Pie XI

259ᵉ pape ; de 1922 à 1939

18 novembre 1926

Lettre encyclique Iniquis afflictisque

Sur la très dure condition du catholicisme dans les Etats fédérés du Mexique

Aux Patriarches, Primats, Archevêques et Evêques et autres Ordinaires , en paix et com­mu­nion avec le Siège Apostolique.

Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction Apostolique.

Dans l’al­lo­cu­tion par Nous adres­sée, vers la fin de l’an­née der­nière, aux Cardinaux réunis en Consistoire, Nous avons dit que Nous n’es­pé­rions ni n’at­ten­dions que « d’un prompt secours du Dieu de misé­ri­corde » quelque adou­cis­se­ment à l’é­tat de choses injuste et affli­geant pour le nom catho­lique dans la République mexi­caine : aus­si, en confor­mi­té avec Notre pen­sée et Nos dési­rs plus d’une fois mani­fes­tés, avez-​vous, sans le moindre retard, pres­sé les popu­la­tions confiées à votre zèle pas­to­ral d’ob­te­nir du divin Fondateur de l’Eglise, par les suf­frages de leurs fer­ventes prières, qu’il inter­vienne, pour y remé­dier, dans un tel acca­ble­ment de maux. Nous disons bien : dans un tel acca­ble­ment de maux, atten­du que déjà par le pas­sé se sont achar­nés et s’a­charnent encore aujourd’­hui contre Nos très chers fils du Mexique d’autres fils, mais déser­teurs, ceux-​là, de la milice du Christ, et en rup­ture avec leur Père commun.

Si dans les pre­miers siècles de l’Eglise, si d’autres fois par la suite, les chré­tiens furent plus inhu­mai­ne­ment mal­trai­tés, nulle part néan­moins ni peut-​être en aucun temps, le cas ne s’est pré­sen­té d’une poi­gnée d’hommes enchaî­nant de toutes manières la liber­té du plus grand nombre, au mépris et en vio­la­tion des droits de Dieu et de l’Eglise, par des mesures arti­fi­cieuses à ce point pré­mé­di­tées et que com­plique encore, pour en tolé­rer le côté arbi­traire, un cer­tain sem­blant de léga­li­té, sans avoir égard à la cor­dia­li­té qui doit régner entre conci­toyens, sans tenir compte des gloires traditionnelles.

En rai­son donc des sup­pli­ca­tions par vous pres­crites à cet effet et adres­sées au ciel en par­ti­cu­lier et en public, Notre volon­té est que vous ne soyez point frus­trés, non plus que vos fidèles, du témoi­gnage très écla­tant de Notre bien­veillante gra­ti­tude. Or, ces prières ayant déjà com­men­cé de pro­duire des fruits salu­taires, il importe d’au­tant plus de ne point du tout les inter­rompre, mais au contraire de les. conti­nuer avec un redou­ble­ment de fer­veur, il ne dépend cer­tai­ne­ment pas des simples mor­tels de faire tour­ner et ser­vir au salut de la socié­té humaine les vicis­si­tudes des choses et des temps, en modi­fiant les idées et les sen­ti­ments des hommes : c’est la volon­té divine que cela regarde ; elle seule peut mettre du à de pareilles per­sé­cu­tions et les endi­guer une bonne fois.

Qu’il ne vous semble pour­tant pas, Vénérables Frères, avoir pres­crit en vain ces sup­pli­ca­tions sous pré­texte que les diri­geants de la République mexi­caine, ins­pi­rés par leur haine impla­cable de la reli­gion, ne laissent point de pres­ser, avec un nou­vel achar­ne­ment et une bru­ta­li­té crois­sante, l’exé­cu­tion de leurs décrets impies : ce qui est vrai, c’est que le cler­gé et les nom­breux catho­liques de là-​bas, for­ti­fiés par une plus abon­dante effu­sion, de la grâce, ont offert en leurs per­sonnes un tel exemple et un tel spec­tacle que Nous-​même croyons devoir le mettre en lumière comme il le mérite à la face de l’u­ni­vers catho­lique par un docu­ment solen­nel de l’au­to­ri­té apostolique.

Le mois der­nier, au jour où Nous décer­nâmes à ces nom­breux mar­tyrs de la Révolution fran­çaise les hon­neurs qui sont dus aux bien­heu­reux du ciel, Notre pen­sée s’en­vo­lait d’elle-​même vers les catho­liques mexi­cains, qui ont, tout comme eux, pris la réso­lu­tion et fait le ferme pro­pos de se mon­trer réfrac­taires aux exi­gences d’au­trui jugées arbi­traires et tyran­niques, et cela, pour ne point se sépa­rer de l’u­ni­té de l’Eglise et de l’au­to­ri­té du Siège Apostolique. Ô glo­rieux apa­nage de la divine Epouse du Christ, en ver­tu duquel ne lui man­qua jamais, dans la série des siècles, aucune géné­ra­tion qui ne pût riva­li­ser de noblesse et de géné­ro­si­té avec ses devan­cières, et ne fût prête à com­battre, souf­frir et mou­rir pour la sainte liber­té de la foi !

Nous esti­mons super­flu, Vénérables Frères, de remon­ter bien haut dans l’his­toire de l’Eglise mexi­caine pour en retra­cer les phases dou­lou­reuses. Contentons-​Nous d’en rap­pe­ler une seule, celle des dis­cordes civiles qui écla­tèrent tout récem­ment et à plu­sieurs reprises, non sans trou­bler presque chaque fois la reli­gion et la bou­le­ver­ser, comme il advint, sur­tout en 1914 et 1915, alors que des hommes en qui s’é­tait per­pé­tué quelque chose de la sau­va­ge­rie pri­mi­tive se livrèrent sur les membres du cler­gé sécu­lier et régu­lier, sur les vierges consa­crées à Dieu et sur les choses réser­vées au culte divin, à des actes si féroces et si bar­bares qu’ils ne s’abs­tinrent d’au­cune injus­tice, d’au­cune igno­mi­nie, d’au­cune violence.

Mais comme Nous allons par­ler d’un fait très connu, à pro­pos duquel Nous avons même éle­vé une pro­tes­ta­tion publique et que les jour­naux ont rela­té avec force détails, il Nous paraît inop­por­tun de Nous répandre avec vous en doléances sur ce qui s’est vu en ces der­nières années : Nos Délégués apos­to­liques au Mexique ren­voyés de ce pays au mépris de toute notion de jus­tice, de bonne foi et d’hu­mi­li­té, celui-​ci expul­sé de la République, celui-​là empê­ché d’y ren­trer après s’être reti­ré quelque temps au delà des fron­tières pour des rai­sons de san­té ; cet autre, enfin, éga­le­ment trai­té en enne­mi, et som­mé de par­tir. En ces conjonc­tures – et ici Nous lais­sons dans l’ombre les apti­tudes abso­lu­ment hors pair qu’au­raient déployées ces per­son­nages remar­quables comme mes­sa­gers et négo­cia­teurs de la paix, – quel cui­sant outrage ne subirent-​ils pas dans leur digni­té archi­épis­co­pale et dans leurs sur­émi­nentes fonc­tions ! Et cet affront ne Nous visait-​il point prin­ci­pa­le­ment Nous-​même, dont ils repré­sen­taient l’au­to­ri­té ? Qui pour­rait ne le point voir ?

Ce sont là sans doute de dures et lourdes épreuves. Mais, Vénérables Frères, le tableau que Nous allons tra­cer de la vio­la­tion des droits de l’Eglise et du sort plus mal­heu­reux que jamais des catho­liques de cette nation dépasse tout ce qu’il est pos­sible d’imaginer.

Les vœux de reli­gion, les Ordres ou Congrégations reli­gieuses ne sont plus auto­ri­sés au Mexique. Le culte public y est pro­hi­bé, sauf à l’in­té­rieur des églises et sous la sur­veillance du Gouvernement

Examinons d’a­bord la fameuse loi por­tée en 1917 et appe­lée Constitution poli­tique des Etats fédé­rés du Mexique. Relativement au point par­ti­cu­lier qui Nous inté­resse, il résulte du décret de sépa­ra­tion de la République d’a­vec l’Eglise que celle-​ci n’a plus et ne peut plus acqué­rir ulté­rieu­re­ment aucun droit, comme si elle était frap­pée d’in­ca­pa­ci­té civile. Les magis­trats ont reçu le pou­voir de s’im­mis­cer dans l’exer­cice du culte et la dis­ci­pline exté­rieure de l’Eglise, les­quels relè­ve­raient de leur auto­ri­té. Les ministres sacrés sont mis sur le même pied que tous les autres citoyens, à pro­fes­sions libé­rales ou manuelles, avec cette dif­fé­rence tou­te­fois qu’ils doivent rem­plir les trois condi­tions sui­vantes : être Mexicains de nais­sance, ne pou­voir point excé­der en nombre un cer­tain chiffre fixé d’a­vance par les légis­la­teurs de leurs Etats res­pec­tifs, perdre enfin leurs droits civils et poli­tiques, comme les cri­mi­nels et les alié­nés. Il leur est ordon­né en outre d’al­ler, avec une Commission de dix citoyens, noti­fier au magis­trat leur entrée en pos­ses­sion d’une église ou leur trans­fert en un autre lieu. Les vœux de reli­gion, les Ordres ou Congrégations reli­gieuses ne sont plus auto­ri­sés au Mexique. Le culte public y est pro­hi­bé, sauf à l’in­té­rieur des églises et sous la sur­veillance du Gouvernement : les églises même sont décla­rées pro­prié­tés natio­nales ; palais épis­co­paux, demeures cano­niales, sémi­naires, mai­sons reli­gieuses, hôpi­taux et tous éta­blis­se­ments de bien­fai­sance sont éga­le­ment sous­traits à l’Eglise. Elle ne garde plus la pro­prié­té de quoi que ce soit : tout ce qui lui appar­te­nait an temps où la loi fut rati­fiée est dévo­lu à la nation, avec facul­té pour tous et pour cha­cun de dénon­cer devant les tri­bu­naux les biens que l’Eglise sem­ble­rait pos­sé­der par per­sonne inter­po­sée. En ver­tu de la loi, il suf­fit d’une simple pré­somp­tion et l’ac­tion judi­ciaire est fon­dée. Les ministres sacrés ne peuvent rien acqué­rir par voie tes­ta­men­taire, si ce n’est ce qui leur revient de leurs plus proches parents.

Nul pou­voir n’est recon­nu à l’Eglise tou­chant le mariage des chré­tiens, lequel est seule­ment regar­dé comme valide s’il est recon­nu comme tel par le droit civil. Sans doute, l’en­sei­gne­ment est pro­cla­mé libre, mais avec les res­tric­tions que voi­ci : défense aux prêtres et aux reli­gieux d’ou­vrir ou de diri­ger des écoles élé­men­taires ; exclu­sion abso­lue le la reli­gion dans les écoles enfan­tines, même pri­vées. Il a été décré­té encore que les cer­ti­fi­cats sco­laires don­nés par l’Eglise dans les ins­ti­ga­tions diri­gées par elle seraient dépour­vus de toute valeur officielle.

Vraiment, Vénérables Frères, ou bien ceux qui conçurent, approu­vèrent et sanc­tion­nèrent une pareille loi igno­raient – quelque invrai­sem­blable que paraisse une si pro­fonde igno­rance après vingt siècles de chris­tia­nisme dans une nation catho­lique et chez des hommes bap­ti­sés – que la liber­té pleine et entière d’exer­cer sa mis­sion appar­tient à l’Eglise, comme à une socié­té par­faite, fon­dée pour le com­mun salut des hommes par Jésus-​Christ, Rédempteur et Roi ; ou bien leur fol orgueil les inci­tait à croire qu’ils pour­raient abattre et rui­ner de fond en comble la mai­son du Seigneur, soli­de­ment bâtie et for­te­ment éta­blie sur la pierre ferme ; on bien encore ils brû­laient de l’ardent désir de nuire à l’Eglise par tous les moyens.

Or, après la pro­mul­ga­tion d’une loi si odieuse, com­ment les arche­vêques et évêques du Mexique auraient-​ils pu se résoudre à gar­der le silence ? Le fait est qu’ils pro­tes­tèrent tout aus­si­tôt en des lettres empreintes d’une sereine éner­gie : pro­tes­ta­tion que rati­fia Notre pré­dé­ces­seur immé­diat, puis qu’ap­prou­vèrent les évêques, en cer­tains pays, col­lec­ti­ve­ment ; en d’autres, presque tous indi­vi­duel­le­ment ; que Nous confir­mâmes enfin Nous-​même le 2 février de cette année par une lettre d’en­cou­ra­ge­ment adres­sé à tous les évêques mexi­cains. Ces der­niers espé­raient que les hommes au pou­voir, ayant com­pris, à la faveur du calme peu à peu reve­nu, de quel grave pré­ju­dice et de quel immense dan­ger les articles de loi res­tric­tifs de la liber­té reli­gieuse mena­çaient la presque tota­li­té du peuple, et se lais­sant gui­der par l’es­prit de concorde, ou bien ne les auraient pas appli­qués ou bien les auraient lais­sés tom­ber presque en désué­tude et se seraient arrê­tés à un modus Vivendi tolé­rable.

Mais, non­obs­tant l’ex­trême patience dont témoi­gnèrent le cler­gé et le peuple, sui­vant en cela les conseils de modé­ra­tion que leur don­naient les évêques, tout espoir de paix et de tran­quilli­té finit par s’é­va­nouir. Car, confor­mé­ment à la loi pro­mul­guée par le pré­sident de la République le 2 juillet de cette année, presque aucune par­celle de liber­té ne reste ni n’est lais­sée à l’Eglise dans ces contrées. L’exercice du saint minis­tère y est tel­le­ment entra­vé qu’on le punit de peines très sévères à l’ins­tar d’un crime capi­tal. Vous ne sau­riez croire, Vénérables Frères, com­bien Nous afflige une si grande per­ver­si­té dans le fonc­tion­ne­ment de l’au­to­ri­té publique. Quiconque rend à Dieu Créateur et à notre très aimant Rédempteur le culte dont il leur est rigou­reu­se­ment rede­vable, qui­conque veut obéir aux pré­ceptes de notre Mère la Sainte Eglise, celui-​là, oui, celui-​là sera répu­té cri­mi­nel et mal­fai­teur, celui-​là méri­te­ra qu’on le prive de ses droits civils, celui-​là devra être jeté dans la même pri­son que les scé­lé­rats. Oh ! comme elles s’ap­pliquent bien aux auteurs de telles énor­mi­tés les paroles qu’a­dres­sait aux princes des Juifs Notre-​Seigneur Jésus-​Christ : Voici venues votre heure et la puis­sance des ténèbres [Lc 22, 53.].

Parmi ces lois, la der­nière en date s’est ajou­tée à une autre loi anté­rieure, non point tant pour l’in­ter­pré­ter, comme on l’a pré­ten­du, que pour l’ag­gra­ver encore et la rendre plus insou­te­nable ; et le pré­sident de la République, secon­dé de ses ministres, en presse si vive­ment l’ap­pli­ca­tion qu’il ne peut souf­frir, de la part de ses subor­don­nés, gou­ver­neurs des Etats fédé­rés, magis­trats ou com­man­dants mili­taires, le moindre ralen­tis­se­ment dans la per­sé­cu­tion contre les catho­liques. Et à la per­sé­cu­tion se joint l’in­sulte. On a pris l’ha­bi­tude d’in­cri­mi­ner l’Eglise aux yeux du peuple, ici en des confé­rences publiques, par d’im­pu­dents men­songes, tau­dis que les huées et les injures couvrent la voix.des nôtres et les empêchent de faire entendre la réplique ; là au moyen de jour­naux, enne­mis décla­rés de la véri­té et de l’ac­tion catho­lique. Si, au début, les catho­liques ont pu ten­ter dans une cer­taine mesure de défendre dans les jour­naux quo­ti­diens l’Eglise et d’en faire l’a­po­lo­gie, en expo­sant la véri­té et en réfu­tant les erreurs, désor­mais, à ces bons citoyens qui aiment sin­cè­re­ment leur patrie, il n’est plus per­mis d’é­le­ver, même inuti­le­ment, leurs voix plain­tives pour la liber­té de la foi ances­trale et du culte divin. Mais Nous, mû que Nous sommes par la conscience de Notre devoir apos­to­lique, Nous pous­se­rons le cri d’a­larme, afin que tout le monde catho­lique apprenne du Père com­mun à quel point d’une part s’est déchaî­née la tyran­nie effré­née de nos adver­saires, et quelle fut aus­si d’outre part la ver­tu, la constance héroïque des évêques, des prêtres, des familles reli­gieuses et des laïques.

On a expul­sé les prêtres et les reli­gieux étran­gers, fer­mé les col­lèges pour l’ins­truc­tion chré­tienne des enfants de l’un ou de l’autre sexe, parce qu’ils portent un nom reli­gieux ou ren­ferment quelque sta­tue ou image pieuse, fer­mé pareille­ment et en masse Séminaires, écoles, hôpi­taux, cou­vents et mai­sons annexes des églises. Dans presque tous les Etats, le nombre des prêtres des­ti­nés à exer­cer le minis­tère sacré a été res­treint et fixé au mini­mum : encore ceux-​ci ne peuvent-​ils morne pas l’exer­cer s’ils ne sont ins­crits sur les rôles du magis­trat ou sans sa per­mis­sion. En quelques lieux on a impo­sé à l’exer­cice du minis­tère des condi­tions telles qu’elles seraient risibles si elles n’é­taient déplo­rables sous tant d’autres rap­ports ; il est exi­gé, par exemple, que les prêtres aient tel âge, qu’ils aient contrac­té le soi-​disant mariage civil, qu’ils ne bap­tisent qu’a­vec de l’eau cou­rante. Dans l’un des Etats de la Fédération, il a été décré­té qu’il ne devait y avoir sur son ter­ri­toire qu’un seul évêque : c’est pour cela, Nous le savons, que deux évêques durent s’exi­ler de leurs dio­cèses. La situa­tion qui leur était faite contrai­gnit aus­si par la suite d’autres évêques de quit­ter leur siège ; cer­tains furent défé­rés aux tri­bu­naux, plu­sieurs arrê­tés, et ceux qui res­tent enfin sont sur le point de l’être. On som­ma tous les Mexicains édu­ca­teurs de l’en­fance et de la jeu­nesse ou char­gés d’une autre fonc­tion publique de répondre si, oui ou non, ils étaient avec le pré­sident de la République et approu­vaient la guerre faite à la reli­gion catho­lique. On les for­ça, sous peine de révo­ca­tion, de prendre part, avec les sol­dats et les tra­vailleurs, au cor­tège orga­ni­sé par la Ligue socia­liste appe­lée Fédération régio­nale ouvrière du Mexique. Ce cor­tège, qui défi­la le même jour à tra­vers les rues de Mexico et des autres villes du pays, et que signa­lèrent des dis­cours impies adres­sés au peuple, avait pour but, tout en acca­blant l’Eglise d’ou­trages, de faire approu­ver par les applau­dis­se­ments et les accla­ma­tions de la foule pré­sente l’ac­tion du pré­sident lui-même.

Le cruel arbi­traire de nos enne­mis ne se bor­na point là. Des hommes et des femmes qui défen­daient la cause de la reli­gion et de l’Eglise, de vive voix ou au moyen de jour­naux et de tracts par eux dis­tri­bués, furent traî­nés en jus­tice et empri­son­nés. Emprisonnés éga­le­ment des cha­pitres entiers de cha­noines, par­mi les­quels des vieillards que Ton dut trans­por­ter sur des civières. On tua sans pitié, dans les car­re­fours et sur les places, devant les églises, des prêtres et des laïques. Dieu veuille que les auteurs res­pon­sables de tant et de si graves atten­tats rentrent en eux-​mêmes et recourent avec des larmes de repen­tir à la misé­ri­corde de Dieu. C’est de celle très noble façon, Nous en sommes per­sua­dé, que Nos fils ini­que­ment mas­sa­crés demandent là-​haut devant Dieu à être ven­gés de leurs meurtriers.

Et main­te­nant, Vénérables Frères, Nous jugeons conve­nable de vous expo­ser en peu de mots com­ment évêques, prêtres et fidèles du Mexique se levèrent pour faire front et oppo­ser un rem­part aux enne­mis de la mai­son d’Israël, com­ment ils demeu­rèrent fermes dans la lutte.

On ne pou­vait dou­ter que les évêques mexi­cains ne dussent essayer una­ni­me­ment de tous les moyens dis­po­nibles pour défendre la liber­té et la digni­té de l’Eglise. Ils com­men­cèrent par adres­ser au peuple une lettre col­lec­tive. Après y avoir prou­vé clair comme le jour que l’a­mour de la paix, la pru­dence et la patience n’a­vaient jamais ces­sé d’ins­pi­rer le cler­gé dans son atti­tude vis-​à-​vis des chefs de la République et qu’il avait même témoi­gné de dis­po­si­tions trop libé­rales en tolé­rant des lois peu conformes à la jus­tice, ils rap­pe­lèrent aux fidèles, non sans leur expli­quer la doc­trine de la consti­tu­tion divine de l’Eglise, l’o­bli­ga­tion qu’il y avait pour eux de per­sé­vé­rer dans la reli­gion catho­lique, et ain­si n’obéir à Dieu plu­tôt qu’aux hommes [Ac 5, 29.], chaque fois que l’on vou­drait leur impo­ser des lois non moins contraires à la notion même et au nom de loi qu’en désac­cord avec la consti­tu­tion et la vie de l’Eglise.

Puis, quand le pré­sident de la République eut pro­mul­gué la loi néfaste, ils publièrent une nou­velle lettre col­lec­tive, de pro­tes­ta­tion celle-​là, où ils disaient qu’ac­cep­ter une loi pareille, c’é­tait ni plus ni moins asser­vir l’Eglise et la livrer comme une esclave aux chefs de l’Etat, les­quels ne renon­ce­raient point, pour ce motif, à leurs des­seins. Nous pré­fé­rons, ajoutaient-​ils, nous abs­te­nir d’exer­cer publi­que­ment le minis­tère sacré : par consé­quent, le culte divin, qui ne peut se célé­brer sans le minis­tère des prêtres, sera abso­lue de char­ger de ce soin qui­conque aurait été nom­mé ou dési­gné par les évêques ou les prêtres. C’était faire pas­ser des auto­ri­tés ecclé­sias­tiques aux auto­ri­tés civiles la pos­ses­sion des édi­fices du culte. Alors la plu­part des évoques inter­dirent aux fidèles une fonc­tion élec­tive qui pour­rait leur échoir par l’or­gane de l’au­to­ri­té civile et leur défen­dirent de péné­trer dans les temples sur les­quels l’Eglise aurait ces­sé d’exer­cer son pou­voir. Ailleurs, les évêques prirent d’autres déci­sions, vu la dif­fé­rence des cir­cons­tances locales et particulières.

Ne pen­sez pas tou­te­fois, Vénérables Frères, que les évêques mexi­cains, dans le doute ou pour mieux dire le déses­poir d’ar­ri­ver au moindre bon résul­tat, aient négli­gé les occa­sions oppor­tunes et les moments favo­rables pour rame­ner les esprits au calme et ten­ter une conci­lia­tion. N’est-​il pas avé­ré que les évêques pré­sents à Mexico, où ils sont comme par pro­cu­ra­tion les fon­dés de pou­voir de leurs col­lègues, écri­virent au pré­sident de la République une lettre polie et res­pec­tueuse en faveur de l’é­vêque d’Huejutla, que l’on avait traî­né indi­gne­ment et avec un grand déploie­ment de forces mili­taires dans la ville de Pachuca ? C’est un fait non moins notoire que le pré­sident leur répon­dit d’une odieuse façon et sur le ton de la colère.

Peu après, plu­sieurs per­son­nages émi­nents, dési­reux de la paix, étant inter­ve­nus pour pro­vo­quer une entre­vue du pré­sident lui-​même avec l’ar­che­vêque de Morelia et l’é­vêque de Tabasco, on dis­cu­ta beau­coup et long­temps d’un côté comme de l’autre, mais sans aucun résul­tat. Les évêques déli­bé­rèrent ensuite sur la ques­tion de savoir s’il y avait lieu de deman­der à la Chambre légis­la­tive l’a­bro­ga­tion des lois contraires aux droits de l’Eglise ou de conti­nuer comme par le pas­sé en toute patience la résis­tance dite pas­sive, car il leur sem­blait tout à fait inutile de pré­sen­ter une pareille requête. Ils pré­sen­tèrent néan­moins la péti­tion, que des catho­liques très com­pé­tents en matière de droit avaient rédi­gée judi­cieu­se­ment, après avoir pesé les termes avec le plus grand soin. Sur l’i­ni­tia­tive des socié­taires de la Fédération pour la défense de la liber­té reli­gieuse, dont Nous par­le­rons plus loin, un très grand nombre de citoyens des deux sexes avaient appo­sé leurs signa­tures au bas de cet acte épis­co­pal. Mais les évêques avaient bien pré­vu ce qui devait arri­ver : l’Assemblée natio­nale reje­ta, à l’u­na­ni­mi­té moins une voix, la péti­tion qui lui avait été sou­mise, sous pré­texte que les évêques étaient pri­vés de toute per­son­na­li­té juri­dique, avaient fait appel au Souverain Pontife, et refu­saient de recon­naître les lois de la nation. Que restait-​il donc aux évêques, sinon de déci­der que rien ne serait chan­gé dans la ligne de conduite obser­vée par eux et par les fidèles tant que les lois injustes ne seraient pas abolies ?

Ainsi, les diri­geants des Etats Fédérés, abu­sant de leur auto­ri­té et de l’admirable patience du peuple mexi­cain, pour­ront bien mena­cer de sanc­tions pires encore que les pré­cé­dentes ce même peuple et le cler­gé ; mais le moyen pour eux d’a­voir le des­sus et de rem­por­ter la vic­toire sur des gens prêts à tout souf­frir plu­tôt que d’ac­cep­ter un accord sus­cep­tible de pré­ju­di­cier en quoi que ce soit à la cause de la liber­té catho­lique ? Par ailleurs, les prêtres ont imi­té et repro­duit en leurs per­sonnes la pro­di­gieuse constance des évêques, aux cours des affli­geantes vicis­si­tudes du conflit, tel­le­ment que leurs mer­veilleux exemples de ver­tu, pour Nous si récon­for­tants, Nous les pro­cla­mons et les louons à la face de tout le monde catho­lique, parce qu’ils en sont dignes.

A ce pro­pos, si Nous fai­sons réflexion que par­mi les quatre mille prêtres du Mexique, mal­gré toutes sortes de moyens mis en œuvre là-​bas, mal­gré les efforts ten­tés et les tra­cas­se­ries employées par nos adver­saires en vue de sépa­rer delà hié­rar­chie sacrée et du Siège Apostolique le cler­gé et le peuple, il s’en est à peine trou­ver un ou deux pour tra­hir misé­ra­ble­ment leur devoir, Nous sommes fon­dé, pensons-​Nous, à tout espé­rer du cler­gé mexi­cain. Nous les voyons, en effet, ces prêtres, se tenir étroi­te­ment unis entre eux, obéir avec une affec­tueuse défé­rence aux ordres de leurs pré­lats, bien que cette atti­tude ne laisse pas géné­ra­le­ment de leur cau­ser un grave dom­mage ; Nous les voyons vivre de leur saint minis­tère, c’est-​à-​dire pau­vre­ment, l’Eglise n’ayant plus de quoi les sus­ten­ter ; sup­por­ter cou­ra­geu­se­ment la pau­vre­té et la misère ; célé­brer pri­vé­ment le Saint Sacrifice ; pour­voir de toutes leurs forces aux besoins spi­ri­tuels des fidèles ; entre­te­nir et rani­mer chez tous ceux qui les entourent la flamme de la pié­té ; enfin, par leurs exemples, leurs conseils, leurs exhor­ta­tions, éle­ver les esprits de leurs conci­toyens vers un plus noble idéal, et for­ti­fier leur réso­lu­tion de per­sé­vé­rer dans la résis­tance pas­sive. Qui donc, après cela, s’é­ton­ne­rait que la colère et la rage de nos enne­mis se retournent, prin­ci­pa­le­ment et avant tout, contre les prêtres ? Du reste, par­tout où ils en eurent l’oc­ca­sion, ils affron­tèrent sans hési­ter et avec un cou­rage tran­quille la pri­son et même la mort.

Les faits par­ve­nus à Notre connais­sance en ces der­niers jours rem­portent en ini­qui­té sur les lois elles-​mêmes et atteignent au comble de l’im­pié­té : les prêtres sont assaillis à l’improviste lors­qu’ils célèbrent la messe chez eux ou chez les autres ; on outrage igno­mi­nieu­se­ment la sainte Eucharistie et l’on jette en pri­son jus­qu’aux ministres sacrés.

Nous ne loue­rons jamais assez les cou­ra­geux fidèles du Mexique ; ils ont par­fai­te­ment com­pris com­bien il importe que cette nation catho­lique, en des matières si graves et si saintes que le culte divin, la liber­té de l’Eglise et le soin du salut éter­nel des âmes, ne dépende pas de l’au­da­cieux arbi­traire d’un petit nombre d’hommes, mais qu’elle soit enfin, grâce à la misé­ri­corde divine, gou­ver­née pour de bon d’a­près de justes lois conformes au triple droit natu­rel, divin et ecclésiastique.

Nous devons un hom­mage tout par­ti­cu­lier aux asso­cia­tions catho­liques, qui consti­tuent dans la crise actuelle pour le cler­gé et à ses côtés une espèce d’ar­mée auxi­liaire, puisque leurs membres s’ef­forcent, autant qu’ils le peuvent, non seule­ment de pour­voir à l’en­tre­tien des prêtres et de leur venir en aide, mais encore de veiller sur les édi­fices sacrés et d’ap­prendre le caté­chisme aux enfants ; véri­tables sol­dats de garde, ils se donnent pour mis­sion d’a­ver­tir les prêtres afin que per­sonne ne soit pri­vé de leur assis­tance. Ce que Nous disons là s’ap­plique à toutes sans excep­tion, mais il Nous plaît d’y ajou­ter quelques mots tou­chant les prin­ci­pales asso­cia­tions de ce genre pour leur faire savoir que cha­cune d’elles est plei­ne­ment approu­vée et hau­te­ment louée par le Souverain Pontife.

La pre­mière de toutes, la Société des Chevaliers de Colomb, s’é­tend à la République entière : elle se com­pose en grande par­tie d’hommes actifs et labo­rieux, aus­si recom­man­dables par leur expé­rience des affaires que par la pro­fes­sion publique de leur foi et leur zèle à se por­ter au secours de l’Eglise ; elle dirige spé­cia­le­ment deux œuvres plus oppor­tunes à notre époque que ne le fut jamais aucune autre le pas­sé : c’est d’a­bord l’Association natio­nale des Pères de famille, ayant comme pro­gramme de pro­cu­rer une édu­ca­tion catho­lique aux propres enfants de ses adhé­rents et de reven­di­quer pour les parents chré­tiens le droit natu­rel d’é­le­ver les leurs à leur guise, et, là où ceux-​ci fré­quentent les écoles publiques, de leur don­ner une saine et com­plète ins­truc­tion reli­gieuse ; c’est ensuite la Fédération pour la défense de la liber­té reli­gieuse défi­ni­ti­ve­ment éta­blie, quand il appa­rut avec une évi­dente clar­té qu’un véri­table déluge de maux mena­çait la vie catho­lique. Une fois que cette Fédération se fut répan­due dans toute la nation, ses membres tra­vaillèrent avec concorde et per­sé­vé­rance à l’or­ga­ni­sa­tion de tous les catho­liques et à leur for­ma­tion, en en vue de les bien cam­per, sur un front unique et très solide, en face de leurs adver­saires. Deux autres Sociétés n’ont pas moins bien méri­té de l’Eglise et de la patrie que les Chevaliers de Colomb, l’Association catho­lique de la Jeunesse mexi­caine et l’Union ou Fédération catho­lique des Femmes mexi­caines. L’une des spé­cia­li­tés de leurs pro­grammes res­pec­tifs est de col­la­bo­rer à l’œuvre dite de l’Action catho­lique sociale. Tout en pour­sui­vant le but qui leur est propre, elles ne laissent pas d’ap­puyer et de faire en sorte que l’on appuie par­tout les ini­tia­tives prises par la Fédération pour la défense de la liber­té reli­gieuse. Il serait trop long, Vénérables Frères, d’exa­mi­ner une à une toutes les particularités.

Nous ne rete­nons que celle-​ci : à savoir que tous les membres – hommes et femmes – de ces diverses socié­tés sont si peu timides qu’ils vont au-​devant du dan­ger, bien loin de le fuir, et se réjouissent d’a­voir quelque chose à souf­frir de la part de leurs enne­mis. Ô spec­tacle magni­fique don­né au monde, aux anges et aux hommes ! Ô nobles actions, dignes d’é­ter­nelles louanges !

quelques-​uns de ces ado­les­cents et de ces jeunes gens – et, en le racon­tant, Nous ne pou­vons rete­nir Nos larmes – sont allés à la mort de leur propre gré, avec, à la main, leur cha­pe­let, et sur les lèvres des invo­ca­tions au Christ-Roi

Ils ne sont point rares, en effet, comme Nous l’a­vons dit, les Chevaliers de Colomb, les chefs de la Fédération, les femmes et les jeunes gens que des piquets de sol­dats condui­sirent enchaî­nés à tra­vers les rues, pour les jeter ensuite en d’in­fectes pri­sons ; ils ne sont point rares ceux qui sont trai­tés bru­ta­le­ment, condam­nés à payer l’a­mende et punis de diverses peines. Bien plus, Vénérables Frères, quelques-​uns de ces ado­les­cents et de ces jeunes gens – et, en le racon­tant, Nous ne pou­vons rete­nir Nos larmes – sont allés à la mort de leur propre gré, avec, à la main, leur cha­pe­let, et sur les lèvres des invo­ca­tions au Christ-​Roi. Nos vierges eurent à subir, dans leur pri­son, d’in­dignes outrages, que l’on divul­gua tout exprès pour inti­mi­der les autres et les détour­ner de leur devoir.

Quand est-​ce donc, Vénérables Frères, que le Dieu de toute bon­té impo­se­ra des bornes et met­tra un terme à cette cala­mi­té ? Personne ne peut ni le soup­çon­ner ni le pré­voir par le propre effort de sa pen­sée ; la seule chose que Nous sachions, c’est qu’un jour, pour l’Eglise du Mexique, le repos suc­cé­de­ra à cette tem­pête de haine ; car, selon l’o­racle divin, il n’y a point de sagesse ni de pru­dence ; il n’y a point de conseil contre le Seigneur ; et les portes de l’en­fer ne pré­vau­dront point contre l’Epouse imma­cu­lée du Christ.

dit saint Hilaire, « c’est le propre de l’Eglise de vaincre quand elle est per­sé­cu­tée, d’é­clai­rer les esprits quand on l’at­taque, d’é­tendre ses conquêtes quand on l’abandonne »

N’est-​il point vrai que l’Eglise, depuis le jour de la Pentecôte, où elle naquit à l’im­mor­ta­li­té, enri­chie des lumières et des dons du Saint-​Esprit, et sor­tit de l’en­ceinte du Cénacle pour appa­raître ouver­te­ment aux yeux du monde, n’a rien fait autre chose par­mi les diverses nations durant vingt siècles écou­lés, si ce n’est répandre le bien en tous lieux à l’exemple de son Fondateur ? Tout le monde aurait dû aimer l’Eglise en rai­son de ses bien­faits. Or, c’est le contraire qui s’est pro­duit, comme le lui avait d’ailleurs pré­dit le divin Maître lui-​même. Aussi, la barque de Pierre a‑t-​elle tan­tôt vogué avec bon­heur et gloire sous l’impulsion.de vents favo­rables, tan­tôt paru démon­tée et presque sub­mer­gée par les flots : mais elle a tou­jours avec elle le divin Nocher, qui a cou­tume d’a­pai­ser en temps oppor­tun et la mer et les vents déchaî­nés. Et puis le Christ, qui seul est tout-​puissant, fait ser­vir au bien de l’Eglise toutes les per­sé­cu­tions aux­quelles sont en bulle les catho­liques ; car, dit saint Hilaire, « c’est le propre de l’Eglise de vaincre quand elle est per­sé­cu­tée, d’é­clai­rer les esprits quand on l’at­taque, d’é­tendre ses conquêtes quand on l’abandonne ».

Si tous ceux qui, dans la République mexi­caine, s’a­charnent contre leurs propres frères et conci­toyens, cou­pables seule­ment d’ob­ser­ver la loi de Dieu, se remé­mo­raient et consi­dé­raient atten­ti­ve­ment, en dépouillant leurs pré­ju­gés, les vicis­si­tudes his­to­riques de leur patrie, ils seraient for­cés de recon­naître et de confes­ser que tout ce qu’il y a chez eux de pro­grès et de civi­li­sa­tion, tout ce qu’il y a de bon et de beau, tout cela, à n’en point dou­ter, tient de l’Eglise son ori­gine. Nul ne l’i­gnore, dès qu’une com­mu­nau­té chré­tienne eut été éta­blie au Mexique, les prêtres et les reli­gieux, que l’on y per­sé­cute aujourd’­hui avec tant de dure­té et d’in­gra­ti­tude, tra­vaillèrent – au prix d’im­menses fatigues, et non­obs­tant mille dif­fi­cul­tés que leur oppo­saient d’un côté les colons, dévo­rés par la fièvre de l’or, et de l’autre les indi­gènes, encore bar­bares – à répandre abon­dam­ment en ces vastes régions la splen­deur du culte divin, les bien­faits de la foi catho­lique, les œuvres et ins­ti­tu­tions de cha­ri­té, les écoles et les col­lèges pour l’ins­truc­tion et l’é­du­ca­tion du peuple sur toutes matières : lettres, sciences sacrées et pro­fanes, arts libé­raux et métiers manuels.

Nous n’a­vons plus, Vénérables Frères, qu’à implo­rer Notre-​Dame de la Guadeloupe, célèbre patronne de la nation mexi­caine, et à la sup­plier de vou­loir bien oublier les outrages dont elle aus­si fut abreu­vée, et obte­nir à son peuple par son inter­ces­sion le retour de la paix et de la concorde. Si cepen­dant, par un mys­té­rieux des­sein de Dieu, ce jour tant dési­ré devait tar­der long­temps encore, qu’elle daigne conso­ler plei­ne­ment les âmes des fidèles mexi­cains et for­ti­fier leur réso­lu­tion de défendre jus­qu’au bout leur liber­té de pro­fes­ser la foi.

En atten­dant, comme gage des grâces divines et en témoi­gnage de Notre pater­nelle bien­veillance, Nous vous accor­dons de tout cœur, à Vous, Vénérables Frères, et spé­cia­le­ment aux évêques qui gou­vernent les dio­cèses mexi­cains, à tout le cler­gé et à votre peuple, la Bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près de Saint-​Pierre, le 18 novembre 1926, de Notre Pontificat la cin­quième année.

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