, coopèrent pour la régé­né­ra­tion des hommes.

IV. Le culte de la Vierge dans l’Église

66. Nature et fon­de­ment du culte de la Sainte Vierge

Ayant pris part, comme la Mère très sainte de Dieu, aux mys­tères du Christ, éle­vée par la grâce de Dieu, après son Fils, au-​dessus de tous les anges et les hommes, Marie est légi­ti­me­ment hono­rée par l’Église d’un culte spé­cial. Et de fait, depuis les temps les plus recu­lés, la bien­heu­reuse Vierge est hono­rée sous le titre de « Mère de Dieu » ; et les fidèles se réfu­gient sous sa pro­tec­tion, l’implorant dans tous les dan­gers et leurs besoins [191]. Surtout depuis le Concile d’Ephèse, le culte du Peuple de Dieu envers Marie a connu un mer­veilleux accrois­se­ment, sous les formes de la véné­ra­tion et de l’amour, de l’invocation et de l’imitation, réa­li­sant ses propres paroles pro­phé­tiques : « Toutes les géné­ra­tions m’appelleront bien­heu­reuse, car le Tout-​Puissant a fait en moi de grandes choses » (Lc 1, 48). Ce culte, tel qu’il a tou­jours exis­té dans l’Église, pré­sente un carac­tère abso­lu­ment unique ; il n’en est pas moins essen­tiel­le­ment dif­fé­rent du culte d’adoration qui est ren­du au Verbe incar­né ain­si qu’au Père et à l’Esprit Saint ; il est émi­nem­ment apte à le ser­vir. En effet, les formes diverses de pié­té envers la Mère de Dieu, que l’Église approuve (main­te­nues dans les limites d’une saine doc­trine ortho­doxe) en res­pec­tant les condi­tions de temps et de lieu, le tem­pé­ra­ment et le génie des peuples fidèles, font que, à tra­vers l’honneur ren­du à sa Mère, le Fils, pour qui tout existe (cf. Col 1, 15–16) et en qui il a plu au Père éter­nel « de faire habi­ter toute la plé­ni­tude » (Col 1, 19), peut être comme il le doit, connu, aimé, glo­ri­fié et obéi dans ses commandements.

67. L’esprit de la pré­di­ca­tion et du culte de la Sainte Vierge

Cette doc­trine catho­lique, le saint Concile l’enseigne for­mel­le­ment. Il invite en même temps les fils de l’Église à appor­ter un concours géné­reux au culte, sur­tout litur­gique, envers la bien­heu­reuse Vierge, à faire grand cas des pra­tiques et exer­cices de pié­té envers elle, que le magis­tère a recom­man­dés au cours des siècles et à conser­ver reli­gieu­se­ment toutes les règles por­tées dans le pas­sé au sujet du culte des images du Christ, de la bien­heu­reuse Vierge et des saints [192]. Il exhorte vive­ment les théo­lo­giens et ceux qui portent la Parole de Dieu à s’abstenir avec le plus grand soin, quand la digni­té unique de la Mère de Dieu est en cause, à la fois de tout excès contraire à la véri­té et non moins d’une étroi­tesse injus­ti­fiée [193]. L’application à la Sainte Écriture, aux écrits des Pères et des doc­teurs, à l’étude des litur­gies de l’Église, sous la conduite du magis­tère, doit leur faire mettre dans une juste lumière le rôle et les pri­vi­lèges de la bien­heu­reuse Vierge, les­quels sont tou­jours orien­tés vers le Christ, source de toute véri­té, sain­te­té et pié­té. Qu’ils se gardent avec le plus grand soin de toute parole ou de tout geste sus­cep­tibles d’induire en erreur (sur la véri­table doc­trine de l’Église) soit nos frères sépa­rés, soit toute autre per­sonne. Que les fidèles se sou­viennent en outre qu’une véri­table dévo­tion ne consiste nul­le­ment dans un mou­ve­ment sté­rile et éphé­mère de la sen­si­bi­li­té, pas plus que dans une vaine cré­du­li­té ; la vraie dévo­tion pro­cède de la vraie foi, qui nous conduit à recon­naître la digni­té émi­nente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à pour­suivre l’imitation de ses vertus.

V. Marie, signe d’espérance et de consolation pour le Peuple de Dieu en marche

68. Marie, signe d’espérance

Cependant, tout comme dans le ciel où elle est déjà glo­ri­fiée corps et âme, la Mère de Jésus repré­sente et inau­gure l’Église en son achè­ve­ment dans le siècle futur, de même sur cette terre, en atten­dant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3, 10), elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèle­ri­nage comme un signe d’espérance assu­rée et de consolation.

69. Marie et l’union des chrétiens

Le saint Concile trouve une grande joie et conso­la­tion au fait que, par­mi nos frères sépa­rés, il n’en manque pas qui rendent à la Mère de notre Seigneur et Sauveur l’honneur qui lui est dû, chez les Orientaux en par­ti­cu­lier, les­quels vont, d’un élan fervent et d’une âme toute dévouée, vers la Mère de Dieu tou­jours Vierge pour lui rendre leur culte [194]. Il faut que tous les fidèles croyants adressent à la Mère de Dieu et la Mère des hommes d’instantes sup­pli­ca­tions, afin qu’après avoir assis­té de ses prières l’Église nais­sante, main­te­nant encore, exal­tée dans le ciel au-​dessus de tous les bien­heu­reux et des anges, elle conti­nue d’intercéder près de son Fils dans la com­mu­nion de tous les saints, jusqu’à ce que toutes les familles des peuples, qu’ils soient déjà mar­qués du beau nom de chré­tiens ou qu’ils ignorent encore leur Sauveur, soient enfin heu­reu­se­ment ras­sem­blés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu à la gloire de la Très Sainte et indi­vi­sible Trinité.

Tout l’ensemble et cha­cun des points qui ont été édic­tés dans cette consti­tu­tion dog­ma­tique ont plu aux Pères. Et Nous, en ver­tu du pou­voir apos­to­lique que Nous tenons du Christ, en union avec les véné­rables Pères, Nous les approu­vons, arrê­tons et décré­tons dans le Saint-​Esprit, et Nous ordon­nons que ce qui a été ain­si éta­bli en Concile soit pro­mul­gué pour la gloire de Dieu.

Rome, à Saint-​Pierre, le 21 novembre 1964.

Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.

(Suivent les signa­tures des Pères)

Extraits des actes du Concile

Notifications
Faites par le secré­taire géné­ral du Concile au cours de la 123e congré­ga­tion géné­rale, le 16 novembre 1964 [195].

On a deman­dé quelle devait être la qua­li­fi­ca­tion théo­lo­gique de la doc­trine expo­sée dans le sché­ma sur l’Église et sou­mise au vote. À cette ques­tion la com­mis­sion doc­tri­nale a don­né la réponse sui­vante : « Comme il est évident de soi, un texte de Concile doit tou­jours être inter­pré­té sui­vant les règles géné­rales que tous connaissent. À ce pro­pos la com­mis­sion doc­tri­nale ren­voie à sa décla­ra­tion du 6 mars 1964, dont nous trans­cri­vons ici le texte. « Compte tenu de l’usage des conciles et du but pas­to­ral du Concile actuel, celui-​ci ne défi­nit comme devant être tenus par l’Église que les seuls points concer­nant la foi et les mœurs qu’il aura clai­re­ment décla­rés tels. « Quant aux autres points pro­po­sés par le Concile, en tant qu’ils sont l’enseignement du magis­tère suprême de l’Église, tous et cha­cun des fidèles doivent les rece­voir et les entendre selon l’esprit du Concile lui-​même qui res­sort soit de la matière trai­tée, soit de la manière dont il s’exprime, selon les normes de l’interprétation théologique. »

De par l’autorité supé­rieure est com­mu­ni­quée aux Pères une note expli­ca­tive pré­li­mi­naire au sujet des « modi » concer­nant le cha­pitre 3 du sché­ma sur l’Église. La doc­trine expo­sée dans ce cha­pitre 3 doit être expli­quée et com­prise selon l’esprit et le libel­lé de cette note.

Nota Explicativa Praevia – Note explicative préliminaire

La com­mis­sion a déci­dé de faire pré­cé­der l’examen des « modi [196] » par les obser­va­tions géné­rales qui suivent :

1. Collège n’est pas pris au sens stric­te­ment juri­dique, c’est-à-dire d’un groupe d’égaux qui délé­gue­raient leur pou­voir à leur pré­sident, mais d’un groupe stable, dont la struc­ture et l’autorité doivent être déduites de la Révélation.

C’est pour­quoi la réponse au modus 12 dit expli­ci­te­ment des Douze que le Seigneur les a éta­blis à la manière d’un col­lège ou groupe stable [197]. Voir aus­si le modus 53 c.

Pour la même rai­son on emploie aus­si çà et là au sujet du col­lège épis­co­pal les termes d’ordre et de corps. Le paral­lé­lisme entre Pierre et les autres Apôtres d’une part, et le Souverain Pontife et les évêques d’autre part, n’implique pas la trans­mis­sion du pou­voir extra­or­di­naire des Apôtres à leurs suc­ces­seurs, ni – c’est évident – l’éga­li­té entre le chef et les membres du col­lège, mais seule­ment une pro­por­tion­na­li­té entre le pre­mier rap­port (Pierre-​Apôtres) et le second (pape-​évêques). Aussi la com­mis­sion a‑t-​elle déci­dé d’écrire au n° 22, non pas de la même manière mais d’une manière sem­blable (cf. modus 57) [198].

2. On devient membre du col­lège en ver­tu de la consé­cra­tion épis­co­pale et par la com­mu­nion hié­rar­chique avec le chef du col­lège et ses membres (cf. n° 22, § 2 à la fin) [199].

Dans la consé­cra­tion est don­née la par­ti­ci­pa­tion onto­lo­gique aux fonc­tions (mune­ra) sacrées comme il res­sort de façon indu­bi­table de la Tradition et aus­si de la tra­di­tion litur­gique. De pro­pos déli­bé­ré on emploie le terme de fonc­tions (mune­ra) et non pas celui de pou­voir (potes­tas), parce que ce der­nier pour­rait s’entendre d’un pou­voir apte à s’exercer en acte. Mais pour qu’un tel pou­voir apte à s’exercer existe, doit inter­ve­nir la déter­mi­na­tion cano­nique ou juri­dique de la part de l’autorité hié­rar­chique. Cette déter­mi­na­tion du pou­voir peut consis­ter dans la conces­sion par­ti­cu­lière d’une fonc­tion ou dans l’assignation de sujets, et elle est don­née selon les normes approu­vées par l’autorité suprême. Une telle norme ulté­rieure est requise par la nature de la chose, parce qu’il s’agit de fonc­tions qui doivent être exer­cées par plu­sieurs sujets qui, de par la volon­té du Christ, coopèrent de façon hié­rar­chique. Il est évident que cette « com­mu­nion » a été appli­quée dans la vie de l’Église sui­vant les cir­cons­tances des temps avant d’avoir été comme codi­fiée dans le droit.

C’est pour­quoi on dit expres­sé­ment qu’est requise la com­mu­nion hié­rar­chique avec le chef et les membres de l’Église. La com­mu­nion est une notion tenue en grand hon­neur dans l’ancienne Église (comme aujourd’hui encore, notam­ment en Orient). On ne l’entend pas de quelque vague sen­ti­ment, mais d’une réa­li­té orga­nique, qui exige une forme juri­dique et est ani­mée en même temps par la cha­ri­té. Aussi, d’un consen­te­ment presque una­nime, la com­mis­sion a‑t-​elle déci­dé qu’il fal­lait écrire : « En com­mu­nion hié­rar­chique » (cf. modus 40 et aus­si ce qui est dit de la mis­sion cano­nique au n° 24) [200].

Les docu­ments des Souverains Pontifes récents au sujet de la juri­dic­tion des évêques doivent être inter­pré­tés d’après cette déter­mi­na­tion néces­saire des pouvoirs.

3. Du col­lège, qui n’existe pas sans son chef, on dit : « qu’il est aus­si sujet du pou­voir suprême et plé­nier dans l’Église uni­ver­selle ». Il faut admettre néces­sai­re­ment cela pour ne pas mettre en ques­tion la plé­ni­tude du pou­voir du Pontife romain. En effet le col­lège s’entend néces­sai­re­ment et tou­jours avec son chef, qui dans le col­lège garde inté­gra­le­ment sa charge de vicaire du Christ et de pas­teur de l’Église uni­ver­selle. En d’autres termes, la dis­tinc­tion n’est pas entre le Pontife romain et les évêques pris ensemble, mais entre le Pontife romain seul et le Pontife romain ensemble avec les évêques. Parce qu’il est le chef du col­lège, le Souverain Pontife seul peut poser cer­tains actes qui ne reviennent d’aucune manière aux évêques, par exemple convo­quer le col­lège et le diri­ger, approu­ver les normes d’action, etc. (cf. modus 81). Il relève du juge­ment du Souverain Pontife, à qui a été confié le soin de tout le trou­peau du Christ, de déter­mi­ner, selon les besoins de l’Église qui varient au cours des temps, de quelle manière il convient de rendre effec­tif ce soin, soit de manière per­son­nelle, soit de manière col­lé­giale. Pour régler, pro­mou­voir et approu­ver l’exercice col­lé­gial, le Souverain Pontife pro­cède sui­vant sa propre dis­cré­tion, en consi­dé­ra­tion du bien de l’Église.

4. En tant que Pasteur suprême de l’Église, le Souverain Pontife peut exer­cer à son gré son pou­voir en tout temps, comme cela est requis par sa charge même. Quant au col­lège, il existe bien tou­jours, mais il n’agit pas pour autant en per­ma­nence par une action stric­te­ment col­lé­giale, ain­si qu’il res­sort de la Tradition de l’Église. En d’autres termes, il n’est pas tou­jours « en plein exer­cice », bien plus ce n’est que par inter­valle qu’il agit dans un acte stric­te­ment col­lé­gial et si ce n’est avec le consen­te­ment de son chef. On dit « avec le consen­te­ment de son chef », pour qu’on ne pense pas à une dépen­dance comme à l’égard de quelqu’un d’étran­ger ; le terme de « consen­te­ment », évoque au contraire la com­mu­nion entre le chef et les membres et implique la néces­si­té de l’acte qui revient en propre au chef. La chose est affir­mée expli­ci­te­ment au n° 22, § 2 et expli­quée à la fin du même numé­ro [201]. La for­mule néga­tive si ce n’est com­prend tous les cas, d’où il est évident que les normes approu­vées par l’autorité suprême doivent tou­jours être obser­vées (cf. modus 84).

En tout cela il appa­raît donc qu’il s’agit d’une union étroite des évêques avec leur chef et jamais d’une action des évêques indé­pen­dam­ment du pape. Dans ce cas, quand l’action du chef fait défaut, les évêques ne peuvent pas agir en tant que col­lège, ain­si qu’il res­sort de la notion de « col­lège ». Cette com­mu­nion hié­rar­chique de tous les évêques avec le Souverain Pontife est cer­tai­ne­ment habi­tuelle dans la Tradition.

N. B. Sans la com­mu­nion hié­rar­chique la fonc­tion sacra­men­telle onto­lo­gique, qu’il faut dis­tin­guer de l’aspect canonique-​juridique, ne peut être exer­cée. Mais la com­mis­sion a esti­mé qu’il n’y avait pas lieu d’entrer dans les ques­tions de licéi­té et de vali­di­té ; elles sont lais­sées à la dis­cus­sion des théo­lo­giens, spé­cia­le­ment pour ce qui concerne le pou­voir qui est exer­cé de fait chez les Orientaux sépa­rés, et pour l’explication duquel existent des opi­nions diverses.

Pericles Felici, Archevêque titu­laire de Samosate, secré­taire géné­ral du IIe Concile œcu­mé­nique du Vatican

Notes de bas de page
  1. Cf. Saint Cyprien, Épître 64, 4 : PL 3, 1017 ; csel (Hartel) III B, p. 720. – Saint Hilaire de Poitiers, In Mt. 23 : PL 9, 1047. – Saint Augustin, pas­sim. – Saint Cyrille d’Alexandrie, Glaph. in Gen. 2, 10 : PG 69, 110 A.[]
  2. Cf. Saint Grégoire le Grand, Hom. in Evang. 19, 1 : PL 76, 1154 B. – Saint Augustin, Sermon 341, 9, 11 : PL 39, 1499s. – Saint Jean Damascène, Adv. Iconocl. 11 ; PG 96, 1357.[]
  3. Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 24, 1 : PG 7, 966 B ; Harvey 2, 131 ; Sagnard, Sources chr., p. 398.[]
  4. Saint Cyprien, De Orat. Dom. 23 : PL 4, 553 ; csel (Hartel) III A, p. 285. – Saint Augustin, Sermon 71, 20, 33 : PL 38, 463s. – Saint Jean Damascène, Adv. Iconocl. 12 : PG 96, 1358 D.[]
  5. Cf. Origène, in Mt. 16, 21 : PG 13, 1443 C. – Tertullien, Adv. Marc. 3, 7 : PL 2, 357 C ; csel 47, 3, p. 386. – Pour les docu­ments litur­giques : cf. Sacramentarium Gregorianum : PL 78, 160 B. C. Mohlberg, Liber Sacramentorum roma­nae eccle­siae, Rome, 1960, p. 111, XC : « Dieu qui par le ras­sem­ble­ment des saints construit pour toi une demeure éter­nelle » – Hymne Urbs Ierusalem bea­ta, dans le Bréviaire monas­tique, et Coelestis urbs Ierusalem, dans le Bréviaire romain.[]
  6. Cf. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique III, q. 62, a. 5, ad 1.[]
  7. Cf. Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943/​AAS 35 (1943), p. 208.[]
  8. Cf. Léon XIII, Encycl. Divinum illud, 9 mai 1897 : ASS 29 (1896–1897), p. 650. – Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, I, c., p. 219–220 ; Denz. 2288 (3808). – Saint Augustin, Sermon 268, 2 : PL 38, 1232. – Saint Jean Chrysostome, In Eph. Hom. 9, 3 : PG 62, 72. – Didyme d’Alexandrie, Trin. 2, 1 : PG 39, 449s. – Saint Thomas, In Col. 1, 18, lect. 5, éd. Marietti, II, n. 46 : « comme de l’unité de l’âme se consti­tue un corps un, de même en va-​t-​il par l’unité de l’Esprit pour l’Église… ».[]
  9. Léon XIII, Encycl. Sapientiae chris­tia­nae, 10 jan­vier 1890 : ASS 22 (1889–1890), p.392. – Id. Encycl. Satis cogni­tum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895–1896), p. 710 et 724 s. – Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, l. c., p. 199- 200.[]
  10. Cf. Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, l. c., p. 221s. – Id., Encycl. Humani gene­ris, 12 août 1950 : AAS 42 (1950) p. 571.[]
  11. Léon XII, ency­cl. Satis cogni­tum, l. c., p. 713.[]
  12. Cf. Symbolum Apostolicum : Denz. 6–9 (10–13). – Symb. Nic. Const. : Denz. 86 (150) – Coll. Prof. fidei Trid. : Denz. 994 et 999 (1862 et 1868[]
  13. Dicitur « Sancta (catho­li­ca apos­to­li­ca) Romana Ecclesia » : in Prof. fidei Trid., l. c. et Conc. Vat. I, sess. 3, Const. dogm. « De fide cath. », Dei Filius : Denz. 1782 (3001).[]
  14. Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, 51, 2 : PL 41, 614.[]
  15. Cf. Saint Cyprien, Épître 69, 6 : PL 3, 1142 B ; csel (Hartel) 3 B, p. 774 : « inse­pa­ra­bile uni­ta­tis sacra­men­tum ».[]
  16. Cf. Pie XII, Alloc. Magnificate Dominum, 2 novembre 1954 : AAS 46 (1954), p. 669. – Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39 (1947), p. 555.[]
  17. Cf. Pie XI, Encycl. Miserentissimus Redemptor, 8 mai 1928 : AAS 20 (1928), p. 171s. – Pie XII, Alloc. Vous nous avez, 22 sep­tembre 1956 : AAS 48 (1956), p. 714.[]
  18. Cf. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique III, q. 63, a. 2.[]
  19. Cf. Saint Cyrille de Jérusalem, Catéch. 17. De Spiritu Sancto, II, 35–37 : PG 33, 1009–1012. – Nic. Cabasilas, De vita in Christo, liv. III, De uti­li­tate chris­ma­tis : PG 150, p. 569–580. – Saint Thomas, Somme théo­lo­gique III, q. 65, a. 3 et q. 72, a. 1 et 5.[]
  20. Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 ; AAS 39 (1947), prae­ser­tim p. 552s.[]
  21. 1 Co 7, 7 : « Chacun reçoit de Dieu son don par­ti­cu­lier, l’un celui-​ci, l’autre celui-​là. » cf. Saint Augustin, De Dono Persev. 14, 37 : PL 45, 1015s. : « Ce n’est pas la conti­nence seule qui est don de Dieu, mais aus­si la chas­te­té des époux. »[]
  22. Cf. Saint Augustin, De Praed. Sanct. 14, 27 : PL 44, 980.[]
  23. Cf. Saint Jean Chrysostome, In Io., Hom. 65, 1 : PG 59, 361.[]
  24. Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 16, 6 ; III, 22, 1–3 : PG 7, 925 C‑926 A et 955 C‑958 A ; Harvey 2, 87 s. et 120–123 ; Sagnard, Sources chr., p. 290–292 et 372 s.[]
  25. Cf. Saint Ignace, Ad Rom., préf. : Funk I, p. 252.[]
  26. Cf. Saint Augustin, Bapt. c. Donat. V, 28, 39 : PL 43, 197 : « Il est bien évident que, si l’on dit dans et hors de l’Église, cela doit s’entendre du cœur et non du corps. » – Cf. ibid. III, 19, 26 : col. 152 ; V, 18, 24 : col. 189 ; In. Io. Tr. 61, 2 : PL 35, 1800, et ali­bi saepe.[]
  27. Cf. Lc 12, 48 : « À qui on aura beau­coup don­né, il sera beau­coup deman­dé. » – Cf. aus­si Mt 5, 19–20 ; 7, 21–22 ; 25, 41–46 ; Jc 2, 14.[]
  28. Cf. Léon XIII, épître apost. Praeclara gra­tu­la­tio­nis, 20 juin 1894 : ASS 26 (1893–1894), p. 707.[]
  29. Cf. Léon XIII, ency­cl. Satis cogni­tum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895–1896), p. 738. – Encycl.Caritatis stu­dium, 25 juillet 1898 : ASS 31 (1898–1899), p. 11. – Pie XII, Message radioph. Nell’alba, 24 décembre 1941 : AAS 34 (1942), p. 21.[]
  30. Cf. Pie XI, Encycl. Rerum Orientalium, 8 sep­tembre 1928 : AAS 20 (1928), p. 287. – Pie XII, Encycl. Orientalis Ecclesiae, 9 avril 1944 : AAS 36 (1944), p. 137.[]
  31. Cf. Instruc. de la Sacrée Congrégation du Saint-​Office, 20 décembre 1949 : AAS 42 (1950), p. 142.[]
  32. Cf. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique III, q. 8, a. 3, ad 1.[]
  33. Cf. Lettre de la Sacrée Congrégation du Saint-​Office à l’archevêque de Boston. : Denz. 3869–72.[]
  34. Cf. Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, 1, 1 : PG 21, 28 AB.[]
  35. Cf. Benoît XV, épître apost. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 440, prae­ser­tim p. 451 s. – Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesiae : AAS 18 (1926), p. 68–69. – Pie XII, ency­cl. Fidei donum, 21 avril 1957 : AAS 49 (1957), p. 236–237.[]
  36. Cf. Didachè, 14 : Funk I, p. 32. – Saint Justin, Dial. 41 : PG 6, 564. – Saint Irénée, Adv. Haer. IV, 17, 5 : PG 7, 1023 ; Harvey, 2, p. 199s. – Conc. de Trente, sess. 22, chap. 1 : Denz. 939 (1742).[]
  37. Cf. Conc. Vat. I, sess. 4, Const. dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1821 (3050s.).[]
  38. Cf. Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 694 (1307) et Conc. Vat. I, ibid. : Denz. 1826 (3059).[]
  39. Cf. Liber sacra­men­to­rum. – Saint Grégoire, Praef. in nata­li S. Matthiae et S. Thomae : PL 78, 51 et 152 ; cf. Cod. Vat. lat. 3548, f. 18. – Saint Hilaire, In Ps. 67, 10 : PL 9, 450 ; csel 22, p. 286. – Saint Jérôme, Adv. Iovin, 1, 26 : PL 23, 247 A. – Saint Augustin, In Ps. 86, 4 : PL 37, 1103. – Saint Grégoire le Grand, Mor. in Iob XXVIII, V : PL 76, 455–456. – Primasius, Comm. in Apoc. V : PL 68, 924 BC. – Paschase Radbert, In Mt. L. VIII, chap. 16 : PL 120, 561 C. – Cf. Léon XIII, épître Et sane, 17 décembre 1888 : ASS 21 (1888), p. 321.[]
  40. Cf. Ac 6, 2–6 ; 11, 30 ; 13, 1 : 14, 23 ; 20, 17 ; 1 Th 5, 12–13 ; Ph 1, 1 ; Col. 4, 11 et pas­sim.[]
  41. Cf. Ac 20, 25–27 ; 2 Tm 4, 6 s., coll. c. 1 Tm 5, 22 ; 2 Tm 2, 2 ; Tt 1, 5. – Saint Clément de Rome, Ad Cor. 44, 3 ; Funk I, p. 156.[]
  42. Saint Clément de Rome, Ad Cor., 44, 2 ; Funk I, p. 154s.[]
  43. Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32 : PL 2, 52 s. – Saint Ignace, pas­sim. * Le latin évoque l’image du mar­cot­tage.[]
  44. Cf. Tertullien, Praescr. Haer. 32, PL 2, 53.[]
  45. Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 3, 1 : PG 7, 848 A ; Harvey 2, 8 ; Sagnard, Sources chr., p. 100 s. : « mani­fes­ta­tam ».[]
  46. Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 2, 2 : PG 7, 847 ; Harvey 2, 7 ; Sagnard, ibid., p. 100 : « cus­to­di­tur » ; cf. ibid., IV, 26, 2 : col. 1053 ; Harvey 2, 236 nec­non IV, 33, 8 ; col. 1077 ; Harvey 2, 262.[]
  47. Saint Ignace, Philad. préf. : FunkI, p. 264.[]
  48. Ibid., 1, 1 ; Magn. 6, 1 : Funk I, p. 264 et 234.[]
  49. Saint Clément de Rome, l. c. 42, 3–4 ; 44, 3–4 ; 57, 1–2 : Funk I, 152, 156, 171 s. – Saint Ignace, Philad. 2 ; Smyrn. 8, Magn. 3 ; Trall. 7 : Funk I, p. 265 ; 282 ; 232 ; 246 s., etc. – Saint Justin, Apoll. 1, 65 ; PG 6, 428. – Saint Cyprien, Épître, pas­sim.[]
  50. Cf. Léon XIII, Encycl. Satis cogni­tum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895–1896), p. 732.[]
  51. Cf. Conc. de Trente, sess. 23, décret De sacr. Ordinis, chap. 4 : Denz. 960 (1768). – Concile Vatican I, sess. 4, Const. Dogm. 1 De Ecclesia Christi, chap. 3 : Denz. 1828 (3061). – Pie XII, Encycl. Mystici cor­po­ris, 29 juin 1943, AAS 35 (1943), p. 209 et 212. – Cod. Iur. Can., c. 329 § 1.[]
  52. Cf. Léon XIII, épître Et sane, 17 décembre 1888 : ASS 21 (1888), p. 321 s.[]
  53. Saint Léon le Grand, Sermon 5, 3 : PL 54, 154.[]
  54. Le concile de Trente, sess. 23, chap. 3 cite les paroles de 2 Tm 1, 6–7 pour prou­ver que l’Ordre est un véri­table sacre­ment : Denz., 959 (1766).[]
  55. In Trad. Apost. 3 : Botte, Sources chr., p. 27–30, Episcopo tri­bui­tur « pri­ma­tus sacer­do­tii » ; cf. Sacramentarium Leonianum : C. Mohlberg, Sacramentarium Veronense, Rome, 1955, p. 119 : « Au minis­tère du sacer­doce suprême… Accomplis dans les prêtres la réa­li­té totale de ton mys­tère = minis­tère ». Idem, Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae, Rome, 1960, p. 121–122 : « Donne-​leur, Seigneur, la chaire épis­co­pale pour qu’ils dirigent l’Église et tout le peuple » : cf. PL 78, 224.[]
  56. Trad. apost. 2 ; Botte, p. 27.[]
  57. Conc. de Trente, sess. 23, chap. 4 (le Concile de Trente enseigne que le sacre­ment de l’Ordre imprime un carac­tère indé­lé­bile : Denz. 960 (1767). – Cf. Jean XXIII, alloc. Iubilate Deo, 8 mai 1960 : AAS 52 (1960), p. 466. – Paul VI, hom. in Bas. Vatic., 20 octobre 1963 : AAS 55 (1963), p. 1014.[]
  58. Saint Cyprien, Épître 63, 14 : PL 4, 386 ; csel (Hartel) III B, p. 713 : « Le prêtre agit véri­ta­ble­ment à la place du Christ ». – Saint Jean Chrysostome, In 2 Tim, Hom. 2, 4 : PG 62, 612 : Le sacer­doce est « sym­bo­lon » du Christ. – Saint Ambroise, In Ps. 38, 25–26 : PL 14, 1051–52 ; csel 64, 203–204. – Ambrosiaster, In 1 Tm 5, 19 PL 17, 479 C et In Eph. 4, 11–12 : col. 387 C – Theodore Mops., Hom. Catech. XV, 21 et 24 : Tonneau, p. 497 et 503. – Hesychius de Jérusalem, In Lev. L. 2, 9, 23 : PG 93, 894 B.[]
  59. Cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 24, 10 : GCS II, I, p. 495 ; Bardy, Sources chr., II, p. 69. – Dionysius, chez Eusèbe, ibid. VII, 5, 2 : GCS II, 2, p. 638 s., Bardy, II, p. 168s.[]
  60. Sur les anciens conciles, cf. Eusèbe, Hist. Eccl. V, 23–24 : GCS II, I, p. 488 s. Bardy, II, p. 66 s. et pas­sim. – Conc. de Nicée, Can. 5 : Conc. Œc. Decr., p. 7.[]
  61. Tertullien, De Ieiunio, 13 : PL 2, 972 B ; csel 20, p. 292, lin. 13–16.[]
  62. Saint Cyprien, Épître 56, 3 : csel (Hartel) III B, p. 650 ; Bayard, p. 154.[]
  63. Cf. Zinelli, in Conc. Vat. I : Mansi 52, 1109 C.[]
  64. Cf. Conc. Vat. I, Schema Const. dogm. II, de Ecclesia Christi, c. 4 : Mansi 53, 310. – Cf.relatio Kleutgen de Schemate refor­ma­to : Mansi 53, 321 B, 322 B et Zinelli : Mansi 52, 1110 A. – Voir aus­si saint Léon le Grand, Sermon 4, 3 : PL 54, 151 A.[]
  65. Cf. Cod. Iur. Can., c. 227.[]
  66. Cf. Conc. Vat. I, Const. Dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1821 (3050s.[]
  67. Cf. Saint Cyprien, Épître 66, 8 : csel (Hartel) III, 2, p. 733 : « L’évêque est dans l’Église, et l’Église est dans l’évêque. »[]
  68. Cf. Saint Cyprien, Épître 55, 24 : csel (Hartel), p. 642, lin. 13 : « L’Église une, répar­tie à tra­vers le monde entier en une mul­ti­tude de membres. » – Épître 36, 4 : csel (Hartel), p.575, lin. 20–21.[]
  69. Cf. Pie XII, Encycl. Fidei donum, 21 avril 1957 : AAS 49 (1957), p. 237.[]
  70. Cf. Saint Hilaire de Poitiers, In Ps. 14, 3 : PL 9, 206 ; csel 22, p. 86. – Saint Grégoire le Grand, Moral. IV, 7, 12 : PL 75, 643 C. – Ps. Basile, In Is. 15, 296, PG 30, 637 c.[]
  71. Saint Célestin, Épître 18, 1–2, ad Conc. d’Éphèse : PL 50, 505 AB ; Schwartz, Acta Conc. Œc. I, 1, 1, p. 22. Cf. Benoît XV, Épître apost. Maximum illud AAS II (1919), p. 440. Pie XII, Encycl. Fidei donum, l. c.[]
  72. Léon XIII, Encycl. Grande munus, 30 sep­tembre 1880 : ASS 13 (1880), p. 145. – Cf. Cod. Iur. Can., c. 1327 ; c. 1350 § 2.[]
  73. Sur les droits des Églises patriar­cales, cf. Conc. de Nicée, can. 6 d’Alexandrie et Antioche et can. 7 de Jérusalem : Conc. Œc. Decr., p. 8 – Conc. de Latran IV, année 1215, Constitut. V : De digni­tate Patriarcharum : ibid., p. 212 – Conc. de Ferrare-​Florence : ibid., p. 504.[]
  74. Cf. Cod. Iuris pro Eccl. Orient., c. 216–314 : de Patriarchis ; c. 324–339 : de Archiepiscopis maio­ri­bus ; c. 362–391 : de aliis digni­ta­riis ; in spe­cie, c. 238 § 3 ; 216, 240, 251, 255 : de Episcopis a Patriarcha nomi­nan­dis.[]
  75. Cf. Conc. de Trente, Décr. de reform., sess. 5, c. 2, n. 9 et sess. 24, can. 4 ; Conc. Œc. Decr., p. 645 et 739.[]
  76. Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Dei Filius, 3 : Denz. 1712 (3011).– Cf. nota adiec­ta ad sche­ma I de Eccl. (desump­ta ex S. Rob. Bellarmino) : Mansi 51, 579 C ; nec­non Schema refor­ma­tum Const. II de Ecclesia Christi, cum com­men­ta­rio Kleutgen : Mansi 53, 313 AB. – Pie IX, épître Tuas liben­ter : Denz. 1683 (2879).[]
  77. Cf. Cod. Iur. Can., c. 1322–1323.[]
  78. Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus : Denz. 1839 (3074).[]
  79. Cf. expli­ca­tio Gasser in Conc. Vat. I : Mansi 152, 1213 AC.[]
  80. Gasser, ibid. : Mansi 1214 A.[]
  81. Gasser, ibid. : Mansi 1215 CD, 1216–1217 A.[]
  82. Gasser, ibid. : Mansi 1213.[]
  83. Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus, 4 : Denz. 1836 (3070).[]
  84. Oraison sur la consé­cra­tion épis­co­pale dans le rite byzan­tin : Euchologion to mega, Rome, 1873, p. 139.[]
  85. Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 : Funk I, p. 282.[]
  86. Cf. Ac 8, 1 ; 14, 22–23 ; 20, 17 et pas­sim.[]
  87. Cf. Oratio moza­ra­bi­ca : PL 96, 759 B.[]
  88. Cf. Saint Ignace, Smyrn. 8, 1 ; Funk I, p. 282.[]
  89. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique III, q. 73, a. 3.[]
  90. Cf. Saint Augustin, C. Faustum, 12, 20 : PL 42, 265 ; Sermon 57, 7 : PL 38, 389, etc.[]
  91. Saint Léon le Grand, Sermon 63, 7 : PL 54, 357 C.[]
  92. Traditio Apostolica, Saint Hippolyte 2–3 ; Botte, p. 26–30.[]
  93. Cf. Texte de l’examen au début de la consé­cra­tion épis­co­pale et orai­son à la fin de la messe de la consé­cra­tion épis­co­pale.[]
  94. Benoît XIV, Br. Romana Ecclesia, 5 octobre 1752, § 1 : Bullarium Benedicti XIV, t. IV, Rome, 1758, 21 : « l’évêque repré­sente la figure du Christ et accom­plit sa fonc­tion. » – Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, 1. c., p. 211 : « Les évêques paissent et régissent les trou­peaux qui leur sont confiés, cha­cun le sien. »[]
  95. Léon XIII, Encycl. Satis cogni­tum, 29 juin 1896 : ASS 28 (1895–1896), p. 732. – Idem, épître Officio sanc­tis­si­mo, 22 décembre 1887 ; ASS 20 (1887), p. 264. – Pie IX, Lettre apos­to­lique aux Églises d’Allemagne, 12 mars 1875, et Alloc. consist., 15 mars 1875 : Denz. 3112–3117, in nova ed. tan­tum.[]
  96. Conc. Vat. I, Constit. dogm. Pastor Aeternus, 3 : Denz. 1828 (3061). – Cf. Zinelli : Mansi 52, 1114 D.[]
  97. Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 5, 1 : Funk I, p. 216.[]
  98. Cf. Saint Ignace, Ad Ephes. 6, 1 ; Funk I, p. 218.[]
  99. Cf. Conc. de Trente, sess. 23, De sacr. Ord., c. 2 : Denz. 958 (1765) ; et can. 6 : Denz. 966 (1776).[]
  100. Cf. Innocent Ier, Epist. ad Decentium : PL 20, 554 A ; Mansi 3, 1029 ; Denz. 98 (215) : « Tout en appar­te­nant au sacer­doce au titre du second ordre, les prêtres n’ont pas la charge suprême du pon­ti­fi­cat. » – Saint Cyprien, Épître 61, 3 : csel (Hartel), p. 696.[]
  101. Cf. Conc. de Trente, l. c. : Denz. 956a-​968 (1763–1778), et in spe­cie can. 7 : Denz. 967 (1777). – Pie XII, Const. apost. Sacramentum Ordinis : Denz. 2301 (3857–3861).[]
  102. Cf. Innocent I, 1. c. Saint Grégoire de Naziance, Apol. II, 22 : PG 35, 432 B. – Pseudo-​Denys, Eccl. Hier. 1, 2 : PG 3, 372 D.[]
  103. Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 940 (1743). – Pie XII, Encycl. Mediator Dei, 20 novembre 1947 : AAS 39 (1947), p. 553 ; Denz. 2300 (3850).[]
  104. Cf. Conc. de Trente, sess. 22 : Denz. 938 (1739–1740). – Conc. Vat. II, const. Sacrosanctum conci­lium, n. 7 et n. 47.[]
  105. Cf. Pie XII, ency­cl. Mediator Dei, l. c., sub. n. 67.[]
  106. Cf. Saint Cyprien, Épître 11, 3 : PL 4, 242 B ; csel (Hartel) II, 2, p.[]
  107. « Ordination des prêtres, à l’imposition des vête­ments. »[]
  108. « Ordination des prêtres, pré­face consé­cra­toire. »[]
  109. Cf. Saint Ignace, Philad. 4 : Funk I, p. 266. – Saint Corneille Ier, chez Saint Cyprien, Épître 48, 2 : csel (Hartel) III, 2, p. 610.[]
  110. Constitutiones Ecclesiae aegyp­tia­cae, III, 2 : Funk, Didascalia, II, p. 103 – Statuta Eccl. Ant. : 37–41 ; Mansi 3, 954.[]
  111. Saint Polycarpe, Ad Ph. 5, 2 : Funk I, p. 300 (l’auteur dit : « Le Christ s’est fait le diacre – ser­vi­teur – de tous »). Cf. Didachè, 15, 1 : ibid., p. 32, I, p. 530. – Saint Ignace, Trall. 2, 3 : ibid., p. 242. – Constitutiones Apostolorum, 8, 28, 4 : Funk, Didascalia, I, p. 530.[]
  112. Saint Augustin, Sermon 340, 1 : PL 38, 1483.[]
  113. Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno, 15 mai 1931 : AAS 23 (1931), p. 221 s. – Pie XII, Alloc. De quelle conso­la­tion, 14 octobre 1951 : AAS 43 (1951), p. 790s.[]
  114. Cf. Pie XII, alloc. Six ans se sont écou­lés, 5 octobre 1957 : AAS 49 (1957), p. 927.[]
  115. Tiré de la pré­face pour la fête du Christ-​Roi.[]
  116. Cf. Léon XIII, ency­cl. Immortale Dei, 1er novembre 1885 : ASS 18 (1885), p. 166s. – Idem, Encycl. Sapientiae chris­tia­nae, 10 jan­vier 1890 : ASS 22 (1889–1890), p. 397s. – Pie XII, Alloc. Alla vos­tra filiale, 23 mars 1958 : AAS 50 (1958), p. 220 : « La légi­time saine laï­ci­té de l’État. »[]
  117. Cod. Iur. Can., can. 682.[]
  118. Cf. Pie XII, Alloc. De quelle conso­la­tion, l. c., p. 789 : « Dans les batailles déci­sives, c’est par­fois du front que partent les plus heu­reuses ini­tia­tives… » – Idem, Alloc. L’importance de la presse catho­lique, 17 février 1950 : AAS 42 (1950), p. 256.[]
  119. Cf. 1 Th 5, 19 et 1 Jn 4, 1.[]
  120. Epist. ad Diognetum, 6 : Funk I, p. 400. – Cf. Saint Jean Chrysostome, In Mt., Hom. 46 (47) 2 : PG 58, 478, de fer­men­to in mas­sa.[]
  121. Missel romain, Gloria in excel­sis. Cf. Lc 1, 35 ; Mc 1, 24 ; Lc 4, 34 ; Jn 6, 69 (ho hagios tou Theou) ; Ac 3, 14 ; 4, 27.30 ; He 7, 26 ; 1 Jn 2, 20 ; Ap 3, 7.[]
  122. Cf. Origène, Comm. Rom. 7, 7 : PG 14, 1122 B. – Ps.-Macarius, De Oratione, 11 : PG 34, 861, AB. – Saint Thomas, Somme théo­lo­gique IIa IIae, q. 184, a. 3.[]
  123. Cf. Saint Augustin, Retract. II, 18 : PL 32, 637 s. – Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943 ; AAS 35 (1943), p. 225.[]
  124. Cf. Pie XI, Encycl. Rerum omnium, 26 jan­vier 1923 : AAS 15 (1923), p. 50 et 59–60. – Id. Encycl. Casti Connubii, 31 décembre 1930 : AAS 22 (1930), p. 548. – Pie XII, Const. apost. Provida Mater, 2 février 1947 : AAS 39 (1947), p. 117. – Alloc. Annus sacer, 8 décembre 1950 : AAS 43 (1951), p. 27–28. – Alloc. Nel dar­vi, 1er juillet 1956 : AAS 48 (1956), p. 574.[]
  125. Cf. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique IIa IIae, q. 184, a. 5 et 6 ; De perf. vitae spir., c. 18. – Origène, in Is., Hom. 6, 1 : PG 13, 239.[]
  126. Cf. Saint Ignace, Magn. 13, 1 : Funk I, p. 241.[]
  127. Cf. Saint Pie X, exhort. Haerent ani­mo, 4 août 1908 : ASS 41 (1908), p. 560s. – Cod. Iur. Can., can. 124. – Pie XI, Encycl. Ad catho­li­ci sacer­do­tii, 20 décembre 1935 : AAS 28 (1936), p. 22s.[]
  128. Ordo conse­cra­tio­nis sacer­do­ta­lis, in exhor­ta­tione ini­tia­li.[]
  129. Cf. Saint Ignace, Trall. 2, 3 : Funk I, p. 244.[]
  130. Cf. Pie XII, Alloc. Sous la mater­nelle pro­tec­tion, 9 décembre 1957 : AAS 50 (1958), p.36.[]
  131. Pie XI, ency­cl. Casti Connubii, 31 décembre 1930 : AAS 22 (1930), p. 548s. – Cf. Saint Jean Chrysostome, In Ephes., Hom. 20, 2 : PG 62, 136s.[]
  132. Cf. Saint Augustin, Enchir. 121, 32 : PL 40, 288. – Saint Thomas, Somme théo­lo­gique IIa IIae, q. 184, a. 1. – Pie XII, adhort. apost. Menti nos­trae, 23 sep­tembre 1950 : AAS 42 (1950), p. 660.[]
  133. Sur les conseils en géné­ral, cf. Origène, Comm. Rom. X, 14 : PG 14, 1275 B. – Saint Augustin, De S. Virginitate, 15, 15 : PL 40, 403. – Saint Thomas, Somme théo­lo­gique I‑II, q.100 a. 2 c (in fine) ; IIa IIae q. 44, a. 4 ad. 3.[]
  134. Sur l’excellence de la vir­gi­ni­té consa­crée, cf. Tertullien, Exhort. Cast. 10 : PL 2, 925 C. – Saint Cyprien, Hab. Virg. 3 et 22 : PL 4, 443 B et 461 As. – Saint Athanase (?), De Virg. : PG 28, 252s. – Saint Jean Chrysostome, De Virg. : PG 48, 533s.[]
  135. Sur la pau­vre­té spi­ri­tuelle, cf. Mt 5, 3 et 19, 21 ; Mc 10, 21 ; Lc 18, 22 ; sur l’obéissance l’exemple du Christ est don­né en Jn 4, 34 et 6, 38 ; Ph 2, 8–10 ; He 10,5–7. Les Pères et les fon­da­teurs d’ordres en parlent très sou­vent.[]
  136. Cf. Rosweydus, Vitae Patrum, Anvers, 1628. – Apophtegmata Patrum : PG 65. – Palladius, Historia Lausiaca : PG 34, 995 s. : éd. C. Butler, Cambridge 1898 (1904). – Pie XI, Const. apost. Umbratilem, 8 juillet 1924 : AAS 16 (1924), p. 386–387. – Pie XII, alloc. Nous sommes heu­reux, 11 avril 1958 : AAS 50 (1958), p. 283.[]
  137. Paul VI, Alloc. Magno gau­dio, 23 mai 1964 : AAS 56 (1964), p. 566.[]
  138. Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488. – Pie XII, Alloc. Annus sacer, 8 décembre 1950 : AAS 43 (1951), p. 27 a. – Pie XII, Const. apost. Provida Mater, 2 février 1947 : AAS 39 (947), p. 120 s.[]
  139. Paul VI, l. c., p. 567.[]
  140. Cf. Saint Thomas, Somme théo­lo­gique IIa IIae, q. 184, a. 3 et q. 188, a. 2. – Saint Bonaventure, Opusc. XI, Apologia Pauperum, c. 3, 3 : Quaracchi, t. 8, 1898, p. 245 a.[]
  141. Cf. Conc. Vat. I, sche­ma De Ecclesia Christi, chap. XV, et annot. 48 : Mansi 51, 549 s. et 619 s. – Léon XIII, épître Au milieu des conso­la­tions, 23 décembre 1900 : ASS 33 (1900–1901) p. 361. – Pie XII, Const. apost. Provida Mater, I. c., p. 114s.[]
  142. Cf. Léon XIII,. Const. Romanos Pontifices, 8 mai 1881 : ASS 13 (1880–1881), p. 483. – Pie XII. Alloc. Annus sacer, 8 décembre 1950 : AAS 43 (1951), p. 28 s.[]
  143. Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c. p. 28. – Pie XII, Const. apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956 : AAS 48 (1956), p. 355. – Paul VI, l. c. p. 570–571.[]
  144. Cf. Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943 : AAS 35 (1943), p. 214 s.[]
  145. Cf. Pie XII, Alloc. Annus sacer, l. c., p. 30. – Alloc. Sous la mater­nelle pro­tec­tion, 9 décembre 1957 : AAS 50 (1958), p. 39 s.[]
  146. Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693 (1305).[]
  147. Outre les docu­ments plus anciens contre toute forme d’évocation des esprits, à par­tir d’Alexandre IV (27 sep­tembre 1258), cf. Sacrée Congrégation du Saint-​Office, De magne­tis­mi abu­su : 4 août 1856 : ASS (1865), p. 177–178, Denz. 1653–1654 (2823–2825) ; réponse de la Sacrée Congrégation du Saint-​Office, 24 avril 1917 : AAS 9 (1917) p. 268, Denz. 2182 (3642).[]
  148. Voir l’exposé syn­thé­tique de cette doc­trine pau­li­nienne dans : Pie XII, Encycl. Mystici Corporis : AAS 35 (1943), p. 200 et pas­sim.[]
  149. Cf. i.a., Saint Augustin, Enarr. in Ps. 85, 24 : PL 37, 1099. –Saint Jérôme, Liber contra Vigilantium, 6 ; PL 23, 344. – Saint Thomas, In 4 m Sent., d. 45 q. 3. a. 2. – Saint Bonaventure, In 4m Sent., d. 45 a. 3, q. 2, etc.[]
  150. Cf. Pie XII, Encycl. Mystici Corporis : AAS 35 (1943), p. 245.[]
  151. Cf. De nom­breuses ins­crip­tions dans les cata­combes romaines.[]
  152. Cf. Gélase I, Decretalis De libris reci­pien­dis, 3 : PL 59, 160, Denz. 165 (353).[]
  153. Cf. Saint Méthode, Symposion, VII, 3 : GCS (Bonwetsch), p. 74.[]
  154. Cf. Benoît XV, Decretum appro­ba­tio­nis vir­tu­tum in Causa bea­ti­fi­ca­tio­nis et cano­ni­za­tio­nis Servi Dei Ioannis Nepomuceni Neumann : AAS 14 (1922) p. 23. – Alloc. Pie XI de Sanctis : Inviti all’eroismo : Discorsi…, t. I‑III, Rome, 1941–1942, pas­sim. – Pie XII, Discours et mes­sages radioph., t. 10, 1949, p. 37–43.[]
  155. Cf. Pie XII, Encycl. Mediator Dei : AAS 39 (1947), p. 581.[]
  156. Cf. He 13,7 ; Encycl. 44–50 ; He 11, 3–40. – Cf. aus­si Pie XII, Encycl. Mediator Dei : ASS 39 (1947), p. 582- 583.[]
  157. Cf. Conc. Vat. I, Const. De fide catho­li­ca, chap. 3, Denz. 1794 (3013).[]
  158. Cf. Pie XIII, ency­cl.Mystici Corporis : AAS 35 (1943), p. 216.[]
  159. Au sujet de la recon­nais­sance envers les saints eux-​mêmes, cf. E. Diehl, Inscriptiones lati­nae chris­tia­nae veteres, I. Berolini, 1925, n. 2008, 2382 et pas­sim.[]
  160. Conc. de Trente, sess. 25, De invo­ca­tione… Sanctorum : Denz. 984 (1821).[]
  161. Bréviaire romain, Invitatorium in fes­to Sanctorum Omnium.[]
  162. Cf. v. g., 2 Th 1, 10.[]
  163. Conc. Vat. II, Const. De Sacra Liturgia, chap. 5, n. 104.[]
  164. Canon de la messe romaine.[]
  165. Conc. Nicée II, Act. VII : Denz. 302 (600).[]
  166. Conc. de Florence, Decretum pro Graecis : Denz. 693 (1304).[]
  167. Conc. de Trente, sess. 25, De invo­ca­tione, vene­ra­tione et reli­quiis Sanctorum et sacris ima­gi­ni­bus : Denz. 984–988 (1821–1824) ; sess. 25, Decretum de Purgatorio : Denz. 983 (1820) ; sess. 6, Decretum de ius­ti­fi­ca­tione, can. 30 : Denz. 840 (1580).[]
  168. Missel romain, pré­face pour la fête des saints accor­dée à cer­tains dio­cèses.[]
  169. Cf. Saint Pierre Canisius, Catechismus Maior seu Summa Doctrinae chris­tia­nae, chap. III (éd. crit. F. Streicher), Ire par­tie, p. 15–16, n. 44 et p. 100–101, n. 49.[]
  170. Cf. Concile Vatican II, Const. Sacrosanctum conci­lium, chap. 1, n. 8.[]
  171. Credo de la messe romaine : Symbolum Constantinopolitanum : Mansi 3, 566. – Cf. Conc. d’Éphèse, ibid., 4, 1130 (nec­non ibid. 2, 665 et 4, 1071). – Conc. de Chalcédoine, ibid., 7, 111–116. – Conc. Const. II, ibid., 9, 375–396.[]
  172. Canon de la messe romaine.[]
  173. Saint Augustin, De S. Virginitate, 6 : PL 40, 399.[]
  174. Cf. Paul VI, Alloc. au Concile, le 4 décembre 1963 : AAS 56 (1964), p. 37.[]
  175. Cf. Saint Germain de Constantinople, Hom. in Annunt. Deiparae : PG 98, 328 A ; In Dorm. 2 : col.357. – Anastase d’Antioche, Sermon 2 de Annunt., 2 : PG 89, 1377 AB ; Sermon 3, 2 : col.1388 C. – Saint André de Crète, Can. in B. V. Nat. 4 : PG 97, 1321 B ; In B. V. Nat., 1 : col. 812 A ; Hom. in dorm. 1 : col. 1068 C. Saint Sophrone, Or. 2 in Annunt., 18 : PG 87 (3) 3237 BD.[]
  176. Saint Irénée, Adv. Haer. III 22, 4 : PG 7, 959 A ; Harvey 2, 123.[]
  177. Ibid. ; Harvey 2, 124.[]
  178. Saint Épiphane, Haer. 78, 18 : PG 42, 728 CD – 729.[]
  179. Saint Jérôme, Épître 22, 21 : PL 22, 408. – Cf. Saint Augustin, Sermon 51, 2, 3 : PL 38, 335 ; Sermon 232, 2 col. 1108. – Saint Cyrille de Jérusalem, Catech. 12, 15 : PG 33, 741 AB. – Saint Jean Chrysostome, In Ps 44, 7 : PG 55, 193. – Saint Jean Damascène, Hom. 2 in dorm. B.M.V., 3 : PG 96, 728.[]
  180. Cf. Conc. de Latran, année 649, can. 3 : Mansi 10, 1151. – Saint Léon le Grand, Epist. ad Flav. : PL 54, 759. – Conc. de Chalcédoine : Mansi 7, 462. – Saint Ambroise, De ins­tit. virg. : PL 16, 320.[]
  181. Cf. Pie XII, Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943 : AAS 35 (1943), p. 247–248.[]
  182. Cf. Pie IX, bulle Ineffabilis, 8 décembre 1854 : Acta Pii IX, 1, I, p. 616 ; Denz. 1641 (2803).[]
  183. Cf. Pie XII, Const. apost. Munificenissimus, 1er novembre 1950 : AAS 42 (1950) ; Denz. 2333 (3903). Cf. Saint Jean Damascène, Enc. in dorm. Dei geni­tri­cis, hom. 2 et 3 : PG 96, 721–761, spe­cia­tim col. 728 B. – Saint Germain de Constantinople, in S. Dei gen. dorm., Sermon 1 : PG 98 (6)340–348 ; Sermon 3, col. 361. – Saint Modeste de Jérusalem, In dorm. SS. Deiparae : PG 86 (2), 3277–3312.[]
  184. Cf. Pie XII, ency­cl. Ad coe­li Reginam, 11 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 633–636 ; Denz. 3913 s. – Cf. André de Crète, Hom. 3 in dorm. SS. Deiparae : PG 97, 1089–1109. – Saint Jean Damascène, De fide orth., IV, 14 : PG 94, 1153–1161.[]
  185. Cf. Kleutgen, tex­tus refor­ma­tus De mys­te­rio Verbi incar­na­ti, chap. IV : Mansi 53, 290. – Cf. Saint André de Crète, in nat. Mariae, Sermon 4 : PG 97, 865 A. – Saint Germain de Constantinople, In annunt. Deiparae, PG 98, 321 BC ; In dorm. Deiparae, III : col. 361 D – Saint Jean Damascène, in dorm. B. V. Mariae, hom. 1, 8 : PG 96, 712 BC – 713 A.[]
  186. Cf. Léon XIII, Encycl. Adiutricem popu­li, 3 sep­tembre 1895 : ASS 15 (1895–1896) p. 303. – Saint Pie X, Encycl. Ad diem illum, 2 février 1904 : Acta, I, p. 154 ; Denz. 1978 a (3370). – Pie XI, Encycl. Miserentissimus, 8 mai 1928 : AAS 20 (1928), p. 178. Pie XII, Message radioph., 13 mai 1946 ; AAS 38 (1946), p. 266.[]
  187. Saint Ambroise, Épître 63 : PL 16, 1218.[]
  188. Saint Ambroise, Expos. Lc. II, 7 : PL 15, 1555.[]
  189. Cf. Ps. Pierre Dam., Sermon 63 : PL 144, 861 AB. – Godefroid à Saint Victor, In nat. B. M., Ms. Paris, Mazarine, 1002, fol. 109 r. – Gerhoh de Reichersberg, De glo­ria et honore Filii homi­nis, 10 : PL 194, 1105 AB.[]
  190. Saint Ambroise, l., c. et Expos. Lc X, 24–25 : PL 15, 1810. – Saint Augustin, In Io Tr. 13, 12 : PL 35, 1499. Cf. Sermon 191, 2, 3 : PL 38, 1010 ; etc. – Cf. aus­si Bède le Vénérable, In Lc Expos. I, chap. 2 : PL 92, 330. – Isaac de l’Étoile, Sermon 51 : PL 1 94, 1863 A.[]
  191. « Sub tuum prae­si­dium. »[]
  192. Conc. Nicée II, année 787 : Mansi 13, 378–379 ; Denz. 302 (600–601). – Conc. de Trente, sess. 25 : Mansi 33, 171–172.[]
  193. Cf. Pie XII, Message radioph., 24 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 679. – Encycl. Ad coe­li Reginam, 11 octobre 1954 : AAS 46 (1954), p. 637.[]
  194. Cf. Pie XI, Encycl. Ecclesiam Dei, 12 novembre 1923 : AAS 15 (1923), p. 581. – Pie XII, Encycl. Fulgens coro­na, 8 sep­tembre 1953 : AAS 45 (1953), p. 590–591.[]
  195. Ces deux noti­fi­ca­tions, extraites des Actes du Concile, ont été faites aux Pères pour éclai­rer leur vote. Elles sont impor­tantes pour l’interprétation de cette Constitution ; Paul VI le sou­ligne dans son dis­cours aux Pères lors de la clô­ture à la troi­sième ses­sion du Concile, le 21 novembre 1964, au moment où il pro­mulgue la Constitution sur l’Église, à pro­pos de la doc­trine sur l’épiscopat : « … en tenant compte des expli­ca­tions four­nies soit pour l’interprétation à don­ner aux termes en usage, soit pour la qua­li­fi­ca­tion théo­lo­gique que ce Concile entend attri­buer à la doc­trine trai­tée. Nous n’hésitons pas, avec l’aide de Dieu, à pro­mul­guer la pré­sente Constitution Lumen gen­tium » (Doc. cath. LXI, 6 décembre 1964, col. 1589). La tra­duc­tion de ces noti­fi­ca­tions a été faite par les Éditions du Centurion. []
  196. Les modi sont les amen­de­ments pro­po­sés par les Pères à la com­mis­sion doc­tri­nale.[]
  197. Cf. Const. dogm. Lumen gen­tium, n. 19.[]
  198. Ibid., n. 22.[]
  199. Ibid., n. 22.[]
  200. Ibid., n. 24.[]
  201. Ibid., n. 22.[]